SDR A 689
5.1. MODIFICATION DE LA DISTRIBUTION DE LA PERFUSION
Classiquement dépendante de la gravité, cette notion a été remise en cause, ces dix
dernières années [6, 8]. La distribution de la perfusion ne se modifierait que peu au
changement de position ; elle semblerait toutefois être plus homogène en DV.
Cependant, la plupart des études portent sur des animaux et la possibilité d’extrapo-
lation à l’homme n’est pas garantie, surtout en ce qui concerne la présence de segments
vasculaires à conductance élevée dans les régions dorsales pulmonaires du chien, l’exis-
tence de tels segments étant inconnue chez l’homme. Si la perfusion n’est pas redistribuée
selon la gravité vers les zones ventrales mais reste préférentielle au niveau des zones
dorsales et ce, quelle que soit la position, l’amélioration de l’oxygénation en DV est
alors probablement essentiellement due à l’amélioration de la ventilation.
5.2. AMELIORATION DE LA VENTILATION
5.2.1. AUGMENTATION DE LA CAPACITE RESIDUELLE FONCTIONNELLE
En ventilation mécanique, chez un sujet anesthésié en DD, la disparition des con-
tractions actives du diaphragme va entraîner une diminution de la CRF surtout au niveau
des zones dépendantes (dorsales), qui vont donc avoir encore plus tendance à se colla-
ber [24]. Différentes études, aussi bien chez l’homme [2, 4, 17] que chez
l’animal [5, 7, 8], ont pourtant démontré qu’une augmentation de la CRF n’est pas in-
dispensable à l’amélioration de l’oxygénation par le DV. L’amélioration immédiate de
l’oxygénation par le DV n’est probablement pas le fait d’une augmentation de la CRF
qui pourrait par contre expliquer en partie les cas de persistance de cette amélioration
lors du retour en DD [4], et/ou les réponses tardives. De plus, la facilitation des mouve-
ments de l’abdomen ne semble pas indispensable à l’amélioration de l’oxygénation.
5.2.2. MOUVEMENTS DIAPHRAGMATIQUES
En ventilation mécanique [1, 24], les mouvements actifs du diaphragme s’atténuent
et peuvent disparaître. Mais, du fait du gradient de pression abdominale, en DD sa
partie ventro-sternale se laissera mieux distendre face à une moindre pression trans-
diaphragmatique. En DV, la plus grande partie du mouvement diaphragmatique s’ef-
fectuerait par contre au niveau de sa partie postérieure permettant ainsi une meilleure
aération des zones pulmonaires dorsales. Pourtant, il n’a pas été mis en évidence de
corrélation entre l’amélioration de l’oxygénation et les mouvements diaphragmatiques
induits par les changements de position [5].
5.2.3. DRAINAGE DES SECRETIONS BRONCHIQUES
Lorsque l’on positionne les patients en DV, on constate très fréquemment une aug-
mentation du volume des sécrétions bronchiques [2, 3, 4]. Cet effet mobilisateur du
DV sur les sécrétions pulmonaires est en relation avec l’anatomie des voies aériennes
et l’effet de la gravité, mais ses effets éventuels sur l’amélioration de l’oxygénation ou
l’incidence des infections nosocomiales pulmonaires n’ont pas été bien étudiés.
5.2.4. GRADIENT D’INFLATION
L’amélioration, parfois spectaculaire et le plus souvent très rapide, de l’oxygéna-
tion par le DV ne semble donc s’expliquer que par des variations régionales de
l’aération-ventilation [16]. En considérant que le poumon se comporte comme un flui-
de, la pression surimposée à la plèvre augmente le long d’un axe vertical. Ceci est lié à
l’action de la pesanteur sur le cœur, l’abdomen, le diaphragme et bien sûr les poumons
(œdème). La pression trans-pulmonaire dont dépend l’aération va donc se trouver très
diminuée, inférieure à la pression d’ouverture alvéolaire au niveau des zones dépen-
dantes qui vont se collaber [9, 25]. En DV, plusieurs études, tant chez l’homme [9, 25]