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La lettre du neurologue - n° 1 - vol. V - janvier 2001 7
une deuxième voie d’entrée des ganglions de la base. Son acti-
vité est contrôlée par le striatum via le segment externe du pal-
lidum avec lequel il forme la voie striato-nigrale “indirecte”
(figure).
Au sein du striatum, l’activation de chacune des voies striato-
nigrales, par les afférences glutamatergiques provenant du cor-
tex, a des effets opposés sur l’activité des neurones de la SNr.
En revanche, la dopamine, qui provient essentiellement de la
partie compacte de la SN et de l'aire ventrale du tegmentum, a
une influence sur chacune des voies qui se traduit par une dimi-
nution de l’activité des neurones de la SNr (figure). En effet,
les récepteurs dopaminergiques D1sont préférentiellement loca-
lisés sur les corps cellulaires des neurones qui se projettent
directement sur la SNr (6), et leur activation se traduit par une
libération accrue de GABA dans cette structure. Inversement,
les récepteurs D2, inhibiteurs, sont préférentiellement localisés
sur les corps cellulaires des neurones qui se projettent vers le
segment externe du pallidum (6). La fixation de dopamine sur
ces récepteurs aboutit à une diminution de l’influence excitatrice
du noyau sous-thalamique sur la SNr.
Plusieurs données récentes ont nuancé ce modèle d’organisation
des ganglions de la base, en accordant notamment plus d’impor-
tance au noyau sous-thalamique. Cependant, ce modèle proposé
par Alexander et Crutcher (1) permet encore de rendre compte
des conséquences de modifications d’activité des différents
constituants de ce circuit.
GANGLIONS DE LA BASE ET CRISES D’ÉPILEPSIE :
DONNÉES EXPÉRIMENTALES
L’ensemble des données expérimentales ne permet pas d’impli-
quer l’une ou l’autre des structures des ganglions de la base
dans l’initiation de crises d’épilepsie. Ainsi, la stimulation élec-
trique ou chimique du striatum ou de la SNr chez l’animal
n’induit que très rarement des crises d’épilepsie. Lorsque cela a
été réalisé, les enregistrements EEG des structures des gan-
glions de la base pendant des crises ont montré la survenue de
décharges paroxystiques dans certaines structures. Dans la plu-
part des cas cependant, l’amplitude et la durée de ces décharges
étaient plus faibles que celles enregistrées au niveau du cortex
ou des structures directement impliquées dans l’initiation des
crises. On possède très peu de données concernant des enregis-
trements unitaires au niveau de ces structures dans les modèles
d’épilepsie. Les études utilisant des marqueurs de l’activité
métabolique (2-désoxyglucose) ont souvent montré une aug-
mentation de la consommation de glucose dans plusieurs struc-
tures des ganglions de la base, en particulier à la suite d’état de
mal épileptique. Selon ces données, les ganglions de la base
interviendraient dans la propagation des crises et participe-
raient à l’expression motrice des crises.
Au cours des années 1980, plusieurs études ont montré que la
potentialisation pharmacologique de la transmission GABA-
ergique au sein de la SNr – ainsi que toute manipulation qui
tend à diminuer l’activité de cette structure – a des effets anti-
épileptiques, aussi bien sur le plan clinique qu’électroencéphalo-
graphique, dans différents modèles de crises épileptiques géné-
ralisées chez le rat (3). Ces modèles ayant des circuits
initiateurs très différents (électrochoc, convulsivants, embrase-
ment, épilepsie-absence génétique), il a été proposé que des
neurones de la SNr participaient à un système qui contrôlerait
différents types de crises impliquant le cerveau antérieur (3).
Les crises toniques, en revanche, qui impliquent essentielle-
ment des structures du tronc cérébral et qui ne s’accompagnent
pas de décharge paroxystique au niveau cortical, ne sont pas
modifiées par l’inhibition de la SNr. Les mécanismes par les-
quels l’inhibition de la SNr possède des effets antiépileptiques
ne sont pas connus à l’heure actuelle. Il semble, cependant, que
les voies GABAergiques issues de cette structure et qui se pro-
jettent sur les couches intermédiaires et profondes du colliculus
supérieur sont plus particulièrement impliquées (3).
L’activation de la voie striato-nigrale directe par l’injection
dans le striatum d’agonistes des récepteurs du glutamate ou
d’agonistes mixtes dopaminergiques diminue les crises d’épi-
lepsie dans plusieurs modèles animaux. De même, une action
antiépileptique est observée après l’injection d’agonistes des
récepteurs dopaminergiques D2dans le striatum (4). Cet effet
semble mettre en jeu la voie striato-nigrale indirecte par une
désinhibition du pallidum et une réduction de l’activité du
noyau sous-thalamique. En effet, l’inhibition de l’influence
excitatrice du noyau sous-thalamique sur la SNr (blocage des
récepteurs NMDA dans la SNr, inhibition du noyau sous-
thalamique par injection d’un agoniste du GABA) se traduit
dans tous les cas par une suppression des crises dans différents
modèles (4). L’inhibition du noyau sous-thalamique par des sti-
mulations électriques à haute fréquence permet également d’in-
terrompre certaines crises d’épilepsie chez le rat (10).
L’ensemble de ces résultats suggère que la mise en jeu des
ganglions de la base conduit à une suppression des crises
Cortex c r bral
Striatum
D2D1
Voie
directe
Voie
indirecte
Substance noire
compacte
Aire tegmentale
ventrale
Pallidum
externe
Noyau sous-
thalamique
Substance noire
r ticul e
Pallidum interne
Glu/Asp
GABA
Dopamine
Figure. Représentation schématique de l’organisation fonctionnelle des
ganglions de la base (d’après 1). L’épaisseur des différentes projections
rend compte de leur activité de base.