3
L’importance et la nature de la recherche en sciences humaines 3
Les énoncés ci-contre constituent quelques exemples de résultats de travaux de recherche
en sciences humaines effectués selon diverses méthodes. On entend en effet régulière-
ment parler des résultats de travaux menés par des chercheurs en sciences humaines qui
œuvrent au sein d’une université, d’un organisme public ou d’une entreprise privée. L’ob-
jectif du présent ouvrage vise donc à décrire les méthodes utilisées par les chercheurs en
sciences humaines et à montrer pourquoi ces méthodes sont adéquates lorsqu’il s’agit de
mettre au jour et d’expliquer les faits caractérisant la vie en société.
L’intérêt pour les questions liées à la vie individuelle et collective ne représente qu’une des
nombreuses raisons pour lesquelles il importe de bien comprendre les méthodes de
recherche. S’il est vrai qu’on se pose des questions sur les êtres humains et leur organisa-
tion sociale depuis l’Antiquité, les réponses formulées au fil des générations ont trop sou-
vent été fondées sur des superstitions, des intuitions et des conjectures. Au cours des deux
derniers siècles, la situation a grandement évolué avec la mise au point de méthodes de
recherche plus systématiques. Des moyens scientifiques permettant de rassembler des
faits vérifiables se sont graduellement substitués aux intuitions et aux conjectures, ce qui
a donné lieu à un remarquable essor des connaissances au sujet des êtres humains et de
leur univers social.
L’expansion des méthodes de recherche scientifique a suscité l’émergence de diverses disci-
plines en sciences humaines qui ont mis l’accent sur les différents aspects de l’être humain.
Ainsi, le champ des sciences humaines englobe non seulement l’anthropologie, l’écono-
mique, la science politique, la psychologie, la sociologie, l’histoire et la géographie, mais
également des domaines d’études tels que la démographie, la téorologie (l’étude du tou-
risme), la théorie des jeux (l’étude des comportements stratégiques) et les communications.
La recherche en sciences humaines se distingue de la simple enquête sur des questions
sociales, laquelle s’appuie surtout sur le sens commun. Les explications fondées sur le sens
commun ne sont certes pas dépourvues de pertinence, mais le recours exclusif à celui-ci ne
permet pas de déterminer si les affirmations qui en découlent sont justes ou non. La
recherche en sciences humaines — et la recherche scientifique en général — est présente
dans la vie quotidienne de tous. Les médias traitent abondamment de rapports et de débats
engendrés par la recherche scientifique. Le taux de criminalité a-t-il augmenté l’année der-
nière? Le taux de décrochage scolaire est-il en hausse ? L’écart de revenus entre les
hommes et les femmes s’est-il rétréci depuis 10 ans? La famille traditionnelle est-elle en
voie de disparition? Les résultats de recherche concernant de telles questions exercent une
influence beaucoup plus profonde qu’on ne pourrait le croire à première vue.
De fait, la recherche en sciences humaines oriente souvent les opinions et les comporte-
ments de chacun. Par exemple, un lecteur ouvre son quotidien du matin et y découvre un
article signalant que le taux de chômage a fortement augmenté depuis un mois. Plus loin,
un autre article traite d’une étude ayant montré que les travailleurs sont plutôt pessimistes
quant à leur avenir et, pire encore, ceux qui travaillent dans le domaine même que vise ce
lecteur sont les plus préoccupés par leur situation future. Ces articles, dont la teneur pro-
vient sans doute de travaux de recherche en sciences humaines, auront certainement une
incidence sur l’opinion de ce lecteur en ce qui a trait à l’état de l’économie et à ses propres
perspectives d’emploi. Toutefois, sera-t-il en mesure de faire une évaluation critique des
résultats de recherche rapportés dans les médias?
Sciences humaines
Ensemble de disciplines
dans lesquelles les prin-
cipes du raisonnement
scientifique sont appli-
qués à différents aspects
de la vie humaine, dont
l’anthropologie, l’écono-
mique, la géographie,
l’histoire, la science
politique, la psychologie
et la sociologie.