Annales FLSH N° 18 (2014)
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l’induction en disant que : « Chez les êtres vivants aussi bien dans
les corps bruts, les conditions d’existence de tout phénomène sont
déterminées de manière absolue ».
Cette expression selon Jules LACHELIER, paraît aussi juste
que précise et fait parfaitement comprendre les conditions de
possibilités au moyen desquelles notre esprit peut passer des faits qui
ont été observés dans la nature à l’érection des lois. Cela s’explique
dans la mesure où, si chaque phénomène se produit dans des
conditions absolument invariables, il est clair qu’il suffit de savoir ce
que les conditions sont dans un cas pour savoir par cela même ce
qu’elles doivent être dans tous.
Cependant, il faut distinguer dans la nature, deux sortes de
lois : les unes applicables à des faits simples, comme celles qui
stipulent que deux forces égales et opposées se font équilibre ; les
autres, au contraire, qui énoncent entre les phénomènes, des rapports
plus ou moins complexes comme celle qui, selon LACHELIER,
porte que : « Dans les espèces vivantes, le semblable engendre son
semblable »(ibidem).
En disant cela, il y a supposition en vertu de quelque autre
principe, que toutes les conditions sont, en effet, réunies, au moins
dans la plupart des cas. C’est le principe que personnifiera en
quelque sorte Claude BERNARD dans la physiologie, sous le nom
« d’idée directrice ou organique » ; mais qui ne paraît pas moins
indispensable à la science des corps bruts qu’à celle des êtres
organisés. Pour éviter que sa compréhension de l’induction qui part
de l’axiome de l’uniformité de cours de la nature ne soit biaisée,
MILL souligne l’inefficacité de l’induction vulgaire qui
généralement procède par simple énumération d’exemples.
Ainsi dit-il : « l’induction des anciens consistait à donner le
caractère de vérités générales à toutes les propositions qui sont
vraies dans tous les cas connus » (J.S. MILL, o.c., p. 352.), il
martèle en même temps le fait qu’il s’agit là de l’espèce de
l’induction naturelle aux esprits non exercés aux méthodes
scientifiques.
L’induction par énumération simple n’est pas utilisée en
science, car elle n’offre aucune chance d’avancer dans la recherche.
Serait-ce la même chose quand il faut parler de la loi de causalité
universelle ? Cette question nous permet alors de passer à
l’explication rationnelle tirée de l’uniformité de cours de la nature
qu’est le principe de causalité.