Item n° 105 : Surveillance des porteurs de valve et de prothèse

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Item n° 105 : Surveillance des porteurs de valve et de prothèse
vasculaire
OBJECTIFS TERMINAUX
I. Expliquer les risques inhérents aux valves artificielles et aux prothèses vasculaires et les mesures préventives correspondantes
II. Diagnostiquer une complication liée au matériel prothétique ou au traitement
IEXPLIQUER LES RISQUES INHÉRENTS AUX VALVES ARTIFICIELLES ET AUX PROTHÈSES VASCULAIRES
ET LES MESURES PRÉVENTIVES CORRESPONDANTES
1. Nature des risques
1-1. Trois types de risque
Les risques des prothèses valvulaires et vasculaires et par extension des autres dispositifs cardiovasculaires (pace-maker [PM], défibrillateur…) sont
triples :
Risque de la pathologie sous-jacente traitée et du dispositif, avec des situations très diverses selon le degré de récupération apporpar le geste et
la nature du matériel. Se référer aux ouvrages de cardiologie.
Risque lié à l'éventuel traitement anti-coagulant, avec là encore des situations très diverses entre l'abstention thérapeutique, le recours aux anti-
agrégants plaquettaires, ou la nécessité d'un traitement anti-coagulant. Se référer aux ouvrages de cardiologie.
Risques infectieux. Seul ces risques sont détaillés ci-après.
1-2. Risque infectieux
Au contraire des tissus natifs, les corps étrangers ne disposent d'aucun moyen de défense contre l'infection, et y sont au contraire très sensibles.
Chez les sujets porteurs de prothèse cardiovasculaire, les infections sont à la fois :
plus fréquentes, les matériaux favorisant l'adhésion des micro-organismes
plus sévères : exemple de l'endocardite infectieuse sur valve artificielle au pronostic aggravé (sur-incidence de germes virulents comme Staphylo-
coccus aureus ; surmortalité à germe identique)
d'expression clinique parfois différente, les micro-organismes pouvant rester quiescents au contact de la prothèse (protégés par le biofilm) des
semaines ou des mois après la contamination et s'exprimer secondairement
plus difficile à éradiquer : sur-incidence des BMR d'acquisition nosocomiale ; difficultés thérapeutiques y compris pour les germes très sensibles, le
biofilm protégeant les micro-organismes de la phagocytose et de l'activité des anti-microbiens.
Aussi, quelle que soit la pathologie sous-jacente traitée, tout patient porteur d'une valve cardiaque devient un sujet à haut risque d'endocardite infec-
tieuse. Cette recommandation vaut qu'elle que soit la nature de la prothèse valvulaire (mécanique, bioprothèse ou homogreffe), même si les homo-
greffes sont réputées un peu moins sensibles à l'infection. En général, l'infection se développe au contact de la prothèse (ou de la sonde endocavitaire
de PM, de défibrillateur…) puis s'étend par contiguïté.
De même tout sujet porteur d'une prothèse vasculaire est à risque de «greffe infectieuse» à ce niveau, avec une évolution vers un anévrisme infectieux,
toujours à haut risque de fistule/rupture.
2. Mesures préventives correspondantes
La prévention doit s'envisager à la fois en amont de l'intervention, pendant la période péri-opératoire, et pour la vie restante.
2-1. Prévention en amont de l'intervention
Chaque fois que possible (c'est-à-dire pour tout geste réalisé «à froid»), il convient de :
pister et éradiquer tout foyer infectieux dentaire :
- Rationnel = les bactéries d'origine dentaire sont à haut risque de greffe
- pistage par l'anamnèse (antécédent d'infections bucco-dentaires symptomatiques), l'examen (dentiste ou stomatologue), et la radiographie
panoramique dentaire ici très systématique
- Traitement non conservateur (avulsion) si risque de non-éradication de l'infection
- Sans omettre l'antibioprophylaxie (Cf. Item 80) si le patient est déjà à risque d'endocardite.
pister et éradiquer un foyer infectieux d'un autre site :
- Rationnel = le réveil d'un foyer infectieux même ancien est à risque de «greffe» sur un matériel prothétique
- Anamnèse pour rechercher les situations nécessitant d'éventuelles explorations complémentaires :
ostéite chronique (antécédents traumatiques, fistule à la peau)
fièvres «canalaires» (accès de fièvre + frissons marqués) urinaire ou biliaire
- Traitement éradicateur des éventuels foyers chaque fois que possible.
pister et traiter un portage de Staphylococcus aureus méticilline résistant (SAMR) :
- Écouvillonnage nasal
- Traitement des porteurs (mupirocine en application nasale + bain cutané de chlorhexidine)
- Dans le but de diminuer le risque d'infection péri-opératoire (médiastinale…).
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pister et traiter une bactériurie :
- ECBU
- Ici traitement d'une simple colonisation
- Dans le but de limiter les infections hématogènes à porte d'entrée urinaire en péri-opératoire.
2-2. Prévention péri-opératoire
Antibioprophylaxie du geste (céphalosporine ou vancomycine en cas d'allergie ou d'antécédents de portage ou d'infection à SAMR)
Hygiène rigoureuse
Ablation la plus précoce possible de tous les dispositifs invasifs (sonde urinaire, cathéter vasculaire, drain…).
3. Prévention postoratoire
Éducation des patients afin qu'ils intègrent les mesures préventives dans leur quotidien, sans dramatiser ni sous-estimer les risques infectieux.
Prévention des plaies :
- Prévention primaire = gants, manches longues, chaussons adaptés pour tous gestes à risque (jardinage, bricolage…) ; si nécessaire, aménagement
du poste professionnel en lien avec le médecin du travail
- Prévention secondaire = désinfection immédiate de toute plaie.
Informations sur le statut de sujets porteurs prothèses de tous soignants tout geste invasif.
Chez les sujets porteurs de prothèse valvulaire : antibioprophylaxie de l'endocardite infectieuse selon les règles communes au groupe à haut risque
(cf. item 80).
Chez les porteurs de prothèse vasculaire : absence de référentiels officiels ; certains experts recommandent une antibioprophylaxie des gestes
invasifs (artériographie, coloscopie…).
Traitement précoce de toute infection bactérienne potentiellement sévère, afin de limiter de bactériémie et par là celui de greffe infectieuse sur la
prothèse.
II DIAGNOSTIQUER UNE COMPLICATION LIÉE AU MATÉRIEL PROTHÉTIQUE OU AU TRAITEMENT
Seuls sont abordés ici les complications infectieuses.
Se rapporter aux ouvrages de cardiologie pour les complications :
de la prothèse
de la pathologie sous-jacente
du traitement anti-coagulant.
1. Diagnostiquer une infection du site opératoire (ISO)
1-1. Diagnostic clinique
Évident devant la suppuration au site de l'infection
Avec tous les degrés de gravité :
- de l'ISO manifestement superficielle, limitée
- à l'ISO profonde, incluant la prothèse.
1-2. Diagnostic d'imagerie
À juger au cas par cas
Pour préciser l'étendue de l'infection (TDM avec injection devant une suspicion de médiastinite…).
1-3. Diagnostic microbiologique
Prélèvement au site opératoire pour examen direct, culture, antibiogramme, PCR dans certaines circonstances (cultures négativées par une anti-
biothérapie préalable).
Hémocultures systématiques, même en l'absence de fièvre.
2. Diagnostiquer une infection de la protse
2-1. Endocardite infectieuse sur prothèse
Procédure diagnostique habituelle (Cf. Item 80).
Quelques particularités cliniques liées à la sur-incidence :
- de germes virulents (S. aureus, BGN) responsables de tableaux aigus
- de complications hémodynamiques et emboliques parfois révélatrices
- de rechute à l'arrêt des traitements.
2-2. Infection de prothèse vasculaire
2-2-1. Diagnostic clinique
Tableaux aigus avec signes locaux (inflammation, ectasie) et généraux (fièvre, frissons, sepsis grave) marqués.
Tableaux sub-aigus / chroniques, fréquents, de diagnostic moins aisé :
- fièvre ou fébricule au long cours
- tuméfaction d'un site d'implantation
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- thrombose, par ailleurs non expliquée
- infection cutanée disséminée en aval de la prothèse
- fistule révélatrice (hémorragie digestive par rupture au niveau duodénal d'un anévrisme aortique…).
2-2-2. Diagnostic d'imagerie
Échographie pour les membres.
TDM avec injection pour le tronc.
Infection parfois évidente (abcès, fistule).
Parfois collection péri-prothétique faisant discuter une infection vraie ou de simples remaniements péri-opératoires : intérêt d'une scintigraphie aux
polynucléaires marqués (fixation franche si infection).
2-2-3. Diagnostic biologique
Hémocultures répétées.
Biopsie d'éventuelles lésions hématogènes cutanées.
En cas de négativité, discuter une ponction péri-prothétique (en étant prêt à intervenir en cas de complication), voire une chirurgie exploratrice
d’emblée.
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