de la controverse sur la validite de l`induction comme

Annales FLSH N° 18 (2014)
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DE LA CONTROVERSE SUR LA VALIDITE DE
L’INDUCTION COMME METHODE EN SCIENCE
par
BIAMELE Boyo
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ABSTRACT
From the controversy on the validity of the induction as method
in science
The induction is one of the methods used in science. Pillar of
the logic and of scientific thought it is the operation that consists in
founding some generalizations from the observed facts, of the
individual cases called propositions inductive. The induction is then
as BLANCHE(1975, p.5.) notes: “all reasoning that generalizes from
some observed cases”. Thus, its main characteristic is then the
generalization. But a difficulty emerges. It is far to be obvious from
a logical point view that are justified to infer universal statements
from singular statements than numerous they can be; all conclusion
pulled from this manner always can, indeed, to be
false”(.K.POPPER, 1978, p. 23.)
The legitimacy of the induction in science doesn’t make the
unanimity of the philosophers. They find those that sustain it, but
also, those that reject it. And yet, it is the method that uses sciences
of the nature that elaborate the scientific laws to universal
pretension.
The object of this article consists in throwing a critical look on
the validity of the inductive reasoning. It is the analyze question of
induction as the present J.S. MILL, as essentially of this last with the
logical problem of the induction and the research of the basis of the
scientific knowledge at K. POPPER.
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Professeur Associé à l’Université de Kisangani
Annales FLSH N° 18 (2014)
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0. INTRODUCTION
L’induction est l’une des méthodes utilisées en science. André
LALANDE (1993) la définit comme : « l’opération qui consiste à
remonter d’un certain nombre des propositions données
généralement singulières ou spéciales, (…) à des propositions plus
générales, appelées induites, telles qu’elle implique toutes les
propositions inductives ».
Pilier de la logique et de la pensée scientifique, l’induction est
l’opération qui consiste à fonder des généralisations à partir des faits
observés, des cas individuels appelés propositions inductrices ou
inférences inductives. La principale caractéristique d’un
raisonnement inductif est le fait qu’il y a une grande extension de
compréhension de l’information contenue dans la conclusion que
celle contenue dans les propositions du départ : l’induction est alors
comme le souligne BLANCHE ( 1975, p.5.), « Tout raisonnement
qui généralise à partir de quelques cas observés ». Ainsi, sa
caractéristique principale est alors la généralisation.
Mais une difficulté surgit. C’est ce que nous lisons dans
Logique de la découverte scientifique de POPPER. Il écrit : « Or, il
est loin d’être évident d’un point de vue logique que nous soyons
justifiés d’inférer des énoncés universels à partir d’énoncés
singuliers aussi nombreux soient-ils ; toute conclusion tirée de cette
manière peut toujours, en effet, se trouver fausse »( K. POPPER,
1978, p. 23).
La légitimité de l’induction en science ne fait donc pas
l’unanimité des philosophes. On trouve ceux qui la soutiennent, mais
aussi, ceux qui la rejettent. Et pourtant, c’est la méthode qu’utilisent
les sciences de la nature qui élaborent les lois scientifiques à
prétention universelle.
Notre préoccupation dans cet article, consiste à jeter un regard
critique sur la validité du raisonnement inductif. Ainsi, les questions
suivantes guident notre réflexion : qu’est-ce que l’induction ?, sur
quoi se fonde-t-elle ?, les lois scientifiques découlant de l’induction
sont-elles universelles ou nécessaires ?, quelle est la portée réelle de
l’induction scientifique ?
L’article comprend trois points suivants :
1. Fondement de l’induction selon J.S. MILL
2. Problème de l’induction chez K. POPPER
3. Appréciation critique
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I. FONDEMENT DE L’INDUCTION SELON J.S. MILL
Il est question d’analyser l’induction telle que la présente J.S.
MILL,
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comme essentiellement basée sur le principe de causalité
universelle et de confronter la position de ce dernier avec le
problème logique de l’induction et de la recherche du fondement de
la connaissance scientifique chez K. POPPER.
1.1. Qu’est-ce que l’induction ? Et en quoi se fonde-t-elle
d’après J.S. MILL ?
Déjà chez Aristote, l’induction est le passage du singulier à
l’universel. J Stuart MILL définit la démarche inductive comme
étant « l’opération de l’esprit par laquelle nous inférons que ce que
nous savons être vrai dans un ou plusieurs cas particuliers sera vrai
dans tous les cas qui ressemblent au premier sous certains rapports
assignables, (…) »( . STUART MILL, 1998, p. 324.).
J.S.MILL fonde l’induction sur l’axiome de l’uniformité du
cours de la nature et sur le principe de causalité universelle.
a. De l’uniformité du cours de la nature
Selon MILL, il y a un principe impliqué dans l’énoncé même
de l’induction, un postulat relatif au cours de la nature et à l’ordre de
l’univers qui peut s’énoncer de la manière suivante : « Il y a dans la
nature des cas parallèles ; que ce qui arrive une fois, arrivera
encore dans les circonstances suffisamment semblables, et de plus
arrivera souvent aussi que les mêmes circonstances se répéteront »
(J.S. MILL, o.c., p. 347.).
C’est selon MILL, un postulat impliqué dans chaque
induction. L’univers n’est pas fait de façon dispersée ; par contre, il
y a dans l’univers un ordonnancement et par conséquent, il est
constitué de sorte que ce qui s’est avéré vrai pour un cas quelconque,
sera aussi vrai dans tous les cas d’une certaine nature. Il y a donc
dans le monde un certain ordre auquel obéit la nature. Lorsqu’on
affirme que les phénomènes ont lieu suivant les lois générales de la
nature, cela veut dire que l’on avait acquis par expérience, à
l’occasion d’une multitude des phénomènes, quelques connaissances
des lois elles-mêmes.
Un savant illustre, Claude BERNARD, a formulé, comme le
note J. LACHELIER (1924, p. 10.). l’axiome fondamental de
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Philosophe et économiste anglais J.S. Mill est né le 20 mai 1773. Il est décédé en
1806. Il est un des grands défenseurs de l’empiriste anglais.
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l’induction en disant que : « Chez les êtres vivants aussi bien dans
les corps bruts, les conditions d’existence de tout phénomène sont
déterminées de manière absolue ».
Cette expression selon Jules LACHELIER, paraît aussi juste
que précise et fait parfaitement comprendre les conditions de
possibilités au moyen desquelles notre esprit peut passer des faits qui
ont été observés dans la nature à l’érection des lois. Cela s’explique
dans la mesure où, si chaque phénomène se produit dans des
conditions absolument invariables, il est clair qu’il suffit de savoir ce
que les conditions sont dans un cas pour savoir par cela même ce
qu’elles doivent être dans tous.
Cependant, il faut distinguer dans la nature, deux sortes de
lois : les unes applicables à des faits simples, comme celles qui
stipulent que deux forces égales et opposées se font équilibre ; les
autres, au contraire, qui énoncent entre les phénomènes, des rapports
plus ou moins complexes comme celle qui, selon LACHELIER,
porte que : « Dans les espèces vivantes, le semblable engendre son
semblable »(ibidem).
En disant cela, il y a supposition en vertu de quelque autre
principe, que toutes les conditions sont, en effet, unies, au moins
dans la plupart des cas. C’est le principe que personnifiera en
quelque sorte Claude BERNARD dans la physiologie, sous le nom
« d’idée directrice ou organique » ; mais qui ne paraît pas moins
indispensable à la science des corps bruts qu’à celle des êtres
organisés. Pour éviter que sa compréhension de l’induction qui part
de l’axiome de l’uniformité de cours de la nature ne soit biaisée,
MILL souligne l’inefficacité de l’induction vulgaire qui
généralement procède par simple énumération d’exemples.
Ainsi dit-il : « l’induction des anciens consistait à donner le
caractère de vérités générales à toutes les propositions qui sont
vraies dans tous les cas connus » (J.S. MILL, o.c., p. 352.), il
martèle en même temps le fait qu’il s’agit de l’espèce de
l’induction naturelle aux esprits non exercés aux méthodes
scientifiques.
L’induction par énumération simple n’est pas utilisée en
science, car elle n’offre aucune chance d’avancer dans la recherche.
Serait-ce la même chose quand il faut parler de la loi de causalité
universelle ? Cette question nous permet alors de passer à
l’explication rationnelle tirée de l’uniformité de cours de la nature
qu’est le principe de causalité.
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b. Du principe de causalité universelle
Les phénomènes sont dans la nature, les uns par rapport aux
autres dans deux rapports distincts, celui de simultanéité et de
succession. Tout phénomène est uniformément en rapport avec des
phénomènes qui coexistent avec lui et avec des phénomènes qui
l’ont précéet le suivront. Seules les vérités se rapportant à l’ordre
de succession des faits qui peuvent être considérées comme les plus
précieuses de toutes les vérités relatives aux phénomènes. C’est donc
la notion de cause qui est la racine de toute théorie de l’induction :
« Un phénomène est la cause de l’autre »(Idem, p. 369.).
Cette notion s’appuie essentiellement sur le principe de
déterminisme qui stipule que dans les mêmes conditions, les mêmes
causes produisent les mes effets. En effet, il s’agit du principe de
causalité physique et, selon l’explication que l’on donne à ce
principe, l’on admet qu’il part de l’observation des faits, des faits
très nombreux, de relations constantes entre phénomènes. La notion
de causalité dont la théorie de l’induction a besoin est celle qui peut
être acquise par expérience. La loi de causalité, considérée par MILL
comme pilier sans lequel la science inductive ne peut être posée est,
déclare-t-il, « cette loi familière trouvée par l’observation de
l’inviolabilité de succession entre un phénomène naturel et quelque
autre fait qui l’a précédé »( Ibidem ).
MILL a proposé les méthodes d’induction qui serviraient à la
découverte ainsi qu’à la justification des lois scientifiques. Il s’agit
des « canons de la méthode inductive » qui sont des règles logiques
ayant pour but de déterminer empiriquement l’antécédent invariable
et inconditionnel d’un phénomène ou d’un groupe de phénomènes.
Ces méthodes sont :
- La Méthode de concordance
Selon J.S. MILL, lorsque deux phénomènes apparaissent toujours
en même temps dans des circonstances variées, on tire la
conclusion selon laquelle ils sont liés l’une à l’autre par une loi.
Par exemple, on peut produire le son par différents moyens :
cloche, corde pincée, timbre, etc. Dans tous ces cas, on trouve des
vibrations du corps sonore et de l’air, celles-ci sont donc la cause
du son.
- La Méthode de différence
Cette méthode repose sur le principe selon lequel : « lorsque deux
phénomènes disparaissent toujours en même temps et que les
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