L’écart thérapeutique dans la prise en charge de l’asthme au Canada Par Pierre-Alain Houle Pierre-Alain Houle, M.D. Consultant en allergies respiratoires, Polyclinique Du Cap, Trois-Rivières, Québec Réseau de référence pour l'asthme professionnel, Département de santé publique, Centre hospitalier régional de Trois-Rivières, Québec ’asthme est l’une des maladies chroniques les plus fréquentes soignées en médecine de premier recours et sa prévalence ne cesse de croître au Canada1. Le but du traitement pour tous les patients asthmatiques est d’obtenir la maîtrise totale de la maladie1-3. La maîtrise de l’asthme réduit le risque de morbidité et de mortalité liées à l’asthme, elle améliore la qualité de vie des patients et réduit de beaucoup le fardeau de cette maladie pour le système de soins santé1,4-7. Il existe des lignes directrices pour la pratique clinique qui guident les cliniciens et leurs patients dans leur démarche pour maîtriser l’asthme, mais des données probantes montrent qu’une très forte proportion de personnes asthmatiques n’atteint pas ce but et continue de souffrir d’asthme non maîtrisé (même s’ils le perçoivent mal). Dans cet article, nous résumons les plus récentes recommandations canadiennes pour la prise en charge de l’asthme2 et nous commentons certaines données probantes qui démontrent l’existence d’un écart thérapeutique entre ces recommandations et les pratiques cliniques réelles. L Recommandations canadiennes les plus récentes pour la prise en charge de l’asthme Les plus récentes recommandations canadiennes pour la prise en charge de l’asthme de l’enfant et de l’adulte proviennent du document intitulé Continuum de prise en charge de l’asthme de la Société canadienne de thoracologie (SCT) – Résumé du consensus de 20102. Ce groupe d’experts définit la maîtrise de l’asthme à l’aide de huit critères décrits au Tableau 1. Le patient doit répondre aux huit critères pour que son asthme soit considéré comme maîtrisé. Les recommandations canadiennes sont semblables à celles qui sont appliquées dans d’autres régions du monde, quoique les critères établis par Global Initiative for Asthma (GINA) soient légèrement différents et vont parfois plus loin3. Les critères de GINA, par exemple, exigent que la fréquence des symptômes diurnes de l’asthme ne dépasse pas deux fois par TABLEAU 1. Critères de maîtrise de l’asthme : Continuum de prise en charge de l’asthme de la SCT – 20102 Caractéristique Fréquence ou valeur Symptômes diurnes < 4 jours/semaine Symptômes nocturnes < 1 nuit/semaine Activité physique Normale Exacerbations Légères, peu fréquentes Absence du travail ou de l’école due à l’asthme Aucune Besoin d’un β2-agoniste à action rapide < 4 doses/semaine VEMS ou DEP ≥ 90 % du meilleur résultat personnel Variation diurne du DEP* < 10 % à 15 % *La variation diurne correspond au débit expiratoire de pointe (DEP) le plus élevé moins le plus faible, divisé par le DEP le plus élevé, multiplié par 100 pour le matin et le soir (déterminé sur une période de deux semaines). VEMS : volume expiratoire maximal par seconde semaine, tandis que selon les critères canadiens, la fréquence maximale est de trois fois par semaine. De même, les critères de GINA limitent à deux prises ou moins d’un médicament de soulagement ou de secours par semaine, alors que les critères canadiens tolèrent trois prises ou moins par semaine. Des critères de maîtrise de l’asthme plus stricts devraient aider à améliorer les résultats du traitement de l’asthme, et cette question sera examinée par les experts canadiens. L’approche du traitement recommandé par les experts de la SCT (Consensus 2010) compte plusieurs volets (Figure 1). Tel qu’illustré, tous les plans d’intervention devraient d'abord et surtout comprendre l’assainissement de l’envi- le clinicien décembre 2010 9 FIGURE 1. Continuum de la prise en charge de l’asthme 20102 Pédiatrique (6 ans et plus) et adultes Réévaluer régulièrement : • La maîtrise • La spirométrie ou le DEP • La technique d’inhalation • L’observance au traitement • Les facteurs déclenchants • Les comorbidités le ter s u Aj e thm s a l’ er ilis b sta Pred. Anti-IgE** ≥ 12 ans : ajout d’un ARLT 6-11 ans : ajout d’un BALA ou d’un ARLT et er s i r t î a rm ≥ 12 ans : ajout d’un BALA* ou p t n 6-11 ans : augmentation des CSI me e t i tra Corticostéroïdes inhalés (CSI)* *Deuxième ligne : antagoniste des récepteurs des leucotriènes (ARLT) Faible dose Dose moyenne Dose élevée ≥ 12 ans : ≤ 250 mcg/jour† ≥ 12 ans : 251-500 mcg/jour† ≥ 12 ans : > 500 mcg/jour† 6-11 ans : ≤ 200 mcg/jour† 6-11 ans : 201-400 mcg/jour† 6-11 ans : > 400 mcg/jour† Bronchodilatateur à action rapide au besoin Assainissement de l’environnement, éducation, plan d’action écrit Confirmation du diagnostic Maîtrisé Non maîtrisé †Béclométhasone HFA ou l’équivalent; **Approuvé pour les 12 ans et plus. BALA = ß2-agoniste à longue durée d’action; Pred. = prednisone. ronnement, l’éducation du patient et un plan d’action écrit8. Pour la pharmacothérapie, tous les patients atteints d’asthme devraient se voir prescrire un bronchodilatateur à début d’action rapide, à prendre au besoin. Quant aux médicaments employés pour maîtriser les symptômes, le traitement de choix initial devrait être un corticostéroïde inhalé (CSI) à dose faible (≤ 250 mcg/jour). Le plan d’action à suivre afin d’aider le patient à contrôler son asthme est présenté au Tableau 2 (les étapes du plan d’action sont classées en fonction de la médication actuelle/statut du patient)2. Chez les patients âgés de 12 ans et plus, si l’asthme n’est pas maîtrisé par ce traitement initial, l’étape suivante recommandée est l’adjonction d’un ß2-agoniste à longue durée d’action (BALA) au CSI. Cette combinaison peut être prescrite sous forme d’un inhalateur combinant les deux agents à dose fixe (p.ex., budésonide/formotérol; fluticasone/salmétérol) et en l’associant à un médicament de soulagement (le salbutamol ou la terbutaline); on peut également prescrire à cette fin la 10 le clinicien décembre 2010 technique SMART (Single-inhaler Maintenance and Reliever Therapy) (offert seulement avec la combinaison budésonide/formotérol) qui évite d’avoir à prescrire un deuxième inhalateur renfermant un médicament de soulagement grâce au début d’action rapide du formotérol. Il importe de souligner toutefois que l’ajout d’un BALA à un CSI doit être fait uniquement après avoir confirmé une réelle réponse insatisfaisante au traitement, c’est-à-dire après avoir écarté les autres causes fréquentes de la nonmaîtrise de l’asthme (diagnostic erroné de l’asthme, mauvaise technique d’utilisation de l’inhalateur, inobservance du traitement, exposition persistante aux facteurs déclenchants dans l’environnement, maladies concomitantes)2. Aucune évidence ne supporte l’utilisation de thérapies de combinaison (CSI + BALA) comme traitement de première ligne chez les patients avec un asthme léger n’ayant pas reçu antérieurement de corticostéroïdes inhalés (Niveau 1)9. L’écart thérapeutique dans la prise en charge de l’asthme TABLEAU 2. Le plan d’action selon la médication actuelle / statut2 Enfants âgés de 6 à 11 ans Patients âgés de 12 ans et plus Médication actuelle / statut Action si l’asthme n’est pas contrôlé de manière adéquate Médication actuelle / statut Bronchodilatateur à action rapide au besoin Ajout d’un CSI à faible dose Bronchodilatateur à (un ARLT est l’option de 2e action rapide au besoin ligne pour l’asthme léger) Ajout d’un CSI à faible dose (un ARLT est l’option de 2e ligne pour l’asthme léger) CSI à faible dose + bronchodilatateur à action rapide au besoin Augmentation du CSI à une dose modérée CSI à faible dose + bronchodilatateur à action rapide au besoin Ajout d’un BALA CSI à dose modérée + bronchodilatateur à action rapide au besoin Ajout d’un BALA ou d’un ARLT CSI à faible dose + Augmentation du CSI à BALA + bronchodilatateur une dose modérée ou à action rapide au besoin ajout d’un ARLT Asthme grave non contrôlé Considérer la prednisone CSI à faible dose + BALA + ARLT + bronchodilatateur à action rapide au besoin Action si l’asthme n’est pas contrôlé de manière adéquate Augmentation du CSI à une dose modérée CSI à dose modérée + Ajout d’un ARLT BALA + bronchodilatateur à action rapide au besoin CSI à dose modérée + BALA + ARLT + bronchodilatateur à action rapide au besoin Considérer l’ajout de théophylline Asthme grave non contrôlé Considérer la prednisone Asthme atopique mal Considérer un traitement maîtisé malgré de fortes anti-IgE (omalizumab) doses de CSI et une thérapie de combinaison appropriée, ± prednisone Lorsque la combinaison CSI + BALA ne maîtrise pas l’asthme, la SCT recommande d’accroître la dose du CSI à un niveau modéré (dans la plage de 251 à 500 mcg/jour) ou d’ajouter un antagoniste des récepteurs des leucotriènes (ARLT). Chez les patients de moins de 12 ans, la première étape d’intensification du traitement consiste à augmenter la dose du CSI; les étapes subséquentes comprennent l’ajout d’un ARLT ou d’un BALA (moins de données à l’appui du BALA). L’écart thérapeutique dans la prise en charge de l’asthme au Canada Bien que les critères définissant la maîtrise et les recommandations pour le traitement soient clairs et bien qu’ils soient disséminés depuis de nombreuses années (les critères de maîtrise ont été publiés pour la première fois au Canada dans les lignes directrices 1996 pour le traitement de l’asthme)10, un nombre important de patients ne maîtrisent pas leur asthme. Chez certains d’entre eux, il se peut que l’asthme soit réellement réfractaire et que la maîtrise soit difficile à obtenir même avec un traitement Bien que les critères définissant la maîtrise et les recommandations pour le traitement soient clairs et bien qu’ils soient disséminés depuis de nombreuses années, un nombre important de patients ne maîtrisent pas leur asthme. optimal; ces patients ont besoin des soins d’un spécialiste. Il est toutefois probable que la plupart des patients dont l’asthme n’est pas maîtrisé réussiraient à atteindre cet le clinicien décembre 2010 11 FIGURE 2. Taux de maîtrise de l’asthme, perçus et réels, au Canada : étude TRAC10 3 100 90 53 80 Patients (%) 12 10 88 90 Médecins de famille Spécialistes 97 70 60 50 40 47 30 20 10 0 Réels Patients (basé sur les lignes directrices canadiennes de 1999) Perceptions Maîtrisé objectif sous les soins d’un médecin de famille, à condition de recevoir – et d’observer – le traitement optimal recommandé par la SCT. Étude TRAC. Parmi les meilleures données probantes qui démontrent la maîtrise sous-optimale de l’asthme au Canada, il faut souligner celles de l’étude TRAC (The Reality of Asthma Control) publiée en 200611. Cette étude était fondée sur des entrevues téléphoniques avec 893 adultes Les résultats de cette enquête montrent qu’à la lumière des critères de la maîtrise de l’asthme établis par les lignes directrices, seulement 47 % des patients maîtrisaient leur asthme. porteurs d’un diagnostic d’asthme, âgés de 18 à 54 ans. Les médecins ont également répondu à des questionnaires par téléphone et par la poste. Les résultats de cette enquête montrent qu’à la lumière des critères de la maîtrise de l’asthme établis par les lignes directrices (lignes directrices canadiennes de 1999), seulement 47 % des patients maîtrisaient leur asthme. Ce pourcentage contredit de façon flagrante la perception qu’avaient les patients et les médecins de la maîtrise : 97 % des patients étaient d’avis que leur asthme était « très bien » ou « assez bien » maîtrisé, tandis que 88 % des médecins de famille et 90 % des spécialistes 12 le clinicien décembre 2010 Non maîtrisé avaient répondu qu’ils croyaient réussir à maîtriser l’asthme chez leurs patients (Figure 2). Étude INSPIRE. Les résultats de l’étude TRAC au Canada étaient semblables à ceux publiés dans d’autres pays. Au cours de l’étude INSPIRE (International Asthma Patient Insight Research)12, les chercheurs ont réalisé une enquête auprès de 3 415 adultes atteints d’un asthme diagnostiqué dans 11 pays (dont le Canada). Parmi ces patients, 51 % avaient un asthme non maîtrisé, après classification à l’aide du questionnaire ACQ sur la maîtrise de l’asthme. Au sein de ce groupe de patients souffrant d’asthme non maîtrisé (classification ACQ), 87 % ont affirmé que la maîtrise de leur asthme avait été « relativement bonne » durant la semaine précédant l’entrevue. Étude AIRE. Même chez les patients atteints d’asthme grave, la perception subjective de la maîtrise est loin de concorder avec la réalité objective. L’étude AIRE (Asthma Insights and Reality in Europe) a montré que parmi les patients qui manifestaient des symptômes persistants graves, 50 % ont affirmé qu’ils croyaient que leur asthme était totalement ou bien maîtrisé13. Programme de réflexion sur les pratiques au Canada. En 2009, un programme de réflexion sur les pratiques a été déployé dans tout le Canada pour essayer de mesurer plusieurs aspects du traitement de l’asthme, y compris la prise des médicaments et les taux de maîtrise de la maladie14. Dans le cadre de ce programme, on a recruté 966 médecins pour participer à une enquête prospective auprès de patients à l’aide d’un questionnaire qu’ils remplissaient L’écart thérapeutique dans la prise en charge de l’asthme FIGURE 3. Proportion de patients ayant signalé des manifestations de l’asthme nuisant à leur qualité de vie13 50 47 Patients (%) 40 34 30 27 20 14 10 0 Dyspnée Restrictions des activités à cause de l’asthme après ou pendant les consultations. Chaque médecin procédait à l’enquête chez au moins 15 de ses patients asthmatiques. Ces médecins ont fourni des données regroupées portant sur 19 519 patients à travers le Canada. Plus de la moitié des patients (59 %) étaient âgés de 25 à 64 ans, et un faible pourcentage (9 %) avait 12 ans et moins et 15 % avaient plus de 64 ans. L’asthme était intermittent chez 46 % des patients, persistant chez 44 % et déclenché par l’effort chez 10 %. Les diagnostics d’asthme étaient confirmés par des épreuves de la fonction pulmonaire dans 59 % des cas. Dans l’ensemble, les médecins participants ont déclaré qu’à leur avis, seulement 58 % de leurs patients maîtrisaient efficacement leur asthme conformément aux critères établis dans les lignes directrices. D’autres résultats appuyaient la conclusion selon laquelle l’asthme n’était pas maîtrisé chez une proportion importante de patients. Par exemple, les réponses des médecins à la question sur la fréquence des aggravations ou des exacerbations de l’asthme au cours de la semaine précédant la visite montrent que seulement 43 % des patients n’avaient pas signalé d’aggravation durant cette période. En outre, 35 % des patients ont déclaré avoir pris des médicaments de soulagement (bronchodilatateur à action rapide, ou BAAR) au moins trois fois par semaine. La proportion de patients ayant eu besoin de soins aigus urgents ou ayant visité un service des urgences à cause de l’asthme durant le mois précédent était de 11 %; 26 % des patients avaient consulté un médecin hors des visites de suivi ou s’étaient rendus dans une clinique sans rendez-vous à cause de leur asthme. Réveils nocturnes Absence de l’école causés par ou du travail à l’asthme cause de l’asthme Le programme avait aussi pour but de mesurer les effets de l’asthme sur la qualité de vie des patients. Parmi les patients, 47 % souffraient de dyspnée, 34 % se plaignaient que l’asthme nuisait à leurs activités et 27 % affirmaient se réveiller pendant la nuit à cause de l’asthme; 14 % devaient s’absenter de l’école ou du travail à cause de l’asthme (Figure 3). L’étude AIRE a montré que parmi les patients qui manifestaient des symptômes persistants graves, 50 % ont affirmé qu’ils croyaient que leur asthme était totalement ou bien maîtrisé. Les données de cette étude montrent par ailleurs que 36 % des médecins ont décidé de modifier le traitement ou d’en instaurer un nouveau à cause du degré de maîtrise de l’asthme et que 10 % des médecins ont adressé des patients à un spécialiste. Discussion : comment expliquer cet écart thérapeutique? Plusieurs raisons pourraient expliquer l’écart thérapeutique observé dans la prise en charge de l’asthme au Canada. Au nombre des facteurs qui sont reliés aux patients, soulignons la piètre adhésion au traitement prescrit (ou l’inobservance franche), la capacité de payer, la réticence à prendre le médicament recommandé (p. ex., la phobie des stéroïdes), les affections concomi- le clinicien décembre 2010 13 tantes et la technique d’utilisation incorrecte de l’inhalateur. Il existe également des facteurs reliés aux médecins, soit un diagnostic erroné15, le choix d’une cible thérapeutique inadéquate (le traitement doit viser la maîtrise totale), l’absence de vérification de la technique d’utilisation de l’inhalateur et l’absence d’évaluation et de traitement des affections concomitantes. Il se peut en outre que les médecins ne posent pas les bonnes questions lorsqu’ils interrogent un patient sur la qualité de la maîtrise de l’asthme. Au lieu de demander simplement au patient si son asthme est bien maîtrisé, les médecins devraient poser systématiquement des questions axées sur les critères de maîtrise de l’asthme de la SCT (Tableau 1). Ils pourraient notamment interroger le patient sur le nombre de fois par semaine où il a besoin d’un médicament de soulagement, sur la présence possible de symptômes d’asthme nocturnes ou sur les absences de l’école ou du travail motivées par l’asthme. L’amélioration de la fonction pulmonaire est un autre marqueur de la maîtrise de l’asthme. Pour évaluer ce paramètre toutefois, les médecins doivent avoir accès aux épreuves de spirométrie et ils devraient les effectuer régulièrement (un obstacle pour beaucoup de médecins) lors du suivi afin de s’assurer du maintien de la fonction pulmonaire à plus long terme. Enfin, d’autres facteurs sont reliés au système de soins de santé : le coût des médicaments et des inhalateurs, l’accès aux médecins de premier recours aux épreuves de spirométrie ainsi qu’aux services d’enseignement des patients sur l’asthme et aux cliniques d’asthme. Même si les taux de mortalité de l’asthme ont décliné de manière constante depuis quelques décennies, la prise en charge de l’asthme n’est pas encore optimale, ce qui se traduit par une morbidité persistante. La littérature renferme une abondance de données probantes démontrant qu’environ la moitié des patients asthmatiques ne réussit pas à maîtriser l’asthme conformément aux critères établis dans les lignes directrices pour la pratique clinique. Il nous faut accorder la priorité à l’élimination de cet écart thérapeutique. Les médecins doivent viser la maîtrise totale de l’asthme (sans symptômes résiduels) chez tous leurs patients et ils doivent modifier tout traitement qui ne confère que des résultats favorables modestes. Dans l’asthme, tous les plans d’intervention devraient comprendre un plan d’action en cas d’exacerbation. Le traitement énergique de toutes les exacerbations peut aider à en prévenir d’autres et il peut offrir l’occasion d’intervenir de manière précoce et efficace et de réduire le risque d’aggravation de l’asthme. Un panel d’experts canadiens (Asthma Worsenings Working Group) a publié récemment une déclaration sur les stratégies de prévention et de traitement de ces crises16. Ces stratégies comprennent des mesures éducatives pour apprendre à reconnaître une exacerbation de l’asthme et à la traiter de façon précoce, avant que les symptômes s’aggravent. Il existe des interventions efficaces pour aider à prévenir les exacerbations et à obtenir la maîtrise de l’asthme (interventions liées au mode de vie, l’évitement des facteurs déclenchants et la prise judicieuse de médicaments de fond, y compris les médicaments combinés). Il importe en outre d’expliquer aux patients en quoi consiste la maîtrise efficace de l’asthme. Pour offrir à leurs patients asthmatiques des soins optimaux, les médecins doivent bien connaître les recommandations récentes fondées sur les données probantes, qui expliquent clairement comment utiliser ces modalités de traitement. Références : 1. 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