Douleur et souffrance dans les situations de handicap - De l’évaluation à l’accompagnement de la personne… p.4
Journées d’étude APF Formation – Unesco -–21, 22 et 23 janvier 2004
Les critères de choix pour l’application de stratégies médicamenteuses
Le premier critère pour savoir s’il peut être intéressant ou non d’utiliser la morphine, comme pour tout
autre médicament, est celui de l’origine et des caractéristiques de la douleur.
S’agit-il d’une douleur neuropatique ? La douleur est-elle continue, a-t-elle des accès ?
Ensuite il faut analyser la situation du patient lui-même.
Quelles sont les voies d’accès possible pour la prise des traitements ? Le patient peut-il utiliser la voie
orale (avec une sonde gastrique il faut savoir que certaines molécules passeront difficilement, je pense
notamment à certaines morphines retard qui peuvent adhérer aux parois du tube) ?
Y a-t-il des risques d’interactions médicamenteuses ? Il faut être initialement très prudent quant aux
interactions entre les différentes molécules, notamment chez des patients polymédicamentés comme le
sont souvent les personnes handicapées.
Enfin il faut veiller à bien analyser les effets des traitements proposés, leur efficacité.
La stratégie thérapeutique est-elle efficace ? Faut-il la poursuivre ou la modifier ? Si elle est poursuivie,
est-il nécessaire d’adapter les posologies à la hausse ou à la baisse ?
La prise en charge antalgique a pour objectif de soulager le patient. Si cet objectif n’est pas atteint il faut
la modifier.
L’utilisation de morphiniques en France aujourd’hui
On a souvent dit, à raison, que la France était en retard dans l’utilisation des morphiniques. La situation
a aujourd’hui considérablement changé puisque si on analyse les données de la Caisse Nationale
d’Assurance Maladie, quant à la consommation en volume des médicaments remboursés en France, on
se rend compte que la molécule la plus prescrite est le paracétamol et qu’en deuxième position apparaît
le dextropropoxyphène qui est un morphinique faible.
Les médicaments antalgiques en France sont donc très prescrits, peut être trop prescrits. Il y a
aujourd’hui probablement en France une surconsommation de produits morphiniques, notamment de
morphiniques faibles.
Si l’on s’intéresse maintenant à la consommation mondiale de morphine à visée médicale on voit qu’en
1984 elle était de 2,2 tonnes, en 1995 de 17 tonnes, en 1998 de 20 tonnes et en 2001 de 23,4 tonnes.
Le premier consommateur sont les Etats-Unis et le deuxième la France.