Année 2016 - N°9 JUIN 2016 Le Journal Coordination Rhumatismes Inflammatoires Chroniques - SUD Coordination RIC - SUD Editorial Dans ce journal, vous trouverez les communications de la journée du 4 juin à GIGNAC. A ce titre, je tiens à remercier l’ensemble des Chers lecteurs, orateurs pour leur disponibilité. Nous essayons de renouveler les sujets régulièreIl est de tradition d’effectuer dans ce journal ment afin de satisfaire le plus grand nombre. un bilan de l’année écoulée et surtout des Je remercie également pour leur soutien les projets en cours. associations de patients qui ont parrainé cette journée. L’éducation thérapeutique par visioconférence menée par Sylvie FABRE et Elisa LAMOUR Enfin, je tiens à souligner les efforts et à constitue une innovation dans le domaine. remercier Chantal COLOMBIER pour l’organiPar conséquent, c’est une chance dans notre sation de cette journée. région de pouvoir faire bénéficier aux patients de ce type de prise en charge. A cette occasion, je vous rappelle les objecLa Télé-médecine fera partie intégrante dans les années à venir de l’exercice de la médecine. Une publication récente de l’équipe vient de montrer que l’utilisation d’outils type Smartphone reliés à un capteur de la force exercée au niveau de la main était extrêmement bien corrélée à l’indice d’activité clinique de la polyarthrite rhumatoïde (DAS 28). Autrement dit, cet outil pourrait être équivalent à une « vraie » consultation médicale pour évaluer l’activité du rhumatisme. Pour valider cette hypothèse, nous allons débuter en fin d’année 2016 une étude évaluant l’utilisation de ces outils de télémédecine pour des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde nécessitant le recours à une biothérapie. Chaque patient s’évaluera de façon hebdomadaire et l’information sera transmise en temps réel à un médecin. Celui-ci sera connecté à une plateforme qui lui permettra de contacter le patient ou de communiquer avec lui pour orienter la prise en charge. Autre projet plus récent : nous avons mis en place une nouvelle fiche patient pour les patients ayant une spondylarthrite. Localisée sur le site RIC-SUD, cette fiche est remplie en ligne par le patient avec une connexion internet. tifs fondateurs du réseau RIC-SUD : faire du lien, améliorer le parcours de soin du patient, rendre service et informer au mieux les patients sur leur maladie. Je crois que cette journée correspond parfaitement à l’esprit de la coordination RIC-SUD. Pur finir, je voudrais dire quelques mots sur le Dr Jean ROUVIERE. La Coordination RIC-SUD a vu le jour en 2002 -2003 sous l’impulsion du Professeur Jacques SANY accompagné de plusieurs rhumatologues libéraux dont le Docteur Jean ROUVIERE. Ce dernier est devenu coordonnateur de RICSUD en 2009 jusqu’en 2013. Pendant cette période, il a énormément contribué à dynamiser l’association… Par la suite, il a continué à nous aider dans l’élaboration du dossier médical informatisé et encore, dernièrement, c’est à lui que nous devons la mise en place d’une évaluation à distance des patients atteints de spondylarthrite par une fiche internet dédiée. C’est donc avec une immense tristesse que nous avons appris sa disparition il y a quelques jours. Il était naturel que nous dédions ce journal ainsi que cette journée du 4 juin 2016 à sa mémoire, à sa gentillesse et à son dynamisme qui étaient unanimement reconnus. Merci à toi Jean. Tu nous manqueras. Pour le moment, il s’agit d’une simple sur- Amicalement veillance et aucune transmission des informations au médecin n’est encore organisée. Bonne lecture à toutes et à tous. Il s’agit dans un 1er temps d’évaluer la faisabilité et l’intérêt du principe d’évaluation par internet. Yves-Marie PERS, Président Responsables de la Rédaction Jacques Sany, Président d’Honneur Yves-marie PERS, Président Sylvie Fabre Vice-présidente et Coordonnatrice programme ETP Pierre LEBLAY Secrétaire général Dans ce numéro : Les membres du comité de Pilotage 2 Hommage au Dr Jean ROUVIERE Dr Jacques SANY 3 Les nouveautés dans la prise en charge des rhumatismes inflammatoires chroniques Dr Yves-Marie PERS 4 Quelles sont les difficultés que vous rencontrez avec la corticothérapie ? Dr Muriel NOGUE, Dr Yves-Marie PERS 5 Impact des germes du système digestif sur les rhumatismes inflammatoires Dr Catherine DUNYACH-REMY 6 Hypnose et relaxation dans la prise en charge de la douleur Dr Estelle RICARD 7 Coordonnées de Coordination RIC-SUD 10 http://ric-sud.com/ Le Journal de RIC-SUD - JUIN 2016 Les membres de la Coordination RIC-SUD Les membres du COMITE DE PILOTAGE. Le Bureau est composé des membres suivants : LOGO Il comporte 17 membres et un médecin coordonnateur. Pr Jacques SANY, Docteur Michel AUTUORI, Président d’honneur, rhumatologue libéral, (Sète), attaché au CHU de Montpellier Dr Yves-Marie PERS, Docteur Pierre BORDERIE, rhumatologue libéral (Montpellier), attaché au CHU de Montpellier Dr Sylvie FABRE, Madame Chantal COLOMBIER, représentant les malades atteints de PR Dr Michel AUTUORI, Président Vice présidente en charge de l’Education Thérapeutique Trésorier Professeur Jean-Pierre DAURES, professeur de santé publique et biostatisticien Docteur Sylvie FABRE, rhumatologue libérale (Clinique Beau Soleil) attachée au CHU de Montpellier, Dr Pierre LE BLAY, Secrétaire Général et médecin coordonnateur Monsieur Lionel FALGUIERE podologue (Vergèze) Docteur Nathalie FILIPPI, chef de clinique, rhumatologue hospitalière (CHU de Montpellier) Adresse du Siège : Docteur Dominique FOURNET, rhumatologue libéral (Lunel) Madame Emilie GAU, assistante sociale hospitalière (CHU de Montpellier) Dominique GASQUERES, kinésithérapeute hospitalière (CHU de Montpellier) Le Millénaire Maison des Professions Libérales Monsieur Benoît GA Dit GENTIL, kinésithérapeute libéral (Lunel), 285 Rue Alfred Nobel Professeur Christian JORGENSEN, rhumatologue hospitalier, chef de l’Unité clinique thérapeutique des maladies ostéoarticulaires (CHU de Montpellier) 34000 MONTPELLIER Tel : 04 99 52 20 12 Docteur Pierre LE BLAY, rhumatologue libéral (Montpellier) Fax : 04 67 64 86 93 Docteur Yves-Marie PERS, chef de clinique assistant, rhumatologue hospitalier (CHU de Montpellier), Jean-Marie REVERSAT, kinésithérapeute libéral (Montpellier) Professeur Jacques SANY, rhumatologue retraité http://ric-sud.com/ Page 2 Le Journal du réseau - JUIN 2016 PR-LR Hommage au Dr Jean Rouvière, Jacques SANY Nous venons de perdre un ami très cher. Le docteur Jean Rouvière a brusquement disparu le 11 mai 2016, nous laissant tristes et désemparés. Arlésien d’origine, il avait fait ses études de médecine et sa spécialité de Rhumatologie à Montpellier dans le service de mon patron le Pr H Serre. Nous nous connaissions depuis cette période. Une fois installé à Arles comme rhumatologue, il a rapidement développé une importante patientèle, ce qui n’était pas étonnant. Médecin passionné, excellent clinicien, il avait une sensibilité et une générosité remarquables. Toujours disponible et souriant, il suivait attentivement et conseillait les malades avec gentillesse, empathie et efficacité. Extrêmement cultivé, c’était un véritable humaniste s’intéressant, à coté de la Médecine, à de multiples sujets comme, par exemple, la littérature, la musique et la tauromachie. Il était toujours à l’avant-garde des nouveautés susceptibles d’être utiles aux patients. C’est ainsi qu’il s’est intéressé à l’informatique dès son apparition, pour la gestion de son cabinet médical, à une époque ou les applications de cette technologie en médecine étaient encore inconnues. Il avait acquis une grande maitrise dans ce domaine. Lorsqu’il a pris sa retraite de son activité libérale, après de longues années au service des malades, cet infatigable travailleur s’est investi en 2009 comme coordonnateur dans le réseau PR-LR dont j’étais alors le président. Il est devenu l’âme de ce réseau, travaillant sans cesse, toujours à l’écoute des demandes et des suggestions, et toujours avec le sourire, pour réaliser avec succès le dossier patient informatisé et les applications de la télémédecine au cours de la polyarthrite rhumatoïde et de la spondylarthrite ankylosante. Il a accompli un travail gigantesque pendant cette période. Jean était apprécié de tous. Sa personnalité associant à une fine intelligence, générosité, enthousiasme et discrétion faisait de lui un homme très attachant. Il était l’ami que l’on rêve d’avoir. Sa disparition prématurée est une perte irréparable pour nous tous. Il va beaucoup nous manquer. Nous ne l’oublierons pas et nous essaierons de nous inspirer de son exemple. Jean repose désormais dans la terre des Cévennes près de ses ancêtres. Ric Sud adresse à son épouse, ses deux enfants et sa petite fille ses plus vives condoléances. J Sany Page 3 Le Journal de RIC-SUD - JUIN 2016 Les nouveautés dans la prise en charge des rhumatismes inflammatoires chroniques, Yves-Marie PERS Actualités dans les rhumatismes inflammatoires et notamment au niveau thérapeutique Il existe également des pistes thérapeutiques en combinant des agents biologiques qui vont cibler par exemple deux cytokines pro-inflammatoires comme le Globalement en ce qui concerne la prise en charge des rhumatismes inflam- TNF alpha et l’interleukine 17. Il s’agit de potentialiser l’effet de ces 2 molécules matoires (RIC) les choses sont sensiblement équivalentes entre les deux et d’apporter un gain d’efficacité. En revanche, il existe un risque théorique accru grandes pathologies que sont la polyarthrite rhumatoïde et les spondylar- d’infections qu’il convient de bien évaluer. thropathies. En ce qui concerne la spondylarthrite, nous devrions très prochainement pouvoir En effet, il existe des similitudes notamment sur l’intérêt d’un diagnostic utiliser le SECUKINUMAB qui est un anticorps monoclonal dirigé contre l’interleuprécoce avec introduction très rapide d’un traitement de fond (comme par kine 17A. Il est déjà utilisé en dermatologie, dans le traitement du psoriasis avec exemple, le METHOTREXATE dans la polyarthrite). Il en est de même pour le des résultats très encourageants. Plusieurs études sur des patients ayant une rhumatisme psoriasique où plusieurs données récentes suggèrent qu’un spondylarthrite ou un rhumatisme psoriasique ont montré une amélioration des diagnostic précoce à l’aide des nouveaux moyens d’imagerie tels que l’IRM, douleurs, même parmi les patients réfractaires à un premier anti-TNF. Ce qu’il puis l’introduction d’un traitement précoce permet un meilleur contrôle de faut noter c’est que ce médicament ne sera pas utilisé pour les patients ayant la maladie à long terme. une entéropathie inflammatoire puisque il a été décrit des cas de réactivation et de poussée d’entérocolopathie. Il faut souligner également l’importance d’une bonne observance des prescriptions au cours des RIC qui reste malheureusement faible. Vous savez Pour conclure il existe donc de nombreuses perspectives dans la prise en charge que l’observance correspond au respect de la prise médicamenteuse pres- des RIC avec l’apparition prochaine de nouvelles thérapeutiques mais également crite par le médecin. de nouveaux bio-similaires pour l’etanercept ou l’adalimumab ce qui va modifier considérablement le paysage thérapeutique de ces maladies. Plusieurs études suggèrent qu’environ 30 à 40 % des patients sous METHOTREXATE ou sous biothérapie ne respectent pas les prescriptions (dose inférieure, espacement) ce qui entraine une baisse d’efficacité des traitements. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette observation : peur des effets secondaires, sensation de dépendance vis-à-vis d’un traitement, intolérance, raisons psychologiques, déni, ....). Ces éléments méritent d’être connus. Echanger sur cet aspect avec le médecin rhumatologue qui prend en charge votre rhumatisme, peut permettre d’ajuster le traitement et améliorer la tolérance selon les cas. Sur le plan thérapeutique, l’année 2015 a été marquée par la mise à disposition du 1er bio-similaire anti-TNFalpha de l’INFLIXIMAB dans la prise en charge des rhumatismes inflammatoires (polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite). Un médicament bio-similaire est par définition similaire au médicament biologique de référence qui a déjà été autorisé par les instances règlementaires. Tout médicament biologique dont le brevet tombe dans le domaine public peut être susceptible d’être remplacé par un bio-similaire qui a des propriétés physio-biochimiques et biologiques identiques aux produits de référence ainsi que la même forme et la même substance thérapeutique que le médicament de référence. Pour évaluer l’efficacité d’un bio-similaire, les autorités demandent une équivalence d’efficacité et de tolérance comparée au médicament biologique de référence. Il est d’usage que le bio-similaire se compare dans une seule des indications du médicament de référence et par la suite il n’y a pas besoin de vérifier son efficacité dans d’autres maladies. Par exemple, le biosimilaire de l’INFLIXIMAB a été évalué dans la polyarthrite et dans la spondylarthrite mais pas dans la maladie de Crohn. Or, ce bio-similaire est maintenant autorisé également dans la maladie de Crohn. La rhumatologie n’est pas la seule spécialité concernée par l’apparition des bio-similaires puisque depuis 2006 plusieurs bio-similaires ont été autorisés notamment en hématologie sur des facteurs de croissance. Jusqu'à maintenant, les données de tolérance sont rassurantes puisqu’il n’a pas été observé de différences avec le médicament de référence. L’avantage de l’apparition des bio-similaires est essentiellement d’ordre médicoéconomique puisque le coût d’un biosimilaire est environ 30 à 40 % moins chère que le médicament de référence. Nouveautés thérapeutiques En ce qui concerne la polyarthrite, de nouvelles molécules sont en développement notamment le SARILUMAB qui est un anticorps monoclonal dirigé contre le récepteur alpha de l’interleukine 6. Son efficacité parait comparable à un autre médicament qui cible l’interleukine 6 (TOCILIZUMAB). Page 4 Le Journal de RIC-SUD - JUIN 2016 CORTICOTHERAPIE AU LONG COURS ET CONSEILS HYGIENO-DIETETIQUES : LES PATIENTS Titre de l'article intérieur NOUS RACONTENT - Muriel NOGUE, Yves-Marie PERS A l’heure actuelle, la corticothérapie reste un traitement très utilisé, notamment en rhumatologie, et ce malgré le développement des biothérapies qui représentent pourtant un grand pas en avant dans le traitement de fond de nombreux rhumatismes. La corticothérapie peut être utilisée à forte dose dans les poussées de polyarthrite rhumatoïde par exemple, et parfois en traitement de fond à des doses moins élevées. On estime que 0,75% de la population globale est concernée par une corticothérapie au long cours, c'est-àdire d’une durée de plus de trois mois. Ce traitement est désormais bien connu, et notamment ses effets indésirables potentiels qui peuvent apparaitre dès les premières semaines de traitement comme le diabète cortico-induit, l’hypertension, la prise de poids, l’irritabilité, ou au bout de plusieurs mois ou années, comme l’ostéoporose. Les médecins proposent en prévention de ces effets indésirables, différents conseils hygiénodiététiques, qui restent difficiles à mettre en place dans le quotidien des patients (régimes hyposodés, hypoglucidiques, hyper protéinés, riches en calcium et en vitamine D...). déjà, j’ai peur du diabète. ». Ce chantage alimentaire s’accompagnait d’un retentissement psychologique fort « J’ai craqué. J’ai fait une dépression. Le tout cumulé… » , avec les notions de frustration « Il faudrait que je mette un cadenas au frigo. », de culpabilité : « Il suffit qu’on prenne un morceau après on culpabilise, non, j’me fais du mal c’est pas bien, j’ai mangé salé. » et de perte du plaisir alimentaire. L’entourage n’était pas un thème à part entière que nous pensions initialement aborder, mais il semble s’être imposé à nous par lui-même, au fil des entretiens, occupant une place importante dans le vécu de la prise en charge et prenant part aux difficultés des patients. En effet, l’entourage semblait décrit comme investit du besoin d’aider le patient, de le protéger, du fait d’une inquiétude omniprésente « J’ai des amis qui s’inquiétaient vraiment. ». Aidant pour certains, participant aux mesures mises en place : « Maintenant ma femme fait la cuisine sans sel », mais avec une implication parfois vécue difficilement par les patients, avec un sentiment de contrôle extérieur : « Ah tu devrais faire ci, du devrais faire ça. Mais tu sais que tu es sous cortisone ?» parfois culpabilisante. L’exclusion était une thématique reprise par de nombreux patients, que ce soit en famille, avec les amis, dans la vie de tous les jours. « Moi c'était plus le stress de gêner les amis qui m'invitaient ou le regard à l'extérieur au resto parce que bon, il y a des serveurs ou des serveuses qui montrent bien qu'on les emmerde si je peux m'exprimer ainsi. » Ici encore, lorsqu’on interrogeait les patients sur la manière d’améliorer les conseils, ils prônaient la non culpabilisation : «Qu’on me prévienne de la prise de poids, mais qu’on présente pas ça comme… comme quelque chose à surtout ne pas faire. » de la souplesse dans le régime : « Que de temps en temps bah, même si on a craqué pour un sorbet, une glace, ou un gâteau, il fallait pas que ça en fasse... que ça ne prenne pas une ampleur de stress. » On retrouvait dans de nombreux entretiens l’intérêt de présenter des astuces pratiques : « Puis donner des petites astuces par exemple comme je faisais moi par exemple dans la préparation des repas, commencer à préparer sans sel, séparer sa part et rajouter en cours de cuisson le Et il est vrai que l’entourage est souvent Nous nous sommes donc demandés quelles sel, voilà quoi ». sollicité, informé sur la pathologie de fond mais étaient les difficultés que rencontraient les perrarement sur les mesures à prendre en compte sonnes sous corticothérapie face à ces conseils. Concernant l’acticité physique, les per- avec un traitement comme la cortisone, ce qui Pour évaluer ces difficultés, nous avons donné la sonnes interrogées mettaient en avant les diffi- pourrait être une piste d’amélioration évoquée par cultés liées à leur pathologie de fond et relevaient certains patients : « Donc plutôt une information parole aux patients. ici encore la nécessité de conseils adaptés à leurs orale et éventuellement… Familiale aussi, enfin familiale, l’entourage aussi parce que bon… » Nous nous sommes intéressés tout douleurs et à leurs goûts personnels. d’abord à la relation du patient à son traitement, qui conditionne sa prise quotidienne et son efficaNos patients, issus de suivi ambulatoire, L’ensemble des pistes d’amélioration cité. Les patients ont témoigné d’une grande ambi- avaient pour la plupart une source de renseignevalence face à la corticothérapie. On notait en effet ments médicale via leur médecin, via des consulta- proposées par les patients pourrait entrer dans le une bonne image globale de la cortisone : « De tions diététiques ou la lecture des notices d’infor- cadre d’un travail d’éducation thérapeutique à part prendre de la cortisone ça me permet de vivre tous mation des corticoïdes, mais également des infor- entière. Avec un temps éducatif collectif permetles jours, d’être normale. » , avec cependant une mations de la part de leur famille, d’internet, ou tant une information fiable sur des notions de grande crainte des effets indésirables potentiels : même d’émissions télévisées. Il existait une gran- base, secondairement approfondies et adaptées à « On s’inquiète, pour les reins, le foie … les os. » et de ambivalence face à l’information qui parfois chaque patient au cours d’un temps individuel. Le un sentiment d’impuissance face à ces effets : « inquiète « Et bon après il faut faire attention à ce tout pourrait être complété par un support écrit ou C’était de me voir déformée, prendre une taille, je qu’on lit parce que des fois ça fait plus peur qu’au- un support informatique afin de pérenniser l’inforpouvais pas maîtriser, rien à faire, c’est dur, c’était tre chose. » « Alors les effets indésirables, après mation. surtout ça qui me désespérait. » voilà j’en parlerai peut être pas trop parce que des Le CHU de Montpellier travaille déjà fois ça peut faire peur, hein. » Cette notion de tri Quand on questionnait les patients sur d’information est revenue au fil des entretiens, autour de ces pistes d’amélioration avec l’envie les éléments qui auraient pu les aider dans l’initia- intervenant selon un mode conscient, volontaire : d’améliorer la qualité de vie des patients sous tion de la cortisone, et dans la relation au traite- « J’ai pas forcément trop écouté. » ou inconscient, corticothérapie. Un support écrit à destination des ment, certains évoquaient l‘information et l’expli- par défaut de mémorisation : « Parce que vous patients et des médecins généralistes est en cours cation comme issues : « Nous expliquer pourquoi, savez ce qu’on vous dit quand vous sortez de l’hôpi- de rédaction avec la participation des spécialistes pourquoi et à quoi ça sert et pourquoi le prendre » tal, je suis resté deux jours à l’hôpital, ... on vous a et de médecins traitant qui utilisent la corticothéramais surtout le choix des mots pour ne pas ef- dit plein plein plein de choses, et mais « oui oui oui pie, sous le regard expérimenté de patients volonfrayer : « Il faut dire d’abord la cataracte, pas dire oui oui », et puis le lendemain, « mais qu’est ce qu’il taires. ça va vous rendre aveugle. » « Choisir les mots.», et m’a dit ? » ». la nécessité de mieux mettre en évidence la balance bénéfice/risque du traitement. Les patients estimaient qu’une des Lorsqu’on abordait la question des conseils hygiéno-diététiques, une notion apparaissait fréquemment, celui de régime strict « Donc ils m'ont fait faire un régime hyper strict. », basé sur des interdits : « J’avais pas droit à grand-chose. », imposé par le médecin et par la menace des effets indésirables : « Mais je fais attention, parce que Page 5 manières d’améliorer la qualité des informations concernant le traitement et ses effets indésirables, serait une information répétée, éventuellement sous forme de support écrit pour une accessibilité illimitée. http://ric-sud.com/ Le Journal de RIC-SUD - JUIN 2016 MICROBIOTE ET RHUMATISMES INFLAMMATOIRES - Catherine DUNYACH-REMY Lors de la maturation embryonnaire, l’être humain est protégé par un milieu clos et stérile. Cependant, peu après la naissance, l'intestin du nouveau-né se retrouve colonisé par des bactéries provenant des flores avec lesquelles il a été en contact pendant ou peu de temps après la naissance (vaginale ou cutanée). Après une courte période de relative instabilité, dans laquelle quelques espèces bactériennes se battent pour survivre et installer leur supériorité, la flore intestinale s’enrichit. A la fin de la première année de vie, un microbiote mature émerge et devient de plus en plus stable avec l'âge. Le nombre de bactéries présentes dans notre tube digestif est évalué à 1014 bactéries soit 10 fois le nombre de nos cellules et plusieurs mécanismes de protection empêchent la flore intestinale d’accéder à la circulation sanguine A ce stade, plus de 1000 espèces différentes colonisent le tractus gastro-intestinal. Cependant, le microbiote intestinal est dominé par seulement deux divisions bactériennes (Bacteroidetes et Firmicutes), qui représentent à elles deux plus de deux tiers de la population bactérienne du microbiote. Bien que très stable, ce microbiote peut évoluer avec l’âge. Actuellement, peu de données permettent de comprendre les processus responsables du maintien de l’équilibre du microbiote intestinal. Cependant des données récentes démontrent que le microbiote intestinal a une influence primordiale dans le façonnage du système immunitaire. En effet, un déséquilibre entre le système immunitaire et le microbiote intestinal favoriserait le déclenchement d’un processus inflammatoire. Une étude a démontré récemment que la composition du microbiote intestinal pouvait avoir un rôle dans le déclenchement d’un processus auto-immun et qu’un déséquilibre de la composition du microbiote intestinal pourrait favoriser la survenue d’arthrite. De nombreux projets scientifiques ont cherché à démontrer chez l’animal l’association possible entre la présence de bactéries dans la circulation sanguine et les arthrites chroniques. L'influence des bactéries dans le déclenchement et la chronicité de la Polyarthrite Rhumatoïde (PR) a également été étudiée. Des observations cliniques ont montré l'association fréquente entre la PR et des infections par Staphylococcus aureus, Helicobacter pylori, Proteus mirabilis. D’autre part, une infection bactérienne (infection bronchique, infection urinaire) chez les patients aurait un effet aggravant sur la PR. Des éléments d'origine bactérienne, comme l'ADN bactérien auraient un effet négatif sur l'arthrite en favorisant l'inflammation. Page 6 L'intervention des bactéries dans la PR est également confirmée par la présence d'éléments bactériens dans les articulations touchées. L'importance du facteur bactérien dans certaines maladies rhumatismale semble donc globalement admise mais peu de données permettent de comprendre comment ces éléments bactériens se retrouvent dans la circulation sanguine. http://ric-sud.com/ Le Journal de RIC-SUD - JUIN 2016 Hypnose en hémodialyse, une thérapie complémentaire - Estelle Ricard Sutra Soignants à l’association AIDER (Association pour l’Installation à Domicile des Epurations rénales) depuis plus de nombreuses années, nous assurons le suivi de nombreux patients hémodialysés chroniques, en dialyse péritonéale ou au stade de « pré dialyse ». Dans le contrôle de la douleur, l’hypnose thérapeutique est une expérience relationnelle mettant en jeu des mécanismes physiologiques et psychologiques permettant à l’individu de mieux vivre, d’atténuer ou de supprimer une pathologie douloureuse aiguë ou chronique. Pendant ces années, nous avons pris conscience de la grande nécessité de traiter, au mieux, la douleur chez ces pa- C’est une maladie ou un organe que l’on soigne mais tients atteints d’une maladie chronique, avec de lourdes également un individu avec ses croyances, ses sensacomorbidités. tions, dans son espace intérieur et extérieur. Pour ce faire, nous avons créé, à l’AIDER, un CLUD (comité de lutte contre la douleur). Nous avons optimisé nos thérapeutiques médicamenteuses mais souvent ces dernières sont insuffisamment efficaces. Pour percevoir sa vie autrement, pour s’adapter à la réalité, la seule démarche efficace est de modifier les perceptions et les émotions, ce qui est une définition de l’hypnose. En complément, nous avons donc souhaité développer des thérapeutiques non médicamenteuses comme l’hypnose médicale d’autant qu’elle est maintenant reconnue par l’ordre des médecins. Effectivement, chez nos patients hémodialysés de façon chroniques, les ponctions de fistules artério-veineuses (FAV), itératives à chaque séance de dialyse, induisent une anxiété et des douleurs significatives. Nous tentons d’y remédier par l’utilisation de crème anesthésiante appliquée localement dont le bénéfice n’est que partiel. L’hypnoanalgésie a toute sa place pour ces douleurs prévisibles et provoquées par les soins. Nos patients sont, aussi et souvent, poly-vasculaires, diabétiques et parfois même amputés. Ils souffrent alors de douleurs chroniques neuropathies, du syndrome du membre fantôme etc. … L’hypnose médicale revêt, là encore, un grand intérêt. Cette thérapeutique soulève énormément de questionnement des patients, mais aussi des soignants paramédicaux et médicaux. Qu’est-ce réellement l’hypnose médicale ? Que doit-on penser de toutes ces idées reçues et véhiculées par les medias ? Pour répondre au mieux à ces questions, nous avons souhaité faire un film. Un tel outil, facilement diffusable, permet de présenter et de mieux faire connaitre l’hypnose médicale, aux soignants et aux patients, tout en luttant contre certains aprioris. Il permet aussi d’éveiller la curiosité de chacun. Il a pour but de donner l’envie aux patients de solliciter les soignants pour bénéficier de cette technique et aux soignants de se former à cette thérapie complémentaire. Cette vidéo intitulée « Hypnose en hémodialyse, une thérapie complémentaire » montre 3 patients, au moment de la ponction de leur FAV avant le branchement en hémodialyse ou lors de la séance elle-même. Ces patients parlent de leur douleur et de l’intérêt de l’hypnose dans la gestion de cette dernière. Pour ce faire, nous avons utilisé préférentiellement les 3 techniques d’hypno-analgésie différentes: la réification ou métaphore, le « gant magique » et le déplacement dans « un ailleurs confortable ». Ensuite, nous avons formé ces patients à l’autohypnose pour qu’ils deviennent plus autonomes. Le film montre aussi le ressenti des soignants. Page 7 http://ric-sud.com/ Le Journal de RIC-SUD - JUIN 2016 RETROUVEZ-NOUS SUR LE WEB ! http://ric-sud.com/ Page 8 Le Journal RIC-SUD - JUIN 2016 Page 9 Le Journal RIC-SUD - JUIN 2016 Coordination Rhumatismes Inflammatoires Chroniques - Sud Maison des Professions Libérales 285 Rue Alfred Nobel 34000 MONTPELLIER Tel : 04.99.52.20.12 Fax : 04.67.64.86.93 mail : [email protected] N’hésitez pas à nous contacter http://ric-sud.com/ Page 10