Psychologie et observation clinique
1- La psychologie clinique.
1-1- Généralité sur l’apparition du terme
Le terme psychologie clinique est apparu dans les années 1890 en
France, en Allemagne et aux Etats-Unis.
Selon André Rey, psychologue, c’est le suisse Edouard Claparède a
le premier utilisé le terme de psychologie clinique, qui devait selon lui
permettre de « transporter les ressources de la psychologie
expérimentale au lit du malade »
En France, c'est Pierre Janet (psychiatre reconnu de la fin du XIX)
qui l'utilise dès 1898.
1-2- Historique, contexte et définition
Au niveau universitaire, c'est Daniel Lagache (philosophe, psychiatre
et psychanalyste) qui l'introduisit dans la nouvelle licence de
psychologie en 1947.
Il la définit en 1949. La psychologie clinique côtoyait alors la
psychologie expérimentale, la psychologie différentielle, la
psychologie du développement et la psychanalyse.
Dans un souci de lui donner une place à part, il souligne son
autonomie par rapport à ces divers champs.
La psychologie est née pour sa part dans les années 1890 environ et
s'est affranchie de la philosophie, avec laquelle elle faisait tronc
commun ; elle s'est rapprochée de la physique et de la chimie selon un
modèle expérimental (Alfred Binet) et psychobiologique,
psychanalytique avec Henri Wallon qui travaille sur le développement
de l'enfant.
Psychologie clinique : Méthode d'approche plus globale que celle de
la psychologie expérimentale.
Affirmation d'objets (ce sur quoi se porte l'attention ou l'observation,
ce vers quoi convergent les intérêts du psychologue clinicien) et de
méthodes (façons d'atteindre les objectifs fixés) différents de la
psychiatrie et de la médecine pour circoncire l'ensemble des
manifestations pathologiques.
Discipline fondée sur l'approche individuelle des cas observés et
travaillés.
Objet d'étude de la P. C. : "Etude de la conduite humaine individuelle
et de ses conditions (hérédité, maturation, conditions physiologiques et
pathologiques, histoire de vie), en un mot, l'histoire de la personne
totale en situation". Définition de Daniel Lagache.
But de la P.C. : "Envisager la conduite dans sa perspective propre,
relever aussi fidèlement que possible les manières d'être et de réagir
d'un être humain concret et complet aux prises avec une situation,
chercher à en établir le sens, la structure et la genèse, déceler les
conflits qui la motivent et les démarches qui tendent à résoudre ces
conflits.." voilà en résumé le programme de la psychologie clinique
défini par Daniel Lagache.
L'ambition de D. Lagache était de dégager la psychologie de la
médecine, aller au-delà des éléments ne relevant que du médical et du
physiologique, élargir le champ de la psychiatrie en s'aventurant sur
des domaines non traité par elle (petite enfance, délinquance,
marginalisation sociale etc.). Trouvant son terreau essentiel dans la
psychanalyse, elle va tendre à se concevoir comme une
"ultraclinique".
Dans les années 60, l'effort est à la démédicalisation de la psychologie
clinique, Jean Favez-Boutonier y contribue en France.
Une opposition entre psychologie clinique et expérimentale va se
développer, la seconde trouvant dans le développement des
neurosciences un surcroît de légitimation scientifique. Le recours à la
psychanalyse pour asseoir l'identité de la psychologie clinique ne sera
pas toujours salvateur étant donné les scissions qui ont lieu dans les
différents groupes de psychanalyse et les attaques extérieures dont elle
est victime notamment en provenance des sociologues et des
philosophes.
Le problème, et peut-être la force de la psychologie clinique, a été de
s'appuyer sur des courants épistémologiques et des systèmes théorico-
pratiques parfois divergents. Systémique, analyse transactionnelle,
psychanalyse, philosophie, psychologie sociale. Cela implique une
interdisciplinarité antidoctrinale (bon côté) mais aussi l'appui sur des
concepts toujours provisoires.
Aujourd'hui, la psychologie clinique ne se limite plus qu'au seul cas
singulier, son objet s'est développé, il est fréquent de travailler sur des
groupes, sur une famille, sur une institution ou sur un ensemble social
aujourd'hui.
Au niveau des pratiques, elles sont diverses et vont de la passation de
test, entretien, psychothérapie, psychanalyse, Analyse institutionnelle
etc.
La nouvelle définition de la psychologie clinique selon Albert
Ciccone aujourd'hui est plus dépendante de la perspective, du point de
vue et de la position subjective du clinicien. La théorie porte un cadre
particulier qui formalise une pratique adressée à tel ou tel objet. Ce que
vise la psychologie clinique, c'est à donner du sens et à saisir des
parties du psychisme humain. Etude de celui-ci, de son fonctionnement
et de ses processus.
Pour Ciccone, ce sont les "situations qui permettent d'étudier les
processus de la vie psychique, leurs enjeux, leurs effets, leurs
modalités ; cela déborde l'étude des sujets singuliers nous l'avons vu.
1-3- Sur les rapports entre psychologie clinique et
psychanalyse.
Définition. La psychologie clinique utilise comme théorie la métapsychologie
freudienne. Elle est fondamentale mais non exclusive. Voyons ce que S. Freud
dit de la psychanalyse.
Dans "Résultats, idées, problèmes, II, en 1923, Freud en propose cette
définition en trois points :
"1- un procédé d'investigation des processus psychiques, qui autrement
sont à peine accessibles ; 2- une méthode de traitement des troubles
névrotiques, qui se fondent sur cette investigation ; 3- une série de conceptions
psychologiques acquises par ce moyen et qui fusionnent progressivement en une
discipline scientifique nouvelle."
Méthode de recherche, méthode de traitement, corpus conceptuel,
voilà les trois facettes de la psychanalyse freudienne sur laquelle se
base en large partie la psychologie clinique. Mais celle-ci ne se
confond pas avec la psychanalyse qui a ses propres contraintes, son
propre dispositif, ses exigences techniques propres.
La psychanalyse a plusieurs courants en son sein, en cela, elle est un
concept représenté par plusieurs courants, plusieurs pratiques et
plusieurs méthodes. Exemple avec la psychanalyse freudienne et la
psychanalyse lacanienne dans son dispositif. 45 minutes pour l'un,
pratique de la scansion pour l'autre.
Par rapport à la psychanalyse, la psychologie clinique va interroger
cette première dans ses failles et ses limites pour créer d'autres objets
d'Analyse (groupe, famille, institution).
En outre, la psychologie clinique s'ouvre sur d'autres approches que
celles de la psychanalyse pour se rapprocher tantôt de la psychiatrie,
tantôt de la phénoménologie, de la psychologie différentielle, de la
systémique, de la psychologie génétique ou cognitive, de
l'interactionnisme ou encore de la neuropsychologie.
1-4- Débats actuels autour de la psychanalyse
Le livre noir de la psychanalyse a été publié en septembre 2005. Il est
composé d’un ensemble d’articles anciens ou récents écrits par des
historiens, des philosophes, des psychiatres, psychologues,
chercheurs ou épistémologues. 4 grands noms sont à retenir parmi les
auteurs : Mikkael Borch-Jacobsen, philosophe, historien de la
psychanalyse et professeur à l’université de Washington ; Jean
Cottraux, psychiatre des hôpitaux, directeur de l’unité de traitement
de l’anxiété au CHU de Lyon ; Didier Pleux, docteur en psychologie,
directeur de l’institut français de thérapie cognitive et Jacques Van
Rillaer, professeur de psychologie à l’université de Louvain-la-Neuve.
En 4ème de couverture, l’intention de ces auteurs est clairement
définie. Voici les deux premières phrase de cette 4ème : « La France est
-avec l’Argentine, le pays le plus freudien du monde. Cette situation
nous aveugle : à l’étranger, la psychanalyse est devenue marginale. ».
Mais l’ouvrage n’est pas fait pour tenter d’expliquer pourquoi la
psychanalyse a finalement un intérêt puisque des pays comme la
France et l’argentine (mais il y en a bien d’autres) utilise encore
abondamment la psycha, l’ouvrage est conçu pour casser cette bonne
image.
En France, plusieurs écoles de psychanalyse existent. J’en délimiterais
deux : l’International Psychoanalytic Association (IPA) présidée par
Daniel Widlöcher, et l’Ecole de la Cause Freudienne (ECF) présidée par
Jacques-Alain Miller, gendre de jacques Lacan). Or, le livre noir a été
écrit par un groupe de personnes exerçant des TCC, des
neurosciences ou de la neuropsychologie et D. Widlöcher avait
exprimé le vœux de rapprocher la psychanalyse et ces courants (en
parlant même de neuropsychanalyse). En outre, en 2005 est sorti un
rapport de l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche
Médicale) chargé d’évaluer les psychothérapies et positionnant dans
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