Quelques notions sur la dénombrabilité ÉCOLE POLYTECHNIQUE – Quelques notions sur la dénombrabilité Frank Pacard 1 / 15 Définition Définition On dit qu’un ensemble X est dénombrable s’il est fini ou s’il est en bijection avec N. Exemple : N − {0}, 2N, Z sont dénombrables. (1) φ0 (n) = n + 1 réalise une bijection de N sur N − {0}. (2) φ1 (n) = 2n est une bijection de N sur 2N. (3) φ2 définie par ( φ2 (2n) φ2 (2n + 1) := −n := n + 1, est une bijection de N sur Z. Quelques notions sur la dénombrabilité Frank Pacard 2 / 15 Une première propriété Proposition Tout sous-ensemble X ⊂ N est dénombrable. Dém : Si X est fini, c’est terminé. Supposons que X est infini. On définit par récurrence une application φ : N → X de la manière suivante : φ(0) := min{x ∈ X } et φ(n + 1) := min{x ∈ X : x > φ(n)}, pour tout n ≥ 1. On vérifie que φ est une bijection de N sur X . Quelques notions sur la dénombrabilité Frank Pacard 3 / 15 Un exemple important Exemple : N2 est dénombrable. Dém : Une bijection est donnée par la fonction de couplage de Cantor N2 → (n, m) 7→ N (n + m)(n + m + 1) + n. 2 Quelques notions sur la dénombrabilité Frank Pacard 4 / 15 Un premier critère pour vérifier qu’un ensemble est dénombrable Proposition Il existe une application f : X → N qui est injective si et seulement si X est dénombrable. Dém : Supposons que X est infini, autrement c’est terminé. Si f : X → N est injective alors X est en bijection avec f (X ), qui est un sous-ensemble infini de N. D’après le résultat précédent, il existe une bijection h entre f (X ) et N. Dans ce cas, h ◦ f réalise une bijection de X sur N. Quelques notions sur la dénombrabilité Frank Pacard 5 / 15 Applications Exemple : Un sous-ensemble d’un ensemble dénombrable est dénombrable. Exemple : N2 est dénombrable car (n, m) 7→ 2n 3m , est injective de N2 sur N. Exercice : Montrer que, pour tout N ≥ 1, NN est dénombrable. Quelques notions sur la dénombrabilité Frank Pacard 6 / 15 Un premier résultat Proposition Un produit fini d’ensembles dénombrables est dénombrable. Dém : Soient X1 , . . . , XN des ensembles dénombrables et, pour tout i = 1, . . . , N, soit fi : Xi → N une application injective. Nous avons vu que NN est dénombrable (infini), il existe donc une bijection h : NN → N. L’application ψ((x1 , . . . , xN )) = h(f1 (x1 ), . . . , fN (xN )), est injective de X1 × . . . × XN dans N. Donc, X1 × . . . × XN est dénombrable. Quelques notions sur la dénombrabilité Frank Pacard 7 / 15 Un autre critère pour vérifier qu’un ensemble est dénombrable Proposition Il existe une application f : N → X qui est surjective si et seulement si X est dénombrable. Dém : Supposons X infini autrement c’est terminé. Par hypothèse, il existe une application f : N → X qui est surjective. Pour tout x ∈ X , définissons g (x) := min{y ∈ N : f (y ) = x}. On vérifie que g : X → N est injective et l’on conclut, en utilisant le résultat précédent, que X est dénombrable. Quelques notions sur la dénombrabilité Frank Pacard 8 / 15 Dénombrabilité de Q Exemple : Q est dénombrable. Dém : Considérer l’application φ : Z × (N − {0}) → Q définie par φ(p, q) := p , q qui est surjective et la composer avec une bijection de N sur Z × (N − {0}). Quelques notions sur la dénombrabilité Frank Pacard 9 / 15 Dénombrabilité de Q Quelques notions sur la dénombrabilité Frank Pacard 10 / 15 Un résultat important Proposition Une réunion dénombrable d’ensembles dénombrables est dénombrable. Quelques notions sur la dénombrabilité Frank Pacard 11 / 15 Un résultat important Dém : Soit I un ensemble dénombrable et (Xi )i∈I une famille d’ensembles dénombrables indexée par I . Pour chaque i ∈ I , il existe une application injective fi : Xi → N. On note Z := o [n (i, fi (x)) : x ∈ Xi ⊂ I × N. i∈I L’ensemble I × N est dénombrable, donc Z est dénombrable. Pour tout (i, y ) ∈ Z , définissons φ((i, y )) := fi −1 (y ). L’application φ : Z → dénombrable. S i∈I Xi est surjective et Z est dénombrable, donc Quelques notions sur la dénombrabilité S i∈I Frank Pacard Xi est 12 / 15 Non-dénombrabilité de [0, 1[ Théorème (Argument diagonal de Cantor) L’ensemble [0, 1[ n’est pas dénombrable. Quelques notions sur la dénombrabilité Frank Pacard 13 / 15 Non-dénombrabilité de [0, 1[ Dém : Supposons que [0, 1[ = {xn : n ≥ 1}. On écrit le développement (propre) en base 10 de xn X xn = ak,n 10−k , k≥1 Pour tout n ≥ 1, définissons an := 2 si an,n = 1 et an := 1 si an,n 6= 1. On note x := X ak 10−k ∈ [0, 1[ , k≥1 Alors ∀n ≥ 1, x 6= xn car an 6= an,n , ce qui est une contradiction. Quelques notions sur la dénombrabilité Frank Pacard 14 / 15 Non-dénombrabilité de R Corollaire Un sous-ensemble A ⊂ R tel que Å 6= ∅, n’est pas dénombrable. R n’est pas dénombrable. L’ensemble des nombres réels irrationnels n’est pas dénombrable (si tel n’´tait pas le cas, R = (R − Q) ∪ Q) serait dénombrable). Quelques notions sur la dénombrabilité Frank Pacard 15 / 15