
Les progrès récents dans la geson du trouble
de l’hyperphagie boulimique
Comprendre le trouble de l’hyperphagie boulimique : De la physiopathologie au diagnostic
Symptômes et critères diagnostiques
L’Association américaine de psychiatrie (American Psychiatric Association, ou APA) a reconnu le trouble de l’hyperphagie
boulimique (HB) comme un trouble de l’alimentation distinct dans le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fifth
Edition (DSM-5) [1] (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, cinquième édition). Avant cette édition, l’HB faisait
partie de la catégorie des «troubles de l’alimentation non spéciés (EDNOS)» selon la nosologie du Diagnostic and Statistical
Manual of Mental Disorders, Fourth Edition (DSM-IV)[2] (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, quatrième
édition).
Les crises de boulimie récurrentes sont la caractéristique clinique type de l’HB. Reconnue pour la première fois en 1959 par
Stunkard[3] dans un sous-ensemble de personnes obèses, la crise de boulimie est dénie comme «manger, dans un intervalle de
temps déni (p.ex., sur une période de 2heures), une quantité de nourriture qui est certainement plus importante que ce que la
plupart des gens mangent dans une période de temps similaire dans des circonstances similaires».[1] Ce qui distingue les crises de
boulimie de la suralimentation régulière, c’est le sentiment de manque de contrôle au cours de l’épisode, qui peut se manifester
comme un sentiment qu’on ne peut pas arrêter de manger une fois qu’on a commencé ou qu’on ne peut pas contrôler la quantité
que l’on mange. L’HB est distincte de la boulimie mentale dans la mesure où les personnes diagnostiquées comme sourant d’HB
n’ont pas de comportements compensatoires inappropriés récurrents tels que les vomissements provoqués, l’abus de laxatifs ou
l’exercice excessif.
Selon les critères DSM-5 d’HB, les crises de boulimie doivent avoir lieu, en moyenne, une fois par semaine sur une période de
3mois. Il s’agit d’un écart important par rapport aux critères DSM-IV, lesquels nécessitaient une moyenne de 2épisodes de crises
de boulimie par semaine sur une période de 6mois, et qui fait concorder les critères de fréquence et de durée de l’HB avec ceux
de la boulimie.
En plus de la caractéristique comportementale centrale des crises de boulimie, et an de répondre aux critères de diagnostic
de l’HB, les crises de boulimie doivent conduire à une détresse intense et présenter au moins 3des caractéristiques suivantes:
manger rapidement, manger jusqu’à ressentir de l’inconfort d’avoir trop mangé, des crises de boulimie sans avoir faim, manger
seul en raison de sa gêne et un sentiment de dégoût, de dépression ou de culpabilité après avoir mangé. Il est à noter que ces
caractéristiques supplémentaires ne sont pas obligatoires pour un diagnostic de boulimie mentale.
Contrairement à l’anorexie mentale et la boulimie mentale, il n’y a pas de critères diagnostiques pour l’HB liés à l’image corporelle
ou à l’inuence du poids et de la forme sur l’auto-évaluation. Bien que de nombreuses personnes atteintes d’HB sourent d’une
mauvaise image corporelle, ce critère n’est pas requis pour un diagnostic. En outre, il n’existe pas de critère d’indice de masse
corporelle (IMC) pour l’HB. Il est important de noter que l’HB peut se produire chez toutes les personnes, peu importe leur IMC,
mais elle est souvent associée à un excès de poids ou à l’obésité.
Prévalence
Aux États-Unis, la prévalence de l’HB a été estimée à 3,5% chez les femmes et à 2,0% chez les hommes. [4] Des enquêtes
communautaires dans 12pays estiment la prévalence à vie pour les deux sexes à 1,9%. [5]
Dans une étude basée sur une population de jumelles, 37% des femmes obèses (IMC de 30kg/m2 ou plus) ont déclaré avoir eu
des crises de boulimie, [6] ce qui représente 2,7% de la population féminine étudiée. La répartition par sexe pour l’HB est plus égale
que pour l’anorexie mentale ou la boulimie mentale, pour lesquelles il y a une prépondérance chez les femmes. [4] Il y a peu de
diérences en termes de prévalence parmi les groupes raciaux ou ethniques. [7,8]
Facteurs de risque
Les facteurs associés au développement de l’HB dans des études rétrospectives comprennent les expériences négatives de
l’enfance; la dépression parentale; la vulnérabilité personnelle à la dépression; l’exposition à des commentaires négatifs sur le
poids, la forme et l’alimentation; l’obésité infantile; les mauvais traitements, y compris les taquineries et l’intimidation; et le stress
perçu.[9-11] Bien que le seuil d’HB soit rarement atteint chez les enfants, ces derniers font état d’épisodes de perte de contrôle de
l’alimentation (une incapacité à arrêter de manger ou à contrôler la quantité ou le type de nourriture consommée), ce qui peut
être un précurseur de l’HB adulte.[12]