
Le reductionnisme en sciences cognitives
 expérimentaliste. Il pense qu'avec la psychologie expérimentale, une nouvelle
 discipline scientifique est née.
 Pour ses partisans, l'expérimentation présente de nombreux avantages, car,
 même modeste, elle « en apprend plus qu'un volume de spéculations ». Surtout,
 elle permet de laisser de côté la métaphysique et tous les problèmes insolubles.
 Cette orientation sera défendue par Alfred Binet et Henri Piéron. Le premier
 développera l'étude de l'intelligence ce qui aboutira à la fameuse « échelle
 métrique d'intelligence » (1903) et le second organisera l'enseignement
 universitaire de la psychologie expérimentale. Nous reviendrons plus tard sur les
 autres développements, en particulier béhavioristes.
 Donnons un exemple de l'abord expérimental au sujet des perceptions visuelles
 et sensitives étudiées par Henri Pierron. Ce dernier écrit « On arrive à faire
 fonctionner, artificiellement, des processus élémentaires, non sans difficulté, car
 la solidarité organique vaut toujours...Mais grâce à un isolement relatif, on peut
 suivre la relation de deux variables, la stimulation et la réponse, et obtenir ainsi
 des lois, les lois de la sensation » il y faut un « effort scientifique d'analyse visant
 à isoler des fonctions élémentaires dans le complexus des réactions normales de
 l'organisme » (Psychologie expérimentale, Paris, Armand Colin, 1939).
 Tout est dit du procédé : analyse conduisant à la recherche de l'élémentaire,
 ramené à des variables dans une situation artificielle, anormale. Est dit aussi ce
 qui est exclu : la complexité, la solidarité, les situations ordinaires. On voit se
 dessiner les limites assez étroites du champ d'investigation.
 Dans son fondement, la psychologie expérimentale n'est pas nécessairement
 réductionniste, elle cherche avant tout à amener des critères de scientificité. Ce
 fondement est défini ainsi par Paul Guillaume (Manuel de psychologie, Paris, PUF,
 1966) : Il s'agit, « à l'exemple des sciences de la nature, de décrire des faits et
 de déterminer leurs conditions, c'est-à-dire d'autres faits dont l'observation
 montre le rapport constant avec les premières ; en d'autres termes on se propose
 d'établir des lois ». En principe, les expérimentations sont irréprochables sur le
 plan de la scientificité. Mais en pratique, elles sont réductionnistes, car les faits
 considérés, pour rentrer dans le cadre défini, sont réduits à leur minimum. Ce
 sont des faits directement observables, suffisamment simplifiés pour être
 quantifiés, ce qui élimine les faits qui ne s'y prêtent pas et réduit
 considérablement le champ d'investigation.
 " La psychologie expérimentale a une visée expansionniste en psychologie. Elle ne
 se contente pas d'asseoir la psychologie humaine sur des données
 expérimentales, mais a l'ambition de rendre la psychologie toute entière
 expérimentale. Elle tente d'éliminer l'approche clinique considérée comme non
 scientifique. Elle est actuellement en forte régression et il semble que
 l'expérimentation retrouve la place qui lui convient celui d'un moyen d'étude."
 Le comportementalisme
 Ivan Pavlov peut être considéré comme le père du comportementalisme. Ses
 intentions étaient, au départ, physiologiques et non psychologiques. C'est
 tardivement qu'il élabore avec son élève Shenger-Krestovnikova sa théorie des
 névroses expérimentales. Il s'efforce alors de ramener l'explication des troubles
 qu'il nomme "névrotiques", de manière très floue et inappropriée, à un jeu de
 stimulus et de réponses incluant le langage comme deuxième système de
 signalisation. Son protocole expérimental en stimulus-réponse fut repris comme
 paradigme psychologique aussi bien en Russie qu'aux États-Unis ou en Europe.
 Henri Piéron annonça en 1908, dans son discours inaugural à l'école pratique des
 hautes études, que « le comportement constitue l'objet de la psychologie ». Aux
 États-Unis, l'idée selon laquelle la psychologie scientifique devrait être l'étude
Copyright © PSYCHOLOGUESENRESISTANCE Page 3/8