bution s’exerce par le biais de la fourniture de biens et de services non marchands (éduca-
tion par exemple). Sur ce point, la redistribution n’exerce pas des effets réducteurs d’inégali-
tés, puisque les catégories sociales les plus élevées dans la hiérarchie sociale sont celles qui
profitent le plus des biens collectifs. Ainsi, les enfants de cadres et professions intermédiaires
sont-ils surreprésentés dans les effectifs étudiants. De plus, les inégalités face à la mort font
que les membres des catégories défavorisées cotisent plus qu’ils ne reçoivent, leur espé-
rance de vie étant réduite par rapport aux membres des catégories favorisées. Enfin, la pro-
tection sociale semble avoir des effets limités sur la pauvreté, alors que son éradication
justifiait la mise en place d’un tel système.
qUne crise de légitimité
La protection sociale, du fait de son coût élevé, est accusée d’être un handicap dans la
compétition internationale et dans l’emploi, de développer une mentalité d’assisté et de
décourager l’effort individuel. Enfin, elle développerait une solidarité « administrative »
incitant chacun à renoncer à s’intéresser au sort de son prochain.
UNE INSTITUTION NÉANMOINS FONDAMENTALE
qSur un plan strictement économique
La protection sociale s’inscrit dans une logique keynésienne de régulation conjoncturelle
par un soutien à la demande, tout en contribuant à l’entretien et à la reproduction de la force
de travail. Ainsi, elle a constitué un rouage essentiel de la dynamique fordiste pendant les
Trente Glorieuses en soutenant le pouvoir d’achat. En outre, en améliorant l’état sanitaire de
la population, ainsi que sa sécurité matérielle, elle participe à l’essor des forces productives
et contribue à la hausse de la productivité. Enfin, elle contribue au développement de tout
un secteur économique (santé) et impulse les progrès techniques dans ce domaine.
qÀ la frontière entre l’économique et le social
La protection sociale cherche aussi à lutter contre les inégalités par trop criantes et
contre la pauvreté. Elle est également créatrice de lien social, puisqu’elle exprime une solida-
rité nationale et professionnelle qui se manifeste par une redistribution entre riches et
pauvres, entre familles et célibataires, entre générations, entre malades et bien-portants,
entre actifs occupés et chômeurs. Elle remplace donc les formes anciennes de solidarité
s’exprimant au niveau de la famille et des communautés (villages, corporations de métiers).
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PROTECTION SOCIALE ET PIB EN FRANCE
Taux de redistribution sociale
(prestations de protection sociale/PIB en %) 27,6 27,7 28,4 29,1 29,1
Taux de pression sociale
(cotisations sociales + impôts et taxes)/ PIB en %) 25,5 26 26,1 26,4 25,3
Source : DREES, Comptes de la protection sociale; INSEE, Comptes nationaux; DREES, tudes et r sultats,
n° 435, octobre 2005.
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