Note sur les foncteurs de d´eformations d´eriv´es et la conjecture de

Note sur les foncteurs de
d´
eformations d´
eriv´
es et la conjecture
de de Jong
12 janvier 2017
Dans [9], Galatius et Venkatesh ont d´
efini, en utilisant les id´
ees et constructions de la th`
ese
de Lurie ([11]), les anneaux de d´
eformations d´
eriv´
es de repr´
esentations d’un groupe profini.
Le but de cette note est de montrer que, si le groupe est est le groupe fondamental d’une courbe
lisse sur un corps fini, ces anneaux sont “formellement quasi-lisses” au sens de l’article [1]
de Arinkin-Gaitsgory (c’est-`
a-dire localement d’intersection compl`
ete au sens d´
eriv´
e), et de
prouver qu’ils sont discrets (c’est-`
a-dire non d´
eriv´
es) dans beaucoup de cas si l’on admet la
conjecture de de Jong. Il s’agit d’une adaptation facile des techniques de l’article [7] de de
Jong.
1 Foncteurs de d ´
eformations d´
eriv´
es
Cette section contient des rappels de l’article [9] de Galatius et Venkatesh.
1.1 D´
efinitions
Soit kon corps. On note Artkla cat´
egorie des anneaux simpliciaux locaux artiniens A
munis d’un isomorphisme du corps r´
esiduel de π0(A)avec k(d´
efinition 2.2 de [9]) et SEns la
cat´
egorie des ensembles simpliciaux.
On fixe un sch´
ema en groupes Gsur Zqui est connexe r´
eductif d´
eploy´
e et un groupe profini
Γ. Pour tout sous-groupe ouvert distingu´
ede Γ, on note X=B/∆), vu comme un
ensemble simplicial (c’est le nerf du groupo¨
ıde Γ/). Soit Xle pro-ensemble simplicial (X)
(index´
e par l’ensemble des sous-groupes ouverts distingu´
es de Γ, ordonn´
e par l’inclusion).
On fixe aussi un sous-groupe central Zde G, et on note H=G/Z.
1
D´
efinition 1.1.1 On d´
efinit deux foncteurs RepΓ,G,[RepΓ,G/H] : ArtkSEns de la mani`
ere
suivante
(a) RepΓ,G est le foncteur F
X,G de la d´
efinition 5.4 de [9]. (Moralement, RepΓ,G(A)est
“l’espace des morphismes continus ΓG(A)”, mais cette d´
efinition n’est pas correcte
pour Anon discret, cf le d´
ebut de la section 5.1 de [9]) ;
(b) [RepΓ,G/H]est le foncteur FX,G,Z de la d´
efinition 5.8 de [9] (moralement, c’est le
quotient de F
X,G par Hau sens des champs d´
eriv´
es, d’o`
u la notation).
Indiquons bri`
evement la mani`
ere correcte de d´
efinir le foncteur RepΓ,G de (a). On d´
efinit
d’abord un foncteur A7→ BG(A)de la cat´
egorie des anneaux commutatifs simpliciaux dans
celle des ensembles simpliciaux fibrants, voir la section 5.1 de [9] ; si Aest discret, BG(A)
est, `
a une ´
equivalence d’homotopie pr`
es, l’espace classifiant usuel de G(A), c’est-`
a-dire le nerf
de G(A)vu comme un groupo¨
ıde ayant un seul objet. Ensuite, on consid`
ere le pro-ensemble
simplicial BΓ=(B/∆)), o`
uparcourt l’ensemble des sous-groupes ouverts distingu´
es
de Γet B/∆) est l’espace simplicial classifiant usual du groupe discret Γ/(cf la section
5.2 de [9] et la note de bas de page dans cette section). Tous les (pro)-ensembles simpliciaux
ci-dessus sont munis de points base naturels, et le foncteur RepΓ,G envoie Asur l’espace des
morphismes de pro-espaces simpliciaux point´
es BΓBG(A).
Rappelons aussi la d´
efinition des foncteurs de d´
eformations d´
eriv´
es. Ce sont des foncteurs
de Artkdans la cat´
egorie des ensembles simpliciaux.
D´
efinition 1.1.2 Soit ρ: Γ G(k)un morphisme continu. On note RepΓ,G,ρ et [RepΓ,G,ρ/H]
les foncteurs F
X,ρ et FX,G,Z,ρ, d´
efinis respectivement dans la d´
efinition 5.4 et apr`
es le lemme
5.9 de [9].
Plus pr´
ecis´
ement, RepΓ,G,ρ et [RepΓ,G,ρ/H]sont les fibres (homotopiques) de RepΓ,G et
[RepΓ,G/H]au-dessus du k-point donn´
e par ρ.
Gˆ
ace au lemme 7.1 de [9], les π0des foncteurs ci-dessus sont les foncteurs de d´
eformations
usuels.
Rappelons le calcul des complexes tangents et les crit`
eres de repr´
esentabilit´
e donn´
es par
Galatius et Venkatesh. Pour tout action continue de Γsur un groupe ab´
elien topologique M,
on note C, M)le complexe des cochaˆ
ınes covariantes continues `
a valeurs dans M(cf [13]
VII.3)
On note g= Lie(G)Zk, et on fixe une repr´
esentation continue ρ: Γ G(k). On fait
agir Γsur gvia ρet l’action adjointe de G.
Th´
eor`
eme 1.1.3 (i) Le complexe tangent tRepΓ,G,ρ de RepΓ,G,ρ est quasi-isomorphe au
complexe (σ1C−•,g))[1], o`
uσ1est la troncature bˆ
ete. En d’autres termes, on a
tRepΓ,G,ρ,i=Ci+1,g)si i0
0si i < 0.
2
En particulier, on a :
πi(tRepΓ,G,ρ ) =
Z1,g)si i= 0
Hi+1,g)si i1
0si i < 0.
(ii) Si H0,g) = Lie Z, alors t[RepΓ,G,ρ/H]est quasi-isomorphe `
a(τ1C−•,g))[1], o`
uτ1
est la troncature ordinaire. En particulier,
πi(t[RepΓ,G,ρ/H]) = Hi+1,g)si i0
0si i < 0.
D´
emonstration. Les deux points r´
esultent de l’exemple 4.38 et du lemme 5.5 de [9]. Pour (ii),
voir aussi le lemme 5.10 de loc. cit.
Si on prend H=Gpour d´
efinir le foncteur [RepΓ,G/H], alors le complexe tangent corres-
pondant est C−•,g)[1] (mˆ
eme r´
ef´
erence), et son π1est donc H0,g). En particulier, si G
n’est pas semi-simple, ce π1est toujours non nul et [RepΓ,G/H]ne peut pas ˆ
etre repr´
esentable
par un pro-anneau simplicial. 1
Th´
eor`
eme 1.1.4 Le foncteur RepΓ,G,ρ est pro-repr´
esentable au sens de la d´
efinition 2.19 de
[9]. Si le centralisateur (sch´
ematique) de ρ(Γ) dans Gkest Z(G)k, le foncteur [RepΓ,G,ρ/H]
est aussi pro-repr´
esentable.
Si tous les Hi,g)sont de dimension finie sur k, alors ces foncteurs sont pro-repr´
esentables
par un syst`
eme projectif (Rn)nNd’ob jets de Artktel que R:= lim
nRnsoit Noeth´
erien au
sens de Lurie (d´
efinition 2.5.9 de [11]), c’est-`
a-dire que π0(R)est noeth´
erien et chaque πi(R)
est un π0(R)-module de type fini.
Dans le dernier cas, on peut aussi suivre les conventions de Lurie (dans la section 6 de [11])
et remplacer (Rn)nNpar sa limite projective.
Sans la condition sur le centralisateur, le foncteur [RepΓ,G,ρ/H]est repr´
esentable par un
“champ d´
eriv´
e formel”.
D´
emonstration. Cela r´
esulte du crit`
ere de repr´
esentabilit´
e de Schlessinger d´
eriv´
e dˆ
u`
a Lurie,
voir le corollaire 6.2.14 de [11] et le th´
eor`
eme 4.33 de [9].
On note R
ρet RH,ρ (s’il existe) les pro-objets de Artkqui repr´
esentent RepΓ,G,ρ et
[RepΓ,G,ρ/H].
1. Mais c’est un champ d´
eriv´
e tout `
a fait sympathique.
3
1.2 Exemple des anneaux de d´
eformations galoisiens
On suppose maintenant que Γ = π´et
1(X), o`
uXest une courbe alg´
ebrique lisse
g´
eom´
etriquement irr´
eductible sur un corps F(avec un point g´
eom´
etrique fix´
e), et que la ca-
ract´
eristique `de kne divise pas la caract´
eristique pde F. On suppose que le nombre premier
`est tr`
es bon pour G, au sens rappel´
e au-dessous du th´
eor`
eme 3.8 de [6]. C’est une condition
plus faible que la condition que `ne divise pas l’ordre du groupe de Weyl absolu de G, et si G
est de type An1(par exemple G=GLnou SLn), cela veut dire que `ne divise pas n.
On dit que ρ: Γ G(k)est absolument irr´
eductible si le morphisme Γρ
G(k)G(k)
est irr´
eductible au sens de la section 3.2.1 de l’expos´
e Bourbaki [14] de Serre (c’est-`
a-dire
si l’image de ce morphisme n’est contenue dans aucun sous-groupe parabolique de G). Ceci
implique que H0,Lie G) = Lie Z, o`
uZest le centre de G, voir le lemme 5.1 de l’article [6]
de Boeckle-Harris-Khare-Thorne. (Ce r´
esultat utilise la condition que `est tr`
es bon pour G.)
Corollaire 1.2.1 Dans ce corollaire, on suppose que Gest semi-simple.
(a) (Cf. le lemme 3.11 de l’article [7] de de Jong.) On suppose que Fest alg´
ebriquement
clos et que ρest absolument irr´
eductible. alors les complexes tangents tRepΓ,G,ρ et
t[RepΓ,G,ρ/H]sont concentr´
es en degr´
e0, donc R
ρet RH,ρ sont homotopiquement dis-
crets (d´
efinition 7.4 de [9]) et leurs π0sont formellement lisses.
(b) Si Fest de dimension cohomologique 1(par exemple si Fest fini) et si (ρ, XF)v´
erifie
les conditions de (a), alors les les complexes tangents tRepΓ,G,ρ et t[RepΓ,G,ρ/H]sont
concentr´
es en degr´
e1et 0.
D’apr`
es (b), les foncteurs RepΓ,G,ρ et [RepΓ,G,ρ/H]m´
eritent d’ˆ
etre appel´
es “formellement
quasi-lisses” (cf la section 2.1.3 de l’article [1] de Arinkin et Gaitsgory).
D´
emonstration.
(a) Il s’agit de prouver que Hi,g)=0pour i2. On raisonne comme dans la preuve du
lemme 3.11 de [7]. Soit Lle k-syst`
eme local sur Xcorrespondant `
a la repr´
esentation
gde π1(X). Comme Xest une courbe, on a Hi,g)=Hi
´et(X, L), et ce groupe est
nul si i3. Si Xest affine, la conclusion r´
esulte donc des r´
esultats sur la dimension
cohomologique des sch´
emas affines. Si Xest projective, on peut utiliser la dualit´
e de
Poincar´
e pour calculer H2
´et(X, L). D’apr`
es l’hypoth`
ese que `est tr`
es bon pour Get le
(1) du th´
eor`
eme A de l’article [10] de Garibaldi, le G-module gest autodual, donc on
obtient :
H2
´et(X, L) = (H0
´et(X, L)),
et ce dernier groupe est nul car ρest absolument irr´
eductible (et on a vu ci-dessus que
ceci impliquait que H0,g) = Lie Z, o`
uZest le centre de G).
Noter que si Xest affine, on n’a pas utilis´
e la condition que `est tr`
es bon pour prouver
(a).
(b) La suite spectrale de Hochschild-Serre appliqu´
ee `
a la suite exacte
1π1(XF)π1(X)Gal(F/F)1
4
donne une suite spectrale :
Eab
2= Ha(Gal(F/F),Hb(π1(XF),g)) Ha+b(π1(X),g).
D’apr`
es l’hypoth`
ese sur la dimension cohomologique de Fet de la conclusion de (a), on
aEab
2= 0 si a+b3. Donc Hi(π1(X),g) = 0 si i3.
2 Classicit´
e des foncteurs de d´
eformation
Le but de cette section est de montrer que dans certains cas, les anneaux de d´
eformations
de la section 1.2 sont discrets, et d’en d´
eduire qu’ils sont d’intersection compl`
ete. La strat´
egie
est la mˆ
eme que celle de de Jong dans [7].
Soient Γet Get ρcomme dans la section 1.1, Zun sous-groupe central de Get H=G/Z.
On fixe aussi un sous-groupe ferm´
eΓ0de Γ, et on lui associe un pro-ensemble simplicial X0
comme au d´
ebut de la section 1.1. On a un morphisme ´
evident de pro-ensemble simpliciaux
X0X(induit par l’inclusion Γ0Γ).
On dispose donc d’un diagramme commutatif de foncteurs ArtkSEns :
RepΓ,G
u//
[RepΓ,G/H]
RepΓ0,G
u0
//[RepΓ0,G/H]
o`
u les fl`
eches verticales sont induites par la restriction le long de X0X.
2.1 Comparaison des foncteurs de d´
eformations pour Γet Γ0
On suppose que Γ/Γ0'b
Z, et on choisit un ´
el´
ement ΦΓtel que Φ·Γ0soit un g´
en´
erateur
topologique de Γ/Γ0. On suppose aussi que Zest le centre de G.
La conjugaison par Φd´
efinit alors un automorphisme de X0, d’o`
u des automorphismes des
foncteurs RepΓ,G et [RepΓ,G/H], qu’on note tous les deux T.
Soit ρun morphisme continu ΓG(k). On note ρ0=ρ|Γ0.`
A partir de maintenant, on
suppose que les groupes de cohomologie et Hi0,g)sont tous de dimension finie sur k,2
et que le centralisateur sch´
ematique de l’image ρ0dans Gkest Z(G)k. On dispose donc des
pro-anneaux simpliciaux R
ρ,RH,ρ,R
ρ0et RH,ρ0, qu’on peut aussi voir comme des anneaux
simpliciaux noeth´
eriens, et de morphismes canoniques R
ρR
ρ0et RH,ρ0RH. Les
automorphismes Tci-dessus donnent des automorphismes τde R
ρ0et RH,ρ0.
2. Il en est donc de mˆ
eme des Hi,g), grˆ
ace `
a la suite spectrale de Hochschild-Serre.
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