Re c h e r c h e Re c he r c he Chaque année en Suisse, on dénombre près de 1900 nouveaux cas de mélanome, un cancer particulièrement difficile à traiter, car il se dissémine dans d’autres organes en formant très vite des métastases. Pour les chercheurs, trouver un moyen de stopper ce processus de propagation des cellules cancéreuses constitue donc un objectif clé. Du développement normal à la formation d’une tumeur C’est précisément à cette question que s’intéresse Daniel Constam à l’EPFL. «Ma spécialité, à la base, c’est la biologie du développement», expose-t-il, un domaine qui recouvre les processus qui régissent notamment le développement des cellules normales. «Un grand nombre de processus se déroulent de manière très semblable dans le développement des cellules normales et dans celui des cellules cancéreuses», explique le scientifique. «Il y a toutefois une différence essentielle: dans le développement embryonnaire, l’organisme contrôle la division cellulaire, alors que dans la croissance cancéreuse, ce contrôle ne fonctionne plus. J’aimerais découvrir pourquoi.» A la recherche d’un traitement plus efficace contre le mélanome En constante progression, le mélanome est souvent diffi­ cile à soigner, surtout lorsqu’il a déjà formé des métastases. A l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), le Prof. Daniel Constam cherche un moyen de l’empêcher de 8 se propager à d’autres organes. Le rôle de l’activine En laboratoire, Daniel Constam examine si l’activine – une protéine – influence le développement des cellules du mélanome et comment. On suppose qu’une production excessive d’activine entraîne des modifications génétiques qui transforment des cellules relativement inoffensives en cellules malignes capables de se propager rapidement et de former des métastases. Pour mieux cerner le rôle de l’activine, Daniel Constam a mis au point différentes expériences en vue de montrer comment l’activation ou l’inactivation de cette protéine dans les cellules du mélanome influence la formation de métastases. A long terme, le but est de développer un médicament contre le mélanome sur la base de ces nouvelles connaissances. Il serait toutefois risqué d’utiliser une substance active qui mettrait l’activine hors circuit dans tout l’organisme: comme cette protéine par- Carte d’identité Daniel Constam a étudié les sciences naturelles à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich. Son doctorat, axé sur la genèse de certaines tumeurs cérébrales, l’a amené à s’intéresser de plus près à la biologie du développement, c’est-à-dire aux processus qui régissent le développement de l’embryon. Il a travaillé dans ce domaine de 1994 à 1999 à l’Université de Harvard aux Etats-Unis. Arrivé à l’EPFL en 2000, il se consacre également à la recherche sur le cancer depuis quatre ans environ. «Ici, les conditions sont idéales pour ce type de recherche», dit-il. Daniel Constam est marié et père de trois enfants. ticipe à un très grand nombre de processus métaboliques, cela entraînerait des effets indésirables importants. De ce fait, Daniel Constam étudie également les gènes commandés par l’activine dans les cellules tumorales. Attaquer les cellules cancéreuses de plusieurs côtés «Il n’existe pas encore de traitement efficace à long terme pour les mélanomes qui ont formé des métastases», explique Daniel Constam. «On teste actuellement une nouvelle méthode prometteuse dans le cadre d’études. Mais même si celle-ci devait donner de bons résultats, cela ne suffira pas.» Les cellules cancéreuses apprennent en effet très vite à faire échec au médicament; elles développent une résistance à la substance active qui ne sert alors plus à rien. «Nous avons besoin de plusieurs médicaments efficaces pour pouvoir attaquer le cancer de divers côtés à la fois» souligne D. Constam. Quant à savoir si ses travaux déboucheront sur la mise au point d’une nouvelle substance active, on l’ignore encore. Mais toute nouvelle découverte en relation avec la genèse du mélanome est un pas dans cette direction. Texte: Dr med. Eva Ebnöther; photo: Peter Schneider 9