Université Pierre et Marie Curie Analyse réelle, MM003
Master de Mathématiques, M1Année universitaire 2014-2015
Ayman Moussa
Rappels de Cours – Distributions.
Dans toute la suite désigne un ouvert de Rd. Pour α“ pα1, . . . , αdq P Nd, on note |α| “ α1`¨ ¨ ¨`αd
et Bαl’opérateur différentiel Bα1
x1. . . Bαd
xd.
1 Fonctions tests
Definition : L’ensemble des fonctions C8pqà support compact dans est noté Dpq, c’est l’ensemble
des fonctions tests.
Remarque : On a déjà vu précédemment que Dpq, bien que tout petit (au sens où il est inclus dans la
plupart des espaces fonctionnels rencontrés jusqu’à présent), n’est pas réduit à la fonction nulle.
Quelle topologie pour les fonctions tests ? On rappelle que l’espace C8pq “ Epq(sans condition sur
le support) muni de la topologie de la convergence compacte de toutes les dérivées est un espace de
Fréchet. De même si on fixe un compact Kde , l’espace DKpqdes fonctions tests à support inclus
dans K, muni de la même topologie, est toujours un espace de Fréchet. Par contre si l’on considère cette
même topologie sur Dpq, celle-ci est toujours métrisable (c’est un sous-espace de Epq), mais l’espace
métrique considéré n’est alors plus complet : le complété est en fait Epq! Ceci motive l’introduction
d’une nouvelle topologie, restreignant la convergence dans Dpq.
Definition : On fixe pKpqpPNune suite exhaustive de compact de . Dans toute la suite l’espace
Dpq “ ď
pPN
DKnpqsera muni de la topologie limite inductive des DKnpq, telle que définie précédem-
ment dans le cours.
Proposition-Rappel : Les suites convergentes de Dpqsont les suites dont les supports restent dans
un compact fixe de et telles que les dérivées convergent toutes uniformément sur ce compact.
Dpqa la proriété de Montel :
Proposition : Les compacts de Dpqsont les fermés bornés.
Théorème : Soit pϕnqnPNPDpqN. On suppose l’existence d’un compact Kcontenant tous les supports
des ϕn. Si la suite pϕnqnPNconverge simplement vers une fonction ϕet si sup
αPNd
sup
xP
sup
nPN
|Bαϕnpxq| ă 8,
alors ϕPDpqet pϕnqnPNconverge vers ϕdans cet espace.
2 Distributions
2.1 Définitions et premières propriétés
Définition : On note D1pqle dual topologique (formes linéaires continues) de Dpq. C’est l’espace
des distributions sur .
Remarque : Si Test une distribution et ϕune fonction test, on notera Tpϕq P Rou xT, ϕy P Rl’image de
ϕpar T.
1
Proposition : Soit Tune forme linéaire sur Dpq.
Se valent :
(i) Test une distribution.
(ii) Pour toute suite pϕnqnPNPDpqNconvergeant dans Dpqvers ϕ,pTpϕnqqnPNconverge vers Tpϕq.
(iii) Pour tout compact KĂ, il existe un entier mKPNet une constante CK, telles que pour tout
élément ϕPDKpq,
|Tpϕq| ď CKsup
xPK
sup
|αmK
|Bαϕpxq|.(1)
Dans le cas où l’entier mKde la dernière propriété peut être choisi indépendamment de K, on dit que
Test d’ordre fini. L’ordre de Test alors le plus petit entier vérifiant cette propriété.
Remarque : piiiqrevient exactement à dire que Test continue sur tous les espaces de Fréchet DKpq, où
Kparcoure les compacts de . Il est intéressant de noter que malgré la non-métrisabilité de la topologie
limite inductive sur Dpq, il suffit de vérifier la continuité séquentielle d’une forme linéaire pour en
assurer la continuité.
2.2 Exemples
C’est au sens du résultat suivant que l’on dit que les distributions généralisent le concept de fonction :
Théorème-Définition :
Soit fune fonction localement intégrable sur . L’application
Tf:Dpq ÝÑ R
ϕÞÝÑ ż
fpxqϕpxqdx,
définit une distribution sur . L’application de L1
loc pq Ñ D1pqdéfinie par fÞÑ Tfest injective. On
dira par la suite qu’une distribution Test une fonction, si il existe une fonction de L1
loc pqtelle que
TTf.
Par la suite, on va tenter de traduire systématiquement le calcul fonctionnel en terme « distributionnel » ,
le but étant que les deux points de vues se confondent totalement dans le cas des fonctions.
Un exemple important de distribution est le suivant
Définition-Proposition : Soit aP. L’évaluation ϕÞÑ ϕpaqdéfinit bien une distribution. On l’appelle
masse de Dirac en aet on la note δa.
De manière plus générale, toute mesure de Radon est une distribution :
Proposition :
Soit µune mesure de Radon ( i.e. finie sur les compacts) sur la tribu des boréliens de . L’application
Tµ:Dpq ÝÑ R
ϕÞÝÑ ż
ϕpxqdµpxq,
définit une distribution et l’application de Mrpq(mesures de Radon sur ) dans D1pqdéfinie par
µÞÑ Tµest injective.
2.3 Topologie de D1pq
Définition : (Topologie des distributions)
On munit D1pqde la topologie faible´‹. On dira donc qu’une suite de distributions pTnqnPNvers
TPD1pqlorsque pTnpϕqqnPNconverge vers Tpϕq, pour toute fonction test ϕ.
2
Théorème :
Soit pTnqnPNune suite de D1pqN. On suppose que pour tout élément ϕPDpq, la suite pTpϕqqnPN
converge vers une valeur que l’on note Spϕq. Alors la forme linéaire Sest continue : c’est une distribu-
tion.
2.4 Multiplication, dérivation
Théorème :
Soit ψPEpqet TPD1pq. Il existe une distribution S, notée ψ¨T, appelée le produit de Tpar ψ
telle que, pour tout ϕPDpq,Spϕq “ Tpψϕq. L’application TÞÑ ψ¨Tdéfinit un opérateur linéaire
continu de D1pq.
Remarque : Le théorème précédent généralise la multiplication usuelle des fonctions en ce sens que pour
ψPEpqet fPL1
loc pq,Tψg ψTg
Définition :(dérivation des distributions)
Soit TPD1pqet αPNd. L’opérateur de dérivation d’ordre αest défini sur D1pqde la manière
suivante : BαTest une distribution, définie par
@ϕPDpq,xBαT, ϕy:“ p´1q|α|xT, Bαϕy.
Remarque : Dans le cas de la dimension 1, cette formule devient donc : xT1
f, ϕy “ ´xTf, ϕ1y.
Proposition : Soit pPN,αPNdtel que |α| ď pet fPCppq. Alors TBαf“ Bαf.
Remarque : La dérivée d’une fonction au sens classique correspond donc, via l’injection fÞÑ Tf, à la
dérivation au sens des distributions.
Proposition : Soit αPNd.Bαest un opérateur linéaire continu de D1pqdans lui-même. En particulier,
si pTnqnPNÑTest une suite convergente de distributions, alors BαTnÑ BαT.
Proposition : (formule des sauts)
Soit fune fonction C1pRqpar morceaux. Cela veut dire qu’il existe un nombre fini de réels a1ăa2ă
¨ ¨ ¨ ă antels que fsoit C1psai, ai`1rq pour tout iPJ1, n ´1Ket admette une limite finie à droite et à
gauche en chacun de ces points. Alors, la dérivée de fau sens des distributions ( i.e. la dérivée de Tf)
est donnée par la formule
T1
f
m
ÿ
i1
pfpa`
iq ´ fpa´
iqqδaj.
2.5 Ordre fini, support compact
Théorème : L’ensemble des distributions d’ordre inférieur ou égal à pPNs’identifie au dual topologique
de Cp
cpq, l’espace des fonctions de classe Cpà support compact.
Proposition-Définition :
Soit TPD1pq. Un ouvert de nullité de Test un ouvert OĂpour lequel Tpϕq “ 0dès lors que
ϕPD1pOq. Il existe un plus grand ouvert de nullité. Le complémentaire de cet ouvert, un fermé de ,
est appelé le support de Tet noté supppTq.
Théorème : L’ensemble des distributions à support compact s’identifie avec E1pq, le dual topologique
de Epq. Une distribution à support compact est nécessairement d’ordre fini.
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