
Plein Sens – Actions Traitements – Etude sur la perception du risque iatrogénique 4
Introduction
Avec le vieillissement des personnes vivant avec le VIH, les situations de
polypatholgie chronique et de polymédication associées sont de plus en plus
fréquentes. Or la polymédication augmente, par construction faudrait-il dire,
l’exposition au risque iatrogénique médicamenteux. Fidèle à son objet social,
ACTIONS TRAITEMENTS souhaite contribuer à la réduction des risques en ce domaine
en s’attachant à développer les capacités des patients en matière de bon usage
des traitements médicamenteux dans les situations de polymédication. L’association
se place dans un champs de recherche et d’interventions tout à fait
complémentaire des actions généralement organisées en matière de réduction du
risque iatrogénique ; le plus souvent elles visent au premier chef la responsabilité de
prescription du médecin. Ici il s’agit de comprendre et d’agir le cas échéant sur la
pratique des patients.
Avant d’envisager des actions et recommandations dans ce sens, l’association a
souhaité voir réaliser une étude exploratoire sur la perception de ce risque. Elle a
confié à Plein Sens, dans le cadre d’un projet de recherche-action financé par la
Direction Générale de la Santé (DGS), la réalisation d’une étude qualitative sur
l’expérience vécue de la prise de médicaments chez des personnes
polymédiquées, traitées pour le VIH ou d’autres pathologies.
Une enquête non médicale a donc été réalisée à partir de la rencontre d’un panel
de 50 personnes de 50 à 70 ans prenant au moins 3 médicaments par jour pour au
moins deux pathologies différentes. L’objectif de ces entretiens était de saisir les
représentations et les pratiques des patients chroniques. Interrogés par des
enquêteurs profanes de la médecine, c’est le discours des patients qui a été recueilli
sans prisme normatif ou évaluatif sur le caractère approprié ou non de leur pratique,
sans jugement médical. Il ne s’agit pas de savoir si les patients font bien ou mal, mais
simplement de saisir leurs raisons d’agir.
Initialement conçue pour identifier des axes de travail sur la prévention du risque
iatrogénique, cette étude ouvre sans doute plutôt sur la compréhension des
pratiques qui entourent la prise de médicaments et des représentations qui leur sont
associées. La prise quotidienne de médicaments s’inscrit en effet aussi bien dans
l’histoire (parfois longue) de la maladie et du rapport au(x) médecin(s)
prescripteur(s), que dans les diverses dimensions du rapport au corps que le
médicament vient soigner mais également perturber. Sans qu’il y ait à proprement
parler auto-médication, et quoique bien souvent les patients se « contentent » de
suivre leur prescription, la prise de médicaments, aussi routinière soit-elle, engage
une rationalité et une compétence – un travail - qu’il s’est agi de mettre à jour.
Ce rapport restitue les principaux éléments d’analyses issus de ce travail
compréhensif. Dans une première partie, nous expliquons le protocole d’étude :
nous posons une définition organisée du risque iatrogénique et nous expliquons
pourquoi il a été choisi de ne pas interroger des personnes âgées au-delà de 75 ans
pour ne retenir que le critère de la polymédication comme situation d’expérience.