CHARLAY Étudiant en Master 2 Recherche psychologie de la santé

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CHARLAY
Étudiant en Master 2 Recherche psychologie de la santé
Le 09/11/11
"Du Gabon à Victor Segalen"
(interviewer & Retranscription : Christophe)
Retranscription
1) Qui es-tu et d'où viens-tu ?
Je m'appelle Charlay INDOUMOU PEPPE, je suis étudiant en M2R psychologie de la santé ; je suis de
nationalité gabonaise et je viens du Gabon. Je suis en train de passer ma 2ème année ici en France et
à Bordeaux, après avoir effectué l'année dernière un M1 majeure Santé.
2) Pourquoi avoir fait le choix de faire des études de psycho ?
Je vais répondre en deux temps. Dans un premier temps, il faut savoir que je suis né d'un père
instituteur. Et mon père c'est quelqu'un qui a beaucoup de qualités humanitaires et qui a toujours le
soucis d'aider les autres. Je crois que c'est l'une des raisons pour lesquelles il a choisi de faire de
l'enseignement, parce que là-bas, "on produit des esprits" comme diraient les philosophes. J'ai aussi
beaucoup d'ainés qui sont enseignants et qui ont suivi la voie de mon père. Je crois que j'ai hérité de
certaines de ces qualités. Personnellement j'ai toujours appris à être proche des autres, à m'occuper
d'eux et à m'inquiéter pour eux. Au fil de ma croissance, j'ai découvert que la psychologie était
quelque chose avec laquelle j'étais vraiment lié.
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3) Est-ce que tu as fait ou envisages-tu de faire un travail personnel (une
psychothérapie, une psychanalyse...) ? Penses-tu qu'il soit important de faire un
travail sur soi avant d'exercer ?
Je crois que c'est toujours important parce que déjà, il faut bien savoir qu'avant de pouvoir traiter les
autres il faut se connaître soi et être en bonne santé, c'est, quand même quelque chose d'important.
C'est vrai que jusque-là je ne me suis pas posé la question mais de toutes les façons si j'en ai
l'opportunité je le ferai. Un psychologue doit connaître ses limites, quels sont ses points forts et quels
sont ses points faibles ; Par exemple, on nous dit que dans la pratique il faut faire preuve d'empathie
envers le patient et en même temps ne pas montrer au patient qu'on est empathique et ainsi de
suite, ce sont des choses que l'on doit être capable de contrôler en nous-mêmes et je pense que çà
demande un travail de fond pour savoir jusqu'où on est capable de jouer un tel jeu par exemple.
4) Pourquoi avoir choisi précisément la spécialité de la "psychologie de la santé" ?
Est-ce qu'avant de t'engager en majeure santé en M1 tu connaissais déjà la
psychologie de la santé ? Tu avais suivie une option en Licence, lu des livres... ?
Comment et sur quoi s'est fait le choix de la spécialité ? Qu'est-ce qui te plait dans la
psychologie de la santé ?
J'ai eu beaucoup de discussions avec mes enseignants au Gabon durant mon cursus universitaire et
ils nous ont beaucoup parlé de la psychologie de la santé et çà concernait la prise en charge en ellemême et je crois que la psychologie de la santé est très proche de la santé, de la médecine ; il y a
quand même des moyens de prévention qu'on met en place, il y a aussi l'intervention directe, il y a la
prise en charge, la préservation et ensuite la post-prise en charge. Donc même après la maladie, il y a
ce suivi qui continue. Et pour moi la psychologie de la santé est bien placée pour le faire, parce qu'on
touche beaucoup aux concepts complexe qui touche à notre quotidien, stress, espoir, amour,
épuisement, etc... La psychologie de la santé a des bases et je dis pour terminer qu'au regard de tous
les échanges que j'ai pu avoir avec mes enseignants, j'ai fini par comprendre que la psychologie de la
santé est au centre de toutes les sous-disciplines de la psychologie. Donc, lorsqu'on fait psychologie
de la santé, on fait de la psychologie d'une manière générale.
5) Pourquoi avoir choisi précisément la spécialité de la "psychologie de la santé" ?
Est-ce qu'avant de t'engager en majeure santé en M1 tu connaissais déjà la
psychologie de la santé ? Tu avais suivie une option en Licence, lu des livres... ?
Comment et sur quoi s'est fait le choix de la spécialité ? Qu'est-ce qui te plait dans la
psychologie de la santé ?
Le problème est qu'au Gabon, nous n'avons pas de spécialistes en psychologie de la santé mais ce
sont des choses qui s'installent progressivement mais nous avons des enseignants qui ont le souci de
nous imprégner de toutes les disciplines dont regorge la psychologie ; donc la psychologie de la
santé, au Gabon, est comme une matière qu'on apprend en maîtrise et ce n'est que là que j’en ai pris
attache avec la discipline et c'est à ce niveau que cette discipline m'a intéressé.
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6) Est-ce que tu es capable de me citer une théorie qui t'a marquée en psychologie de
la santé ?
Les théories sont nombreuses, mais je préfère parler du modèle EPS. L'année dernière en master 1,
j'ai été très intéressé par une approche développée par Greg DECAMPS en collaboration avec Nicole
RASCLE, sur le syndrome d'épuisement professionnel. Parce qu'il y avait ce débat selon lequel le burn
out pouvait être un concept utilisé en psychologie de la santé et du sport. Greg DECAMPS a montré
que les critères du BO en milieu professionnel étaient différents de ceux observés en psychologie du
sport. Il a donc proposé un modèle qui s'appelle le syndrome d'épuisement psychologique du sportif
(ou syndrome EPS) et j'ai trouvé çà bien car çà retrace tout le processus qui amène à l'épuisement
chez le sportif.
7) As-tu préparé un projet professionnel et est-ce que tu sais où tu vas ? Si tu peux te
projeter, dans quel domaine, lieu et avec quelles populations souhaiterais-tu travailler
plus tard ?
J’en ai mais pas aussi solide que ça. Il y a quand même des choses qui se construisent au fil des
années et à l'heure actuelle, je ne peux dire que je suis arrivé à un stade fini de mon projet, mais je
suis bien dans cette réflexion là, et ce sera bien pour moi de terminer par en avoir un parce que j'ai
envie de faire ma profession libérale et d'exercer pour moi-même.
8) Tu es en M2R, tu m'as dit que tu souhaitais enchainer par une thèse, est-ce que
c'est pour faire de l'enseignement et de la recherche ?
C'est assez difficile à dire ; je suis bien passionné par la recherche. Moi, après ma maitrise au Gabon,
je suis allé à l'Ecole Normale Supérieure pour être conseiller d'orientation et j'ai dû arrêter, car je
voyais qu'il y avait trop de pratique alors que j'étais plus attaché à la recherche. C'est pourquoi je suis
en Master 2 recherche aujourd'hui. Comme je le disais dès le départ, l'enseignement est quelque
chose qui poursuit ma famille et je risque de ne pas me démarquer, d’ailleurs certains amis me l’ont
déjà dit. Mais j'ai aussi le souci de faire beaucoup de pratiques, donc d'avoir une activité clinique
couplée à de la recherche, une sorte de double-compétence car je pense que c'est important
aujourd'hui pour un chercheur d'avoir la pratique et pour un praticien, d'avoir des rudiments de
recherche.
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9) On constate qu'il y a des ponts possibles entre les chercheurs et les cliniciens
(entre la recherche et la clinique), on le voit par exemple dans le domaine du Cancer
où il y a une réelle collaboration mise en place. Est-il possible d'améliorer le dialogue
entre les deux et si oui comment ?
Je pense que le dialogue entre le clinicien et le chercheur devrait être obligatoire, parce que les deux
vont ensemble. Le chercheur cherche pour le praticien et ce dernier utilise les outils du chercheur
pour voir s'ils sont pertinents. Je trouve obligatoire que les deux travaillent ensemble, en étroite
collaboration.
10) Est-ce que tu pourrais m'indiquer la différence qu'il y a entre la méthodologie de
recherche qualitative et la méthodologie de recherche quantitative en psychologie de
la santé ? Sont-elles complémentaires ? Pour tes T.E.R, de M1 et de M2, quelle
démarche as-tu et vas-tu utiliser ?
De manière brève, je dirai que la démarche qualitative fait plus référence à l’étude pas à pas d’un
phénomène clairement défini ou non sur un échantillon de très petite taille. On l’utilise beaucoup en
clinique (adulte ou enfant) et en développement. En revanche, lorsqu'on parle de méthodologie de
recherche quantitative c'est du recueil de données sur de grands échantillons sur un temps plus
court. Il est possible de les utiliser en complémentarité, car il y a des recherches qui nécessitent
d'aller au fond de la question en s’intéressant à quelques sujets, parce que c'est çà la méthodologie
de recherche qualitative, observer un phénomène particulier. Donc autant on peut utiliser çà de
manière quantitative autant on peut le faire de manière qualitative. Mais je pense que si on doit
jumeler les deux, çà prendra plus de temps et de moyens humains. Pour mes mémoires de
recherche, j'ai utilisé la démarche quantitative, c'est celle que j'aime le plus.
11) Quels sont les thèmes de ton mémoire (en M1 et en M2) ?
J'ai obtenu une maîtrise au Gabon en 2009 et qui est l'équivalent du master. Au Gabon les spécialités
ne sont pas forcément comme ici ; déjà nous nous spécialisons depuis la Licence 3, donc quand on
arrive en M1 on a déjà une spécialité. Moi j'avais choisi de faire "Psychologie du Développement et
de l’Education". En, j’ai étudié les processus attentionnels chez les enfants prématurés (âgés de 5 à 6
mois). Et lorsque j'ai fait ma maîtrise, j'ai amélioré cette recherche en m'intéressant aux processus
attentionnels chez les grands prématurés, âgés de 4 à 5 mois. En arrivant à Bordeaux l'année
dernière pour mon master 1 majeure Santé, j'ai travaillé sur la validation d'une échelle de l'amour
compassionnel. C'est une échelle américaine qui étudie la qualité des relations dans les couples,
entre des proches et entre les personnes en général. Je l'ai validée l'année dernière et je l’utiliserai
cette année dans le cadre d’une autre validation. En effet, cette année je suis en train d’adapter et
valider une échelle évaluant les stéréotypes chez les personnes âgées, et je m'intéresse à la
population gabonaise ; en fait j’étude l'âgisme, qui est défini comme un phénomène psychosocial
selon lequel certains groupes d'individus sont amenés à attribuer un certain nombre de
caractéristiques parfois positives parfois négatives à envers ses ainés. Le groupe cible, ce sont les
personnes âgées. La thèse devrait être une poursuite de ce mémoire de M2R.
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12) Au niveau de ton ou de tes stages : dans quel(s) lieu(x) et auprès de quelle(s)
population(s) as-tu effectué ton ou tes stages ? Es-tu satisfait(e) du ou des stages
effectués ?
J'ai commencé à faire des stages depuis la licence 3 ; j'en ai fait deux dans des crèches en L3, deux au
sein de lycées comme conseiller d'orientation durant mon année maitrise au Gabon. Ici, à Bordeaux,
j'ai effectué mon premier stage au centre hospitalier Robert Boulin de Libourne, au Centre Mémoire
pour des personnes atteintes de démence : Alzheimer, ... Cette année je suis dans une maison de
retraite à Bègles et c'est dans la continuité. Les lieux de stage me utiles pour enrichir ma formation,
mais pour ma recherche je la ferrai auprès d’un échantillon gabonais où je devrai me rendre si
seulement je ne peux pas le faire à distance.
13) Pourquoi conseillerais-tu à un étudiant de s'inscrire en psychologie de la santé
plutôt que dans une autre discipline notamment la filière la plus prisée qui reste la
psychologie clinique/psychopatho ?
Pour moi, la clinique, c'est comme si on disait à quelqu'un vous avez telle personne qui présente des
signes pathologiques, est-ce que vous pouvez voir et résoudre son problème. C'est comme si le
problème était déjà là et qu'on va tenter de le résoudre. La psychologie de la santé va au-delà, en
parce qu'elle fait aussi la prévention ; on peut prévenir certaines situations en pensant que qu’un
phénomène X peut entrainer des problèmes de santé. Alors, il serait souhaitable d'engager des
mesures palliatives et préventives. On n’est pas forcément dans la situation même et je pense que
c'est bien. si je m'intéresse à la psychologie de la santé c'est entre autre à cause de çà parce qu'il y a
la prévention, la prise en charge et après il y a le suivi. Ce sont des étapes qui se suivent. Je pense
que la clinique ne fait pas la prévention. J'ajouterais que la psychologie de la santé est relativement
complète parce qu'elle touche à toutes les disciplines et logiquement un psychologue de la santé est
sensé connaître la psychologie clinique, patho, du sport, etc... C'est vraiment une discipline qui a
besoin des autres pour fonctionner.
Charlay : Je voudrais donner mon impression sur ces interviews : je trouve que c'est bien ; il est
important de faire ce genre d'entretiens de temps en temps, çà motive les gens aussi, merci.
Christophe : Charlay, merci beaucoup pour l'interview que tu m'as accordée
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