Psyché - Molière/Lully

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PSYCHÉ
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SOMMAIRE
UNE VERSION INEDITE DU MYTHE DE PSYCHÉ ................................................................................................
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DISTRIBUTION ................................ ................................................................................................................................
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BIOGRAPHIE DES ARTISTES ................................................................................................................................
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CÔTÉ MISE EN SCÈNE ................................................................................................................................
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CÔTÉ MUSIQUE ................................................................
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JEAN-BAPTISTE LULLY 1632-1687 : ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES
BIOGRAPHI
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MOLIERE -CORNEILLE :................................
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MOLIERE -LULLY :................................
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SYNOPSIS ................................................................
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POUR UNE MEILLEURE LECTURE
ECTURE DU LIVRET :................................................................................................
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LE MYTHE DE PSYCH É................................
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................................ ...............................15
LE MYTHE DE PSYCH É DANS LA LITTERATURE ET LES ARTS ................................................................
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LA PRESSE EN PARLE ................................................................................................................................
................................
................................................................ 18
POUR EN SAVOIR PLUS................................
................................................................ ................................................................
............................................................ 21
POUR JOINDRE LE SERVICE
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JEUNE PUBLIC
OPERA DE REIMS
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Laure Bergougnan, professeur relais,
relais est présente tous les mercredis après midi
03 26 61 91 94 - [email protected]
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UNE VERSION INEDITE DU MYTHE DE PSYCHÉ
LONDIVEAU
Adulée sur Terre, la princesse Psyché déclenche les fureurs de Vénus qui charge alors son fils,
l’Amour, d’exécuter sa vengeance. Mais celui-ci, fraîchement métamorphosé en jeune homme, entre
"en résistance" ! Il enlève la belle pour
l’aimer dans un somptueux palais, à l’abri du
regard des mortels... et de sa mère ! Afin de
célébrer la puissance du Roi Soleil et ainsi
éblouir la cour, Molière, Corneille, Quinault et
Lully, réunirent leurs talents autour de ce
sujet emprunté à la mythologie. Tel un miroir,
dans ce XVIIème siècle qui adorait le
merveilleux, le monde des Dieux reflète celui
des humains (et vice-versa!) et la rencontre
entre les deux clans fait des étincelles, pour
notre plus grand plaisir! La compagnie du
Griffon et la compagnie les Bijoux Indiscrets
vous proposent, non pas la reconstitution
d’une tragédie-ballet ou d’une pièce à
machines, mais la relecture d’un récit initiatique dont les personnages restent étonnamment proches
de nous. Sur scène : huit comédiens, quatre chanteurs, une danseuse et quatorze musiciens
(instruments anciens) vous invitent à sourire et à rêver.
A partir de deux matériaux : la tragédie ballet de 1671 (pièce de Molière et Pierre Corneille,
intermèdes musicaux de Lully sur un livret de Quinault) et la tragédie lyrique de 1678 (Livret de
Thomas Corneille et musique de Lully) nos deux compagnies, l’une théâtrale (Compagnie du Griffon,
direction Julien Balajas), l’autre musicale (Compagnie Les Bijoux Indiscrets, direction Claire Bodin)
proposent aux spectateurs une version inédite du mythe de Psyché.
Le spectacle suit la trame de la pièce (version abrégée) et inclut une heure de musique
(instrumentale et vocale).
La musique, très présente, n’a pas ici vocation à servir d’intermèdes (comme c’était le cas dans les
tragédies ballets). En effet nous avons souhaité une interaction permanente entre théâtre et
musique. Cette dernière, en s’insérant avec fluidité dans les scènes, soutient l’action dramatique, lui
permet de respirer et lui redonne une autre densité.
Claire Bodin et Julien Balajas
DURÉE DU SPECTACLE : 3 HEURES
ENTRACTE APRES LE IIIE ACTE
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DISTRIBUTION
Nous avons droit à une double distribution puisque chaque rôle est tenu à la fois par un comédien et
un chanteur, qui alternent voire coexistent en scène, sans risque de confusion, grâce à une mise en
scène parfaitement lisible.
CLAIRE BODIN Direction musicale et choix musicaux
JULIEN BALAJAS Mise en scène et adaptation
SARAH BERREBY Chorégraphie
LUC LONDIVEAU Scénographie
GABRIEL VACHER Costumes
MARC-ANTOINE VELLUTINI Lumières
AURELIE COHEN Assistante à la mise en scène
COMPAGNIE DU GRIFFON
OPHELIE KOERING Vénus
AURELIE COHEN Aglaure
VERONIQUE DIMICOLI Cydippe et le Fleuve
MAÏA GUERITTE Psyché
BRUNO DETANTE Cléomène
JEAN-JACQUES ROUVIERE Zéphyr et Agénor
JULIEN BALAJAS Amour
GUY LAMARQUE Le Roi et Jupiter
COMPAGNIE LES BIJOUX INDISCRETS
Instruments anciens
Chanteurs
EUGENIE WARNIER Soprano
LINA YANG Soprano
RENAUD TRIPATHI/FRANÇOIS-NICOLAS GESLOT
Haute-contre
CARL GHAZAROSSIAN Ténor
LUIGI DE DONATO Basse
Danseuse
SARAH BERREBY
Nouvelle production de l’Opéra Toulon Provence
Méditerranée
Compagnie du Griffon, Julien Balajas
Compagnie Les Bijoux Indiscrets, Claire Bodin
Production Opéra de Toulon Provence
Méditerrannée et de l’Opéra National de
Montpellier Languedoc-Roussillon, Compagnie du
Griffon, Julien Balajas / Compagnie Les Bijoux
Indiscrets, Claire Bodin
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BIOGRAPHIE DES ARTISTES
CLAIRE BODIN
CLAVECINISTE, DIRECTRICE ARTISTIQUE
Claire Bodin étudie le clavecin au CNR d’Angers et obtient un
premier prix de clavecin à l’unanimité (1986).
Elle entre ensuite au Conservatoire National Supérieur de Paris et
obtient un Premier Prix de clavecin à l’unanimité et un Premier Prix
de basse chiffrée (1988).
Titulaire du Diplôme d’état de musique ancienne (1989), et du
Certificat d’Aptitude à l’enseignement du clavecin (1993), elle
enseigne dans divers conservatoires dont celui de Metz (durant neuf
ans) puis au
CNR de Toulon.
Elle a travaillé avec Françoise Marmin, Laurence Boulay,
Françoise Lengellé, Kenneth Gilbert, Jan Willem Jansen et avec
Jos van Immerseel à Anvers.
Elle est médaille d’or de chant (classe de Juan Carlos Morales) et est ensuite admise à suivre
plusieurs masters classes d’Udo Reinemann (lieder et mélodies).
Elle se produit régulièrement en soliste ou au sein de diverses formations notamment au sein de la
compagnie Les Bijoux Indiscrets qu’elle a créée en 2005 et dont elle assure la direction artistique et
musicale.
Elle a participé à de nombreux festivals tels le Festivals d’Aix en Provence, le Festival de Sablé, le
Festival de la Tarentaise, Musée des Tissus de Lyon, Ballades à Bourges, le Festival Colla Voce de
Poitiers… Elle a, par ailleurs, donné des concerts au Centre de Musique Baroque de Versailles, au
Théâtre de Chartres, au Théâtre de Tours, au Théâtre National de Strasbourg, au Théâtre de Metz,
pour l’association Anacréon d’Angers, à l’Arsenal de Metz, au Château de Manderen, (Lorraine), au
Foyer Campra de Théâtre de Toulon, « la route des orgues de Moselle », etc.
En tant que continuiste ou soliste, elle participe régulièrement à divers projets de musique ancienne
mais aussi à des concerts de musique contemporaine notamment :
 Passacaille et Continuum de LIGETI à l’Arsenal de Metz en présence du compositeur (2001)
 Concerto pour clavecin de DE FALLA et la Sonate de CARTER avec l’atelier de Touraine
 Pandémonium de François NARBONI avec la Compagnie de danse Fatoumi- Lamoureux,
(enregistrement chez 3D Classics).
JULIEN BALAJAS
ACTEUR ET METTEUR EN SCENE
En 1999, il décroche son premier rôle dans Poil de Carotte au Théâtre Dejazet où il joue le rôletitre. Au Théâtre Fontaine, dans la compagnie Colette Roumanoff, il interprète Chérubin dans Le
Mariage de Figaro puis Léandre dans Les Fourberies de Scapin.
Dans le même temps, il travaille le clown au sein de la compagnie Corossol et la commedia
dell’arte avec le Théâtre du Hibou.
Puis, en 2003, Collette Roumanoff lui propose deux rôles dans une comédie musicale pour enfants,
Plus Belle que Toi, une version de Blanche-neige totalement déjantée qui sera jouée à Paris, en
Province et même au Sénégal.
Trois ans plus tard, il est le fils du Rabin dans un chef -d’œuvre de la comédie musicale: Un violon
sur le Toit mis en scène par Olivier Bénézech et Jeanne Deschaux (Casino de Paris puis tournée en
France, Suisse et Belgique).
En mars 2009, il est Rico, dans le spectacle musical L’Utopie à Crédit de Daniel Lemahieu (texte) et
Jean-Philippe Vanbeselaere (musique) qui s’est joué dans le cirque Jules Verne d’Amiens.
En janvier 2009, au sein de La compagnie du Griffon qu’il dirige, il met en scène une version
purement théâtrale de Psyché de Molière et Corneille à Luçon, puis Chantilly. En octobre de la
même année, à l’Opéra de Toulon, et en collaboration avec l’ensemble de musique baroque Les
Bijoux Indiscrets (direction musicale : Claire Bodin), il monte une version lyrique de Psyché, repris en
novembre à l’Opéra de Montpellier.
En Mars 2010, il a été l’assistant d’Olivier Benezch pour la création nationale de Street scene de
Kurt Weil, à l’Opéra de Toulon.
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CÔTÉ MISE EN SCÈNE
Psyché découvre le sentiment amoureux (ses joies et ses souffrances) et renonce à sa vie passée
dans le cercle familial.
L’Amour se métamorphose en jeune homme et impose ses choix bravant ainsi l’autorité parentale.
Psyché, L’Amour : tous deux quittent l’Enfance pour devenir, au terme des épreuves rencontrées,
des adultes responsables.
Au-delà de la beauté du langage du XVIIème et de la puissance évocatrice des vers, cette pièce m’a
séduit par son caractère baroque, bigarré.
On voyage, en effet, de lieux terrestres en lieux divins, on assiste à des scènes tour à tour comiques
ou tragiques, et le ton de la pièce est à la fois féerique et contemporain, naïf et incisif.
Psyché est à la fois un conte (on retrouve dans l’histoire des similitudes avec Cendrillon, BlancheNeige et La Belle et la Bête) et une étude de mœurs : les rapports et les enjeux des personnages
restent très actuels (une mère qui veut rester éternellement jeune, des jeunes filles complexées et
mal dans leur peau…).
Le spectacle situe l’action dans la période 1900-1925.
Dans Psyché, les figures féminines sont
omniprésentes. Aussi le premier quart du
XXème témoigne d’une réelle émancipation
de la Femme, plus significative encore que
dans les années soixante : le corset vit ses
derniers instants, les femmes accèdent à des
postes d’hommes durant la guerre, mais
surtout elles affirment leurs désirs, tout
comme le fait Psyché.
C’est aussi une période charnière; un
nouveau monde voit le jour (l’exposition
universelle à Paris, les débuts de l’aviation et
du cinéma, le sacre de l’Art Nouveau…)
tandis que l’autre s’efface (le déclin annoncé
des monarques, la crise puis la désaffection croissante du christianisme, la Grande guerre qui
s’approche…).
Dans l’inconscient collectif, l’image que nous avons de 1900 est celle d’une époque où l’Art, la
Science, et l’Histoire peuvent encore faire coexister le réel et l’onirique.
JULIEN BALAJAS
PSYCHÉ
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CÔTÉ MUSIQUE
INTEMPORALITES DES THEMATIQUES DE PSYCHÉ ET
LIENS AVEC LE XVIIEME
La version allégée de la pièce, réalisée par Julien Balajas, en permet
une approche plus directe, sans doute plus accessible à tous publics,
en particulier ceux constitués par des adolescents, qui peuvent être
sensibles aux thématiques éternellement modernes de l’œuvre. Il
m’a cependant semblé intéressant que la mise en valeur de
l’intemporalité de ces thèmes, renforcée par la mise en scène de
Julien Balajas reste reliée au contexte de l’époque de sa création,
par d’autres éléments que la seule écoute de la langue du XVIIème
siècle.
INTERPRÉTATION SUR INSTRUMENTS ANCIENS, CINQ
CHANTEURS ET UNE DANSEUSE
Le choix d’une interprétation sur instruments anciens a été fait
d’entrée de jeu, la Compagnie Les Bijoux Indiscrets étant, à l’origine,
constituée de musiciens spécialisés en musique ancienne.
Cependant, d’un simple continuo (clavecin, théorbe, viole de gambe) envisagé au départ, nous avons
laissé notre envie nous guider vers une version plus représentative de l’orchestre baroque, même si
largement simplifiée, en engageant 15 musiciens dans cette aventure.
« L’essence » de l’orchestre de cette époque nous a semblé ainsi préservée, grâce à l’emploi de cinq
cordes, flûtes, hautbois, basson, théorbe, clavecin, percussions.
A été également décidée : la participation de cinq chanteurs et d’une danseuse chorégraphe
symbolisant l’omniprésence de la danse à la cour de Louis XIV.
MUSIQUE DE JEAN-BAPTISTE LULLY
Le choix de la musique de Jean-Baptiste Lully (1632-1687) s’est également imposé de lui-même.
Collaborateur de Molière de nombreuses années, et ayant par trois fois illustré musicalement le
thème de Psyché, il ne me semblait pas souhaitable de recourir à d’autres compositeurs de cette
époque pour défendre cette partie musicale souhaitée par Julien.
PSYCHÉ DANS L’OEUVRE DE LULLY
Sans rentrer dans des considérations d’ordre musicologique plus détaillées, nous pouvons souligner
que le thème de Psyché est présent dans l’œuvre de Lully comme une sorte de « leitmotiv », qui
illustre finalement chacun des états par lesquels le compositeur va passer, avant d’être reconnu
comme
le
grand
créateur
de
l’opéra
français
ou
tragédie
lyrique.
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 En 1656, Lully compositeur à la cour de Louis XIV depuis trois
ans, participe au « ballet de Psyché » dont les partitions sont
malheureusement perdues.
 En 1671, fruit de la dernière collaboration, souvent houleuse, des
deux « Baptiste », (Molière et Lully), naît la « tragédie ballet
Psyché ». La participation de Quinault est alors requise pour les
paroles des textes chantés, hormis ceux de la « plainte italienne »,
probablement de Lully lui-même.
 En 1678, Lully reprend la pièce de Molière adaptée en livret par
Thomas Corneille, frère de Pierre, et écrit sa sixième tragédie
lyrique. Il est à noter que les intermèdes musicaux du Psyché de
1671 seront intégralement repris dans cette tragédie.
CE N’EST PAS LA RECONSTITUTION D’UN SPECTACLE BAROQUE
Cette récurrence de la présence de Psyché dans l’œuvre de Lully m’a semblé musicalement riche et
intéressante à exploiter, dès lors qu’il était clair dans l’esprit de Julien Balajas qu’il ne souhaitait pas
faire de cette production une tentative de reconstitution d’un spectacle, tel qu’il pouvait se donner à
l’époque de Lully. Cette donnée, qu’il nous semble essentiel de mentionner, nous laissait dès lors
une liberté de création n’excluant pas le respect d’un certain nombre de paramètres liés à
l’interprétation des œuvres de cette époque.
UNE « NOUVELLE PSYCHÉ »
Deux partitions (tragédie ballet de 1671 et tragédie lyrique de 1678), étaient consultables et l’idée
d’utiliser des extraits de chacune d’entre elles m’a semblé séduisante.
Puisque nous ne donnions à voir et à entendre ni la tragédie ballet et ses intermèdes musicaux, ni la
tragédie lyrique, qui de toutes façons auraient demandé toutes deux des moyens beaucoup plus
importants que ceux envisagés (orchestre, présence de plusieurs danseurs, mise en scène, décors,
costumes...), pourquoi ne pas créer à notre tour une « nouvelle Psyché » et jouer avec ces différents
matériaux ?
C’est dans cette décision, prise en conscience, que se situe me semble t’il, l’originalité de notre
Psyché.
MIROIRS
La Psyché de 1671 (tragédie ballet) a été écrite dans un moment unique de l’histoire de la musique
en France et de la carrière de Lully.
Dernière collaboration entre Molière et Lully, dernière œuvre de Molière pour le Roi, première et
dernière tragédie ballet de Lully, Psyché semble fermer beaucoup de portes, alors qu’au contraire
elle en ouvre une géante : celle de la tragédie lyrique à laquelle Lully va donner naissance juste
après, en 1673, avec Cadmus et Hermione.
Il me plait de penser que, du point de vue musical, cette version de Psyché que nous allons produire
pourrait en quelque sorte correspondre aux préoccupations qu’avait Lully au moment de sa création.
En effet, la tragédie lyrique est issue de tous ces matériaux présents dans les œuvres précédentes
du compositeur (comédies ballets, tragédie ballet Psyché…) et deux ans avant son enfantement,
sans savoir encore exactement comment l’écrire et sous quelle forme exacte, ne pouvons-nous pas
imaginer que chantaient dans la tête du compositeur des morceaux importants de récits et airs
lorsqu’il entendait les scènes parlées ?
Cette juxtaposition d’éléments issus de temps différents avec lesquels nous jouons, est, me semble til, une manière d’en montrer aussi la proximité.
La Psyché de 1678 s’est regardée dans le miroir de celle de 1671 à l’époque de sa création, et sans
doute avec reconnaissance puisque tant d’éléments ont été repris, en quelque sorte notre Psyché
d’aujourd’hui supprime le tain de ce même miroir !
CLAIRE BODIN
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JEAN-BAPTISTE LULLY 1632-1687 : ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES
L’HISTOIRE
ASCENSION
D’UNE
FULGURANTE
Doté d’une intelligence suprême, Lully connaît une ascension irrésistible.
Il a su s’allier la faveur inconditionnelle de Louis XIV durant trente ans et
exercer une véritable dictature musicale en forgeant un « style français »
pour plus d’un siècle.
1632 : naissance à Florence. Fils d’un meunier, Jean-Baptiste Lully joue
très jeune de la guitare et ses talents le font remarquer par le duc de
Guise, de passage dans sa ville natale.
En 1643, Lully entre au service de la Grande Demoiselle, la duchesse
de Montpensier. Durant les dix années passées auprès d’elle, il apprend
la musique avec Michel Lambert, devient un violoniste talentueux et
compose ses premières œuvres.
En 1652 il opte pour le roi avant la fin de la Fronde et entre à son
service comme baladin.
En 1653, il devient compositeur de la Chambre du roi. Il dirige les Vingt-Quatre Violons puis les
Petits Violons (16 puis 20). Peu à peu, Lully écarte ses rivaux et notamment les autres italiens de la
Cour.
En 1661, Lully prend le titre de « Surintendant de la musique de chambre du Roy ».
L’année 1664 marque le début de sa collaboration avec Molière dont les comédies-ballets sont
le fruit. Mais bientôt, l’ambition dévorante du musicien entraîne la rupture avec Molière.
1669 est l’année de la fondation de l’Académie royale de musique, au profit de Perrin (poète) et
Cambert (musicien). Celle-ci fait faillite en 1672.
1772 : Lully reprend le flambeau et en profite pour évincer Molière en rachetant pour lui seul le
privilège de l’Académie d’opéra. Il s’entoure du poète Quinault, du décorateur Vigarini et du
chorégraphe Beauchamp.
1673 voit la naissance de la première tragédie lyrique : Cadmus et Hermione, œuvre de Lully et
Quinault. Le compositeur se fait donner la salle du Palais-Royal pour y installer l’Académie de
musique.
En 1681 Lully est annobli et devient « Monsieur l’Ecuyer de Lully » et secrétaire du Roi.
1687 : Lors d’une répétition de son Te Deum composé pour la convalescence du roi, Lully, scandant
la mesure à l’aide d’un lourd bâton, se donna un coup sur le gros orteil. L’inflammation qui s’ensuivit
ne fut pas correctement soignée et Lully mourut d’une gangrène.
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UN GÉNIE PROTÉIFORME
Lully n’était pas seulement le compositeur de génie que nous connaissons : il excellait dans
des domaines variés et plus largement dans tout ce qu’il pratiquait.
LE VIOLONISTE
Lully était un violoniste virtuose. Il a contribué à imposer cet instrument en France en créant, à
partir des « Vingt-quatre Violons du Roi », ce que l’on appelle les « petits violons » ou encore « la
petite bande ». Cet ensemble acquit une réputation européenne pour l’exactitude de son jeu, dans
l’esprit, toujours, de la musique de danse. Lully exécutait souvent des solos au sein des ballets de
Cour. Le magistrat et musicologue français Lecerf de la Viéville (1674-1707) affirme qu’il jouait
« divinement bien ».
LE GUITARISTE
Lecerf de la Viéville relate : « Le Premier Maître (…) qu’il fut (…) un Cordelier : Lulli s’en souvenoit
souvent, & il témoignoit de la reconnoissance pour ce bon Moine, qui lui donna le premier quelques
leçons de Musique, & lui apprit à jouer de la guitare. (…) Lulli commença par cet instrument, & la
guitare plus à la mode qu’aucun autre en Italie, 1 celui dont on y joue le mieux, fut celui qu’il connut
d’abord. Il conserva le reste de sa vie de l’inclination à en jouer. (…) Au contraire, lorsqu’il voyoit une
Guitare chez lui ou ailleurs. Il s’amusoit volontiers à battre ce chaudron-là, duquel il faisoit plus que
les autres n’en font. »
LE DANSEUR
Sur ce point encore, le témoignage de Lecerf de la Viéville est éloquent : Lully « n’avait point appris,
& il ne dansoit qu’ainsi de caprice & par hasard ; mais l’habitude de voir des danses, & un talent
extraordinaire pour tout ce qui appartient aux Spectacles le faisoient danser, sinon avec une grande
politesse, au moins avec une vivacité très agréable. »
Lully agit pour la danse, comme il le fit pour la musique : il poussa le niveau des exécutants vers le
haut. Les danseurs recrutés pour les ballets puis les opéras de furent plus que des professionnels.
LE METTEUR EN SCÈNE
« Lully mettait tous ses ballets et opéras en scène, allant même jusqu’à s’intéresser de près à la
conception des costumes, comme pour l’opéra « Amadis ». Il est nécessaire d’évoquer aussi les
machines utilisées dans ses tragédies en musique. C’est au cours d’une mise au point de dernière
minute pour le ballet d’Alcidiade en 1668, qu’il se permit un mot qui fit le tour de la cour. Il répondit à
l’envoyé du roi qui le réclamait : « Le roi est le maître, il peut attendre autant qu’il lui plaira. » Louis
XIV ne s’offusqua pas de cette boutade, qui aurait peut-être été fatale à un autre courtisan. ! »
 Propos extraits du site Lully, voir webographie.
L’HOMME D’AFFAIRES
« Lully menait de front ses diverses entreprises : l’Académie royale de musique, la création annuelle
de ses opéras, quand ne s’y ajoutait pas la composition de ballets ou motets. La fonction de
surintendant de la Musique de la Chambre requérait des compétences tant administratives
qu’artistiques. L’emploi englobe le recrutement des acteurs, chanteurs, danseurs, instrumentistes
l’écriture et le choix des ballets, divertissements, tragédies lyriques, musique de chambre, la
présidence des répétitions, la direction des représentations.
Bourreau de travail, Lully dirigeait en outre l’opéra du Palais Royal à Paris. Est-il peut-être nécessaire
de rappeler que l’opéra était à l’époque une entreprise privée, non subventionnée par l’Etat. S’étant
fortement endetté pour racheter le privilège de l’opéra à Perrin, il réussit à obtenir la garantie que
représentait le monopole absolu de toute représentation musicale de plus de deux chanteurs et deux
musiciens dans le royaume. Il put ainsi rentabiliser son investissement périlleux, à l’abri de toute
concurrence. Il accepta néanmoins quelques exceptions notamment au profit du théâtre de Pierre
Gautier à Marseille, ou encore au profit de Molière, qui put jouer son « malade imaginaire » sur la
musique de Marc-Antoine Charpentier, malgré de nombreuses restrictions. En bon gestionnaire, il
savait où étaient ses priorités : s’il payait largement ses collaborateurs, pour que ces derniers lui
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soient attachés. Il pouvait cependant se montrer moins généreux pour les choses qu’il jugeait
secondaires. Ses choix ses sont avérés judicieux puisqu’il réussit à faire de cet opéra une affaire
florissante, qui connut, après son décès, de nombreuses affres financières. »
 Propos extraits du site Lully, voir webographie.
LE DÉFENSEUR DE LA MUSIQUE
FRANCAISE
Bien que d’origine italienne, Lully se montre un ardent défenseur de la musique française : il réalise
un travail de synthèse, assimilant l’art instrumental, l’art vocal et la tradition du ballet ; il crée le
récitatif français et apporte clarté et architecture dans ses compositions orchestrales, où il excelle en
maître. Il est aussi le créateur des célèbres ouvertures à la française dont le style est repris par
Corelli, Bach et Telemann.
MOLIERE-CORNEILLE :
LES ÉTAPES D’UNE COLLABORATION
SURPRENANTE
En 1643, Molière et son illustre Théâtre partent jouer à Rouen où réside l’auteur du Cid. La troupe y
présente vraisemblablement Cinna ou Polyeucte. La querelle entre les deux auteurs commence là :
Molière, mauvais tragédien, n’obtient pas la considération du grand Corneille qu’il admire.
Ce qui ne l’empêche pas, entre 1650 et 1653, de monter Andromède, une autre de ses tragédies.
En 1658, Molière installe à nouveau sa troupe à Rouen pour cinq mois, à une centaine de mètres du
domicile des Corneille qui courtiseront la belle Marquise du Parc. En octobre, la troupe descend à
Paris et bénéficie de la protection du frère du Roi. Pour leur première représentation devant Louis
XIV, Molière choisira encore une tragédie de Corneille : Nicomède.
En 1659,
Molière, alors co-directeur du Théâtre du Petit-Bourbon, programme simultanément sa
comédie, Les Précieuses Ridicules, avec Cinna. Or, le succès des Précieuses éclipse rapidement
Cinna qui est remplacée par Pylade et Oreste, tragédie de Coqueteau. Jalousie d’auteur, les
Corneille fustigeront Les Précieuses (comme toutes les pièces de Molière) qu’ils qualifieront de «
Bagatelles ».
En 1662, dans la première scène de L’Ecole des Femmes, Chrysalde se moque des « nobles de la
dernière heure » parmi lesquels Thomas Corneille, alias Monsieur de l’île, est explicitement cité.
A l’été 1664,
les comédiens de Molière créent La Thébaïde, tragédie d’un jeune auteur qui fera
parler de lui : Jean Racine. Celui-ci, songe à trouver très rapidement une autre troupe pour lui confier
sa nouvelle tragédie, Alexandre. Blessé dans son orgueil, Molière se rapproche alors de Corneille,
afin de contrer l’ascension de ce dangereux rival. Ainsi, Molière obtient le privilège de créer Attila de
Corneille au Palais Royal en 1667, « année de la réconciliation ».
A la fin de l’année 1670, Louis XIV commande Psyché, une tragédie-ballet de grande envergure, à
Molière qui se charge de l’écriture, mais aussi de la réalisation du spectacle (costumes, décors,
machinerie, figurants). Pressé par le Roi qui veut avancer les représentations, Molière demande alors
l’aide de Corneille pour la versification.
Psyché est donc créée à temps, le 17 janvier 1671 à Versailles, puis reprise pour le public parisien
en juillet de la même année dans la salle du Palais-Royal.
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MOLIERE-LULLY :
LA COLLABORATION DES « DEUX BAPTISTE »
Lully Molière, Molière Lully… pendant plusieurs années, et notamment à partir de 1664 (Le Mariage
Forcé) leurs deux noms furent associés et résonnèrent aux oreilles de ceux qui, à la cour du Roi,
s’intéressaient aux dernières nouveautés en matière de création artistique.
Près de dix ans qui vont mener le compositeur d’une simple « courante » insérée au sein de la
première comédie-ballet (bien que le genre ne soit pas encore véritablement assumé) « les fâcheux »
à d’importantes pages instrumentales et/ou vocales qui contribuèrent à assurer au compositeur une
notoriété sans cesse grandissante.
Comme le fait remarquer Philippe Beaussant dans son livre « Lully ou le musicien du soleil »
(éditions Gallimard) : la première chance de Lully avait été
de rencontrer le Chevalier de Guise (qui l’a choisi et
emmené en France) ; la seconde, de rencontrer
Leurs œuvres communes
Mademoiselle (au service de laquelle il est entré) ; la
troisième, Louis XIV (dont il devient l’indispensable
musicien) ; la quatrième fut de rencontrer Molière.
Les Fâcheux (1661)
Et il est permis de penser effectivement que le grand
Le Mariage Forcé (1664)
talent de Lully n’aurait peut-être pas, à lui seul, suffit à
La Princesse d’Elide (1664)
créer l’opéra français (la tragédie lyrique) dont il doutait
L’Amour Médecin (1665)
lui-même qu’un jour il puisse exister, tellement sa propre
La Pastorale Comique (1667)
langue natale (l’italien) lui semblait plus favorable à avoir
Le Sicilien (1667)
les qualités nécessaires à l’expression dramatique
George Dandin (1668)
chantée.
Monsieur de Pourceaugnac
Nous ne savons pas de manière certaine qui a suscité la
(1669)
rencontre puis l’association entre ces deux génies. Mais,
Les Amants Magnifiques (1670)
si la collaboration des « deux Baptiste », ainsi nommés
Le Bourgeois Gentilhomme
par la prodigue Marquise de Sévigné, ne se vivra pas
(1670)
sans heurts et aboutira même à une rupture, force est de
La Comtesse d’Escarbagnas
constater qu’elle fut une des plus riches et porteuse
(1671)
d’avenir de l’histoire de la
Psychée, 1671
musique !
Molière par le peintre Nicolas
Mignard -1658
PSYCHÉ
13
SYNOPSIS
PROLOGUE
Flore, en rendant grâce au « plus grand Roi du monde » convie chacun à se réjouir car : « ce n’est plus le
temps de la guerre » ! Accompagnée de nymphes, dryades, sylvains, naïades, elle invite Vénus à descendre.
L’arrivée de Vénus, puissante déesse de l’amour, ne s’accompagne pas des réjouissances attendues. Vénus est
irritée, très en colère, et jalouse de la trop belle et mortelle princesse Psyché dont elle veut se venger, aidée
l’espère-t’elle de son fils, l’Amour en personne !
ACTE I
La déesse n’est pas la seule à être jalouse de la beauté de Psyché, qui provoque aussi le dépit de ses deux
sœurs : Aglaure et Cydippe.
Celles-ci se plaignent de la « foule d’amants » attachée aux pas de l’indifférente Psyché, alors qu’elles mêmes
sont totalement délaissées.
L’arrivée de deux princes et prétendants, Cléomène et Agénor, attise leur aigreur. Psyché, sans en être
ébranlée pour autant, reçoit leur déclaration commune, signe de l’amour inconditionnel et dévoué qu’ils lui
portent.
Le drame se noue avec l’intervention du messager Lycas, apportant l’annonce de la mort prochaine de Psyché
qui doit être dévorée par un horrible serpent. Les deux sœurs, hors de sa présence, se réjouissent du destin
cruel de Psyché.
ACTE II
Le roi laisse s’exprimer l’immense chagrin qu’il ressent, et pleure la perte prochaine de sa fille qui l’exhorte
doucement à moins de faiblesse. Psyché encourage ensuite ses hypocrites sœurs à la quitter, afin d’aller
consoler leur père. Elle reste seule, en attente de son fatal destin.
L’arrivée de ses deux chevaliers servants, Cléomène et Agénor, la distrait un moment, et alors qu’elle les
implore de la laisser seule, elle est emportée par le souffle du Zéphyr et disparaît de leur vue.
La voix de l’Amour, qui est en fait le maître d’œuvre de toute cette petite mise en scène, se fait entendre,
menaçante pour les deux princes qu’il précipite dans le vide.
ACTE III
Au service de l’Amour, Vulcain a construit un magnifique palais pour Psyché que le Zéphyr vient de déposer,
endormie, à l’intérieur de celui-ci. A son réveil, Psyché s’interroge sur les beautés qui l’environnent et en
conclut que la cruauté du serpent se révèle dans cette mise en scène qui semble différer sa mort.
L’arrivée de l’Amour, déguisé afin que Psyché ne puisse le reconnaître et l’identifier en tant que tel, la
surprend et lui redonne espoir, en même tant qu’elle sent naître en elle une tendresse inconnue qui la trouble
infiniment. L’Amour en lui avouant ses propres sentiments l’invite à aller admirer les jardins et le palais qui lui
sont destinés.
ACTE IV
Psyché aime ! Elle est heureuse et chante simplement son bonheur. L’arrivée de ses deux sœurs, toujours
jalouses et médisantes, vient rompre sa sérénité et jeter le doute dans son esprit. Qui est exactement celui qui
a su rendre son cœur sensible à l’Amour ? Quel est son nom ? Un véritable amour peut il rester masqué et
n’est elle pas sous le charme d’un imposteur ?
Les paroles empoisonnées des deux sœurs ont détruit l’aimante confiance qu’avait Psyché en son amant. Lors
d’une scène particulièrement tendue, elle amène alors l’Amour à lui dévoiler son identité. Cette révélation est
fatale à Psyché, immédiatement abandonnée par son amant. Ses pleurs et les reproches qu’elle s’adresse la
conduisent à envisager une mort prématurée.
Vénus apparaît alors, pleine de haine et de rancune envers celle qui, non seulement lui enlève les honneurs
dus à sa beauté, mais qui de plus a rendu son fils, l’Amour, rebelle à l’autorité de sa mère !
PSYCHÉ
14
ACTE V
Soumise à Vénus, Psyché se retrouve aux Enfers. Le chagrin d’avoir perdu celui qu’elle aime est plus fort que
les souffrances et les terreurs qu’elle endure. La visite des deux princes, toujours transis d’amour, la distrait
un moment, mais le cours de ses pensées la ramène vers son amant qu’elle espère retrouver. Consciente des
atteintes que les souffrances ont causées à sa beauté, elle ouvre la boîte magique, « trésor de beauté divine »,
que Vénus l’avait envoyée quérir auprès de Proserpine et s’évanouit.
L’Amour, qui n’a cessé de l’aimer et de la surveiller pendant son long calvaire, se laisse toucher par le péril
dans lequel il la voit. Son opposition à sa mère éclate tout au long d’une scène au cours de laquelle il ose
revendiquer la légitimité et la force de son amour pour Psyché, ainsi que l’inexorabilité de sa décision de la
retrouver. Mais pleurs, prières, soupirs et menaces ne font pas fléchir la terrible Vénus. Dans un dernier
sursaut de désespoir, menaçant de rompre son arc et de briser ses flèches, l’Amour implore Jupiter. Celui-ci
saura convaincre l’orgueilleuse déesse et afin « d’y rendre tout égal » entre Dieux et mortels, fera de Psyché
une belle immortelle !
POUR UNE MEILLEURE LECTURE DU LIVRET :
QUELQUES REPÈRES « DIVINS »
LES METAMORPHOSES EN RESUME
Lucius, jeune aristocrate romain obsédé
par la magie, est accidentellement
transformé en âne par une sorcière. Et
c'est en âne qu'il affronte une série
d'aventures qui lui permettent de
constater et de partager la misère des
esclaves et des hommes libres déchus
qui,
tout
comme
Lucius,
sont
pratiquement réduits à l'état d'animaux
dans les mains de leurs riches
propriétaires. Dans les derniers chapitres
du livre, Lucius retrouve sa forme
humaine grâce à la déesse Isis. Par la
suite, il est initié à son culte mystérieux et
se voue à la déesse. Ce livre est la seule
œuvre littéraire du monde gréco-romain
qui examine la condition des classes
pauvres.
FLORE : Déesse des fleurs, des jardins, du printemps et
épouse de Zéphyr.
VENUS : Déesse de l’amour, épouse de Vulcain et
amante de Mars, mère de Cupidon.
L’AMOUR : Fils de Vénus et de Mars, aussi nommé
Cupidon.
ZEPHYRE : Personnification du vent d'ouest, vent doux et
léger.
VULCAIN : Dieu de fer et du feu, fils de Junon et Jupiter
qui lui fit épouser Vénus.
APOLLON : Dieu grec et romain de la clarté solaire, de la
raison, des arts, du chant, de la musique et de la poésie.
LES ENFERS : Dans la mythologie Grecque et Romaine
les âmes descendent aux enfers après la mort pour y être
jugées. Dans les opéras baroques, on peut fréquenter les
enfers sans être définitivement morts !
JUPITER : Roi du ciel et père de tous les Dieux.
MERCURE : Messager des Dieux, et dieu du commerce
et des voyages.
PSYCHÉ
15
LE MYTHE DE PSYCHÉ
L’œuvre repose sur le mythe de Psyché, repris par l’auteur latin Apulée qui s’est inspiré de traditions
grecques anciennes, en 160 après J.C., dans ses célèbres Métamorphoses ou l’Âne d’or, ouvrage
érotique et burlesque, dont la complexité narrative et les récits enchâssés, avec d’autres romans
grecs de ce deuxième siècle, seront le modèle de ce que l’on appelle aujourd’hui le roman baroque.
(Le texte ne doit pas être pris au premier degré ; Apulée, néoplatonicien, initié aux mystères et
particulièrement à ceux d’Isis qui rendra son apparence humaine à Lucius - héros transformé en âne
- a probablement voulu livrer un message philosophique encore assez hermétique.)
Psyché, telle Cendrillon, est la plus belle des trois filles d’un roi, si courtisée par une foule d’amants
que Vénus, qui voit par eux ses appâts méprisés, en conçoit une bien humaine jalousie pour une
déesse et charge son fils Cupidon d’assouvir sa vengeance en rendant la jeune fille amoureuse
d’une hideuse créature (on pense à Titania, dupée par Obéron qui la fait tomber amoureuse d’un
âne). Mais le jeune dieu de l’Amour, Éros des Grecs ou Cupidon des Romains, succombe aux
charmes de Psyché et la sauve alors même que son père, pour complaire à Apollon, s’apprête à la
sacrifier sur une montagne à un monstre (et l’on pense au sacrifice d’Abraham, à celui d’Iphigénie
par Agamemnon). La curiosité malheureuse de Psyché, qui veut connaître l’identité de son amant
salvateur, est aussi une infraction fatale aux interdits des dieux jaloux de leur mystère, tel celui de
Sémélé, foudroyée par Jupiter, tel encore l’interdit imposé à Orphée qui doit sortir des enfers sans
se retourner et regarder Eurydice. Fatale indiscrétion de la femme amoureuse que l’on retrouve
encore dans Löhengrin de Wagner où Elsa perdra de la sorte son fiancé venu d’ailleurs. Bref, ce
mythe condense diverses légendes offrant une interprétation symbolique : si Psyché, la psyché,
l’esprit, est aussi l’âme, c’est l’aspiration finale, idéale de l’amour, le chemin de perfection amoureux
qui mène de la beauté du corps érotique selon Platon, au Beau, au Bon et au Vrai.
Mais ici, on en restera au divertissement profane linéaire : jalousie de femmes (les sœurs et Vénus)
envers une femme plus belle, amours contrariées par la puissance familiale puis par le doute intime,
la découverte éblouie de l’amour par deux jeunes gens, dans un marivaudage avant la lettre qui doit
beaucoup au théâtre espagnol de Lope de Vega et, directement, à Calderón. En effet, l’Amour
amoureux avait déjà inspiré au grand dramaturge, en 1662, une comedia qui, sans être une zarzuela
(l’opéra baroque à l’espagnole), est une pièce où la musique a un grand rôle, que Corneille, féru de
théâtre espagnol, et Molière qui suivit le Prince de Conti dans la guerre de Catalogne, connaissaient
aussi parfaitement.
Malgré leur brouille, Corneille et Molière s’unissent pour écrire le livret d’une tragédie-ballet à
machines pour le roi, en 1671, musique de Lully, les paroles chantées étant confiées à Quinault, à
part la « Plainte italienne », probablement du compositeur lui-même. En 1678, Lully reprendra cette
pièce, mais adaptée pour la musique par Thomas Corneille, frère de Pierre, qui deviendra une
tragédie lyrique.
PSYCHÉ
16
LE MYTHE DE PSYCHÉ DANS LA LITTERATURE ET LES ARTS
Le mythe de Psyché, quasi universel, a inspiré, séduit des artistes de tous temps et de
toutes disciplines. Le spectacle permet donc, en classe, d’aborder l’histoire des arts à
travers la thématique suivante : « arts, espace, temps », « l’œuvre d’art et ses grandes
figures culturelles du temps et de l’espace (mythes, héros épiques et légendaires, figures
Plusieurs sculptures, bas-reliefs, ou peintures permettent
d’attester que le mythe de Psyché (âme en grec) était présent
dans la tradition orale dès le IVème siècle avant J.C, et ce
dans tout le bassin méditerranéen.
Cependant, le premier texte qui nous est parvenu, remonte à
160 après J.C. Il s’agit des Métamorphoses ou l’Âne d’or,
d’Apulée. L’Âne d’or ou les Métamorphoses est un récit en
onze parties qui raconte les aventures de Lucius, un jeune
homme transformé en âne par une magicienne. Après bien
des péripéties, il retrouvera sa forme humaine. Entre temps,
des voleurs le capturent. Enfermé dans une caverne, il se
trouve à côté d’une jeune fille belle et noble, elle aussi
captive. Ainsi, il va entendre le récit que la vielle geôlière
conte, de manière fragmentée, à la jeune fille pour la
consoler. Il s’agit de la fable d’Amour et Psyché.
Le mythe littéraire de Psyché appartient donc à la littérature
romaine et non grecque. L’Âne d’or a été rédigé plus de 900
ans après L’Iliade et L’Odyssée du poète grec Homère.
En 1662, Calderon, grande figure du siècle d’or du théâtre
espagnol, écrit une comédie mythologique Ni Amor se libra de
amor (« L’Amour lui-même n’échappe pas à l’amour ») tandis,
qu’en France, La Fontaine marquera les esprits avec un «
O.V.N.I. littéraire » : Les amours de Psyché et Cupidon, publié
en 1669. Il y mixte prose et vers, récit mythologique et
descriptions des jardins du Château de Versailles, le tout
conduit par la conversation de quatre amis en promenade.
Le mythe de Psyché témoigne d’un engouement naissant pour
le merveilleux et ouvre ainsi la voie au genre littéraire du Conte
en France et en Europe : La Belle au Bois Dormant de Charles
Perrault (1696), La Belle et la Bête de Gabrielle-Suzanne de
Villeneuve (1740), Blanche-Neige des frères Grimm (1812).
QUELQUES AUTRES PISTES LITTÉRAIRES :
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
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
Ode to Psyche, poème de John Keats (1819)
Psyché, poème épique de Victor de Laprade (1841)
The Earthly Paradise, poème de William Morris (1870)
The Unknown Eros, poème de Coventry Patmore (1877)
Eros and Psyche, poème de Robert Bridges (1885)
Psyché, roman de Pierre Louÿs (1927)
Till we have faces, roman de Clive Staple Lewis (1957)
PSYCHÉ
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PEINTURE
 Les fresques de Raphaël et de ses élèves à la Villa Farnesina de
Rome (vers 1513)
 Psyché reçue dans l'Olympe, peinture de Polidoro da Caravaggio
 (vers 1524)
 Les fresques du salon ovale de l'hôtel de Soubise, peintes
 par Charles-Joseph Natoire 1737 - 1739
 Psyché montrant à ses sœurs les cadeaux de Cupidon,
 peinture de Jean-Honoré Fragonard (1753)
 Amour réveillant Psyché, peinture de Bénigne Gagneraux (1790)
 Psyché et l'Amour, peinture de François Gérard (1798)
 Le Premier Baiser, peinture de William Bouguereau (1873)
 L'Amour et Psyché, enfants, peinture de William Bouguereau (1889)
 L'Enlèvement de Psyché, peinture de William Bouguereau (1895)
SCULPTURE
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Psyché ranimée par le baiser de l'Amour,
groupe sculpté d'Antonio Canova (1793)
L'Amour et Psyché, groupe sculpté d'Antonio Canova (vers 1793)
Psyché, statue d'Antonio Canova (vers 1793)
Psyché, statue d'Albert Bertel Thorvaldsen (1806)
L'Amour et Psyché, groupe sculpté de Reinhold Begas (1857)
Pan réconfortant Psyché, groupe sculpté de Reinhold Begas (1858)
Cupidon et Psyché, groupe sculpté d'Auguste Rodin (1893)
Psyché, statue d' Auguste Rodin (vers 1905)
ÉCOUTER
Psyché, poème symphonique pour chœur et orchestre de César Franck
composé en 1886. Le programme de cette Psyché, dernier des quatre poèmes
symphoniques de Franck, s’appuie, lui aussi, sur les Métamorphoses (« l’Ane
d’or ») d’Apulée.
PSYCHÉ
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LA PRESSE EN PARLE
Cette Psyché à été créée à l’opéra de Toulon le 23 octobre 2009. J’ai fait le choix de présenter ici
certaines critiques, non pour le jugement qu’elles portent sur la qualité du spectacle mais bien parce
que certaines me semblent éclairantes quant aux effets de mise en scène, jeux des acteurs, choix
des extraits musicaux.
"Dans cette longue pièce, Julien Balajas, qui en signe la mise en scène, a
Classique. newS
taillé un texte judicieusement plus léger, et de ces musiques, Claire
Bodin, a coupé les intermèdes oiseux pour garder les passages
dramatiques, en sorte que cette Psyché réussit la gageure d’être à la fois
ancienne et nouvelle, et sans lourde et onéreuse reconstitution baroquisante, préserve le meilleur de
l’esprit baroque original. En effet, on craignait, de l’intention de ramener l’action aux années 19001925, encore un asservissement de jeunes créateurs à cette mode de l’actualisation des œuvres,
déjà vieille, sur toutes les scènes, de près d’un demi-siècle. Mais, ici, les costumes (Gabriel Vacher)
pour les dames, de la double esthétique Art Nouveau et Art Déco renvoient au néobaroque et rococo
1900 avec ses robes à falbalas et fanfreluches, et l’épure néo-classique 1925 avec ses tuniques
pures, à une Antiquité stylisée : c’est élégant et intelligent. Zéphyr (Jean-Jacques Rouvière), serviteur
ailé et zélé de Cupidon, en costume d’aviateur pionnier, et Amour (Julien Balajas), en blazer rouge
(aussi de timidité, tout faraud d’un baiser) de collégien british ou de Tintin tombé en tentation
amoureuse sont fort drôles. Deux fauteuils néo-Louis XV et un vaste et solennel tableau de puissante
famille situent Psyché et les siens au premier acte, avec ses deux inénarrables sœurs envieuses,
Aurélie Cohen (Aglaure) et Véronique Dimicoli (Cydippe), la sèche et la boulotte, qui compensent
leurs complexes physiques et leur appétit sexuel frustré en s’empiffrant nerveusement,
hystériquement, de friandises.
Le second acte, avec juste une sorte de petit échafaud pour le sacrifice, avec sombre fond tourmenté
et silhouette de château, est superbe, picturale mise en
valeur de la robe blanche de la victime et de la magnifique
déploration polyphonique menée par la ligne impeccable
d’Eugénie Warnier, soprano, et d’un quatuor tout aussi
émouvant de chanteurs. En contraste, le palais enchanté
où Cupidon enlève sa belle, avec une végétation stylisée à
la Douanier Rousseau et un édifice aux lignes nouilles de
Guimard ou Horta, est lumineux, joyeux, souple et variée
scénographie de Luc Londiveau aussi diversement
éclairée par Marc-Antoine Vellutini en fonction des
tableaux et de la couleur des situations dramatiques. Mais
on n’aurait garde d’oublier, magnifique trouvaille humoristique, d’entrée, la tirade vengeresse d’une
vraie Vénus de beauté (Ophélie Kœring) dont l’Olympe ou la Cythère serait une loge de théâtre, un
implacable miroir pour la femme mûrissante et presque rugissante de se voir vieillir face à l’innocente
péronnelle, qui est projetée comme un cinéma balbutiant, à l’image tremblotante et crépitante : le
mythe et sa divinité, sa diva, sa déesse d’aujourd’hui.
La mise en scène est souple, inventive donc, avec des silhouettes à la BD, des jeux de duo, de
symétries et dissymétries burlesques entre les deux sœurs et les deux prétendants (Bruno Detante et
Jacques Rouvière), des vers débités à l’unisson, jolie façon de gagner du temps, des arrêts sur
image, des gags sonores (René Maurin). Maïa Guéritte est une délicate et fragile Psyché, aspirant au
sacrifice comme Iphigénie, face à un père désespéré (Guy Lamarque, Jupiter), et découvrant
l’amour, comment l’esprit vient aux filles, avec une spontanéité et une fraîcheur délicieuse d’Agnès
de l’École des femmes.
Il n’y a pas de solution de continuité entre la scène et la fosse puisque le beau quintette vocal monte
sur le plateau, chœur antique saisissant, ou, individualisé, se substituant en chant aux personnages
parlés, ainsi Lina Yang, fine soprano, et Luigi De Donato, basse, à la voix bouleversante de père
blessé, avec comme dignes partenaires Renaud Tripathi/François-Nicolas Geslot haute-contre et
Carl Ghazarossian, ténor. Du clavecin, Claire Bodin mène sa troupe avec toute la souplesse baroque
requise et un effectif judicieusement choisi d’instruments anciens dont la délicatesse répond à la
finesse de cette versification qui alterne les vers de 12 et de 8 pieds, avec une fluidité que n’a pas le
bourdon et le ronron souvent monotones de l’alexandrin continu.
Une danseuse, Sarah Berreby, remplit les espaces dévolus aux intermèdes, mais la chorégraphie
mériterait peut-être un peu plus de détail. Presque un spectacle de tréteaux touché par la grâce et
qui mériterait de tourner.
PSYCHÉ
19
« Visuellement, elle (la Psyché) est très séduisante ; les jeux de lumières
particulièrement réussis (Marc-Antoine Vellutini) exaltent les climats et les
costumes, la plupart seyants et quelques uns décalés (pour les dieux). La
scénographie dépouillée de Luc Londiveau bien qu’un peu décevante au
troisième et au dernier acte - la toile peinte du séjour enchanté et les lustres de
l’apothéose – est pour le reste en phase avec les situations. Quant aux évolutions de Sarah Bereby,
elles sont gracieuses et conformes aux codes de la danse baroque mais on regrette souvent sa
solitude.
L’adaptation conçue par Julien Balajas, le metteur en scène, procède d’une transposition temporelle
assez cohérente. En situant l’action dans les années 20 du XX° siècle, il la rapproche d’un public
contemporain tout en trouvant des solutions ingénieuses à certains problèmes comme celui de
l’absence de machines dans une production qui repousse a priori l’idée de la reconstitution. Ainsi
l’enlèvement de Psyché : elle disparaît en coulisse et grâce à l’efficacité du bruitage on entend le
démarrage hoquetant d’un avion, tandis que Zéphyr arbore la tenue des pilotes pionniers. Le
procédé fonctionne évidemment pour l’arrivée des sœurs jalouses. De même la séquence filmée qui
fait de Vénus une vedette de cinéma accompagne efficacement sa tirade initiale. Attention cependant
: le rythme de certaines scènes est menacé par des silences « dramatiques ».
Une autre qualité du spectacle tient à la fluidité avec laquelle chant et théâtre s’enchaînent, par la
succession sur l’espace scénique de l’actrice, puis de la chanteuse, soit que les lumières fassent
disparaître l’une au profit de l’autre, soit qu’un siège tournant permette de changer dans le
mouvement. On les voit aussi simultanément, sur des plans différents, dans des ébauches de
pantomime où l’une semble le reflet de l’autre, en un bel effet de miroir éphémère.
A propos du versant théâtral, signalons la qualité globale de la diction, respectueuse de la prosodie
et qui, sans céder à la déclamation expressive encore à la mode au milieu du XX° siècle, fait sentir la
musicalité de cette langue versifiée. A saluer encore l’abattage des deux sœurs (Aurélie Cohen et
Véronique Dimicoli) et des deux prétendants (Bruno Detante et Jean-jacques Rouvière, qui charge
un peu son Zéphyr). La Vénus d’Ophélie Koering a de la prestance mais manque un peu de mordant
(fatigue après la représentation vespérale ?). Roi
digne puis Jupiter salace, Guy Lamarque soutient les
deux emplois. Restent Amour, Julien Balajas, et
Psyché, Maïa Guéritte, pour nous les moins
convaincants. A quoi cela tient-il ? Aux limites des
comédiens ? Ou à la conception des personnages ? A
vouloir rapprocher l’œuvre du public d’aujourd’hui,
Julien Balajas n’a-t-il pas sacrifié l’essentiel au
secondaire ? Définir Psyché comme une jeune fille qui
va quitter le cercle familial en découvrant l’amour et
Amour comme un adolescent qui s’impose en se
révoltant est évident, mais faire de leur rencontre un
coup de foudre qui finit en partie de jambes en l’air, est-ce bien pertinent ? En se regardant l’un
l’autre ils font une expérience majeure qui va bien au-delà de l’étreinte montrée. C’est bien parce que
Psyché est à ses yeux exceptionnelle qu’Amour ne peut lui infliger la punition ordonnée par Vénus,
c’est bien parce qu’Amour est exceptionnel que Psyché va sortir de son apathie sentimentale. Et
c’est bien parce que leur attachement n’est pas de l’ordre commun, celui des corps qui se désirent,
sur lequel règne Vénus, que la déesse voudra le détruire. C’est que la beauté physique de Psyché
n’est que le reflet de son âme. On est loin du familier et du banal. C’est pourquoi même si la tragédie
lyrique autorise le mélange des genres, c’est pour nous une erreur de faire des deux amants, même
en passant, des personnages comiques dans un esprit potache. Psyché n’est pas nunuche, pas plus
qu’Amour n’est un ado maladroit. Certes, cela les rend sympathiques, et amuse, à en juger par les
réactions des spectateurs, mais cela affaiblit leur côté exceptionnel, elle par sa vertu rayonnante, lui
par son statut divin et sa sublimation réussie. Ce sont des personnages nobles, non pas parce
qu’elle est princesse et lui déité, mais par leur élévation spirituelle. Ni Julien Balajas ni Maïa Guéritte,
on le dit à regret, n’ont rendu sensible cette dimension pour nous essentielle, qui fait de ces amants
bien autre chose que les habituels amoureux de Molière.
On le remarque du reste d’autant plus que les chanteurs, eux, ne laissaient rien à désirer de ce point
de vue. Leur musicalité, l’harmonie née des timbres complémentaires, la maîtrise stylistique du chant
baroque font de leurs interventions des moments délicieux Lina Yang est tour à tour une Flore et une
nymphe charmantes, Renaud Tripathi est touchant à souhait en homme affligé, Carl Ghazarossian
ôte tout maussaderie à son Vulcain, et Luigi de Donato, d’abord second homme affligé, est un Jupiter
impressionnant à souhait. Tour à tour Vénus, femme désolée et Psyché, Eugénie Warnier est
FORUM
OPERA
PSYCHÉ
20
souveraine de justesse expressive ; frémissante, digne, noble, elle fait trouver trop courtes ses
interventions, en particulier les airs tirés de la tragédie lyrique.
Maîtresse d’œuvre sur le plan musical, la claveciniste Claire Bodin, directrice artistique de l’ensemble
Les Bijoux Indiscrets, s’est astreinte à une sélection musicale minutieuse – pas moins de quarante
deux extraits – à partir des deux partitions de 1671 et 1678. Certes, une large part de la musique de
la version dernière reprend la première composition, mais il a fallu faire des choix parmi entrées,
préludes, airs et ritournelles, avec la contrainte de la cohérence entre musique et théâtre. Le résultat
de ce travail, confié aux quatorze musiciens où les vents et le continuo se distinguent, est délectable.
Claire Bodin dirige depuis le clavecin avec des gestes très précis et obtient une cohésion sans
défaut. Peut-être pourrait-on souhaiter quelques articulations plus marquées, mais il s’agirait plus de
goût que de style."
"Audacieuse autant qu'hybride, cette étonnante mouture de
Psyché, conçue par le tandem Bodin/Balajas, se révèle, contre
toute attente, des plus efficaces ! À partir d'une technique
narrative rythmée - basée à la fois sur la «tragédie-ballet» de
1671 (Lully composa des intermèdes chantés et dansés pour
cette pièce co-écrite par Molière, Quinault et Pierre Corneille) et sur la «tragédie lyrique» de 1678
(signée par le même Lully, cette fois sur un livret de Thomas Corneille) -, les aménagements opérés
sur les correspondances entre théâtre et musique s'avèrent tout à fait sagaces.
En simplifiant ainsi la formule dramaturgique, Julien Balajas ne malmène en rien l'intrigue mythique.
Au contraire, c'est avec délicatesse qu'il se permet d'élaguer certaines sections et d'éclaircir une
trame parfois dense, voire alambiquée. Pour un public actuel non habitué à savourer les codes
esthétiques du Grand Siècle, une telle adaptation peut légitimement être l'occasion de découvrir
l'œuvre.
Dans ce cas précis, l'action est on ne peut plus lisible. Les comédiens de la toute jeune Compagnie
du Griffon se montrent tous très convaincants dans ce qu'ils ont à faire. Portés par la limpidité des
enjeux, ils n'ont, il est vrai, qu'à se laisser investir par leurs personnages avec le plus de naturel
possible. Il est toutefois notable que chacun montre de la ressource dans le jeu, du plaisir sur les
mots, en somme de l'envie ! Signalons que, non content d'assumer la mise en scène, Julien Balajas
s'impose, dans ce cadre, en Amour espiègle et objecteur.
Les chanteurs leur répondent avec une véritable aisance et beaucoup de style. Eugénie Warnier est
indiscutablement celle qui cristallise le maximum d'émotion. Son chant idéalement conduit distille une
mélancolie à fleur de timbre, à laquelle il est difficile de résister. La seconde soprano, Lina Yang, n'a
aucun mal à assumer les délicieuses lignes enrubannées qui lui sont dévolues. Si les parties de
haute-contre, chantées respectivement par Renaud Tripathi et François-Nicolas Geslot, ne sont pas
exemptes de petites duretés, l'investissement scénique des interprètes est, lui, irréprochable. Enfin,
Carl Ghazarossian et Luigi De Donato se montrent de fins stylistes, constamment en situation.
Chef et claveciniste attitrée de l'ensemble Les Bijoux Indiscrets, Claire Bodin ne ménage pas sa
peine pour donner corps aux plages musicales sélectionnées par ses soins. Toujours alerte, précise
et inventive, la formation d'instruments anciens ne demande qu'à s'épanouir au fil de nouvelles
expériences. Pour finir de saluer cet excellent travail d'équipe comme il se doit, citons les lumières
judicieuses de Marc-Antoine Vellutini, la scénographie sobre et efficace de Luc Londiveau, les
costumes décalés de Gabriel Vacher... sans oublier le zèle chorégraphique de Sarah Berreby.
Un spectacle qu'il faut assurément encourager dans sa diffusion."
Opéra magazine,
décembre 2009
PSYCHÉ
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POUR EN SAVOIR PLUS
BIBLIOGRAPHIE
APULEE, L’âne d’or ou Les Métamorphose, dans une traduction de Pierre Grimal, folio classique n°
629,
1975.
BEAUSSANT,
Philippe,
Lully
ou
le
musicien
du
soleil,
Gallimard,
1992.
GALLOIS, Jean, Jean-Baptiste Lully, éditions papillon, 2001.
WEBOGRAPHIE
http://bcs.fltr.ucl.ac.be/Apul/amorplan.html
Ce site offre la possibilité de lire en ligne L’Âne d’or ou Les
métamorphoses d’Apulée.
http://sitelully.free.fr/
Ce site, entièrement consacré à Lully, s’articule autour des
chapitres suivant : biographie, œuvres, contexte historique, alchimie
des arts, rayonnement lullyste, polémiques.
http://perso.wanadoo.fr/jean-claude.brenac/LULLY.htm
Site de Jean-Claude Brenac consacré à l’opéra baroque avec une
discographie très complète.
http://www.site-moliere.com/ressources/lully.htm
Ce site propose plusieurs extraits de la musique que Lully composa
pour les pièces de Molière
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