3. DIGRESSION : IDÉAUX CONTENANT UN NOMBRE PREMIER 91
Vérifions que cela entraîne le théorème. En effet, soit Iun idéal non nul de A,
et soit x∈Icomme dans l’énoncé de la proposition (en particulier, on a x6= 0 car
Iest infini). Si Ndésigne le cardinal du groupe abélien fini I/Ax, alors Nannule
I/Ax d’après Lagrange, c’est-à-dire NI ⊂Ax. On constate donc que
NA ⊂N
xI⊂A
(l’inclusion de gauche vient de ce que x∈I, donc N=N
xx∈N
xI). En particulier,
J=N
xIest un idéal de Aqui est équivalent à I, car xJ =NI, et qui est compris
entre NA et A. Rappelons que N≤Cd’après la proposition. Il ne reste donc qu’à
vérifier que pour tout entier N≥1il n’existe qu’un nombre fini d’idéaux de A
contenant N. Cela se déduit par exemple du lemme suivant.
Lemme 6.8. Pour tout entier N≥1, l’anneau A/NA est fini, et a N[K:Q]éléments.
Démonstration — En effet, le groupe additif de Aadmet une Z-base e1, . . . , en
àn= [K:Q]éléments. Nous l’avons déjà vu si A=Z[α](Proposition 5.24) où
A=OK(existence de Z-bases de OK) et nous le démontrerons pour tout Aau
théorème 6.15. Soit e1, . . . , en∈Aune telle base. On constate alors que NA =
⊕n
i=1NZei, puis que l’ensemble quotient A/NA a exactement Nnéléments. 3
Cela termine la démonstration de la finitude du nombre de classes à partir de la
proposition 6.7. Observons au passage que nous avons démontré le corollaire suivant.
Corollaire-Définition 6.9. Soit Aun ordre d’un corps de nombres. On note C(A)
le plus petit entier Csatisfaisant la proposition 6.7. Tout idéal non nul de Aest
équivalent à un idéal de Acontenant un entier Ntel que 1≤N≤C(A).
Il ne reste donc qu’à vérifier la proposition 6.7. Elle pourrait se démontrer à l’aide
du principe des tiroirs en étudiant le défaut d’euclidianité de A, nous renvoyons à
l’exercice 6.13 pour cette approche. L’inconvénient de cette méthode est qu’elle
fournit une majoration de C(A)assez mauvaise (bien qu’explicite) qui rend son
utilisation peu commode. Dans un paragraphe suivant, nous la déduirons plutôt de
la géométrie des nombres, qui donnera un renseignement nettement plus precis et
fondamental dans l’optique du calcul effectif de Cl(A)dans les exemples.
3. Digression : idéaux contenant un nombre premier
Avant de se concentrer sur la preuve de la proposition 6.7, qui nous occupera
par la suite jusqu’à la fin du chapitre, remarquons qu’il nous faudra de plus, pour
déterminer des représentants de Cl(A), être capable de déterminer les idéaux de A
contenant un entier N≥2donné. Ces idéaux sont chacun l’image réciproque d’un
idéal de l’anneau fini A/NA, et peuvent donc tous être énumérés en théorie si A
est explicite. Lorsque Nest premier et Aest monogène, on dispose de la recette
suivante.
3. Mieux le groupe additif A/NA est isomorphe à (Z/NZ)n. Attention, il s’agit seulement d’un
isomorphisme additif, et l’anneau quotient A/NA n’est pas en général isomorphe à l’anneau produit
(Z/N Z)n.