T4
La thyroxine (T4, 3, 5, 3′ ,5′ ,tétra-iodothyronine) est
un iodo-aminoacide synthétisé par les cellules follicu-
laires de la thyroïde àpartir de l’iodation et du couplage
de deux tyrosines. Ces réactions ont lieu au sein de la
thyroglobuline, dont la protéolyse permet la libération
de la thyroxine. Toutes ces réactions sont sous la dépen-
dance de la thyréostimuline (TSH). La T4 constitue
environ 80 %delaproduction hormonale thyroïdienne
et représente environ 90 %del’iode fixé aux protéines
(PBI). Sa demi-vie est de 7jours.
La thyroxine circule dans le plasma liée pour la majeure
partie àdes protéines, principalement la thyroxin bin-
ding globulin (TBG) :75à80 %, mais aussi l’albu-
mine :5à10%,etlapréalbumine (TBPA) :15à20 %.
Une faible fraction (environ 0,03 %) reste libre, repré-
sentant la partie biologiquement active. L’action de la
T4 alieu par l’intermédiaire de la tri-iodothyronine
(T3) dont elle est le précurseur. Elle est principalement
désiodée en T3 par une 5′ -désiodase. Elle peut égale-
ment être désiodée par une 5-désiodase en T3 reverse
(rT3), physiologiquement inactive. Certaines situations
physiologiques, pathologiques ou iatrogènes (amio-
darone, propylthiouracile) favorisent la désiodation
préférentielle vers la rT3.
Le dosage de la T4 est réalisé par méthode immuno-
logique. Les hormones thyroïdiennes T4 et T3
demeurent àuntaux stable durant le nycthémère. Les
valeurs usuelles sont de 66 à181 nmol/l (51,3 à
140,6 μ g/l). La T4 ades valeurs stables tout au long de
la vie.
Les taux sont diminués au cours des hypothyroïdies
d’origine centrale ou périphérique et lors des carences
en iode. Ils augmentent au cours des hyperthyroïdies
et des surcharges iodées. Ils peuvent être normaux ou
diminués au cours des adénomes àT3.
Des variations de la T4 peuvent se rencontrer lors de
modifications des concentrations de protéines porteuses
ou de changement d’affinité pour ces protéines :
•taux élevés, en relation avec une élévation de la TBG
(grossesse, estrogènes, augmentation congénitale) ou
une libération de la T4 depuis ses sites hépatiques
(héparine) ;
•taux abaissés, en relation avec une diminution de la
TBG (androgènes, glucocorticoïdes, hyper-
corticismes, acromégalie, hypoprotidémie, déficit
congénital), un catabolisme augmenté par induction
enzymatique (barbituriques), un déplacement de la
T4 de ses protéines porteuses (salicylés, anti-
inflammatoires non stéroïdiens, hydantoïne).
C’est pourquoi il est recommandé d’effectuer des
dosages de thyroxine libre (T4L), meilleur reflet de
l’activité thyroïdienne, au détriment de celui de la T4
totale.
T4L
La thyroxine libre (T4L, free thyroxin,FT4) est la frac-
tion libre, biologiquement active, de la thyroxine dont
elle représente 0,03 %.
La plupart des techniques de dosage utilisent une
méthode directe par compétition vis-à-vis d’un ana-
logue utilisant un anticorps spécifique. L’amélioration
récente de ces techniques, respectant l’équilibre des
formes libres et liées, permet d’atteindre la même qua-
lité que les techniques dites de référence. Des artefacts
peuvent survenir, provoqués par des autoanticorps, par
des anomalies congénitales d’une des protéines vec-
trices, en cas d’augmentation des acides gras non estéri-
fiés, chez les patients traités par héparine, ou par divers
médicaments. En cas de suspicion d’un résultat
inapproprié de T4L, celle-ci devrait être vérifiée par une
méthode différente. On peut également doser la T4
totale, car une interférence n’affecte que rarement les
deux dosages au même degré et dans le même sens.
La fonction thyroïdienne devrait être évaluée àpartir
du rapport TSH/T4T lorsque :
•le malade aune maladie non thyroïdienne sévère ;
•le malade prend des médicaments qui déplacent la T4
de la TBG comme le furosémide, la phénytoïne ou la
carbamazépine.
Au niveau international, il n’existe pas d’étalon stan-
dard ou de méthode de référence pour le dosage des
hormones libres. Les valeurs usuelles sont de 12 à
22 pmol/l (9 à17,1 ng/l) pour une technique par
compétition en chimiluminescence vis-à-vis d’un ana-
logue.
Lorsque la fonction hypothalamo-hypophysaire est
normale, il existe une relation log/linéaire inverse entre
la TSH et la T4L, suite àl’inhibition de la sécrétion de
TSH par l’hypophyse par le rétrocontrôle exercé par les
hormones thyroïdiennes.
Quand le statut thyroïdien est stable et la fonction
hypothalamo-hypophysaire intacte, le dosage de TSH
est plus sensible que celui de la T4L pour la détection
des anomalies discrètes de l’hormonémie thyroïdienne ;
en revanche, pour ceux qui ont un statut instable, le
dosage de T4L est un indicateur plus fiable du statut
thyroïdien que celui de la TSH, comme pendant les
2à3premiers mois d’un traitement d’hypo- ou
d’hyperthyroïdie.