Analyser la cible
La «due diligence» se définit comme la
procédure d'investigation d'une société
cible appliquée lors d'une opération
ayant pour objet un changement signi-
ficatif dans la détention du capital voire
dans sa structure. Elle vise à analyser
l'étendue des risques et les opportuni-
tés résultant de l'acquisition envisagée
dans le but d'aboutir à une juste valo-
risation de l'entreprise cible.
Check list de l’acquéreur
Pour faire de votre future acquisition un
succès, les points suivants doivent iné-
vitablement être envisagés:
1. Identifier les caractéristiques de la ci-
ble: produits et services, marchés,
positionnement concurrentiel, forces
et faiblesses...
2. Comprendre son fonctionnement
dans le contexte économique, fiscal,
environnemental et juridique : iden-
tification des facteurs clés de renta-
bilité, examen des principaux
contrats, étude des aspects sociaux,
analyses des systèmes d'information
et des risques liés à l'environnement,
détermination des enjeux fiscaux.
3. Evaluation de la qualité des données
financières disponibles ainsi que du
référentiel comptable adopté.
4. Déterminer les risques et identifier
les garanties requises.
5. Envisager la période post-acquisi-
tion : réorganisations structurelles,
humaines, relocalisations…
6. Finaliser le protocole d’accord et
les documents juridiques relatifs
au prix d’acquisition, au pacte
d’actionnaires, au montage fiscal
éventuel…
Risques et garanties
Disposant généralement de peu de
temps et
d'un
accès
souvent
limité
aux informations finan-
cières, juridiques, sociales et fiscales
pour prendre leur décision
d'investissement, il est généralement
conseillé aux acquéreurs de recourir à
des mécanismes de garanties. En effet,
la reprise d'une entreprise représente
des risques de diverses natures :
stratégiques, opérationnels, financiers,
juridiques, fiscaux, environnementaux
et sociaux.
En cas d’acquisition d'une entreprise,
le preneur peut demander une garantie
appelée «garantie d'actif/passif». Elle
permet à l’acheteur de se protéger
contre des charges futures non appa-
rentes dans les comptes. Les plus fré-
quentes sont relatives aux livraisons
intervenues avant la vente, à un redres-
sement fiscal antérieur ou à des pour-
suites judiciaires concernant des événe-
ments passés. Elle protège aussi les
actifs de l’entreprise (stocks, immeu-
bles,…).
En pratique, il est également possible
d’envisager «la garantie de la garantie»
autrement dit d’assurer une garantie de
paiement si la ga-
rantie de passif venait à être mise en jeu.
Des garanties spécifiques, telles que
les garanties de la légalité de l'activité
(autorisations administratives en ordre,
propriété des actions et des brevets...) et
les garanties contre les risques environ-
nementaux (pollution de sols et des
eaux) sont aussi possibles. Ce type de
garantie figure généralement dans le
contrat de cession.
Toutefois, il ne suffit pas de détermi-
ner l’une ou l’autre garantie, encore
faut-il définir précisément la manière
dont celle-ci sera mise en jeu: procé-
dure (courrier recommandé, seuil mini-
mum, délai, prescription...), droit de re-
gard du cédant sur les litiges (clause de
négociation commune) et la détermina-
tion des possibilités d'arbitrage en cas
de recours. Hormis cela, d’autres pré-
cautions sont également à mentionner
dans le contrat de garantie: limitation
de la garantie au prix de vente, mise en
jeu de la garantie à partir d'un certain
seuil afin d'éviter les petits litiges.
Acquérir une autre société : à quoi faut-il
faire attention ?
4Due diligence PUBLICITÉ
ACQUÉREUR ET VENDEUR
Texte: Adeline Beijns
Le saviez-vous ?
Malgré une année très difficile en raison de
la crise des «subprimes», les opérations de
fusions/acquisitions ont augmenté de 25%
en Suisse au cours de l’année 2007.
En pratique
La «due diligence» exécutée par le ven-
deur consiste en l’établissement d’un
rapport établi à sa seule initiative, gé-
néralement par des consultants ex-
ternes, dans le but de permettre aux in-
vestisseurs de fonder leur jugement sur
la situation financière, l'activité et les
perspectives de la société qu’ils envisa-
gent de racheter. Les coûts sont suppor-
tés d’habitude uniquement par lui. Ce
rapport inclut en particulier :
- un historique détaillé de la société ou
de la branche d’activité cédée qui per-
mettra à l’acquéreur de comprendre le
business model suivi.
- une analyse du positionnement
concurrentiel de l’entreprise et de ses
produits et services (identification du
contexte actuel et futur du segment de
marché, des concurrents,…).
- un examen de plusieurs ratios finan-
ciers concernant la rentabilité (chiffre
d’affaires, marge brute, frais géné-
raux,…), la liquidité (quick ratio, ratio
courant, besoin en fonds de roule-
ment,…) et la solvabilité (ratio
d’endettement) au cours des trois,
voire des cinq dernières années.
- une analyse des points forts (commer-
ciaux, technologiques, …) et des fai-
blesses de l’organisation (analyse
SWOT : strenghts (forces), weaknesses
(faiblesses), opportunities (opportuni-
tés), threats (menaces)).
- une étude des éléments fiscaux
(contrôle fiscal, contentieux TVA, …),
sociaux (relations avec les syndi-
cats, …), environnementaux (respon-
sabilité en matière d’environnement,
d'hygiène et de sécurité au travail) et
informatiques (sécurité et infrastruc-
ture) critiques.
- un plan d’exploitation («business
plan») qui informe sur le passé, le pré-
sent et l’avenir de l’organisation. Il
décrit la situation du marché et
constitue un outil redoutable de pla-
nification puisqu’il déterminera si la
fusion/acquisition a économiquement
du sens.
Du pour et du contre
Bien que ne se substituant pas à la mis-
sion de «due diligence» menée par
l’acquéreur, cet exercice présente plu-
sieurs avantages, à savoir: accélération
du processus de vente en fournissant
un grand nombre d’informations à
l’ensemble des acquéreurs potentiels,
réduction des coûts d’analyse pour les
acquéreurs, fourniture d’informations
validées par des consultants externes.
Malgré ce dernier point, les opposants
à cette pratique évoqueront que les in-
formations présentées ne sont pas
exhaustives et sont tournées à la faveur
du vendeur. Un autre point faible sou-
levé est le manque d’évaluation des
synergies post-transaction, le vendeur
ne s’y sentant plus concerné.
Détermination du prix de
cession
Lorsqu’une entreprise est en vente, des
intérêts et des perceptions diamétrale-
ment opposés s’affrontent : le vendeur
se braque sur le passé en n'analysant
bien souvent que les succès obtenus, en
occultant les points faibles de son or-
ganisation tandis que, l’acquéreur,
s’attache à l’avenir en étudiant les op-
portunités futures.
Eu égard aux éléments qui précèdent,
le vendeur ne sera en mesure d’obtenir
un prix de cession élevé que s’il par-
vient à fournir, dans son rapport de
«due diligence», des éléments et des
perspectives post-acquisitions et non
pas des analyses et des confirmations
historiques que l’acquéreur ne saurait
valoriser puisque seul l’avenir lui im-
porte.
Due diligence « vendeur » : les points clés
Texte: Adeline Beijns
Classement 2007 des cinq plus grandes opérations de fusions/acquisitions:
Position Cible/Acquéreur Montant (en milliards USD)
1 ABN Amro par le consortium RBS, Fortis et Santander 99 364
2 Kraft Foods par un groupe d'actionnaires 61 454
3 TXU par des fonds d'investissements 44 372
4 Alcan par Rio Tinto 43 922
5 Capitalia par Unicredito 30
Source : Thomson Financial (2007)
Le saviez-vous ?
Le saviez-vous ?
La proportion des entreprises suisses repri-
ses par des entités étrangères a augmenté
de 21% l’année dernière. 75% de ces ac-
quéreurs étrangers viennent de l’Europe de
l’Ouest.
Réalisée volontairement par le vendeur dans une opération de fusion/acquisition, la
«vendor due diligence» (VDD) présente de nombreux avantages valorisés et appréciés
tant par le cédant que par l’acquéreur. Pleins feux sur cette discipline à haute valeur
ajoutée.
Lorsqu’une entreprise est en vente,
des intérêts et des perceptions diamétralement
opposés s’affrontent. ”
”
Encasd’acquisitiond'une
entreprise, le preneurpeutdemander
unegarantie appelée«garantie
d'actif/passif».”
”
Quand une acquisition semble logique, voire naturelle, il est quelquefois difficile
de brider son enthousiasme et de s’astreindre à une «due diligence» rigoureuse et
pragmatique. Cet audit peut toutefois éviter des conséquences financières
dramatiques et fournir une garantie en cas de problèmes.