5 Les données macroéconomiques

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5 Les données macroéconomiques
Jean Magnan de Bornier
Table des matières
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La mesure des variables macroéconomiques
1.1 prix, valeurs, quantités et autres . . . . . .
1.1.1 Les prix . . . . . . . . . . . . . .
1.1.2 Les valeurs . . . . . . . . . . . .
1.1.3 Les quantités . . . . . . . . . . .
1.1.4 Autres variables . . . . . . . . .
1.2 Stocks et flux . . . . . . . . . . . . . . .
1.3 Les taux de croissance . . . . . . . . . .
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Le revenu national et ses composantes
2.1 Concept économique de revenu . . . . . . . . . .
2.2 Le revenu à l’intérieur de l’entreprise . . . . . . .
2.3 Les catégories de revenu . . . . . . . . . . . . .
2.3.1 Revenus primaires et revenus secondaires.
2.3.2 Les catégories de revenu primaire . . . .
2.4 Le Produit Intérieur Brut (PIB) . . . . . . . . . .
2.5 Décomposition du PIB . . . . . . . . . . . . . .
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La mesure des variables macroéconomiques
Différents organismes sont chargés d’effectuer des mesures statistiques, aboutissant à l’élaboration des Comptes Nationaux et d’autres
séries statistiques ; l’INSEE (Institut National de la Statistique et des
Etudes Economiques) est le plus important en France, mais on doit
citer aussi la Banque de France (statistiques monétaires), la Direction
de la Comptabilité Publique (statistiques des administrations). Les
données utiles pour l’économiste sont essentiellement (pas exclusivement) relatives à des prix, des valeurs ou des quantités ; elles peuvent,
quand elles ont une dimension quantitative, se présenter comme des
stocks ou des flux ; il convient de préciser ces distinctions importantes.
1.1
1.1.1
prix, valeurs, quantités et autres
Les prix
Les objets les plus aisément observables dans la sphère économique sont les prix : tout producteur, tout consommateur constate
chaque jour un grand nombre de prix, dans les transactions auxquelles
il participe ; certains prix restent secrets ou inobservables, mais on
peut cependant affirmer que pour observer la plupart des prix des
biens et services aucune difficulté ne se présente ; en particulier l’observation est directe et l’objet observé peut immédiatement (sans traitement supplémentaire) être intégré dans une série statistique. Une
série de prix n’est pas pour autant aisée à élaborer, parce que certains
prix sont très variables et qu’il faut faire des choix (donner le taux
de change francs contre dollars hier, par exemple, implique que l’on
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choisisse soit de faire la moyenne des différents taux pris à différentes
heures, soit qu’on décide que c’est le taux au moment de la clôture de
tel ou tel marché qu’on va prendre, ou toute autre solution). S’agissant d’indices de prix (indice d’inflation par exemple), la question
sera traitée au chapitre 10 (Monnaie et inflation).
1.1.2
Les valeurs
Les valeurs sont des montants monétaires (nombre de francs, dollars, etc.) correspondant en principe à des opérations économiques : X
a gagné 350 000 francs en 2000, Y a dépensé 800 francs au restaurant,
etc. La valeur est l’expression la plus fréquente et la plus commode
des grandeurs économiques dans une économie possédant une monnaie. Ces grandeurs sont souvent observables.
La valeur peut fréquemment s’analyser comme un produit de quantités physiques par des prix : le revenu de X est 350 000 FF parce
qu’il a travaillé 350 jours (quantité) et qu’il est payé 1000 FF par jour
(prix de son travail) ; Y a dépensé 800 FF au restaurant parce qu’il a
consommé quatre plats (quantité) à 200 f. chacun (prix).
1.1.3
Les quantités
Les quantités physiques posent certains problèmes particuliers en
tant que mesure pour l’économiste, parce que celui-ci souhaite souvent comparer des listes hétérogènes : le consommateur A possède 3
kilogramme de carottes et 2 kilogramme de pommes de terre, alors
que B possède 1 kilogramme de carottes et 5 kilogramme de pommes
de terre : qui est le plus riche ?
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Il est facile de répondre : la notion de richesse est une valeur, et
pour connaître la valeur-richesse de chacun, multiplions les quantités
par les prix appropriés ; si le prix du premier bien (le kilogramme de
carottes ) est 3 FF, et le prix du deuxième (1 kilogramme de p. de
terre) est 0,5 FF, on peut calculer que la richesse de A est 10 FF et la
richesse de B est 5,5 FF. Pour comparer des quantités, l’économiste
les transforme en valeurs. Mais cette opération implique qu’on définisse correctement les prix à utiliser, ce qui n’est pas toujours aisé, ce
qu’on va illustrer par deux questions :
1. -comment comparer la fortune de A à deux dates successives,
alors que les prix des marchandises ont évolué ?
2. -comment comparer la fortune de A et celle de B, s’ils vivent
dans des pays différents, avec des monnaies et des structures de
prix différentes ?
Pour la première question, supposons que la fortune de A passe de
3 kilogramme de carottes et 2 kilogramme de pommes de terre à 2,5
kilogramme de carottes et 4 kilogramme de pommes de terre. A la
première période les prix sont ceux définis plus haut (le prix du kilogramme de carottes est 3FF, et le prix du kilogramme de p. de terre
est 0,5 FF), puis à la deuxième le prix du kilogramme de carottes est
3,5FF, et le prix du kilogramme de p. de terre est 0,8 FF.
La richesse de A est passée de 10 FF à 11,95 FF, mais cette évolution reflète l’évolution des quantités et celle des prix. Si on souhaite
mesurer la richesse de A en termes quantitatifs et exclure de notre
mesure l’influence des phénomènes monétaires, la méthode la plus
simple est de mesurer la valeur de la richesse de A en utilisant les
mêmes prix pour les deux périodes (soit ceux du début, soit ceux de
la période finale) ; on obtiendra alors des mesures en "valeur réelle"
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de la richesse de A. En effectuant les calculs avec les prix de la période initiale, on voit que la richesse réelle passe de 10 FF au début
à 9,5 FF ensuite ; avec les prix de la période finale, qu’elle passe de
12,1 à 11,95 FF On peut généraliser cette méthode au cas où il y a n
biens, en quantités q10 , q20 , ..qn0 à la période 0 (vecteur de biens Q0 ),
et q11 , q21 , ..qn1 (vecteur de biens Q1 ) à la période 1, et avec des prix
p01 , p02 , ..p0n à la période 0, et p11 , p12 , ..p1n à la période 1. La valeur
réelle des biens disponibles en 0 est alors :
-aux prix de 0 : V (0, 0) = q10 p01 + q20 p02 + ..qn0 p0n
-aux prix de 1 : V (0, 1) = q10 p11 + q20 p12 + ..qn0 p1n
La valeur réelle des biens disponibles à la période "1" est :
-aux prix de 0 : V (1, 0) = q11 p01 + q21 p02 + ..qn1 p0n
-aux prix de 1 : V (1, 1) = q11 p11 + q21 p12 + ..qn1 p1n
On peut comparer les deux vecteurs de biens Q0 etQ1 , soit en
utilisant les prix de 0 soit en utilisant ceux de 1 ; un indice d’évolution des quantités de 0 à 1 est une expression de cette évolution :
V (1, 1)
V (1, 0)
= ("indice de Laspeyres") ; ou bien : IP =
IL =
V (0, 0)
V (0, 1)
("indice de Paasche").
Concernant la deuxième question (comparaison de vecteurs de
biens situés dans des pays n’ayant pas le même système de prix),
on la résoud d’une manière très proche : on utilisera les prix d’un
des pays pour rendre homogènes les quantités à comparer. Mais cette
technique est plus délicate à utiliser, dans la mesure où la structure
des prix peut se révéler assez différente d’un pays à l’autre, et les résultats de la comparaison pourront alors être très sensibles au choix
des prix utilisés ; la comparaison perdrait alors en fiabilité.
V LES DONNÉES MACROÉCONOMIQUES
1.1.4
6
Autres variables
Certaines variables qui ne peuvent être classées dans les catégories ci-dessus sont cependant importantes pour l’économiste : par
exemple les statisticiens tentent d’obtenir des informations sur les
prévisions des agents économiques, à travers des données du type :
pourcentage de chefs d’entreprise qui sont optimistes à la date t, etc.
1.2
Stocks et flux
Les variables de type valeur et quantité sont des stocks ou des
flux.
Un stock décrit une variable qui peut être appréciée à un instant
donné. Un flux décrit une variable qui ne peut être appréciée que sur
un intervalle de temps donné.
La fortune d’un agent économique est une variable de stock, qui
peut être mesurée à tout instant, à toute date. En revanche cela n’aurait
pas de sens de parler de la fortune d’un agent entre telle et telle date,
car elle peut changer de valeur à tout instant entre ces deux dates. On
peut dire qu’un stock est une variable qui n’a pas de dimension temporelle (cela signifie qu’on ne dit pas "la fortune de X est de tant par
an"). Un exemple de flux est le revenu d’un agent : ce revenu s’exprime par période de temps : 10 000 FF par mois, ou 120 000 FF par
an sont deux expressions en principe équivalentes. La marque d’une
variable flux est la présence de la dimension temporelle "par mois"
ou "par an", même si elle est parfois sous-entendue (dans les comptes
nationaux en particuliers). Les données économiques fournies par les
statisticiens sont le plus souvent des variables de flux, dans la mesure
où les stocks sont difficiles à mesurer.
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Il existe des relations entre les stocks et les flux ; généralement un
flux peut être considéré comme la variation d’un flux sur une période
donnée :
– le revenu annuel d’un agent est ainsi la variation de sa fortune
entre le début et la fin de l’année ;
– l’investissement annuel est la variation du capital entre le début
et la fin de l’année.
Mathématiquement, cela signifie qu’en temps continu un flux est la
dérivée d’un stock par rapport à la variable temps. Ces relations entre
stocks et flux impliquent que les modèles économiques peuvent dans
une large mesure être formulés soit en termes de flux soit en termes de
stocks : les deux types de variables ne sont pas nécessaires simultanément, et de nombreux modèles peuvent être formulés avec les seuls
flux. c)
1.3
Les taux de croissance
On cherche fréquemment à comparer les variables économiques à
diverses dates (s’il s’agit de stocks) ou d’une période à l’autre (flux),
et à apprécier leur croissance. Ceci passe par le calcul du taux de
croissance de la variable. Soit une variable notée x ; on la repère dans
le temps en précisant xt , xt+1 , etc ( t et t + 1 peuvent désigner une
date ponctuelle s’il s’agit d’un stock ou une période dans le cas d’un
flux).
Le taux de croissance entre deux dates t et t + 1, est gt+1 ; il est
donné par l’expression :
gt+1 =
xt+1 − xt
100
xt
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soit, en notant dxt = xt+1 − xt :
dxt
gt+1 =
.100 . Multiplier le résultat par 100 permet d’exprixt
mer les taux en pourcentage. On remarque aussi que l’on déduit de
l’expression précédente : xt+1 = xt (1 + gt+1 ).
Dans l’hypothèse d’une croissance à taux constant g, sur plusieurs
périodes, on peut écrire, sachant que xt = xt−1 (1 + g) pour tout t :
xT = x0 (1 + g)T
Cette écriture nous permet aussi de voir comment calculer le taux
de croissance annuel moyen d’une variable y dont on connaît la mesure pour deux années non successives, yt et yt+n . La croissance à
un taux g uniforme de t à t + n de cette variable indiquerait en effet,
selon la formule précédente :
yt (1 + g)n = yt+n
le taux g étant ici l’inconnue à déterminer ; en écrivant cette formule
en logaritmes, on obtient :
Log(yt ) + nLog(1 + g) = Log(yt+n )
d’où il est aisé de tirer le taux moyen g.
Taux mensuels ou trimestriels Il est évidemment possible de calculer des taux de croissance mensuels ou trimestriels ; si la variable
x a augmenté de g% durant une année, le taux de croissance moyen
trimestriel t peut s’en déduire par l’expression suivante, qui se déduit
directement de l’expression ci-dessus :
Log(x) + 4Log(1 + t) = Log(x) + Log(1 + g))
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9
Log(1 + g)
ou encore : Log(1 + t) =
4
Le taux mensuel serait déduit d’une formule du même type, en
remplaçant 4 par 12. Ces taux calculés pour des périodes plus petites
qu’une année sont peu utilisés, et quand on parle de la croissance
d’une variable sur un trimestre, un mois, etc., on se réfère le plus
souvent à des taux "en base annuelle" ; les taux en base annuelle sont
calculés en utilisant l’année comme durée unitaire pour le calcul, mais
sur une période plus courte.
Ainsi, quand on dit que la variable x a eu une croissance de g% en
base annuelle sur tel mois, cela signifie que si cette variable connaît
une croissance stable à ce même rythme pendant douze mois, le taux
de croissance annuel sera g. La variable n’a pas augmenté de g% en
un mois.
2
Le revenu national et ses composantes
Un des concepts les plus importants en macroéconomie est celui de revenu national ou, plus précisément, de Produit Intérieur Brut
(PIB). Le revenu national est simplement la somme des revenus des
agents d’un pays donné. Mais cette première approche mérite quelques
précisions.
2.1
Concept économique de revenu
Les économistes, à la suite de John Hicks, définissent le revenu
comme "ce qu’un agent peut dépenser sans s’appauvrir" - c’est-à-dire
sans diminuer sa fortune. Si un agent décide de dépenser une partie
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10
de sa fortune, cette dépense n’est pas considérée comme un emploi
de son revenu ; le revenu est donc bien quelque chose qui correspond
à la création de nouvelles richesses, et la remarque faite plus haut,
selon laquelle le revenu annuel d’un agent est ainsi la variation de sa
fortune entre le début et la fin de l’année reflète bien cette définition. Il
y a donc correspondance étroite entre revenu et création de richesses
additionnelles, et cela explique que le revenu national soit aussi le
PIB.
C’est à l’intérieur des entreprises que la production s’effectue, et
que les revenus sont distribués ; regardons donc ce qui s’y passe.
2.2
Le revenu à l’intérieur de l’entreprise
Pour apprécier la création de revenus dans une entreprise, dans
une période de temps donnée (par exemple une année), regardons les
éléments suivants :
– la valeur totale des biens qui entrent dans l’entreprise (inputs) :
les consommations intermédiaires, biens ou services ayant été
créés dans d’autres entreprises ;
– la valeur totale des biens qui en sortent (outputs) : chiffre d’affaires ;
– les facteurs de production, qui transforment à l’intérieur de l’entreprise les inputs en outputs.
L’activité de production, c’est bien la transformation d’inputs en outputs, et elle est mesurée par la différence de valeur entre ces deux
quantités ; c’est la valeur ajoutée de l’entreprise :
Valeur ajoutée = Valeur des outputs - valeurs de inputs
= Chiffre d’affaires - consommations intermédiaires.
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Cette valeur ajoutée mesure à la fois : la contribution de l’entreprise à l’activité de production, et la somme des revenus créés dans
l’entreprise : salaires, revenus du capital (profits, dividendes, intérêts),
de l’activité d’entrepreneur.
Si on fait la somme des valeurs ajoutées des différentes entreprises
d’une économie, on obtient la production totale de cette économie (la
somme des chiffres d’affaire ou ventes des entreprises ne représente
rien de précis car une telle opération aboutirait à comptabiliser plusieurs fois les mêmes éléments qui figureraient comme production de
telle entreprise et figureraient dans les consommations intermédiaires
d’une ou plusieurs autres) ; on obtient aussi, évidemment, la somme
de tous les revenus.
2.3
2.3.1
Les catégories de revenu
Revenus primaires et revenus secondaires.
On peut distinguer plusieurs catégories de revenu ; la division la
plus caractéristique est celle qui existe entre revenus primaires et revenus secondaires. les revenus primaires sont ceux que les facteurs de
production gagnent en contrepartie de leurs services, lors des opérations de production, et correspondent donc à la valeur ajoutée. Mais
une partie des revenus primaires est redistribuée sous diverses formes,
le plus généralement par les mécanismes du budget de l’État. L’impôt (mais aussi les cotisations sociales) est le mécanisme permettant de prendre une partie des revenus primaires, les subventions,
primes, allocations diverses, redistribuent ces sommes aux personnes
que les pouvoirs publics souhaitent aider de cette manière, et qui correspondent à de très nombreuses catégories : familles nombreuses (al-
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locations familiales), chômeurs (allocations chômage), catégories défavorisées (RMI), entreprises (subventions de toutes sortes), etc.
Si on regarde du côté des ressources, la redistribution ne crée pas
directement de ressources – même si l’on peut avancer qu’elle en crée
indirectement. La somme des revenus prélevés en vue de la redistribution est égale à la somme des revenus reversés (c’est la définition
même de la redistribution), et le montant total du revenu n’en est donc
pas affecté . La redistribution est un "jeu à somme nulle".
Pour chaque agent, le revenu disponible est son revenu après redistribution, après amputation ou augmentation, sachant que beaucoup d’agents économiques connaissent ces deux mécanismes : leur
revenu en tant que producteur est amputé, mais ils reçoivent une partie
de la redistribution.
Parce que la redistribution est un jeu à somme nulle, la somme
des revenus disponibles est égale à la somme des revenus primaires,
c’est-à-dire à la somme des valeurs ajoutées.
2.3.2
Les catégories de revenu primaire
Les revenus primaires proviennent des opérations de production.
On peut diviser le revenu primaire en fonction des grandes catégories de facteurs de production qui les perçoivent : les salaires pour
le facteur travail, les rentes pour le facteur terre, les profits pour le
capital, profits qui se subdivisent eux-mêmes, selon la forme du capital : intérêts, dividendes, loyers, etc. Certains auteurs, comme JeanBaptiste Say, ont avancé l’existence d’un autre facteur, qui serait le
titulaire des revenus résiduels de la firme(ce qui reste quand tout a
été payé) : l’entrepreneur, dont l’activité de dirigeant a le rôle moteur
dans l’organisation et l’activité de la firme. Le fait que l’entrepreneur
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est souvent aussi pourvoyeur de capitaux ne doit pas empêcher selon
Say de distinguer ces deux fonctions et les revenus qui en découlent.
2.4
Le Produit Intérieur Brut (PIB)
Le Produit Intérieur Brut est la somme des valeurs ajoutées appréciée en tenant compte des précisions suivantes :
intérieur , parce qu’on compte toutes les productions et tous les revenus créés sur le territoire français, que le titulaire réside ou
non sur ce territoire : ainsi le salaire d’un frontalier travaillant
en france mais résidant en Belgique fait partie du PIB français ;
inversement, les dividendes que perçoit un rentier français des
actions d’une société américaine ne font pas partie du PIB français.
brut L’usure et la dépréciation des biens de production (le capital)
doivent normalement être déduits de la somme des VA pour une
mesure correcte du revenu, puisqu’ils constituent une diminution de richesse. Mais en pratique ces élements sont extrèmement difficiles à mesurer. Les comptables nationaux de tous les
pays ont renoncé à tenir compte de la dépréciation annuelle du
capital, et considèrent tous les investissements (y compris les
investissements de remplacement) comme un accroissement de
richesse : d’où le terme PI Brut, par opposition à PI Net, qui
serait obtenu à partir du précédent en ôtant l’usure et la dépréciation des biens capitaux.
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2.5
14
Décomposition du PIB
Le PIB peut être analysé sous divers angles :
– Types de revenus : salaires, intérêts, profits, etc.
– Utilisations du revenu : consommation, épargne, importations,
etc.
– Equilibre physique de la production : production, importation,
investissement, etc.
Privilégions cette dernière optique ; on distinguera pour chaque bien
les ressources et les utilisations. Les ressources sont (dans le cadre
d’une économie nationale) la création sur le territoire (production) et
l’importation du bien après sa création sur un autre territoire (importation). Les ressources totales Ri en produit i sont donc la somme :
Ri = Qi + Mi où
– Qi = Production du bien i
– Mi = Importation du bien i
Les emplois Ei correspondent aux différentes manières de détruire ce qui a été produit : ils comportent la consommation Ci , l’investissement Ii et les exportations Xi . Les biens non employés de
l’une de ces manières viennent grossir des stocks, ils participent à la
variation de stocks ∆Si . On a donc finalement Qi + Mi = Ci + Ii +
∆Si + Xi . (Seul ∆Si peut être négatif ou positif, les autres termes ne
peuvent jamais être négatifs.) Cette égalité est vraie pour chaque bien,
elle est donc aussi vraie pour la valeur globale de chaque vecteur de
biens (vecteur production, vecteur importation, etc.).
On écrira donc pour décrire l’équilibre physique : Q + M =
C + I + ∆S + X, tous ces termes étant des mesures en valeur (nominale ou réelle). Ces diverses égalités de flux sont vraies par construction, ce sont des égalités comptables. Tout ce qui n’est pas exporté,
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15
investi ou intégré à un stock est considéré comme consommé. Il ne
peut pas y avoir d’autre ressource que la production ou l’importation ; si l’on puisait dans des réserves pour y trouver des ressources,
cela apparaîtrait non du côté des ressources, mais en emploi, comme
varaition de stock négative, et cette méthode correspond bien à la définition du revenu donnée plus haut. Ainsi ces égalités physiques, qui
décrivent les contraintes quantitatives de l’économie, ne représententelles pas un équilibre économique, qui pourrait être réalisé ou non,
mais un équilibre comptable qui est toujours réalisé.
Pour 2000, l’équilibre ainsi défini est réalisé de la manière suivante, en milliards de Francs (source INSEE) :
Produit Intérieur Brut
9 214,7
Importations
2 510,6
Total Ressources
11 725,3
Consommation des ménages
4 987,2
Consommation des administrations publiques 2 145,7
Conso. des Instit. ss but lucr.
58,0
Investissement
1 822,1
Variation de stocks
71,6
Exportations
2 640,7
Total Emplois
11 725,3
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