développé et possède une activité tumorale établie. Nous prendrons l'exemple
des GIST pour illustrer cette première catégorie de maladies (1-9).
Les tumeurs stromales gastro-intestinales (GIST) sont des tumeurs rares,
pouvant se localiser à tous les étages du tractus digestif, dont l'incidence
estimée est voisine de 2 nouveaux cas pour 100 000 habitants par an. Les GIST
représentent une entité nosologique particulière depuis la découverte de leur
lien avec les cellules de Cajal, les cellules pacemakers de la motricité digestive.
Sur le plan phénotypique, les cellules tumorales de GIST sont caractérisées par
l'expression du marqueur CD34, commun aux cellules de Cajal, et par l’ex-
pression du récepteur tyrosine kinase kit (CD117) sous une forme mutée et/ou
activée dans 85% des cas, et de la chaîne alpha du récepteur du platelet derived
growth factor (PDGF)- PDGFRαdans 5% des cas environ. Ces mutations sont
de survenue précoce et constituent même possiblement l'événement oncogé-
nétique initial de la maladie (10-13).
La protéine kit, produit du proto-oncogène kit, est un récepteur trans-
membranaire à activité tyrosine kinase dont le ligand naturel est le facteur de
croissance stem cell factor (SCF) (14). Le gène kit est situé sur le bras long du
chromosome 4 (14). Ce récepteur appartient à la famille des récepteurs tyro-
sine-kinase de type III, et présente d'importantes homologies structurales avec
les récepteurs du macrophage colony stimulating factor 1 (M-CSF-1) du PDGF.
Les mutations de kit sont classées en deux catégories (14) :
– les mutations dans les zones régulatrices portant sur les portions extracellu-
laires de la molécule ou sur les zones trans-membranaires et
juxtamembranaires impliquées dans la dimérisation ;
– les mutations dans le domaine kinase, souvent peu sensibles à l'imatinib.
Ces mutations impliquent possiblement des voies de signalisations intracel-
lulaires différentes qui sont actuellement à l’étude (11-20). Dans les GIST, les
mutations de ce gène, observées dans 85 à 90 %, sont responsables d’une acti-
vation spontanée de kit indépendamment de sa liaison avec son ligand
spécifique. Ces mutations sont rencontrées dans la lignée germinale dans les
rares cas familiaux de GIST, et dans la majorité des tumeurs à un stade précoce
ou avancé. Dans les GIST dépourvues de mutations détectables de kit, une
activation constitutionnelle de la kinase est observée (13). Les mutations de kit
et, d'une manière plus générale, son activation, pourraient jouer un rôle onco-
génique initial dans le développement de cette maladie.
Dans les GIST, les mutations sont le plus souvent situées dans l’exon 11 de
kit, plus rarement dans l’exon 9 et exceptionnellement dans les exons 13, 17 et
14 (14-20). La grande majorité de ces mutations se trouvent de part et d’autre
de la région transmembranaire du récepteur, impliquée dans la dimérisation de
la kinase après fixation de son ligand. La nature des mutations semble
influencer le devenir des GIST, y compris avant l'ère de l'imatinib (21-28). La
mise en évidence de ces mutations dans des GIST de petite taille (< 1 cm) et
dans des GIST familiaux souligne la précocité, voire la causalité de cet événe-
ment génétique, dans la carcinogenèse des GIST (11, 20). D'autres anomalies
génétiques apparaissent secondairement cependant, notamment des altérations
Les thérapeutiques ciblées… 517