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n° 440
janvier 2004
KS
bras au-dessus de la tête. Il est
conseillé d’installer la tête en proclive
et de libérer l’accès à la sonde de tra-
chéotomie ou d’intubation pour per-
mettre les aspirations trachéales.
Certains préconisent de surélever par
des billots la ceinture scapulaire et le
bassin pour faciliter l’ampliation thora-
cique et libérer la masse abdominale.
L’installation d’un traversin au niveau
du cou-de-pied permet de prévenir
l’équin des chevilles.
La durée moyenne du passage en DV
selon les différentes études et l’habi-
tude des équipes est de 10 ± 2 minu-
tes [2, 16].
La durée et la fréquence des séances de
DV ne sont pas encore standardisées
(de 4 à 12 heures consécutives, une à
plusieurs fois par jour, en alternance
avec le DD, pour une durée allant de 2 à
plus de 10 jours) [16, 18, 19, 20, 21].
L’efficacité du DV est essentiellement
évaluée par la gazométrie artérielle
qui permet d’objectiver d’une part l’a-
mélioration de l’oxygénation en DV
(notion de patient “répondeur” ou
“non répondeur”) et d’autre part la
persistance de cette amélioration
après le retour en décubitus dorsal
(notion de patient “répondeur persis-
tant” ou “non persistant”).
Surveillance et complications
Les complications inhérentes au
retournement sont l’arythmie, l’hypo-
tension artérielle, les vomissements...
D’autres complications, telles l’extuba-
tion accidentelle ou l’arrachement des
voies d’abord, deviennent rares chez
les équipes entraînées.
Les complications neurologiques
(lésions du plexus brachial) et ortho-
pédiques (luxation gléno-humérale)
sont prévenues par l’installation du
membre supérieur [2, 16] (cf. précé-
demment).
Complications liées à la position
Le MK tient une place importante
dans la surveillance du patient en DV,
au même titre que l’infirmière et l’aide-
soignante.
Le visage du patient n’étant plus visi-
ble, de même que de nombreux dispo-
sitifs invasifs (cathéters fémoraux,
voies veineuses, sondes gastriques,
urinaires, etc.), la surveillance doit être
particulièrement attentive et assidue.
Le massage des points d’appuis est
essentiel pour prévenir l’apparition d’es-
carres [16]. Les principaux points d’ap-
pui sont le front, l’arcade sourcilière et
le menton au niveau de la face (il est
préconisé d’alterner régulièrement la
position de la tête afin de modifier ces
points d’appui), la poitrine, le sternum,
les épines iliaques antéro-supérieures,
la face antérieure des genoux, et enfin
la face dorsale du pied.
Les complications telles que les com-
pressions nerveuses, les lésions du
plexus brachial sont détectées à dis-
tance, une fois que la sédation est
levée [16, 17].
La participation du MK est justifiée lors
du retournement, de l’installation, et du
retour en décubitus dorsal. Son rôle
est essentiel dans la prévention des
risques cutanés, trophiques, neurolo-
giques et orthopédiques, qui peuvent
être sous-estimés par rapport à l’IRA.
Ceci passe par l’implication du MK lors
de la réalisation des fiches de proto-
cole sur l’installation en DV et par l’é-
ducation des autres paramédicaux au
DV (mise en œuvre et complications).
Ainsi, les équipes formées et entraî-
nées voient certaines complications
graves, telle l’extubation accidentelle,
devenir exceptionnelles [16, 17].
N’oublions pas aussi, que la prise en
charge locomotrice quotidienne et
systématique de tous les patients ali-
tés de réanimation, facilitera la réali-
sation pratique du DV chez ceux qui le
nécessiteront [16].
Contre-indications au DV
Il faut peser les bénéfices et les
risques liés au passage en DV pour
chaque patient. Les fractures instables
du rachis, l’hypertension intracrâ-
nienne, l’œdème cérébral sont des
contre-indications formelles.
L’instabilité hémodynamique, la tra-
chéotomie, la chirurgie thoracique
(sternotomie par exemple) ou abdomi-
nale récente sont des contre-indica-
tions relatives. La chirurgie orthopé-
dique peut être une contre-indication
(fixateur externe au niveau du bassin
par exemple).
Conclusion
Malgré les nombreuses études réalisées
ces dernières années, les mécanismes
du DV, ainsi que l’impact sur la survie
des patients [15] ne sont que partielle-
ment élucidés [18, 19, 20, 21]. D’autres
recherches sont nécessaires, en particu-
lier sur la relation drainage bronchique/
amélioration de la PaO2, mécanisme
intéressant directement le MK (peut-on
améliorer l’oxygénation du patient en DV
par le drainage bronchique ?).
En tout cas, le recours au DV, qui reste
une technique peu onéreuse, semble
réservé aux patient en hypoxie sévère
réfractaire, caractéristique du SDRA, et
ne doit pas être utilisée de façon routi-
nière en raison de ses multiples com-
plications potentielles. Le MK y justifie
son rôle par la simplification de sa
réalisation et la limitation de ses effets
secondaires délétères [2, 16, 17].
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Décubitus v
Décubitus ventr
entral et kinésithér
al et kinésithérapie en réanimation
apie en réanimation