DISTRIBUTION, MISE EN SCÈNE, SCÉNOGRAPHIE
Distribution
Le processus de travail a commencé dès les auditions. L’équipe finale est composée de
cinq personnes au plateau. David Arribe est un acteur de théâtre, capable de se
transcender sur scène et d’assumer des textes tragiques avec brio. Anne Steffens amène
une fragilité certaine, une spontanéité, un naturel qui pourrait être associés à un jeu plus
cinématographique. M ichèle Gurtner fait partie de ces comédiennes totalement libres,
dont la personnalité singulière transcende les personnages qu’elle peut interpréter.
Johann Cuny est le plus jeune de la distribution : formé au Conservatoire national
supérieur d’art dramatique, il publie des vidéos sur internet dans lesquelles il s’empare
des figures médiatiques qui nous entourent pour se les réapproprier, il a un parti pris très
physique et la faculté de se fondre dans différents personnages. Enfin, François Lewyllie
n’a jamais suivi un cours de théâtre. Présent sur le plateau en permanence, il traverse la
pièce en filigrane, tente de se fondre dans le paysage, pour venir à intervalle régulier,
délivrer des textes avec une qualité d’interprétation précieuse, une simplicité
déconcertante.
Direction d’acteurs
Durant ces auditions qui ont duré huit jours, j’ai mis en place des méthodes de travail,
fondées sur tout un ensemble de contraintes, en essayant de travailler avec les acteurs
comme avec les danseurs, en les dirigeant de manière très précise, non pas tant sur ce
qu’ils doivent ressentir ou jouer, mais plutôt sur leur présence physique, leurs intonations,
les dynamiques qu’ils déploient. J’essaie de m’adapter à chaque personnalité afin de
déceler leurs habitudes de jeux, leurs tics de langage ou de diction, leurs habitudes
corporelles, afin de les bousculer, les amener à des endroits où ils ne seraient encore
jamais allés. Après cette première étape, ils seront capables de jouer avec leurs propres
habitudes d’interprètes, les mettre en exergue, ou encore, les mettre de côté. Une fois ce
travail accompli, je réorganise l’ensemble de la pièce en fonction du contenu des lettres,
de la rencontre qui peut s’opérer avec tel ou tel interprète.
Scénographie
La scénographie est pensée comme un support de jeu invisible, elle est structurée par le
son et la lumière :
- un premier endroit comprend un bureau et une table, ils peuvent aussi bien faire
référence à une salle de classe qu’à une salle d’entretien. Cette zone est sonorisée grâce à
des capteurs de son qui permettent aux interprètes de jouer sans projeter la voix,
d’entendre leur souffle, leurs gestes.
- une zone « média » est également aménagée, avec un micro, une caméra : elle permet de
diffuser des annonces, des lettres ou des réponses, de travailler le son comme il est
possible de le faire à la radio. La vidéo permet au public de « lire ensemble », ou encore
d’entendre une lettre tout en lisant une annonce, ce qui est impossible lors de cet acte
solitaire qu’est la lecture.
- enfin, les interprètes ont la possibilité de parler à voix nue, s’adresser au public, afin
d’activer le lieu Théâtre, délivrer des textes. Cette variation du traitement sonore vient
compléter une distribution hétérogène et déranger la structure ternaire du projet
(annonce, lettre, réponse).