LA DECOLONISATION ET LA NAISSANCE DU TIERS MONDE 17 juillet 2014
d’émancipation des peuples dominés
et un désir de promotion du modèle américain en
matière économique et politique. Aussi, la Charte de l’Atlantique d’août 1941 reprenait-elle
de nombreux thèmes abordés par Wilson dans ses fameux « 14 points » de janvier 1918. La
Charte proclame en particulier « le droit de chaque peuple de choisir la forme de
gouvernement sous laquelle il doit vivre » et le libre accès, pour tous les Etats du globe, aux
matières premières. En réalité, dans le contexte politique de l’heure, il s’agit surtout pour les
Etats-Unis de s’assurer le soutien des peuples coloniaux contre l’ennemi ; pour cela, il faut
leur faire des promesses d’émancipation. Cependant, le président Roosevelt insiste à plusieurs
reprises sur le fait que son pays n’est pas entré en guerre pour conserver aux nations
européennes leurs empires coloniaux. Selon lui, une transformation du statut politique des
colonies est nécessaire, une fois la paix assurée. C’est ainsi que les Etats-Unis adoptent une
attitude en faveur de la décolonisation de l’Afrique du Nord où la « contagion » marxiste est
moins marquée.
En proclamant dans sa Charte de 1945 l’égalité des peuples et leur droit à disposer d’eux-
mêmes, l’ONU devient, dès 1945, l’une des tribunes du débat colonial. On y voit s’affronter
les tenants de la colonisation
classique et ceux de la décolonisation
. Ainsi, les sessions de
l’assemblée générale exercent une véritable fascination sur les nationalistes des pays soumis à
une domination de type colonial, ravis d’entendre accuser leurs « tuteurs » de ne pas respecter
les droits de l’homme. Aussi, dans son activité, l’ONU manifeste un effort constant de faire
disparaître les systèmes coloniaux. Par exemple, le 16 décembre 1952, elle émet une
résolution sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Son pouvoir d’incitation
s’exprime en particulier dans le règlement statutaire des anciennes colonies italiennes,
abandonnées par leur métropole en vertu du traité de février 1947 : la Libye accéderait à
l’indépendance au 1er janvier 1952, la Somalie en 1960, tandis que l’Erythrée formerait une
unité autonome fédérée au royaume d’Ethiopie.
3- La posture anticoloniale de la conférence de Bandoeng
A l'ONU est formé un groupe Afro-asiatique qui tente de promouvoir une politique
indépendante des deux blocs. Du 18 au 25 avril 1955, a lieu la Conférence de Bandung en
Indonésie. Elle est présidée par Sukarno. Sont représentés 29 pays, soit la moitié de
l'humanité et 8 % des richesses : Afghanistan, Arabie Saoudite, Birmanie, Cambodge, Ceylan,
Chine populaire, Côte de l'or ( Ghana), Egypte, Ethiopie, Inde, Indonésie, Irak, Iran, Japon,
Jordanie, Laos, Liban, Libéria, Libye, Népal, Nord- Vietnam, Pakistan, Philippine Soudan,
Sud- Vietnam, Syrie, Thaïlande, Turquie, Yémen.
Les résolutions adoptées sont les suivantes : droit des peuples à disposer d'eux-mêmes,
souveraineté et égalité des nations, refus de toute pression des grandes puissances, règlement
Les Etats-Unis aiment à rappeler leur pays fut lui-même une colonie.
France, Belgique, Pays-Bas, Grande-Bretagne.
Pays latino-américains et arabo-asiatiques soutenus par l’URSS.
Dès 1946, aux Nations Unies, le délégué de l’Inde, K. Menon, se fait remarquer par la hardiesse de ses
initiatives et la violence de ses discours, au moment où son pays prend la direction des mouvements de libération
des peuples d’Asie. L’Egypte entend jouer le même rôle auprès des pays arabes et se fait la championne de leur
lutte contre la domination franco-britannique.