des collisions réactives et non réac-
tives du baryum avec diverses mo-
lécules,
N
2
O
,
Cl
2
,
CH
4
au contact
d’agrégats comportant quelques
centaines à quelques milliers d’ato-
mes d’argon. D’autres expériences,
en cours, utilisent des agrégats mo-
léculaires, azote et méthane entre
autres comme support de réaction.
PRINCIPE DES ÉTUDES
La figure 1 montre le dispositif
expérimental et permet de compren-
dre le principe des mesures. Les
agrégats sont fabriqués par détente
supersonique d’un gaz pur (argon
dans les exemples rapportés ici,
mais aussi méthane, azote...) dans le
vide (voir encadré). Les réactifs
sont implantés sur les agrégats par
piégeage collisionnel : le faisceau
d’agrégats traverse une chambre
contenant du baryum, à chaque col-
lision d’un atome de baryum avec
un agrégat celui-ci se condense sur
l’agrégat. En choisissant la pression
de la chambre à baryum de façon
convenable on peut régler le nom-
bre moyen de collisions et fixer
ainsi le nombre moyen d’atomes de
baryum attachés à l’agrégat. Le se-
cond réactif, une molécule en géné-
ral (
Cl
2
,
N
2
O
,
CH
4
...), est accro-
ché à l’agrégat par une méthode
similaire.
Nos études portent sur les phéno-
mènes lumineux, spontanés (chimi-
luminescence) ou induits par laser,
qui ont lieu après que le second
réactif a été implanté sur l’agrégat.
Le dispositif expérimental possède
donc les optiques nécessaires à l’in-
troduction de la lumière laser, au
Encadré
COMMENT FABRIQUER DES AGRÉGATS
Quand un gaz ou un mélange de gaz à haute pression (quel-
ques bars) se détend dans le vide à travers un petit orifice
~
50 −500 µm
!
, il s’établit un régime d’écoulement super-
sonique. Celui-ci est caractérisé par un abaissement considé-
rable et très rapide de la température du gaz. Le passage de
ce gaz à travers un diaphragme dont la forme et la position
sont soigneusement étudiés (l’écorceur) permet d’obtenir un
faisceau atomique ou moléculaire monocinétique et dense. La
température du gaz au niveau de l’écorceur est souvent infé-
rieure à 5 Kelvin.
Avec des conditions génératrices adéquates, il arrive que le
gaz qu’on détend passe par les conditions requises pour un
équilibre liquide-vapeur ou solide-vapeur et atteigne un ré-
gime de sursaturation. Il y a alors association des particules
du faisceau en amas plus ou moins gros : les agrégats.
Cette technique permet de fabriquer des agrégats de toutes
sortes : agrégats d’atomes ou de molécules liés par des for-
ces de Van der Waals (argon, azote,... ), agrégats de molécu-
les liées par liaison hydrogène (eau, par exemple),agrégats
d’atomes métalliques (sodium, mercure, voir Image de la Phy-
sique 1988), agrégats covalents (C
60
, voir Image de la Phy-
sique 1993).
CONNAÎTRE LA TAILLE DES AGRÉGATS ET LE NOMBRE DE
RÉACTIFS QUI Y SONT ATTACHÉS
Selon les pressions génératrices du faisceau d’agrégat que
nous utilisons, la taille moyenne des agrégats peut varier de
quelques centaines à quelques milliers d’atomes. Déterminer
leur taille peut se faire par spectrométrie de masse, mais il y
a un risque d’imprécision lié à la grande fragilité des agré-
gats. Nous préférons utiliser des méthodes qui ne nécessitent
pas l’ionisation préalable des agrégats avant leur détection.
C’est le cas des mesures que nous faisons par observation de
la lumière diffusée par les agrégats. La diffusion Rayleigh est
un effet qui varie avec le carré du diamètre de l’objet diffu-
sant. Un modèle simple permet de relier l’intensité de la lu-
mière diffusée à la taille moyenne des agégats diffusants. Une
autre méthode consiste à mesurer le ralentissement des agré-
gats quand ils subissent des collisions avec un gaz tampon.
Celui-ci est d’autant plus faible que les agrégats sont plus
lourds. Là encore, un modèle simple permet de relier ralentis-
sement collisionnel et taille moyenne des agrégats.
La détermination du nombre de réactifs attachés aux agrégats
est simple dans son principe bien que délicate à mettre en
œuvre : on détruit les agrégats dans une enceinte et on me-
sure la pression partielle du réactif par rapport à celle du
gaz constitutif de l’agrégat.
STRUCTURE ET TEMPÉRATURE DES AGRÉGATS
La connaissance de la structure et de la température des
agrégats vient de mesures faites dans le laboratoire de
Y. Farges et G. Torchet (université Paris Sud) sur un faisceau
moléculaire comparable au nôtre. Leurs résultats sont basés
sur l’observation et la modélisation numérique par dynami-
que moléculaire de spectres de diffraction d’électrons par les
agrégats. La température des agrégats d’argon est très basse,
30 K environ. Elle résulte d’un processus d’évaporation : les
agrégats une fois formés se refroidissent par évaporations
successives de plusieurs atomes d’argon. Très rapide juste
après la formation de l’agrégat, cette évaporation devient
ensuite très lente pour cesser presque totalement au bout de
quelques microsecondes. La température de l’agrégat est
alors stabilisée vers 30 K et dépend légèrement de la taille de
l’agrégat. En ce qui concerne leur structure, les agrégats
comportant moins de 700 atomes d’argon sont des icosaèdres
à couches multiples. Au-dessus de 1 000 atomes d’argon, ils
possèdent une structure cubique à faces centrées qui est celle
de l’argon solide.
Edifices moléculaires
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