Abandon et retour aux études
Patricia Arnaud 3
INTRODUCTION
Il est reconnu que la combinaison de plusieurs facteurs accroît les risques de décrochage
scolaire chez les jeunes. Parmi ces facteurs, se trouve la présence d’un trouble de santé
mentale.
Je dois spécifier que j’ai choisi délibérément le terme trouble de santé mentale, plutôt que
maladie mentale, afin de parler de ce qui affecte un jeune au niveau de sa santé mentale,
plutôt que de le stigmatiser par un diagnostic de maladie mentale. Il reste qu’une majorité
de jeunes ne reçoivent pas de diagnostic avant d’avoir atteint l’âge de jeune adulte,
souvent après 17 ou 18 ans et même souvent plus tard. À l’adolescence, on parle donc
souvent de troubles et moins de maladies. De plus, une personne peut être touchée par
une maladie mentale et être très fonctionnelle, tandis que si vous souffrez d’un trouble de
santé mentale, votre quotidien en sera affecté. C’est très souvent la différence que font les
travailleurs des organismes communautaires en santé mentale (réseau dont je fais partie).
Ma pratique professionnelle me fait intervenir auprès de parents ayant un proche atteint
de maladie mentale. Une majorité d’entre eux viennent consulter pour un jeune adulte
(souvent un fils ou une fille) ayant décroché du milieu scolaire dû à la présence entre
autres d’un trouble de santé mentale. Parmi les problématiques les plus souvent
rencontrées : la schizophrénie, la bipolarité, la dépression, une psychose toxique, un
trouble de la personnalité et des troubles anxieux. Malheureusement, nous rencontrons de
plus en plus de comorbidité1; ce qui complexifie grandement la situation. Suivant les
manifestations cliniques, le jeune vivra différentes difficultés affectant non seulement son
1 Présence de deux ou plusieurs diagnostics ou atteintes chez une même personne. Par exemple, un jeune
pouvant souffrir d’un trouble de personnalité limite, d’anorexie sévère et d’un problème de toxicomanie.