L2S4 Psychologie semaine 15
C4.1e2 Dissonance cognitive et théorie de l’engagement (CM)
Introduction
La dissonance cognitive est une théorie majeure de la psychologie sociale. Léon Festinger (1919–1980/90) est le père
de la dissonance cognitive. Il va fonder la théorie de la dissonance cognitive en 1957, qui s’attaque aux changements d’attitude.
L’attitude est tenue comme un ensemble de facteurs internes, intra individuels, qui prédisposent l’individu à se
comporter de telle ou telle façon à l’égard d’un objet.
Jusqu'à Festinger quand on étudiait l’attitude on présupposait une consistance entre attitude et comportement (l’un
va avec l’autre) ; et que l’attitude est première par rapport au comportement (le comportement découle logiquement de
l’attitude). On présuppose donc que l’humain se comporte de façon rationnelle (il se comporte en adéquation avec ses idées).
Pour ce point de vue, on peut prévoir un comportement si l’on connaît les croyances de l’individu ou ses attitudes face à tel ou
tel problème.
Pour Festinger le postulat est inverse : ce qui est premier c’est le comportement et ce qui suit c’est l’attitude. Il y a
rupture épistémologique : pour Festinger on peut se comporter en discordance avec nos idées. L’individu émet des
comportements qui ne sont pas toujours en adéquation avec ses attitudes. Dans le cas où l’individu émet des comportements
non conformes à ses attitudes, cet individu est dans un état de mal être : la dissonance cognitive. L’individu va faire un travail
cognitif pour retrouver un état de bien être, une cohérence cognitive. On ne peut changer les comportements émis : on ne peut
donc que rendre cohérent ses idées à son comportement. C’est pour cela que l’attitude découle du comportement selon
Festinger. L’être humain n’est plus vu comme rationnel mais comme rationalisant.
Pour changer les attitudes d’un individu, il faut lui changer ses comportements pour le mettre en état de dissonance
cognitive. Le modèle de Festinger est en ce sens contre intuitif. Le besoin de cohérence cognitive est le besoin que tout individu
a. Un individu fonctionne au mieux et dans un état de bien être cognitif si et seulement si il y a concordance et cohérence entre
attitude et comportement. Si ce lien logique est rompu, l’individu se trouve dans un état de mal être et il va développer un
travail cognitif pour trouver une cohérence cognitive. Ce travail de retour à une consistance cognitive se fait par le changement
d’attitude
Allport a énormément travaillé sur les attitudes aussi mais faisait partie de la première théorie. Ce qui ne change pas
entre Allport et Festinger c’est que l’être humain a besoin d’une consistance cognitive.
Au départ on a des individus qui portent en eux ce besoin de cohérence cognitive. Quand la situation extorque à
l’individu un comportement contraire à ses attitudes, l’individu se trouve en état de dissonance cognitive et met en place un
mécanisme de réduction de la dissonance.
L’état de dissonance cognitive se rapporte à des cognitions : ce sont des connaissances, des opinions, des croyances
pour Festinger, sur l’environnement, sur soi même ou sur son propre comportement. Festinger se situe dans son modèle à un
niveau intra individuel (et ce sera une de ses critiques) : tout se passe à l’intérieur de l’individu.
Pour Festinger il peut y avoir trois types de relation entre deux cognitions :
- consonance : pour le sujet une des deux cognitions découle logiquement de l’autre
- dissonance : pour le sujet une des deux cognitions implique le contraire de la cognition proposé (contradiction entre
les deux)
- neutralité : les deux cognitions n’ont aucune relations entre elles (aucun lien logique entre les deux)
La dissonance pose problème à l’individu car elle le met en état de « tension cognitive » qui se traduit par une
pénibilité pour l’individu, contrairement aux deux autres types de relations entre cognitions.
Les expériences de Festinger
Festinger est un expérimentaliste : il va étudier dans quelles conditions et comment s’opère cette réduction de dissonance
cognitive. Pour étudier les mécanismes de réduction de la dissonance cognitive il a créé des paradigmes expérimentaux
- paradigme expérimental de la décision
- paradigme expérimental de la soumission forcée
- paradigme expérimental de l’attente non confirmée
Le paradigme de la décision : le sujet est mis dans la situation de devoir choisir entre deux solutions, chacune de ces
solution présentant des avantages et des inconvénients. Il doit renoncer aux avantages de la situation qu’il ne choisi pas.
Le paradigme de la soumission forcée : le sujet est mis dans la situation de faire le contraire de ce qu’il pense.
L’expérimentateur l’amène à émettre un comportement, publiquement, et contraire à ses opinions. Le sujet se soumet à
l’expérimentateur (à l’autorité) et va émettre des actes qui lui sont problématiques (tout se fait dans un contexte de grande
liberté : il peut partir à tout moment). Paradigme le plus étudié
.
Le paradigme de l’attente non confirmée : dans ce cas le sujet doit émettre un comportement coûteux pour lui pour
pouvoir se trouver dans une situation attractive. Le moins étudié des trois paradigmes.
Le fait de provoquer chez l’individu un comportement est un besoin expérimental : ce n’est pas le but de
l’expérimentation.
Dans tous les paradigmes expérimentaux quelque chose va peser énormément : aux USA les sujets expérimentaux
sont rémunérés. La question se pose pour la rémunération (en plus des questions de déontologie) : si la rémunération est très
importante, l’individu qui va se soumettre à ce que lui demande l’expérimentateur ne sera pas en état de dissonance (car il le
fera pour l’argent). C’est quand la rémunération est faible (sans être nulle) que la dissonance cognitive va être la plus
importante. Si la rémunération est trop grande c’est un prétexte pour rationaliser le comportement.
Attention Milgram a travaillé sur l’influence sociale et l’obéissance. Festinger va étudier la dissonance cognitive et ses
mécanismes. Ce n’est donc pas le même champ de recherche. De plus pour la question de la rémunération le mécanisme est
totalement inverse pour les expériences de Milgram : la rémunération justifie les comportements de l’individu.