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Objectifs :
- Faire découvrir à nos collègues, l’existence d’une grammaire autre que
celle à laquelle ils ont été habitués.
- Familiariser nos collègues avec l’emploi d’une terminologie grammaticale
« nouvelle »issue de l’étude de la grammaire générative et
transformationnelle.
- Amener nos collègues à manipuler les concepts de la grammaire
générative et transformationnelle avec précision.
- Amener nos collègues à se situer par rapport aux différents ouvrages
traitant de la grammaire.
- Amener nos collègues à l’analyse de phrases en appliquant les règles de
réécriture.
2
Plan :
Titres
Pages
1. Les concepts de compétence et de performance.
1.1. La compétence.
1.2. La performance.
04
06
2. Projet de la grammaire générative et transformationnelle.
07
3. Théories linguistiques antérieures à
générative et transformationnelle.
3.1. La grammaire distributionnelle.
3.2. L’analyse syntagmatique.
08
10
la
grammaire
4. Le fonctionnement de la grammaire générative et
transformationnelle.
4.1. Composante de base
4.2. Les règles lexicales et les règles de souscatégorisation
4.3. Règles de transformation morpho- phonologiques
13
5. Applications.
20
6. Evaluation.
26
7. Références.
27
14
14
15
3
La grammaire générative et transformationnelle s’est développée depuis
1955 sous l’impulsion de Noam Chomsky, professeur à l’institut de technologie
du Massachusetts aux Etats – Unis d’Amérique. C’est cette grammaire nouvelle
qui rebute pas mal d’entre-nous. Essayons de comprendre ensemble ses
principes, son projet et son fonctionnement.
1. Les concepts de compétence et de performance.
Noam Chomsky fait reposer sa théorie sur deux concepts clés : la
compétence et la performance.
1.1.
La compétence.
N. Chomsky définit la compétence comme étant le savoir intuitif intériorisé
par l’individu. La compétence est la maîtrise intuitive des règles de la langue.
Elle permet au sujet parlant de construire et de comprendre un nombre infini de
phrases correctes.
« Tout sujet adulte parlant une langue donnée est à tout moment capable d’émette
spontanément ou de percevoir ou de comprendre un nombre infini de phrases que pour la
plupart, il n’a jamais prononcées ni entendues auparavant1 »
Le sujet peut également porter un jugement de grammaticalité sur tel ou tel
énoncé grâce à cette compétence : il saura déterminer si telle ou telle phrase est
conforme aux règles de la langue.
N. Chomsky distingue une compétence universelle et une compétence
particulière. Il établit cette distinction en observant l’accès de l’enfant au
langage.
L’enfant, en naissant, n’est prédisposé à l’apprentissage d’aucune langue
particulière : un petit algérien en milieu francophone apprendra facilement le
français. Le petit français, mis en milieu arabophone, apprendra l’arabe aisément
et sans difficultés particulières.
L’apprentissage de la langue par l’enfant n’est pas opéré par imitation de
modèles linguistiques ou répétitions. L’enfant est capable de percevoir les
principes de la langue et de produire lui-même des phrases nouvelles. Pour ainsi
dire, l’enfant va construire « sa propre grammaire » qui va l’aider à comprendre
et à construire de nouveaux énoncés autres que ceux qu’il a déjà entendus.
1
N. RUWET , Introduction à la grammaire générative, Paris, Plon, 1967.
4
Chomsky formule une double hypothèse dans l’apprentissage de la langue :
•
L’homme possède, dès sa naissance, une structure mentale innée qui
le prédispose au langage. Il existe un système complexe de
structures innées qui fait partie de l’équipement mental intrinsèque
de l’enfant et dont il se sert.2
•
Toutes les langues malgré leurs diversités et leurs différences
reposent sur un système de lois communes, universelles, sousjacentes aux grammaires particulières à chacune d’elles. Ces lois
universelles sont ce que Chomsky appelle les « universaux du
langage ».
Ainsi se trouve défini le concept de compétence universelle : elle est
l’aptitude de l’homme à saisir d’emblée les règles linguistiques fondamentales
qui sous- tendent les grammaires des diverses langues. Parmi ces règles
fondamentales, on pourrait citer, par exemple, la distinction entre le syntagme
nominal et le syntagme verbal, la différence entre le lexème3 et le morphème4, le
principe du phonème comme unité distinctive et le fonctionnement de la double
articulation.
La compétence particulière est l savoir linguistique qui concerne les lois
particulières caractérisant telle ou langue et par lesquelles elles se différencient.
Ces lois particulières ne peuvent être qu’apprises grâce à l’environnement
linguistique.
Compétence universelle et compétence particulière, universaux du langage
et lois particulières vont amener le schéma qui suit :
Sujet
Langue
COMPETENCE UNIVERSELLE
INNEE
UNIVERSAUX DU LANGAGE
COMPETENCE PARTICULIERE
APPRISE
LOIS PARTICULIERES DES
DIVERSES LANGUES
2
A ce niveau, Chomsky rejoint l a question des activités mentales que posaient les logiciens de Port – Royal.
Lexème :élément significatif appartenant au lexique.
4
Morphème : le plus petit élément significatif réalisé dans un énoncé. (On distingue les morphèmes
grammaticaux (ent, marque de la troisième personne du pluriel des verbes) et les morphèmes lexicaux ( prudent
dans imprudemment, voi- dans voient).
3
5
La compétence universelle est innée alors que la compétence particulière
est apprise. La première est la condition de l’apprentissage de la seconde. La
seconde est le lieu de l’exercice de la première.
Les deux compétences sont intuitives : le sujet n’est pas nécessairement
conscient des règles universelles ou particulières qu’il met en œuvre lorsqu’il
parle.
1.2.
La performance.
La performance est l’exercice concret dans des situations précises de
la compétence. La performance devient alors la mise en œuvre de la
compétence. Elle est l’acte par lequel l compétence est effectivement
exercée dans une suite d’énoncés. Les énoncés performés varient
selon les individus et les situations ; ils dépendent de plusieurs
facteurs : facteurs d’ordre psychologiques ou sociologiques comme
l’attention, la fatigue, l’émotivité, la mémoire, la situation socio –
culturelle, … L’étude de la performance relève donc de la psycho –
linguistique ou de la socio - linguistique car elle tient compte de
facteurs multiples qui ne relèvent pas seulement de l’aspect
linguistique.
La distinction compétence/ performance nous fait revenir à la
dichotomie saussurienne langue/parole. Ce rapprochement n’est pas
fortuit. Cependant, il y a une différence fondamentale entre la
perspective de Chomsky et celle de Saussure.
Pour ce dernier, la langue est un produit social ; elle est un
patrimoine culturel commun, la parole étant un produit individuel
LANGUE = social
PAROLE = INDIVIDUEL.
Pour Chomsky, la compétence est une aptitude dynamique du sujet à
produire un nombre infini de phrases correctes. La performance
devient alors l’exercice de cette aptitude.
6
2. Projet de la grammaire générative et transformationnelle.
a) La grammaire générative et transformationnelle se propose d’étudier la
compétence. Son projet est de rendre explicite le savoir linguistique
implicite du locuteur.
« La grammaire d’une langue se propose d’être une description de la compétence
intrinsèque du locuteur. Si la grammaire est, de plus, parfaitement explicite,- en d’autres
termes, si elle ne fait pas simplement confiance à la compréhension du lecteur intelligent,
mais fournit une analyse explicite de l’activité qu’il déploie- nous pouvons non sans
redondance, l’appeler grammaire générative5 ».
Pour Chomsky, en élaborant cette théorie, il s’agira plus d’édicter des
règles et des normes à respecter et à ne pas transgresser, mais de mettre au point
les lois que le sujet parlant applique intuitivement. La grammaire générative ne
se présente donc pas comme une grammaire normative. On ne prescrit plus des
normes, mais on fait prendre conscience de ce qui est mis en œuvre dans
l’activité linguistique.
b) le but de la grammaire est de construire un ensemble de règles
hiérarchisées et en nombre limité dont l’application selon un ordre strict
soit capable de produire un nombre illimité de phrases correctes.
« Une grammaire doit être capable d’énumérer explicitement toutes les phrases qui sont
incontestablement grammaticales ou bien formées, dans la langue étudiée et d’exclure
explicitement toutes les séquences qui sont incontestablement agrammaticales dans cette
langue. Nous pouvons représenter cette grammaire sous la forme d’un mécanisme d’une
certaine sorte analogue à une machine à calculer et qui énumère les phrases
grammaticales au moyen d’un ensemble d’instructions (programme) qui sont
l’équivalent de règles grammaticales6 »
c) Une grammaire générative d’une langue donnée est toujours une
construction hypothétique perfectible : le théoricien, à partir de
l’observation, projette des hypothèses et ensuite entame des procédures
de vérification de ces hypothèses. C’est dans cette relation dialectique
entre la projection des hypothèses et leur vérification que se constitue et
se perfectionne la grammaire.
Entre deux modèles grammaticaux hypothétiques, on tiendra compte de
5
6
N. CHOMSKY, Aspects de la théorie syntaxique, Paris, Seuil, 1971.
N. RUWET, op. cit.
7
•
•
•
•
celui qui rend compte du plus grand nombre de phénomènes
observés ‘critère d’adéquation)
celui qui présente la solution la plus simple (critère de simplicité)
celui qui présente le plus haut degré de cohérence interne (critère de
cohérence)
celui qui présente le plus d’élégance (critère d’esthétique).
3. Théories linguistiques antérieures
générative et transformationnelle.
à
la
grammaire
Dans ses travaux, Chomsky s’inspire de l grammaire distributionnelle et de
l’analyse syntagmatique.
3.1.
La grammaire distributionnelle.
La grammaire distributionnelle se propose d’étudier la langue à partir
d’une observation systématique de la « distribution » de chacun de ses éléments.
La distribution d’un élément de la langue est la somme de tous ses
environnements possibles. La grammaire distributionnelle est surtout
représentée par les travaux de Bloomfield (language, 1936).
Quelles sont ses procédures ?
La grammaire distributionnelle procède par commutation et permutation.
•
La commutation est une opération qui consiste à substituer l’une à
l’autre des occurrences linguistiques sur un même point de la chaîne
parlée.
Par exemple :
Je
Il
- lav
- lav
- e
- e
Je
Je
- lav
- lav
- e
- ais
Je
Je
- lave - e
- balai - e.
8
•
La permutation consiste à modifier l’ordre des éléments dans une
même chaîne parlée.
Exemples :
Le chien
Son chien
Les chiens
Un bateau neuf
Un neuf bateau
J’aime le sport
Le sport, j’aime
Le sport, je l’aime
Quand viendra-t-il ?
Quand viendra Farid ?
Quand, Farid, viendra-t-il ?
Il avance rapidement
Rapidement, il avance
•
Après avoir déterminé l’environnement de gauche et de droite de
chacun des éléments, la grammaire distributionnelle groupe en
classes (et en sous – classes) les éléments qui ont une même
distribution. Chaque classe est définie positivement par son
environnement possible avec d’autres classes, et négativement par
les restrictions qui lui sont imposées.
On distinguera par exemple, la classe des noms, des adjectifs, des adverbes,
des verbes, etc. On définira la classe des noms communs par le fait qu’ils
doivent être nécessairement précédés d’un déterminant. On classera par la suite
les différents types de déterminants. On pourra distinguer des sous – classes
d’adjectifs : ceux qui admettent ou non d’être précédés par un adverbe, ceux qui
obligatoirement ne peuvent précéder le nom. Ainsi par exemple, les adjectifs
« postal » et « médical » ne font pas partie de la même sous – classe comme
l’indiquent les énoncés suivants :
Il a reçu un colis postal.
Il a fait une visite médicale.
9
Il a reçu un postal colis*7
Il a fait une médicale visite*
Il a reçu un colis très postal*
Il a fait une visite très médicale*
Ainsi par cette procédure, se constitue progressivement la grammaire
distributionnelle d’une langue.
La grammaire distributionnelle reste cependant grevée de grosses lacunes.
Comment pourrait-elle saisir, par exemple, la parenté entre je, moi, mes, le
mien ? Comment pourrait-elle rendre compte de la différence de ces deux
phrases : « je te promets de venir » et « je te permets de venir » ? Pourrait-elle
lever l’ambiguïté de l’énoncé suivant : « Il a acheté un livre à Omar » ?
L’analyse syntagmatique se propose de remédier à ces insuffisances.
3.2.
l’analyse syntagmatique.
L’analyse syntagmatique introduit la notion de syntagme8. La phrase est
considérée comme un tout, ensuite, selon les différentes strates, elle est
décomposée en syntagmes jusqu’aux éléments terminaux. La phrase (P) est
constituée de deux syntagmes : un syntagme nominal et un syntagme verbal. Ces
deux syntagmes vont, à leur tour, être analysés en leurs différents constituants.
La description syntagmatique d’une phrase s’effectue de deux manières9
a)
soit par un graphe arborescent appelé « indicateur syntagmatique »
ou plus communément « arbre » :
7
L’astérisque signifie que la phrase est incorrecte.
Le mot « syntagme » est formé du même radical que « syntaxe ». Il désigne un ensemble d’éléments organisés
syntaxiquement et doué d’une certaine unité fonctionnelle dans la phrase.
9
Le graphe arborescent a un intérêt pédagogique à cause de son aspect visuel. Mais il ne peut devenir en aucun
cas une contrainte pédagogique. Les règles de réécriture s’avèrent utiles pour manifester les structures de base de
la phrase. Mais leur formalisme ne peut être considéré, par l’enseignant comme un fin en soi.
8
10
p
SN
SV
Dét1
N1
Le
b)
V
N2
Dét. 2
N2
une
pomme.
garçon mange
soit par une série de réécritures :
P
SN
+
SV
SV
V
+
SN
SN
Dét
+
N
N1
garçon
N2
pomme
Dét1
le
Dét2
une
L’analyse peut s’affiner si l’on introduit des symboles intermédiaires :
11
P
SN
SV
No
GN
Sg
Dét.
Aux
N
Tps
GV
V
GV
Pe
No
Pluriel
Le
Ou :
P
SV
GV
Aux
SN
GN
No
V
N1
N2
Dét. 1
Dét. 2
chasseur
tue
les
GN
Dét
N
lapins.
SN
+
SV
Aux + GV
V
+ SN
Tps
+ Pe + No
No
+ GN
Dét. +
N
singulier
Pluriel
tue
chasseur
lapins
le
les
Nous sommes toujours ici dans la description structurale d’une phrase
déterminée. Pour que le modèle syntagmatique « bascule » dans le modèle
génératif, il suffit de dépasser la description structurale d’une seule phrase et
d’introduire sous les symboles terminaux tout le lexique.
12
V
chasse
N
chasseur, lapins
Dét.
Le, les.
Mais dans ce cas, il faudrait compléter les règles de réécriture afin qu’elles
puissent donner lieu à tous types de phrases possibles. Il faudrait encore ajouter
des règles de sélection afin d’éviter des phrases incorrectes ou asémantiques, et
ajouter par la suite des règles de transformation.
4. Le fonctionnement de la grammaire générative et
transformationnelle.
La grammaire générative et transformationnelle se présente comme un
ensemble fini cohérent et hiérarchisé dont l’application en chaîne, par paliers
successifs, depuis les règles les plus générales jusqu’aux règles les plus
particulières est capable d’énumérer un ensemble infini de phrases correctes et
aucune incorrecte.
Elle est composée de quatre (4) séries de règles. Les deux premières
constituent la composante de base, les deux autres séries la composante
transformationnelle.
4.1. Composante de base.
A – les règles de réécriture.
Les premières règles sont appelées règles de réécriture car il s’agit de
réécrire un symbole en d’autres symboles qui en constituent les branches. On
part du symbole le plus abstrait
(sigma désigne l’ensemble des règles de la
grammaire non encore différenciées) jusqu’aux symboles terminaux qui ne sont
pas susceptibles de réécriture.
13
Principales règles de réécriture
MOD + P
MOD
énonciatif
interrogatif
impératif
+ (négatif) + (passif) + (emphase)
P
SN
+
SV + (SN prép.)
SV
Aux
+
GV
Aux
Tps
+ Pers. + No
GV
copule
V
V
V
V
+ SN
SA
SN prép.
Adv.
+ SN
+ SN prép.
+ SN + SP
SN prép.
Prép. + SN.
SN
No
No
sing.
Plur.
GN
+ GN
Dét. + N + (Adj.) + (C de N)
Aux : désigne les différents morphèmes du verbe : temps, personne,
nombre.
GV (groupe verbal) se réalise de manières très diverses : le chien est un
animal – est tout content – est sur la table – marche – mange une poire – donne
un livre à son camarade – court après le lièvre.
14
SN prép. (Syntagme nominal prépositionnel) s’insère dans la phrase à
différents niveaux. Il fait partie du groupe verbal : l’oiseau est sur la branche.
Il dépend immédiatement du symbole P dans l’énoncé suivant : dès
l’apparition du soleil, l’oiseau quitte son arbre.
Les éléments mis entre parenthèses sont facultatifs.
Les éléments mis entre crochets et disposés verticalement sont exclusifs les
uns des autres. Par exemple, si le constituant est énonciatif, il exclut les autres
constituants interrogatif et impératif.
Les règles de réécriture présentées ci-dessus sont incomplètes
question des phrases complexes n’est pas abordée.
car la
B) Les règles lexicales et les règles de sous – catégorisation.
1. Les règles lexicales et les règles de sous – catégorisation.
Cela suppose que l’on analyse en traits syntaxiques et sémantiques le
lexique de telle sorte que les insertions lexicales se fassent à bon escient. Les
règles analysent le lexique en ses différents traits sémantiques ou syntaxiques,
c’est ce que l’on appelle les règles de sous catégorisation.
Exemple :
Table : inanimé – concret – comptable.
Liberté : inanimé – abstrait.
Livre : inanimé – concret – comptable.
Il faudra donc analyser le vocabulaire en traits syntaxiques et de telle sorte
que les insertions lexicales se fassent à bon escient. Ex : Le chasseur tue le chacal –
le chacal tue le chasseur *.10
Les règles qui analysent le lexique en ses différents traits syntaxiques ou
sémantiques sont dites « règles de sous – catégorisation.
Exemple de sous – catégorisation syntaxique.
V transitif – SN (V est transitif s’il est suivi d’un SN complément de verbe)
V intransitif – V (est intransitif s’il ne peut être suivi d’un complément).
10
Cette phrase est syntaxiquement correcte, mais sémantiquement , elle est peu probable.
15
V intransitif – V (V est intransitif s’il est suivi d’un syntagme
prépositionnel complément)
Les règles de sous – catégorisation présentées ci-dessus sont à titre
purement indicatif : elles signifient un mécanisme de sélection par des procédés
formels.
Les deux premières séries de règles forment la composante de base ou
encore ce qu’on appelle la structure profonde des phrases.
2. Les types de phrases
Chomsky va prendre comme postulat au départ la phrase affirmative
(assertive, déclarative, énonciative).
Phrase de base = phrase noyau = P.
Il va considérer :
a .Les phrases de base qui sont susceptibles de générer un nombre infini
de phrases grammaticalement correctes et également susceptibles de
transformation.
b. Les phrases de surface, c’est- à –dire celles ayant subit une
transformation.
c. Les types de phrases.
1. P
: SN + SV. (Il mange).
2. P
: SN + SV + SN. (verbe transitif)
3. P
: SN + SV + (SN) (Il chante)
4. P
: SN + SV + SP (Il obéit à son père)
P
:
SN + SN + (SN) + SP.
P
:
SN + SV + SP + (SP)
(…) facultatif.
16
5. P : SN + SV + SP + SP (parler de … à …)
P : SN + SV + (SP) + SP.
P : SN + SV + SP + (SP)
6. P : SN + copule
SN
SP
SA
7. tournures impersonnelles + expansions
Ex : Il pleut des cordes.
Tournures impersonnelles + (expansion)
Ex : il pleut (des cordes).
8.
C’est + … présentatif + expansion.
C’est lui + … gallicisme + expansion.
Phrases ambiguës :
J’ai lu la critique de Chomsky.
J’ai entendu le bruit de la fenêtre
17
3. Tableau récapitulatif.
Composante de base
Règles de réécriture
Règles lexicales
Composante
transformationnelle
SRUCTURE PROFONDE
Composante sémantique
Règles de transformations
syntaxiques
Règles de transformations
morphologiques
Composante
phonologique
STRUCTURE DE SURFACE
18
Quelques définitions de la phrase.
Le discours est une chaîne sonore qui est émise par un locuteur et cette
chaîne est douée de sens.
Les discours peuvent être longs ou courts mais ils ne sont pas segmentés.
1ère définition : (Grammaire traditionnelle)
La phrase est représentée comme une unité de signification.
2ème définition : (Marauzou)
La phrase est un segment de discours sémantiquement autonome.
3ème définition : (Deloffre)
La phrase est le plus petit énoncé offrant un sens complet, c’est – à –dire
que la phrase n’a pas besoin d’un contexte pour être interprétable.
4ème définition : (syntaxe traditionnelle)
La phrase est une unité indépendante syntaxiquement, autrement dit, une
construction de rang supérieur.
5ème définition : (Bloomfield)
La phrase est la grande unité de description grammaticale. C’est une suite
d’unités qui peuvent être analysées selon des rapports de partie à tout, de
constituant à constitué. Ces rapports définissent une organisation hiérarchique
emboîtés les unes dans les autres.
19
Application.
Le quai aux fleurs ne répond plus.
Comme ces chevaux que l’approche de l’écurie rend nerveux, le train en provenance de
Marseille à destination de Paris se grisait de sa propre vitesse, de sa propre impatience. On
dirait qu’il bachote, pensa Khaled. La pluie pleurait sur les glaces- sécurit. Khaled n’avait pas
dormi. Lorsqu’il était plus jeune, il ne dormait jamais l veille d’un examen. Lui, aussi, à sa
manière, il bachotait, comme le train, à cette différence près que le train sait exactement où il
va et ne se pose pas de questions. (Malek Haddad)
20
Réécriture.
1. L’approche de l’écurie rend les chevaux nerveux.
Détermination
P = SN + SV + SN
expansion
2. Le train se grisait de sa propre vitesse,
de sa propre impatience.
P = SN + SV + SP
(effacement du sujet et du verbe)
3. On dirait qu’il bachote, pensa Khaled.
P = SN + SV + (SN théorique P2)
4. La pluie pleurait sur les glaces sécurit.
P = SN + SV.
5. Khaled avait dormi.
P = SN + SV.
6. Il était jeune.
P = SN + copule + SA.
7. Il dormait
P = SN + SV.
8. Le train sait où il va (le train sait quelque chose)
(Il va quelque part)
SN théorique
P = SN + SV.
Les structures récurrentes dans le texte :
21
P = SN + SV.
P = SN + SV + SN.
On constate qu’il y a une équivalence dans le texte entre les deux
structures.
Il y a lieu de soulever certains problèmes
1. Au niveau de P2 : SP complexe. Effacement du sujet et du verbe.
2. Au niveau de P2 : se grisait. « se » ne peut être considéré ni C.O.D.,
ni C.O.Ind., dans la mesure où « se » fait corps avec le verbe.
C’est une métaphore, le « se » étant co-référent avec le sujet :
Train = traits de l’inanimé.
Grisait = traits de l’animé.
(Incompatibilité au niveau des traits lexicaux).
3. Il est très difficile de découper le syntagme sujet de P1 dans la mesure
où SN = groupe nominal avec un nom et une détermination. La
mutilation de cette détermination mutile l’énoncé, c’est pourquoi qu’il
convient de la garder telle qu’elle.
Exercices :
1.
Analysez les phrases suivantes en leurs constituants immédiats :
Le jardinier de l’école a planté des fleurs.
Dalila offre un cadeau à sa maman pour son anniversaire.
Les bambins jouent au ballon.
Le train ralentit.
2.
Analysez le texte suivant :
Après la soupe, maman posa sur la table le plat de lentilles avec une
saucisse. Les deux grands commencèrent de se disputer à qui aurait le plus gros
morceau. Cécile chantait, chantonnait. Elle chante encore ainsi. Elle a toujours
chanté. Maman coupa la saucisse et les grands se mirent à manger.
22
(GEORGES DUHAMEL, Le notaire du Havre)
3.
Analysez en traits sémantiques les mots suivants en établissant une
grille si possible.
Ecureuil - papier – peur – garage – voiture – rêve – fête.
23
4.
Corrigé des exercices de la page 20.
Exercice 1.
P 1 = SN + SV + SV
P 2 = SN + SV + SP + SP.
P3 = SN + SV + SP.
P4 = SN + SV.
Exercice 2
P1. Après la soupe, maman posa sur la table le plat de lentilles avec une
saucisse.
SN + SV + SN + SP + SP.
expansion
P2. Les grands commencèrent de se disputer à qui aurait le plus gros
morceau.
SN + SV + SN théorique.
P3. Cécile chantait, chantonnait.
SN + SV. Effacement du sujet dans la deuxième partie de la phrase afin
d’éviter la répétition.
P4. Elle chante ainsi
SN + SV + SP.
P5. Elle a toujours chanté.
SN + SV + SP.
P6.Maman coupa la saucisse et les grands commencèrent à manger.
SN + SV + SN + SN + SV + SN théorique.
24
Lexèmes
concret
Ecureuil
+
Papier
+
Peur
abstrait
animé
inanimé
+
comptable
+
+
+
+
Garage
+
+
+
Voiture
+
+
+
Rêve
+
fête
+
+
25
Evaluation.
Critères
oui
non
Je repère aisément le syntagme verbal dans une
phrase
Je repère aisément le syntagme nominal dans une
phrase
Je repère aisément le syntagme prépositionnel dans
une phrase.
Je ne fais aucune confusion entre le syntagme
nominal et le syntagme prépositionnel
Je parviens facilement à analyser une phrase donnée
en syntagmes
Je parviens à élaborer une grille pour l’analyse
sémantique.
Je parviens à représenter une phrase donnée en arbre.
26
Références :
Vous pouvez compléter vos informations sur la grammaire générative et
transformationnelle en consultant les auteurs suivants :
CHOMSKY Noam, Structures syntaxiques, Paris. Ed du Seuil, 1967
CHOMSKY Noam, Aspects de la théorie syntaxique, Paris. Ed du Seuil,
1971
RUWET Nicolas, Introduction à la grammaire générative, Paris, Plon,
1967
GROSS Maurice, La syntaxe du verbe.
GROSS Maurice, les méthodes en syntaxe.
LEGOFFRE Pierre, Les constructions fondamentales du français.
GREVIS , Le bon usage.
27
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