Les chirurgies aux soins intensifs Les chirurgies aux soins intensifs La chirurgie cardiaque Pontage aorto-coronarien Les chirurgies valvulaires Remplacement de valve Annuloplastie Commissurotomie Centre hospitalier de l’Université de Montréal Version Mars 06 Les chirurgies aux soins intensifs (suite) Exentération pelvienne Les chirurgies vasculaires Anévrismes Endartériectomies Pontage aorto-bifémoral Situation clinique (suite) Situation clinique Mme Elsa Bloqué, 60 ans La coronarographie nous démontre une sténose de 80% de l’IVA et de 75% au niveau de la coronaire droite Situation clinique (suite) Admise pour subir un pontage aortocoronarien Le chirurgien procède à la chirurgie sous CEC 1 Chirurgie cardiaque QU’EST-CE QUE LA CEC ? QUELS SONT LES RISQUES ASSOCIÉS À CETTE PRATIQUE ? 1- canule aortique 2- canule VCS 3- canule VCI 4- pompe à galet 5- échangeur thermique 6- échangeur gazeux 7- canule fémorale 8- oreillette droite 9- valve aortique 10- canule aortique Définition de la CEC C’est une technique qui assure la circulation et l’oxygénation du sang dans l’organisme, sans qu’il ne passe par le cœur et les poumons. Elle se fait au moyen d’un appareil appelé cœurpoumons artificiel. 11- clamp aortique Définition de la CEC (suite) Le sang est intercepté aux niveaux des veines caves et réinjecté au niveau de l’aorte Le cœur est arrêté durant l’opération et refroidi (de 28 à 32 degrés) Définition de la CEC (suite) Durant l’intervention, la cliente est : Héparinée pour empêcher la formation de caillots Peut être réchauffée par le biais de la CEC avant l’arrêt complet de la CEC On surveille l’état général, le débit urinaire, les électrolytes, les épreuves de coagulations et l’ECG 2 Définition de la CEC (suite) Après le débranchement de la CEC on administrera du sulfate de protamine pour neutraliser les effets de l’héparine Avantages de la CEC À long terme, il y a moins de sténose au niveau des greffons La cliente reçoit plus de volume Chirurgie cardiaque à cœur battant La technique du pontage à cœur battant est différente du pontage classique car le cœur continue à battre durant l’opération La difficulté technique principale réside dans le fait de réussir à immobiliser la partie du cœur à opérer Complications de la CEC à court terme Perturbation de la coagulation Hypothermie -> arythmies ->coagulation Hémolyse Hypoxie et anoxie Formation de caillots et d’embolies Dissection cardiaque et vasculaire Anémie Complications neurologiques reliées à la mobilisation de petites plaques de calcaire Les chirurgies sous CEC Pontage coronarien Résection d’anévrysme Valvuloplastie : plastie des cordages tendineux réparation des valves Remplacement valvulaire Réparation septale Correction des myocardiopathies Greffe cardiaque et pulmonaire Chirurgie cardiaque à cœur battant (suite) L’immobilisation des sites de pontages fait appel à un stabilisateur (octopus) qui, une fois fixé sur la partie du cœur choisie, l’immobilise totalement et permet au chirurgien de réaliser le pontage en toute sécurité et visibilité 3 Désavantages de la chirurgie à cœur battant Perte de chaleur, compensée après le prélèvement de la saphène par un matelas stérile réchauffant au niveau des jambes Reçoit moins de volume À plus long terme, nous observons plus de sténose au niveau des pontages donc une anticoagulation plus agressive post PAC (antiplaquettaire) Avantages de la chirurgie à cœur battant Moins d’anticoagulant Récupération plus rapide (extubation précoce) Pas les risques associés à la CEC Histoire de cas Les pontages sont effectués sous anesthésie générale L’artère mammaire ainsi que la saphène sont utilisées pour pratiquer les pontages Les drains médiastinaux et pleuraux sont installés La chirurgie a durée 4 heures 4 Histoire de cas (suite) La cliente est hémodynamiquement instable à sa sortie de pompe Un BIA est installé via l’artère fémorale gauche Histoire de cas (suite) À son arrivée à l’unité des S.I. : Intubée par voie endotrachéale, A/C 600 X 20, FiO 100%, peep 5 cm H O, se laisse ventiler Drains médiastinaux et pleuraux : Les drains sont reliés à un système de succion. 30 minutes après son arrivée, ils ont drainé 200 ml Sonde urinaire : débit horaire de 10 ml, urine foncée 2 Histoire de cas (suite) Pacemaker temporaire relié aux électrodes épicardiques, mis en mode VVI Sonde naso-gastrique : retour de 50 ml jaunâtre Pansement au thorax propre 2 Histoire de cas : Données observées TA 80/60, via courbe artérielle de la canule T* : 35.1ºC Une couverture chauffante est installée jusqu’à ce que la température atteigne 37ºC saturation : 93% Moniteur cardiaque : tachycardie sinusale à 145/min PAP : 11/4, Wedge : 4, TVC : 3 DC : 3 l/min , DC indexé 2 l/min (N:2.8 +) État d’éveil : RASS -4 5 Histoire de cas (suite) QUE SE PASSE-T-IL ? Histoire de cas (suite) Résultats de prélèvements faits par la canule artérielle : Hb : 75g/l gaz artériels : • pH : 7.32 • PaO2 : 60 mmHg • PaCO2 : 33 mmHg • HCO3 : 17 mEq/L Histoire de cas (suite) Le drainage des drains médiastinaux indique qu’il dépasse 300 ml pour la première heure. Suite aux résultats cliniques, le chirurgien cardiaque est avisé. Il constate que Mme Bloqué est en choc hypovolémique. Histoire de cas Perfusions intraveineuses Soluté de base selon RX ou protocole pour le premier 24 heures par le cathéter central Levophed 8 mg / D5% 250 ml NTG 50 mg / D5% 250 ml sac Excel (rare) Propofol 10 mg/ml en perfusion pour obtenir un RASS -1,-2 Analgésie selon l ’échelle visuelle analogue < 4 ou selon les signes vitaux (morphine fentanyl, dilaudid) Histoire de cas (suite) Quel est votre interprétation du gaz artériel? Histoire de cas (suite) Il prescrit un LR 250 ml flush (parfois voluven **) Il prescrit de donner le sang de pompe et de donner 50 mg de Protamine Les résultats de laboratoire nous indiquent: PTT 80 INR 1 7 6 Histoire de cas (suite) Le chirurgien prescrit de donner un culot globulaire, deux plasmas et 5 unités de plaquettes Histoire de cas (suite) Histoire de cas (suite) L’époux de Mme Bloqué désire voir son épouse, il est inquiet car il observe qu’il y a beaucoup d’infirmières et de médecins auprès d’elle. Histoire de cas (suite) Après avoir reçu tous ceci : Approche de la famille Histoire de cas (suite) Quel est votre interprétation et votre intervention ? • Hb: 100 g/L • Urine : 50 ml/ heure • Gaz artériels : pH : 7.39 PaO2 : 159 mmHg PaCO2 : 38 mmHg HCO3 : 23 mEq/ l saturation : 98% Histoire de cas (suite) PAP : 25/12 Wedge : 11 TVC : 10 DC 4,5 L/min, indexé 3 L/min 7 Histoire de cas (suite) Quelques heures plus tard, vous apercevez au moniteur cardiaque que le rythme de Mme Bloqué est devenu de la fibrillation auriculaire variant de 70 à 120/min Suite à l’appel du chirurgien, vous lui donnez un bolus d’amiodarone 150 mg/ Ns 100 ml Complications post-opératoires d’une chirurgie cardiaque Syndrome de bas débit causé par Hypovolémie, acidose, ICC, RX Infarctus du myocarde Arythmies cardiaques Embolie pulmonaire Fièvre Dépression Infection de plaie Tamponade médistinale Histoire de cas (suite) Les drains thoraciques sont retirés au deuxième jour post-op puisqu’ils ont drainé moins de 100 ml pour le dernier 8 heures et que l’aspect est sérosanguin Complications post-opératoires d’une chirurgie cardiaque (suite) Déséquilibres électrolytiques Hypertension artérielle systémique Infarctus cérébral causé par une embolie gazeuse ou thrombotique Confusion, agitation et désorientation Coagulation intravasculaire disséminée Syndrome de détresse respiratoire aiguë Insuffisance rénale Les chirurgies valvulaires Trois types de chirurgies sont possibles selon la pathologie et la valve impliquée: Commissurotomie (valvulotomie) Annuloplastie Remplacement valvulaire 8 Deux types de valves Valves mécaniques Valves biologiques Valves mécaniques Valves biologiques Durée de vie plus longue avec une excellente durabilité qui excède souvent la durée de vie du client requérant un remplacement valvulaire Se caractérisent par une faible incidence de thromboembolie et de thrombose valvulaire et ne requièrent pas d’anticoagulothérapie prolongée Ex: valves à monodisque basculant les valves bicuspides, comme la St. Jude, la Onix et l’Advantage ou les bioprothèses La principale préoccupation est leur courte durabilité et les risques potentiels, notamment la réopération, associés à la dégénérescence et à l’insuffisance tissulaire Ex: valve aortique humaine (allogreffe ou homogreffe) et la valve péricardique bovine (xénogreffes) et porcine Le choix du type de valve Le type de valve utilisé dépend des caractéristiques du client, telles que la structure anatomique, l’âge, les antécédents de santé, les contreindications à l’anticoagulothérapie et le mode de vie 9 Remplacement de valve La sténose mitrale, ou rétrécissement de l’orifice valvulaire, survient à la suite d’un épaississement ou d’une perte de souplesse des valves cardiaques (cuspides) et des cordons tendineux. Une cicatrisation progressive, accompagnée d’une déformation et d’une calcification, entraîne la soudure des commissures de la valvule et la contraction des cordons tendineux. Le rétrécissement de l’orifice qui en résulte gêne le passage du sang. L’oreillette gauche se dilate et s’hypertrophie et la pression pulmonaire augmente dans la plupart des cas, ce qui occasionne une forte résistance vasculaire pulmonaire et, à des degrés divers, une insuffisance du cœur droit. Remplacement de valve (suite) N.B. : Il est fréquent de voir un œdème périphérique et un engorgement hépatique. Le patient peut également présenter de la fibrillation auriculaire causée par la dilatation de l’oreillette gauche. La fibrillation auriculaire et la dilatation de l’oreillette forcent le sang à stagner dans l’oreillette favorisant la formation de thrombi qui, en se décrochant, entraînent l’embolie systémique ou pulmonaire. Remplacement de valve (suite) Signes et symptômes : Dyspnée (associée à une augmentation des pressions artérielles pulmonaires) Hémoptysie Oedème pulmonaire À un stade plus avancé : Augmentation de la résistance vasculaire pulmonaire Insuffisance du cœur droit Baisse du débit cardiaque Remplacement de valve (suite) L’insuffisance mitrale (régurgitation mitrale) produit une fibrose et une calcification qui épaississent, raccourcissent et déforment les valves les empêchant de se fermer complètement 10 Remplacement de valve (suite) Remplacement de valve (suite) Signes et symptômes : Congestion pulmonaire chronique Fatigue Orthopnée Dyspnée à l’effort Palpitations Extrasystoles auriculaires ou fibrillation auriculaire (dilatation de l’O.G.) N.B.: on effectue le remplacement lorsque les valves sont calcifiées et fixes, sinon on procède à l’annuloplastie Remplacement de valve (suite) L’insuffisance valvulaire aortique est caractérisée par une pression artérielle systolique élevée, une pression artérielle diastolique basse. Les symptômes associés à la puissance accrue de la systole ventriculaire sont le pouls bondissant, les palpitations et la conscience des pulsations dans le cou. On peut également observer de la dyspnée à l’effort et des étourdissements lors d’un changement brusque de position. L’annuloplastie Intervention chirurgicale utilisée pour réparer ou reconstruire une valve dans le cas de régurgitation mitrale ou tricuspidienne. L’intervention consiste à reconstruire l’anneau cardiaque ou à le remplacer par une prothèse (p. ex. un anneau de Carpentier). La sténose aortique amène une hypertrophie du ventricule gauche entraînant ainsi une diminution de son efficacité. La forte pression systolique du ventricule inhibe le réflexe de vaso-constriction associé à l’effort. Donc: réduction du débit cardiaque, diminution de l’irrigation du cœur et de l’encéphale entraînant des syncopes, de l’angine et des bradycardies. Remplacement de valve (suite) N.B.: Lorsque les anticoagulants sont contreindiqués on installe une valvule porcine. Cette hétérogreffe n’entraîne pas la formation de thrombi et n’exige pas de traitement anticoagulant, mais le greffon peut dégénérer et nécessiter un nouveau remplacement. La commissurotomie La commissurotomie (valvulotomie) mitrale est l’intervention de choix pour les clients atteints de rétrécissement mitrale pur. La technique ouverte (sous CEC) consiste à inciser les commissures et, s’il y a lieu, à séparer les cordons soudés et les muscles papillaires sous-jacents et à débrider la valve de la calcification La technique fermée est pratiquée à l’aide d’un dilatateur (sans CEC) 11 Les chirurgies vasculaires Endartérectomie Anévrisme: de l’aorte abdominale de l’aorte thoracique disséquent de l ’aorte Pontage aorto-fémoral Anévrisme Dilatation anormale et localisée dans la paroi artérielle. C’est une zone affaiblie par l’arthérosclérose, par certaines infections, par un défaut congénital ou par de l’hypertension avec maladie artérielle obstructive. La distribution des fibres élastiques de la média permet au tissu de s’étirer et amène une rupture si la pression est assez élevée. La tendance naturelle de l’anévrisme est toujours de s’étendre et il est toujours sérieux car il y a risque qu’il se rompe. Remplacement d’un anévrisme aorto-iliaque par un greffon synthétique en Y Anévrisme de l’aorte abdominale Opération majeure mais qui donne de très bon résultat, moins de 5% de mortalité Symptômes : Douleur abdominale intense, persistante ou intermittente au niveau de l’abdomen ou région inférieure gauche Douleur lombaire basse signifie une expansion rapide ou rupture imminente Les signes de rupture de l’anévrisme sont : chute de la TA, une douleur dorsale et constante, une chute de globules rouges, une augmentation des globules blancs, et un abdomen mou Lourdeur ou pulsation dans l’abdomen Traitement : L’intervention chirurgicale reste le traitement de choix pour un anévrisme de plus de 5 cm ou celui qui tend à s’étendre On pratique une résection et un pontage par greffe synthétique 12 Par le Dr Elkoury (vasculaire) Anévrisme de l’aorte thoracique Symptômes : Douleur constante mais augmentée en position de décubitus dorsal Dyspnée (pression exercée sur une bronche, un poumon) Toux paroxystique et rauque Dysphagie C’est à ce niveau que l’anévrisme disséquant se développe le plus fréquemment. Anévrisme disséquant de l’aorte La déchirure de l’intima permet le passage du sang dans la substance de la paroi artérielle. Un gros hématome se forme dans la paroi artérielle, provoquant une douleur aiguë. Symptômes : Ils débutent soudainement Douleur aiguë et persistante ressemblant à un arrachement ou à un déchirement dans la poitrine ou sous les omoplates Pâleur, sudation, tachycardie, TA élevée Aortographie et ultrasons Soins infirmiers post-opératoires : Semblables aux soins post pontage aorto-bifémoral 13 Endartérectomie On incise la carotide et l’on gratte l’athérome puis on suture l’artère. La portion malade est clampée et héparinée. Une couche de l’artère ou même une portion de l’artère est enlevée et remplacée par une greffe de Dacron. Endartérectomie (suite) Soins infirmiers spécifiques: Surveiller les paramètres hémodynamiques (une TA entre 120 et 160mmHg devrait être maintenue pour assurer une bonne perfusion cérébrale) Bradycardie fréquente (stimulation du nerf vague), avoir atropine au chevet Endartérectomie (suite) Signes neurologiques chaque heure Afin d’éviter la tension sur les sutures, un oreiller est permis Surveiller une bonne oxygénation, le risque d’œdème et d’hématome peut compromettre la ventilation Mesurer le diamètre du cou Vérifier si la voix change et si problème de déglutition Pontage aorto-bifémoral Opération qui consiste à rétablir la circulation en enlevant le segment obstrué et en le remplaçant par une greffe de Téflon ou de Dacron Généralement pratiquée chez les patients qui souffrent d’artériopathie oblitérante périphérique (insuffisance artérielle des extrémités) Ces lésions sont généralement confinées à des portions du système artériel qui vont de l’aorte, en aval des artères rénales, jusqu’à l’artère poplitée Pontage aorto-bifémoral (suite) Soins infirmiers spécifiques: Maintenir une circulation adéquate Surveiller les pouls tibiaux postérieurs et pédieux chaque 2 heures (l’artère pédieuse est absente chez 7% de la population) Réchauffer les membres inférieurs avec des enveloppements chauds Surveiller la coloration et la température des extrémités en comparant les deux membres en même temps Vérifier la consistance du mollet Surveiller tout signe d’hémorragie: peau pâle, froide et humide, TA chute, pouls qui s’élève, R profonde et rapide, sons de cloche, diurèse diminuée, patient anxieux Éviter de croiser les jambes ou de les laisser pendantes Élever les jambes pour réduire l’œdème Exercices fréquents des pieds Doppler: stéthoscope électronique grâce auquel on peut entendre l’écoulement sanguin 14 Exentération pelvienne Définition Antérieure: Hystérectomie et vaginectomie Possibilité d’une greffe ou création d’un néovagin Cystectomie radicale et dérivation urinaire (conduit iléal ou colique) Postérieure: Hystérectomie, recto sigmoïdectomie (colostomie) Possibilité de vulvectomie Totale: Exentération antérieure et postérieure Durée de l’intervention : 6 à 10 heures Durée de séjour: 15 à 20 jours 15