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LES TOTALITARISMES
Dans quel contexte historique doit-on placer l’avènement des régimes totalitaires en Europe ?
=>Le temps long, celui de sociétés mal intégrées dès le 19e siècle : Des unités nationales inachevées :
Italie, Allemagne - Des cohésions sociales fragiles : maintien du servage en Russie, irruption de
l’industrialisation et de sa modernité qui menacent la cohésion sociale (exode rural, masses
déracinées vivant dans les villes) en Allemagne et Italie
D’où le développement de nouvelles idéologies qui cherchent à intégrer les masses en mouvement :
aussi faiblesse de l’intégration politique des peuples à l’heure de l’avènement des masses et qui
trouvent à s’ investir dans d’autres idéologiques politiques que le libéralisme : socialisme,
ultranationalisme, à coloration ethnico-raciste en Allemagne (x associations – ex : Hitler dans sa
jeunesse) = de nouvelles religions séculières à l’heure de la déchristianisation des sociétés,
notamment au sein du monde ouvrier et industriel
=>Le temps court : l’expérience de la guerre et le contexte d’après-guerre
brutalisation des rapports sociaux = en ayant accoutumé les sociétés à la violence et à sa
banalisation, la guerre a provoqué une brutalisation des rapports sociaux au sein de la génération de
feu plongé qui entend transférer la violence dans la vie politique après-guerre au mépris des règles
parlementaires et de la démocratie et qui se reconnaissent dans des valeurs nouvelles consacrées
par la guerre.
Des pays fragilisés par la crise économique, l’inflation, le chômage – dans des ambiances de guerre
civile qui finissent par renverser les régimes (Tsar en Russie) ou les fragiliser (démocratie libérale en
Italie, République de Weimar en Allemagne)
=>La conquête du pouvoir : une naissance dans la violence et/ou dans la légalité
En Russie, contexte dramatique aboutit à la chute du tsarisme – 2 Révolutions, l’une libérale, l’autre
bolchévique (octobre) – mais une guerre civile qui va se prolonger et justifier la mise en place des
institutions de terreur (police politique, camps) – en 1924, Staline succède à Staline dans un pays en
voie de bolchévisation.
En revanche, après guerre, en Italie ou en Allemagne, la prise du pouvoir par les partis fasciste et nazi
cumule à la fois une dimension légale afin de rassurer la bourgeoisie et les possédants afin de se
donner une image d’ordre et de respectabilité contre les forces révolutionnaires et obtenir leur
soutien politique et financier et une image de violence cultivée surtout dans la rue contre les
ennemis de gauche et entretenir une violence et une agitation sociale que seuls ces partis sont en
mesure d’arrêter (Rôle des Chemises noires en Italie, des SA en Allemagne)
 Italie : contexte révolutionnaire (Bienno Rosso) entrainant la montée du parti fasciste –
lequel organise le coup de force de la Marche sur Rome (1922) – instauration de la dictature
légale à partir de l’assassinat de Matteotti et des lois fascistissimes
 Allemagne : crise de 1929 (montée du chômage) fait du parti nazi le 1er d’Allemagne – appelé
au pouvoir en janvier 1933, Hitler instaure légalement la dictature après l’incendie du
Reichstag (mars 1933)
Des pratiques totalitaires communes
Le 1er point commun des régimes totalitaires réside dans le rejet commun et la condamnation
unanime du libéralisme politique et de la démocratie qui explique toutes les principes et les
pratiques totalitaires Aussi condamnation du pluralisme politique au profit d’un modèle idéologique
unique incarné en haut par le chef qui concentre dans sa personne le symbole de l’unité du peuple et
par le parti unique, seul autorisé, et qui soutient son action.
 Des régimes incarnés autour d’un chef (Duce, Führer, Vojd) qui fait l’objet d’un culte,
élément essentiel du consentement des masses au régime organisé notamment autour des
actes de la vie quotidienne (salut nazi), des cérémonies de masse soigneusement exécutées
(décor, chorégraphies, cathédrale de lumière), d’actions de propagande, de mobilisation des
arts (cf Triomphe de la Volonté de Léni Riefenstahl) etc.
 Ce culte et cette obéissance au chef signifie ainsi la fin de l’état de droit et de la loi – les
libertés individuelles ne sont plus garanties, l’égalité en droit des citoyens n’est plus assurée
et toutes les lois s’effacent devant la volonté du chef
 Ce chef peut compter sur un parti unique (parti bolchevik, PNF, NSDAP), dont il est issu,
constitué de ses anciens compagnons de combat (soumis au chef et qui applique ses ordres.
Ce parti, seul autorisé deviennent des partis de masse dans lequel on peut faire carrière et
s’élever dans la hiérarchie sociale et dans lequel le chef puise l’essentiel des cadres du
régime totalitaire qui vont appuyer la mise en place de la dictature – avec des personnalités
de 1er plan mais toujours soumis au chef (Molotov en URSS, Himmler en Allemagne).
En bas de l’Etat totalitaire, une société et une économie embrigadées dans un projet idéologique
totalitaire communs.
Les régimes totalitaires veulent fonder une communauté nouvelle dans laquelle l’individu n’a plus de
place, plus de rôle et donc plus de liberté individuelle – afin de faire émerger un homme nouveau –
cela justifie ainsi :
 Un encadrement de l’individu de la naissance à la mort, dans la vie quotidienne à la fois dans
la sphère publique et privée en dirigeant l’ensemble des activités de chacun – c’est en ce
sens que l’on peut vraiment parler de régime totalitaire
 La jeunesse constitue ici un enjeu et une priorité pour les régimes = endoctrinement précoce
qui doit permettre une pleine adhésion au régime et la formation de la future élite sur
laquelle le chef pourra compter – par des organisations de jeunesses, obligatoires et
dispensant l’idéologie du régime.
 Multiplication des organisations officielles contrôlées par le parti dans le travail, les loisirs
etc.
 Rôle des ministères de la propagande qui embrigadent les artistes officiels qui mettent leur
art au service du régime, et poursuit et élimine les artistes récalcitrants
 mise en place d’une terreur d’Etat: toute opposition est interdite et les tièdes, les rétifs sont
implacablement traqués, y compris à l’égard de gestes anodins (ex : le salut hitlérien non
exécuté) – et suppose dans les 3 régimes une surveillance étroite de la population qui
incombe à des polices politiques (NKVD puis KGB, OVRA, KRIPO etc.) et la mise en place d’un
appareil répressif (camps d’internement et de rééducation), qui peut conduire jusqu’à
l’élimination physique en bas de la société (koulaks en URSS) ou au sommet du parti et de
l’Etat (Nuit des Longs Couteaux, Grands procès de Moscou)
En revanche, des spécificités idéologiques et des ennemis spécifiques
L’URSS de la Staline : pensée marxiste et révolution bolchévique = création d’une société
parfaitement égalitaire justifiant le suppression de tout ce qui différencie les classes sociales, à savoir
la propriété privée et les inégalités de richesse – justifie le Grand Tournant de 1929 (collectivisation
brutale de l’économie et des campagnes) et la pourchasse des opposants déclarés « ennemi du
peuple »
Le fascisme, un phénomène née dans la conjoncture de la guerre et d’après-guerre - ce qui lui
confère un caractère d’emblée violent avec l’appui de la classe dirigeante italienne et la B° qui voit
dans le mouvement fasciste celui qui rétablira l’ordre. Au pouvoir, le fascisme donne naissance à un
Etat autoritaire d’un type nouveau antidémocratique, antilibéral, nationaliste rêvant de grandeur
militariste et de conquêtes, s’appuyant non pas sur les élites (comme dans les anciens régimes
autoritaires) mais sur les masses préalablement mises en condition par les procédés totalitaires, et
de ce fait ennemi irrésolu du communisme et de toutes les forces de gauche et syndicalistes censées
diviser la nation en encourageant la lutte des classes.
Le nazisme allemand emprunte bien des éléments au fascisme qui lui ont servi de modèle – mais
avec une efficacité plus grande dans la mesure où encadrement encore plus poussée des individus et
surtout une idéologie marquée par le racisme et l’antisémitisme – qui détermine une politique de
terreur et d’exclusion à l’encontre des Juifs allemands (Lois de Nuremberg, 1935) mais aussi à l’égard
de ceux qui menacent la pureté de la race (malades mentaux, homosexuels allemands).
Les totalitarismes face aux démocraties (partie retirée des programmes)
II - La fin des totalitarismes
En Allemagne : une fin brutale liée à la défaite
=>La capitulation allemande signifie la fin du totalitarisme et du régime nazi frappé par un total
discrédit dans un pays qui n’a plus alors de dirigeant (suicide des plus grands dirigeants) et qui est
désormais entre les mains des vainqueurs : « Allemagne année zéro » (1948)
Un processus cependant que les Alliés veulent associer aux Allemands à des fins pédagogiques, ce qui
implique une difficulté du fait de l’implication d’un grand nombre de personnes dans le pays à tous
les niveaux de la société allemande et d’autre part du faible sentiment de culpabilité de la majorité
de la population allemande, malgré le soin des Américains de faire découvrir la réalité des camps et
de confronter les Allemands à leur passé immédiat (Buchenwald).
=>Ceci justifie la tenue d’un procès des criminels de guerre nazis pensé à la fois comme punitif mais
aussi pédagogique afin de révéler la nature profondément criminogène du régime - procès tenu à
Nuremberg (lieu symbolique = Congrès du parti Nazi) du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946 : 1er
tribunal international pour juger 22 criminels de guerre nazis les plus hauts placés dans la hiérarchie
du IIIe Reich ainsi que 3 organisations (Gestapo, SA, SS) - avec des juges nommés par les 4 puissances
victorieuses – et selon de nouveaux chefs d’inculpation spécifiques qui entrent dans le droit
international – un procès de haute tenue pédagogique qui n’exclut pas cependant des critiques
(participation de l’URSS, pas de spécificité du génocide juif etc.)
=> La dénazification de la société allemande et ses limites : la dénazification ne s’arrête pas aux
principaux dirigeants mais concerne aussi l’ensemble de la population allemande appelée à se
pencher sur son passé au sein d’État totalitaire où l'idéologie embrigadait toutes les structures de la
société – il convient ici de distinguer les différentes politiques appliquées selon les zones
d’occupation : distinguer ici la dénazification conduite à
 l’Ouest (mettre la population allemande devant sa responsabilité collective et à l’associer au
processus par l’envoi d’un questionnaire de dénazification + épuration de l’administration,
médias + retour des libertés publiques et démocratisation de la vie politique – avant un
processus de réhabilitation de masse dans le contexte réaliste de la Guerre froide : d’où un
sentiment mitigé sur le bilan de la dénazification en Allemagne de l’Ouest)
 à l’Est (une vaste opération de réparations de guerre pour le prix de l’occupation allemande
durant la guerre + action plus radicale qu’à l’Ouest + but ultime des autorités soviétiques est
surtout d’asseoir un pouvoir communiste en Allemagne de l’Est justifiant l’élimination de
tous les ennemis potentiels du socialisme pouvant nuire à la construction future de la
dictature communiste en Allemagne de l’Est – dans le contexte de la division de l’Allemagne
durant la Guerre froide, la RDA rejette ainsi l’héritage nazi complet sur la RFA, en y
dénonçant l’inachèvement du processus et la mise en avant de son ancrage dans le camp
antifasciste (selon doctrine Jdanov) derrière l’URSS contre les alliés des EUA dont la RFA
En URSS : une sortie progressive du modèle
Retenir ici le temps Khrouchtchev sur la dénazification et la volonté de réformer le modèle soviétique
– mise en échec cependant par la Nomenklatura attachée à ses privilèges et les blocages profonds de
l’économie et de la société soviétiques.
Durant Brejnev, période d’immobilisme qui rend le modèle soviétique de plus en plus ingouvernable
et creuse un fossé profond entre le parti communiste sclérosé et gangréné par la corruption - et les
aspirations du peuple soviétique à plus de libertés et à un meilleur niveau de vie. Les chiffres
catastrophiques de l’économie (masqués par la propagande, y compris en Occident) font
comprendre au PCUS l’urgence de réformer un modèle soviétique en déclin – inspirant la nomination
d’un réformateur en 1985.
Avec Gorbatchev, démocratisation, train de réforme, transparence (Gladsnost) et recours à
l’économie privée mis en œuvre - constituant un pas supplémentaire par rapport à Khrouchtchev –
afin de restructurer le modèle soviétique à bout de souffle. Toutefois l’affaiblissement inexorable du
régime et du bloc communiste en Europe condamne toute tentative de réformer le modèle en URSS
et exige une véritable libéralisation politique sociale et économique du pays en rupture avec le
modèle – entamée alors par le processus de 1989 (chute des démocraties populaires, ouverture des
frontières à l’Est) – qui se poursuit en URSS menacée d’implosion avec les proclamation
d’indépendance de certaines républiques (Etat balte) – jusqu’au coup d’état manqué des ultraconservateurs (été 1991) qui affaiblit cependant définitivement Gorbatchev et porte au pouvoir B.
Eltsine qui accélère le processus de décomposition finale de l’URSS et proclame la fin du
communisme dans une Russie devenue la C.E.I.
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