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La surveillance en santé publique est un « processus systématique et continu de collecte,
d'analyse et d'interprétation de données spécifiquement destinées à être utilisées dans la
planification, la mise en œuvre et l’évaluation d’actions de santé publique » (1)
La lettre de mission de la direction générale de la santé fait référence à deux concepts
particuliers qui sont utilisés dans le champ législatif et réglementaire des maladies faisant
l’objet d’une transmission obligatoire de données à l’autorité sanitaire :
- Le « signalement » qui concerne les « maladies qui nécessitent une intervention urgente
locale, nationale ou internationale »
- La « notification » qui concerne les « maladies dont la surveillance est nécessaire à la
conduite et à l'évaluation de la politique de santé publique »
Dans une conception étroite, le champ de la surveillance des intoxications au CO pourrait être
limité à celui de la notification. En effet, contrairement aux maladies transmissibles, le
signalement d’une intoxication ou d’une situation à risque n’a pas pour but de mettre en
œuvre une action de santé publique mais vise à prévenir un risque individuel, ou en tous cas
très localisé.
Compte tenu des termes de la lettre de mission, le système de surveillance qui sera discuté
inclura la totalité du dispositif d’alerte des pouvoirs publics concernant le CO. Cette
conception large a conduit la commission à envisager la place de la surveillance et de l’alerte
dans le dispositif d’ensemble de la prévention des intoxications au monoxyde de carbone, et
de ce fait à émettre des propositions sur l’organisation de la réponse aux alertes.
Il est important de rappeler que la prévention et la surveillance des intoxications au monoxyde
de carbone en France ne sont pas des domaines vierges de toute histoire. En matière de
surveillance, il existe notamment depuis 1985 un dispositif d’enregistrement des cas signalés
aux directions départementales des affaires sanitaires et sociales (DDASS) au moyen d'une
fiche-type élaborée par la direction générale de la santé. Ces fiches sont recueillies et
exploitées selon une périodicité annuelle. Les centres antipoison réalisent également un
recueil et une exploitation statistique des cas qui leur sont signalés dans le cadre de leurs
missions de toxicovigilance. Par ailleurs, d’autres sources d’information peuvent être utilisées
sur le nombre de séjours hospitaliers (PMSI) ou sur les décès (certificats de décès) dus à ces
intoxications. Les imperfections de ces différents dispositifs, se traduisant notamment par la
production de données incomplètes et parfois contradictoires, ont été signalées par différents
rapports i, ii. Ces constatations invitent à envisager un réexamen de l’ensemble du système
avec l’objectif de proposer un dispositif plus cohérent et plus performant.. C’est dans cette
perspective que s’inscrit le présent travail,
i Evaluation des systèrmes de surveillance des intoxications au monoxyde de carbone dans les régions Nord Pas-
de-Calais et Picardie – Rapport EVAL/CIRE Nord Juillet 1998
ii Guitard C, Cadou A, Ilef D : Etat des lieux de la surveillance et de l’expertise technique des intoxications au
monoxyde de carbone en France – Rapport CIRE Nord juin 2000