CHIRURGIE THORACIQUE CARDIO-VASCULAIRE - 2013 ; 17(1) : 23-28 27
c h i r u r g i e c a r d i a q u e
Le séjour moyen en réanimation postopératoire était de 2 ± 1
jour et le séjour moyen total était de 8 ± 5 jours.
Deux décès postopératoires ont été expliqués par un état de
choc en ultime détresse respiratoire à l’admission chez le pre-
mier patient, malgré l’hémostase chirurgicale de la plaie du
ventricule gauche, l’arrêt cardiorespiratoire était non récupé-
rable. Pour le second patient le lieu de l’agression était à 200
kilomètres de l’hôpital, par un coup de couteau abdominal,
responsable d’une plaie du foie, de la veine cave inferieure et
de l’oreillette droite, l’hémostase chirurgicale a été assurée,
mais le patient est décédé à H 8 du postopératoire par une
consommation intravasculaire disséminée (CIVD).
4. DISCUSSION
La tamponnade post-traumatique est une urgence vitale. Le
diagnostic de tamponnade et la décision d’exploration chirur-
gicale restent essentiellement cliniques. Néanmoins, chez les
blessés qui se présentent avec un traumatisme pénétrant dans
le précordium (l’aire cardiaque) et qui reste hémodynamique-
ment stable, l’échocardiographie est l’examen complémen-
taire de choix à la recherche d’un hémopéricarde. Dans ce
contexte, une exploration chirurgicale à la recherche d’une
plaie du cœur sous-jacent est toujours justifiée [1-2].
La gravité des conséquences hémodynamiques d’un épan-
chement péricardique est plus liée à la vitesse de sa consti-
tution qu’à son volume [3]. En effet, du fait de la structure
du péricarde, de grandes quantités de liquide peuvent s’ac-
cumuler progressivement avant que n’apparaissent des signes
cliniques. En revanche, les épanchements constitués rapide-
ment (quelques minutes à quelques heures) dépassent la ca-
pacité d’adaptation du péricarde qui n’a pas le temps de s’éti-
rer et l’augmentation rapide de la pression intrapéricardique
compromet le remplissage des cavités cardiaques et provoque
une chute spectaculaire du débit cardiaque [4].
Les traumatismes thoraciques fermés peuvent entraîner des lé-
sions du cœur et des gros vaisseaux et les traumatismes thoraci-
ques pénétrants exposent au risque de plaies cardiaques. Dans
ce contexte, la tamponnade est une complication fréquente qui
nécessite son évacuation et une exploration chirurgicale à la re-
cherche d’une plaie du cœur sous-jacente [5,6]. Dans certains
cas un drainage percutané par péricardiocentèse peut soulager
le patient en attendant une exploration chirurgicale urgente si
on est à distance d’un bloc opératoire [7].
Les plaies pénétrantes du cœur constituent une urgence
extrêmement grave et létale. En effet, seulement 11 à 25 %
des patients arrivent vivants à l’hôpital [8-10]. Parmi les survi-
vants, 20 % ont un état hémodynamique stable [10,11]. Chez
ces patients stables, le taux de survie est important pouvant
atteindre 89 % [12] quand le diagnostic est précoce et la prise
en charge chirurgicale rapide. En revanche, 17 à 52 % des pa-
tients opérés gardent des séquelles cardiaques passant souvent
inaperçues du fait de la réalisation exceptionnelle de bilan
lésionnel en postopératoire [13].
Les lésions cardiaques simples peuvent être traitées par car-
diomyoraphie avec de très bons résultats [14]. Le recours à la
circulation extracorporelle reste exceptionnel. Le facteur pro-
nostique le plus déterminant est le délai de prise en charge
chirurgicale. La gestion en urgence des patients qui présen-
tent une plaie de l’aire cardiaque doit privilégier la proximité
et la disponibilité du centre chirurgical qui va accueillir le
blessé, qu’il possède ou non un service de chirurgie cardio-
vasculaire [15].
La particularité de notre série comporte la prédominance d’agres-
sions par arme blanche chez une population exclusivement mas-
culine et jeune. Deuxième particularité, le délai entre l’agression
et l’admission à l’hôpital qui est relativement court et s’explique
par la proximité de l’hôpital des quartiers populaires de la ville où
a lieu la majorité des agressions. Enfin une cause parfois mécon-
nue des tamponnades cardiaques, les traumatismes pénétrants
abdominaux : 2 cas de notre série avaient une porte d’entrée ab-
dominale en transdiaphragmatique.
Le choix de la voie d’abord chirurgicale par thoracotomie était
justifié dans notre contexte par le fait que cette voie donne
une exposition suffisamment large pour explorer le cœur, les
gros vaisseaux et le poumon homolatéral, afin d’assurer une
hémostase chirurgicale et d’évacuer à la fois l’hémopéricarde
et l’hémothorax. D’une autre part, la thoracotomie est plus fa-
cile à réaliser en comparaison à la sternotomie qui possède un
risque infectieux postopératoire relativement élevé par rap-
port à la thoracotomie, surtout dans un contexte d’urgence et
dans une salle de bloc opératoire des urgences chirurgicales
générales qui n’est pas uniquement dédiée à la chirurgie car-
diaque. Par contre le grand avantage de la sternotomie dans la
gestion chirurgicale des plaies cardiaques est la possibilité de
corriger les lésions intracardiaques sous circulation extracor-
porelle qui est rarement nécessaire en première intention.
5. CONCLUSION
Les plaies post-traumatiques du cœur sont des urgences vi-
tales, l’instabilité hémodynamique et le choc hémorragique
indiquent une exploration chirurgicale urgente. Les lésions
cardiaques sont relativement simples qui peuvent être trai-
tées par une simple suture des parois cardiaques, et elles né-
cessitent rarement une circulation extracorporelle urgente.
Leurs résultats dépendent du délai de la prise en charge
initiale et de la qualité de la prise en charge chirurgicale
multidisciplinaire.
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