Informations Pédagogiques n° 34 - Avril 1997 19
cours à partir des représentations mentales des élèves. Quant à l’évaluation formative, elle consiste à
pratiquer une série de régulations chaque fois que cela s’avère nécessaire.
Le constructivisme implique des situations actives d'apprentissage (situations-problèmes) et ne
se conçoit plus actuellement sans la pratique au moins partielle d'une pédagogie différenciée (ne
serait-ce que le respect du rythme d'apprentissage de chaque élève).
II. Objectifs opérationnels, référentiels, check-lists
Venons-en maintenant au but de cet article : en fait, nous voulons ici attirer l'attention sur ce
qui peut apparaître comme un paradoxe aux yeux d'un profane en matière pédagogique ainsi que sur
certains dangers de mauvaise utilisation des outils suivants : les objectifs opérationnels, les
référentiels et les check-lists.
Le paradoxe est le suivant : alors que pratiquement tous les pédagogues, inspecteurs,
animateurs, formateurs, ... s'affichent constructivistes, on voit fleurir de curieuses
considérations‚rations présumées behavioristes dans la plupart des publications récentes à caractère
pédagogique (publications au sens large) : articles, programmes, instructions officielles, conseils
pédagogiques, rapports d'inspection, manuels scolaires, ...
1er exemple : est-il légitime de conseiller à un professeur de formuler quelques objectifs
opérationnels dans sa préparation de leçon (leçon constructiviste bien sûr) alors que de tels objectifs
relèvent a priori d'une conception behavioriste de la pédagogie ?
La réponse à cette question sera nuancée car le paradoxe peut n’être qu'apparent.
La formulation d'objectifs opérationnels n'est pas en soi une démarche behavioriste à condition
de ne pas pousser le découpage de la matière en un « saucissonnage » qui n'a plus de sens et de ne
pas les envisager comme des étapes à suivre dans un ordre rigide et mécanique.
Au contraire :
•• pour le professeur, quelques objectifs opérationnels peuvent constituer des points de
repère importants pour la conduite d'une séquence de cours.
•• pour l’élève‚ la maîtrise d'une compétence définie au moyen d'un objectif opérationnel bien
ciblé peut être un indicateur de la maîtrise d'une compétence plus large définie par un
verbe mentaliste.
Ainsi, l’élève‚ qui est capable de souligner les mots clés dans un texte (c'est bien un
comportement observable, donc un objectif opérationnel) vient d'accomplir un premier pas vers la
maîtrise d'une compétence‚ plus large qui est la faculté d’analyser (verbe mentaliste, donc objectif
non mesurable moins suspect peut-être aux yeux des constructivistes).
Il ne faut cependant pas perdre de vue qu’une distance plus ou moins grande reste à parcourir
entre l’objectif opérationnel et l’objectif mentaliste, le premier n’étant qu’un indicateur (très imparfait)
de maîtrise du second.
2e exemple : même lorsque la démarche déclarée est constructiviste, on voit fleurir des
référentiels de compétences, des check-lists d’auto-évaluation,... ce qui une fois encore semble
ressortir au behaviorisme.
Ainsi, s'il s'agit pour un élève d'apprendre à construire des graphiques en coordonnées
cartésiennes utilisables par des tiers, on peut se demander s'il est judicieux de lui proposer une
check-list d'auto-évaluation du genre :