8 juin 2016 Trois pays dont l’instabilité pourrait influer sur les cours du pétrole Introduction L’incapacité de l’OPEP et de la Russie de s’entendre sur des réductions de la production de pétrole plombe les cours du brut depuis un bon moment. Depuis quelque temps, cependant, cette pression est partiellement contrebalancée par des risques croissants pour la production pétrolière de trois pays de plus en plus instables, le Venezuela, le Nigeria et l’Irak, qui produisent ensemble au-delà de 8 millions de barils par jour. Ces trois États ont en commun des niveaux extrêmes de mauvaise gestion économique, de dysfonctionnement politique et de violence. En plus des prix du pétrole, les investisseurs devraient surveiller les signaux suivants, annonciateurs d’une aggravation de l’instabilité politique dans ces pays : une diminution forte et continue des réserves de change; des manifestations réunissant des dizaines de milliers de personnes; le fait que des travailleurs du pétrole, des soldats et des employés clés de l’État ne soient pas rémunérés à temps. Chacun de ces facteurs a le potentiel non seulement de faire basculer ces pays dans un chaos plus grand encore, mais aussi d’entraîner l’arrêt d’importantes activités de production de pétrole. Le Venezuela au bord de l’implosion? L’état de l’économie du Venezuela, qui tire plus de 95 % de ses revenus d’exportation du pétrole, s’est détérioré de manière constante jusqu’à devenir désastreux. L’économie s’est contractée de 5,7 % l’année dernière et devrait reculer de 8 % en 2016, selon le Fonds monétaire international (FMI). La dette publique, qui s’élève à 50 % du PIB du pays, semble appelée à augmenter fortement dans un avenir rapproché, par suite de la chute des cours du pétrole, de la mauvaise gestion de l’économie et de la diminution des réserves de change (nous y reviendrons). Le FMI prévoit en effet que le Venezuela enregistrera un déficit budgétaire de 23 % en 2016. Le pays a aussi une dette extérieure de 127 milliards de dollars US (l’équivalent d’environ 26 % de son PIB)1. Il a besoin d’un prix du baril d’au moins 121 $ pour équilibrer son budget. Le FMI prévoit que l’inflation y atteindra 481 % à la fin de l’année. Le Venezuela est également aux prises avec de graves pénuries d’aliments, de médicaments et d’autres biens de première nécessité dues à une mauvaise gestion de l’économie. L’imposition de contrôles des prix a dissuadé des entreprises de produire des biens, qu’elles auraient vendus à perte. Cela, conjugué à la nationalisation forcée de milliers d’entreprises, a rendu l’économie vénézuélienne incapable de produire quoi que ce soit qui ait de la valeur en dehors du pétrole. Enfin, l’effondrement du prix du baril a gravement miné la capacité du pays d’importer des biens. Des pannes d’électricité massives n’ont fait qu’empirer les choses. En raison des niveaux d’eau dangereusement bas au gigantesque barrage de Guri – où sont produits près de 70 % de l’électricité du pays –, il a fallu réduire fortement la production d’électricité. La sécheresse est principalement en cause, mais d’autres facteurs expliquent aussi la situation. Le gouvernement national, qui subventionne fortement la consommation d’électricité, n’a pas investi pour que la capacité de production suive la demande. Les fonds qui avaient été mis de côté pour la construction de nouvelles centrales ont 1 « Nicolas Maduro, Venezuela’s lord of misrule », The Financial Times, 20 mai 2016 GÉOPOLITIQUE EN BREF été, pour l’essentiel, engloutis par la corruption. L’eau est aujourd’hui rationnée à l’échelle du pays, et le gouvernement ordonnait récemment aux fonctionnaires de ne plus travailler que deux jours par semaine pour économiser l’électricité. La situation est tout aussi sombre sur la scène politique. Des pressions de plus en plus fortes s’exercent sur le président Nicolas Maduro, celui que Hugo Chavez (1999-2013) avait lui-même désigné pour lui succéder. Des sondages récents situent sa côte de popularité à 15 % seulement, et plus de 70 % des Vénézuéliens souhaiteraient son départ2. Cela n’empêche toutefois pas le président de s’accrocher au pouvoir. Les électeurs ont bien donné le contrôle de l’Assemblée nationale à l’opposition récemment, une première en 16 ans, mais le président utilise son contrôle de l’appareil judiciaire et d’autres institutions nationales pour limiter le pouvoir de cette dernière. Il a aussi décrété récemment l’état d’urgence pour une durée de 60 jours – qui pourrait s’étendre jusqu’en 2017 –, invoquant des menaces extérieures. L’opposition a récemment déposé 1,85 million de signatures en faveur d’un référendum pour destituer le président. Si leur validité est reconnue, 4 millions de signatures devront ensuite être recueillies pour qu’un vote de révocation soit tenu. Le Conseil électoral national, réputé proche du pouvoir, fera cependant tout pour bloquer ou ralentir le processus. Le temps presse, car la Constitution prévoit qu’en cas de destitution du président au cours des deux dernières années de son mandat, le vice-président le remplace; il n’y a pas de nouvelle élection. Pour qu’une élection ait lieu, il faudrait qu’un référendum révocatoire gagnant ait lieu avant le 10 janvier 2017. Même dans l’éventualité d’un transfert pacifique du pouvoir à l’opposition, la situation resterait très précaire. Le nouveau gouvernement serait confronté à la tâche politiquement difficile de redresser les finances du pays en augmentant les prix de l’électricité, de l’eau et de l’essence. Appliquer de telles mesures constituerait déjà un défi économique et politique titanesque dans un contexte relativement stable. Essayer de le faire dans un pays dont l’économie est en lambeaux et où les tensions politiques sont à leur comble causerait vraisemblablement encore plus d’instabilité à court terme. Par exemple, alors que l’abolition des subventions à la consommation d’eau et d’énergie est la chose à faire pour le long terme, à court terme, elle aggraverait encore l’inflation. Malgré la grande richesse pétrolière du Venezuela et le long boom pétrolier mondial qui a précédé l’effondrement récent des cours, les réserves de change du pays ont chuté en mai à 12,1 milliards de dollars US, leur plus bas niveau depuis 13 ans. Il semble cependant que l’État ait des actifs étrangers additionnels d’une valeur de 10 à 20 milliards de dollars US qu’il pourrait vendre pour payer des factures. Le Venezuela devra honorer des paiements obligataires d’environ 7 milliards de dollars US cette année (surtout au quatrième trimestre)3. L’État veut à tout prix éviter un défaut parce que cela pourrait entraîner la saisie d’actifs établis à l’étranger tels que Citgo Petroleum Corporation, qui possède trois raffineries et des milliers de stations-service aux États-Unis. Citgo est une filiale de PDVSA, la société pétrolière d’État. Quant à la Chine, qui a déjà prêté 65 milliards de dollars US au Venezuela pour des livraisons de pétrole à venir, elle serait réticente à lui consentir de nouveaux prêts. Les difficultés du secteur pétrolier vénézuélien Le secteur pétrolier éprouve aussi de graves difficultés. Le Venezuela produit environ 2,38 millions de barils de pétrole par jour (Mb/j) aujourd’hui par rapport à 2,69 Mb/j en décembre dernier et à un sommet de 3,3 Mb/j atteint il y a 14 ans (voir le graphique qui suit). Le déclin de la production est dû à deux facteurs essentiellement. D’abord, la nationalisation du secteur pétrolier au cours de la dernière décennie a fait fuir la plupart des investisseurs étrangers. Ensuite, PDVSA, la société pétrolière d’État, doit depuis longtemps diriger une forte proportion de ses revenus vers des initiatives du gouvernement. Tout cela a privé ses gisements d’investissements dont ils avaient cruellement besoin. Plus récemment, tout espoir de voir le rythme de production augmenter pour maximiser les revenus s’est évanoui avec la pénurie d’électricité et la décision de plusieurs sociétés internationales de services pétroliers de réduire leurs activités au Venezuela pour non-paiement de services fournis. 2 3 « These 5 Facts Explain Why Venezuela Could Be on the Brink of Collapse », Time Magazine, 19 mai 2016 « How Venezuela fell into crisis », The New York Times, 27 mai 2016 2 GÉOPOLITIQUE EN BREF Venezuela : Baisse de la production et des réserves de change Chiffres de l’EIA et réserves de la banque centrale 3,400 Milliers de barils/jour Milliards $ US 60 3,200 56 3,000 52 2,800 Production de pétrole brut (g) 2,600 48 44 2,400 40 2,200 36 2,000 32 1,800 28 1,600 24 Réserves internationales (d) 1,400 1,200 20 16 1,000 12 800 8 600 4 400 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 0 2016 FBN Économie et Stratégie (données de Datastream) À moins d’une forte hausse du cours du pétrole, la situation économique et politique continuera sans doute d’empirer au Venezuela, d’où les probabilités élevées que le pays fasse défaut sur sa dette dans un avenir rapproché. Le risque d’escalade de la violence et de renversement du gouvernement ne doit pas être sous-estimé. Qui plus est, la production de pétrole vénézuélienne devrait continuer de diminuer dans un avenir prévisible. Nous notons les éléments suivants, qui pourraient être précurseurs d’une chute du gouvernement : Il semble que des travailleurs du pétrole et des unités de l’armée ne soient pas payés. Cela pourrait mener à des grèves massives ou à un coup d’État, voire les deux. (Nous pensons qu’à court terme le gouvernement réaffectera ses maigres ressources financières pour s’assurer que ces groupes soient payés.) La population pauvre des régions urbaines, électorat traditionnel du parti au pouvoir, a commencé à prendre part à des manifestations de masse. Les réserves de change continuent de baisser (voir le graphique ci-dessus). Le meilleur scénario serait celui d’une transition vers un nouveau gouvernement conjuguée à une aide financière importante du FMI, des États-Unis et de la Chine pour éviter que l’économie s’écroule complètement. Cette aide serait versée pour deux raisons : 1) parce que l’effondrement du Venezuela pourrait provoquer de l’instabilité partout en Amérique latine; et 2) parce que la Chine voudrait conserver son influence dans ce pays et s’assurer que ses prêts lui soient remboursés. Au Nigeria, la situation économique empire Le Nigeria a lui aussi été frappé de plein fouet par la chute des cours du pétrole, lequel représente 95 % de ses revenus d’exportation4. Son économie a crû de 2,8 % en 2015, le rythme le plus faible depuis 1999; sa croissance avait été de 6,2 % en 2014. Et la situation continue d’empirer, le PIB ayant baissé de 0,36 % au premier trimestre de 2016. Sur une note plus positive, le FMI estime que la dette publique ne représentera que 17 % du PIB à la fin de 2016. Les niveaux de dette étrangère sont aussi très faibles (2,9 % du PIB). La faiblesse des prix du pétrole a cependant réduit les fonds disponibles pour les importations, dont celles de produits pétroliers raffinés. Résultat : le pays connaît une pénurie d’essence. Bien qu’il produise quotidiennement des millions de 4 « Why Nigeria’s Budget Is Unsustainable », Stratfor, 2 février 2016 3 GÉOPOLITIQUE EN BREF barils de pétrole, le Nigeria doit s’en remettre à l’importation massive d’essence, n’ayant pas de raffineries sur son territoire. La subvention des prix de l’essence incite fortement des responsables corrompus à voler le carburant pour le vendre à des pays voisins aux prix du marché mondial. Souhaitant réprimer ce commerce illicite et encourager une utilisation plus efficiente de l’essence, le gouvernement a récemment augmenté le prix de celle-ci de 67 % (0,43 $ le litre aux prix du marché noir)5. Mais cela ne remplacera pas la déréglementation complète des prix qui serait nécessaire pour pallier les pénuries chroniques et favoriser la construction de raffineries. Au-delà de ces difficultés économiques, le nord du pays est le théâtre d’attaques du groupe terroriste islamique Boko Haram. Le conflit avec ce groupe, qui dure depuis sept ans, a fait des milliers de morts et est catastrophique pour l’économie. Depuis qu’il a été expulsé de grandes parties du territoire qu’il contrôlait il y a un an, le groupe djihadiste multiple les attentats-suicides et les massacres de civils. Ces attaques ont attisé les tensions religieuses au sein de la population nigériane (180 millions d’habitants), répartie presque également entre chrétiens et musulmans. La production de pétrole menacée Parallèlement, des militants de la région du delta du Niger (dans le sud), riche en pétrole mais défavorisée, lancent des attaques contre des oléoducs et des infrastructures connexes. À la mi-mai, cela avait fait chuter la production à 1,41 Mb/j (contre 1,69 Mb/j en avril), son niveau le plus bas depuis 27 ans. Un tiers environ du pétrole nigérian est extrait en haute mer, ce qui préserve cette partie de la production des attaques6. En 2009, quelque 30 000 militants du delta qui sabotaient des installations pétrolières depuis des années avaient déposé les armes en échange d’argent. Après la décision du président Muhammadu, récemment élu, de réduire fortement ces paiements, les attaques ont repris. Les militants en colère réclament aussi que la région du delta du Niger reçoive une plus grande proportion de la richesse tirée du pétrole. Nigeria : Baisse de la production de pétrole et des réserves de change Chiffres de l’EIA et réserves de la banque centrale 2,600 Milliers de barils/jour Milliards $ US 70 2,500 65 2,400 60 2,300 55 Production de pétrole brut (g) 2,200 50 2,100 45 2,000 40 1,900 35 1,800 30 Réserves internationales (d) 1,700 25 1,600 20 1,500 15 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 FBN Économie et Stratégie (données de Datastream) Selon le scénario le plus probable, le Nigeria sera forcé de rétablir les paiements aux militants du delta pour protéger la production pétrolière. Le pays a désespérément besoin des revenus qu’il tire de la production de pétrole pour garder son économie à flot et payer des importations vitales. 5 6 « A fuel and your money », The Economist, 19 mai 2016 « The Niger Delta Avengers Motives Are a Mystery », Stratfor, 17 mai 2016 4 GÉOPOLITIQUE EN BREF En conséquence de la faiblesse des prix du pétrole (le Nigeria a besoin d’un prix du baril de 104 $ pour équilibrer son budget), de la corruption généralisée, des attaques terroristes et de la position de l’État en faveur de l’arrimage de la devise au dollar américain, les réserves de change du pays ont chuté à moins de 27 milliards de dollars US, leur niveau le plus faible depuis 2005 (voir le graphique ci-dessus). Malgré les nombreuses difficultés économiques auxquelles il est confronté, le Nigeria n’est pas appelé, à notre avis, à connaître à court terme un effondrement semblable à celui qui guette le Venezuela. Le fait que le gouvernement ait récemment relevé le prix de l’essence en réponse aux pénuries montre qu’il cherche à corriger certaines politiques. Compte tenu de sa taille, le Nigeria est aussi considéré par la communauté internationale comme beaucoup trop important pour sombrer. Par exemple, l’Union européenne et d’autres groupes ont récemment promis une aide de 916 millions d’euros au Nigeria pour lutter contre Boko Haram. L’Irak, déchiré par les tensions religieuses et ethniques Treize ans après la chute du régime de Saddam Hussein, l’Irak se débat toujours avec la violence, les tensions ethniques et des niveaux ahurissants de corruption. L’effondrement des cours du pétrole, qui représente 93 % des recettes de l’État, n’a fait qu’aggraver les choses. L’Irak croule aussi sous le poids d’une énorme dette. On prévoit que la dette publique atteindra 93 % du PIB cette année7, le taux le plus élevé des pays exportateurs de pétrole du Moyen-Orient. Le FMI estime que 35 % de cette dette est libellée en devises étrangères. Le groupe armé État islamique, qui a perdu près de la moitié du territoire qu’il contrôlait en Irak, réagit aux reculs que lui inflige la coalition internationale menée par les États-Unis en commettant davantage d’attentats-suicides en zones civiles. Pour compliquer les choses, des troupes irakiennes et des milices chiites financées par l’Iran auraient, après avoir repris des régions aux djihadistes, lancé des représailles contre des civils sunnites, ce à quoi des groupes sunnites ne manqueront sûrement pas de riposter. Quant à l’État, il est coincé entre des manifestants qui réclament la fin de la corruption et l’amélioration des services d’électricité et d’eau et une classe dirigeante prisonnière d’un différend sans issue à propos des postes au cabinet, qui sont répartis entre des blocs politiques fondés sur l’ethnicité. Les divisions ethniques en Irak paraissent presque impossibles à concilier. La majorité chiite contrôle le gouvernement, les Kurdes tendent de plus en plus vers l’indépendance et la population sunnite se sent marginalisée depuis qu’elle a été écartée du pouvoir en 2003. On craint de plus en plus que l’éclatement du pays en fonction de critères ethniques soit inévitable. Des 35 millions d’habitants de l’Irak, 55 % sont des Arabes chiites, 19 % sont des Arabes sunnites et 21 % sont des Kurdes. Majoritairement sunnites, les Kurdes se considèrent ethniquement distincts des Arabes. Mais la division du pays en fonction de critères ethniques pourrait aussi causer encore plus de violence. Pour commencer, la délimitation des frontières donnerait lieu à d’intenses confrontations. Le problème est encore amplifié par le fait que la région sunnite a peu de réserves de pétrole et un accès limité aux ports. Ces deux lacunes laisseraient les Sunnites dans une situation pire, économiquement, que celle des deux autres groupes. Cela serait une source perpétuelle de ressentiment qui ne ferait qu’accentuer l’instabilité. L’Irak conserve néanmoins certains avantages géopolitiques importants. 1. Il est trop grand pour sombrer (du moins à court terme). De nombreux pays et régions, dont l’Iran, l’Europe et les États-Unis, redoutent les conséquences d’un effondrement total de l’Irak et le soutiendront, financièrement et militairement, pour le garder à flot. L’accord conclu récemment avec le FMI pour un prêt de 5,4 milliards de dollars sur trois ans en est un exemple concret. 2. À la fin de 2015, les réserves de change du pays valaient 54 milliards de dollars8, soit bien plus que celles du Nigeria ou du Venezuela. Le gouvernement estime cependant qu’elles auront chuté à 43 milliards de dollars à la fin de 20169. 7 « Green Zone Breach Exposes Iraq’s Growing Political Paralysis », Bloomberg, 1er mai 2016 5 GÉOPOLITIQUE EN BREF 3. L’Irak a besoin d’un prix du baril de 60 $ pour équilibrer son budget, contre 120 $ pour le Venezuela et 104 $ pour le Nigeria. 4. La production de pétrole du pays a monté à 4,55 Mb/j le mois dernier, comparativement à 3,4 Mb/j en janvier 2015. Et un facteur est extrêmement favorable à l’Irak : la plupart de ses installations de production sont situées profondément en territoires chiite et kurde, loin des zones de conflit. Les coûts d’accès aux gisements de pétrole irakiens sont aussi parmi les plus faibles au monde. Pendant combien de temps l’Irak pourra-t-il augmenter sa production dans un contexte d’instabilité croissante? Chiffres de l’EIA et réserves selon les données de la COSIT 4,600 Milliers de barils/jour Milliards $ US 4,400 80 Réserves internationales (d) 4,200 85 75 4,000 70 3,800 65 3,600 60 3,400 55 3,200 50 3,000 45 2,800 40 Production de pétrole brut (g) 2,600 35 2,400 30 2,200 25 2,000 20 1,800 15 1,600 10 1,400 5 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 FBN Économie et Stratégie (données de Datastream) À plus long terme, cependant, en raison du chaos persistant et des craintes qu’il n’éclate, l’Irak aura de plus en plus de mal à attirer les investissements dont il a besoin pour maintenir et accroître sa production, en particulier dans un contexte de faiblesse des cours. Ce risque est accentué par le fait que le gouvernement, de plus en plus, accuse des retards de paiement à l’égard de sociétés étrangères ayant des activités dans le secteur pétrolier irakien. Les faibles prix du pétrole, la guerre contre le groupe armé État islamique et la corruption ont miné les finances du pays. Le meilleur scénario serait que l’Irak soit gouverné comme une fédération largement décentralisée et que les revenus du pétrole soient répartis également entre les régions et les groupes ethniques du pays. Mais après des décennies de bains de sang, parvenir à ce stade exigerait des efforts herculéens et nécessiterait une aide financière à long terme de la communauté internationale. Conclusion L’instabilité politique grandissante au Venezuela, au Nigeria et en Irak pourrait entraîner de nouvelles perturbations des capacités de production de pétrole de ces pays. Cela pourrait pousser le prix du pétrole à la hausse à court terme et faire au moins en partie contrepoids à l’incapacité de l’OPEP d’en arriver à un accord pour réduire la production de pétrole. Parmi les signaux potentiellement précurseurs d’une accentuation de l’instabilité, notons une baisse continue des réserves de change et des manifestations réunissant des dizaines de milliers de travailleurs et de soldats qui ne sont pas payés à temps. Chacun de ces facteurs a le potentiel non seulement de faire basculer ces pays dans un chaos encore plus grand, d’entraîner l’arrêt d’importantes activités de production de pétrole. 8 9 « Iraqi Kurds plead to allies for financial help », Financial Times, 14 avril 2016 « Iraq sees foreign reserves dropping to $43 bln in 2016 - IMF memo », Reuters, 21 janvier 2016 6 GÉOPOLITIQUE EN BREF ÉCONOMIE ET STRATÉGIE Bureau Montréal 514 879-2529 Bureau Toronto 416 869-8598 Stéfane Marion Marc Pinsonneault Warren Lovely Économiste et stratège en chef [email protected] Économiste principal [email protected] DG, recherche et stratégie secteurs publics [email protected] Paul-André Pinsonnault Matthieu Arseneau Économiste principal, Revenu fixe [email protected] Économiste principal [email protected] Krishen Rangasamy Angelo Katsoras Économiste principal [email protected] Analyste associé, géopolitique [email protected] Généralités : La Financière Banque Nationale (FBN) est une filiale en propriété exclusive indirecte de la Banque Nationale du Canada. 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