PANABOOK Module cardio-respiratoire L’INFIRMIER(E) EN RÉANIMATION NIVEAU 2 15 au 18 octobre 2012 Dr David OSMAN (Service de réanimation médicale – CHU de Bicêtre) [email protected] Document de synthèse, formation « IDE en rénimation niveau 2 » Panacéa Conseil & Formation Santé 2012 Les auteurs ne sauraient être tenus responsables de tout incident ou accident résultant de l’utilisation de tous produits, méthodes, instructions ou idées décrits dans ce manuel. Ce document est un support de formation et ne peut être destiné à tout autre usage. Ce manuel tient compte des dernières recommandations scientifiques dans le domaine au moment de l’impression. Formation IDE en réanimation niveau 2 PANACÉA CONSEIL – 168bis 170 rue Raymond Losserand - 75 014 Paris www.panacea-conseil.com [email protected] - Tel : 01 77 35 90 80 - Fax : 01 72 69 06 67 2 1. Le système cardiovasculaire . 1.1 Organisation générale du système cardio-vasculaire . 1.2 Fonction cardiaque 2. Outils de monitorage hémodynamique . 2.1 Le cathéter artériel périphérique . 2.2 Le cathéter artériel pulmonaire . 2.3 Le moniteur PiCCO® . 2.4 Le moniteur Vigileo . 2.5 Le monitorage de la SVO2 centrale (ScvO2) . 2.6 Le monitorage du débit aortique par doppler oesophagien 3. Traitements hémodynamiques . 3.1. Remplissage vasculaire . 3.2. Traitements vasopresseurs . 3.3. Traitements inotropes 4. Etats de choc . 4.1 Qu’est qu’un état de choc ? . 4.2 Qu’elle est la physiopathologie des états de choc ? . 4.3 Comment établir le diagnostic de l’état de choc ? . 4.4 Comment évaluer le retentissement viscéral ? . 4.5 Quels sont les principes de prise en charge d’un état de choc ? 5. Œdème pulmonaire hydrostatique . 5.1. Physiopathologie . 5.2. Causes . 5.3. Manifestations cliniques . 5.4. Signes radiologiques et biologiques . 5.5. Traitements 6. L’arrêt cardio-respiratoire . 6.1. Anomalies électriques retrouvées au cours d’un arrêt cardio-respiratoire . 6.2. Causes d’un arrêt cardio-respiratoire . 6.3. Diagnostic d’un arrêt cardio-respiratoire . 6.4. Principes de prise en charge d’un arrêt cardio-respiratoire . 6.5. Prise en charge en réanimation dans les suites d’un ACR récupéré 1. Le système cardiovasculaire 1.1Organisation générale du système cardiovasculaire Le système cardio-vasculaire est circulaire. Le coeur y constitue une pompe volumétrique dont la fonction est d’éjecter le sang à travers deux circulations : la circulation pulmonaire (dite « petite circulation ») à droite et la circulation systémique (dite « grande circulation ») à gauche. LE CŒUR Le cœur est un organe musculaire creux situé dans la cavité thoracique et enfermé dans un sac fibreux: le péricarde. Les parois du coeur sont composées principalement de tissus musculaire: le myocarde. La surface interne du cœur est tapissée d’une fine couche cellulaire : l’endothélium. Le cœur se divise en 4 cavités : 2 cavités droites (oreillette droite et ventricule droit) et deux cavités gauches (oreillette gauche et ventricule gauche). Chaque oreillette communique avec chaque ventricule à travers une valvule : la valvule tricuspide à droite et la valvule mitrale à gauche. Pour que le sang se déplace des oreillettes vers les ventricules, les valvules tricuspide et mitrale s’ouvrent lors de la contraction auriculaire et se ferment sous l’effet de l’augmentation de pression induite par la contraction ventriculaire. L’ouverture du ventricule droit dans le tronc de l’artère pulmonaire pulmonaire et l’ouverture du ventricule gauche dans l’aorte sont également protégées par des valvules : la valvule pulmonaire à droite et la valvule aortique à gauche. Elles permettent le passage du sang lors des contractions ventriculaires et empêche son reflux après. La mécanique cardiaque est cyclique et comprends 2 temps : un temps dédié au remplissage cardiaque (la diastole) et un temps dédié à l’éjection cardiaque (la systole). Schématiquement, le cœur droit (oreillette droite puis ventricule droit) se remplit au cours de la diastole de sang ramené des organes par les veines caves supérieure et inférieure. Au cours de la systole, le ventricule droit éjecte le sang dans la circulation pulmonaire, où il subit une épuration de dioxyde de carbone et une oxygénation. Oxygéné et épuré en dioxyde de carbone, il est alors ramené au coeur gauche (oreillette gauche puis ventricule gauche) qui se remplit au cours de la diastole. Enfin, lors de la systole, le ventricule gauche éjecte le sang dans la circulation systémique à travers l’aorte. 5 LES VAISSEAUX Tous les vaisseaux qui transportent le sang à partir du coeur sont des artères. Tous les vaisseaux qui ramènent le sang au coeur sont des veines. La circulation systémique réalise une ramification comportant successivement : 1) l’aorte, 2) des artères, 3) des artérioles, 4) des capillaires, 5) des veinules, 6) des veines, 7) les veines caves supérieure et inférieure. La veine cave supérieure ramène le sang de la partie supérieure de l’organisme alors que la veine cave inférieure ramène celui de la partie inférieure de l’organisme. Le sang qui arrive aux capillaires est riche en oxygène. C’est au niveau des capillaires que se font les échanges gazeux tissulaires (oxygénation tissulaire et élimination de dioxyde de carbone). Formation IDE en réanimation niveau 2 PANACÉA CONSEIL – 168bis 170 rue Raymond Losserand - 75 014 Paris www.panacea-conseil.com [email protected] - Tel : 01 77 35 90 80 - Fax : 01 72 69 06 67 ! 6 Le coeur, comme les autres organes, reçoit son apport sanguin par des branches artérielles qui naissent au niveau de l’aorte et qu’on appelle les artère coronaires. ! ! La circulation pulmonaire réalise une ramification comportant successivement 1) le tronc artérielle pulmonaire, 2) des artères pulmonaires, 3) des artérioles, 4) des capillaires, 5) des veinules, 6) des veines pulmonaire. Le sang qui arrive aux capillaires pulmonaire est appauvri en oxygène. C’est au niveau des capillaires que se font les échanges gazeux pulmonaire (oxygénation du sang et élimination pulmonaire de dioxyde de carbone) 7 1.2Fonction cardiaque La fonction cardiaque comporte une activité électrique autonome responsable du déclanchement de son activité mécanique, c’est à dire de la contraction cardiaque. ACTIVITE ELECTRIQUE INTRINSEQUE Le myocarde est composé de cellules myocardiques, les cardiomyocites, qui ont la particularité d’être des cellules excitables, conductrices et contractiles. Les cellules myocardiques sont réunies en fibres myocardiques contractiles. Parmi ces fibres myocardiques, certaines génèrent un influx nerveux de manière automatique en se dépolarisant spontanément. Elles constituent le nœud sinusal. ! 8 Parmi ces fibres myocardiques, d’autres encore sont spécialisées pour transmettre cet influx nerveux, c’est à dire cette dépolarisation, aux fibres myocardiques contractiles. Elles forment ensemble un réseau de conduction qui comprend: 1) le tissu de conduction auriculoventriculaire, du nœud sinusal jusqu’au nœud auriculo-ventriculaire, puis 2) le faisceau de His du nœud auriculo-ventriculaire jusqu’au fibres myocardiques ventriculaire. !!! nœud sinusal tissu de conduction auriculoventriculaire ire faisceau de HIS 9 ACTIVITE ELECTRIQUE INTRINSEQUE nœud auriculovenriculaire La dépolarisation progressive des fibres auriculaires puis ventriculaires produit ainsi la contraction auriculaire puis ventriculaire. L’ensemble du myocarde se repolarise alors en sens inverse pour permettre la prochaine dépolarisation et donc la prochaine contraction cardiaque. Cette activité électrique intrinsèque peut –être analysée par le tracé électrocardiographique (ECG). A l’ECG, l’onde P témoigne de la dépolarisation des oreillettes, l’espace PR témoigne de la conduction auriculo-ventriculaire (entre le nœud sinusal et le nœud auriculo- ventriculaire, le complexe QRS témoigne de la dépolarisation ventriculaire et l’onde T correspond à la repolarisation cardiaque. 10 ACTIVITE ELECTRIQUE EXTRINSEQUE Le système nerveux intrinsèque est modulé par un système nerveux extrinsèque. Ce système est composé du système sympathique et du système parasympathique dont les effets s’opposent. Le système parasympathique a pour médiateur nerveux le nerf pneumogastrique (nerf X, aussi appelé nerf vague) et pour médiateur chimique l’acétyl-choline. L’action du parasympathique sur le myocarde comprend : ▪ une diminution de la fréquence (bradycardie) : effet chronotrope négatif ▪ une diminution de la contractilité : effet inotrope négatif ▪ une diminution de la conduction : effet dromotrope négatif ▪ une diminution de l’excitabilité : effet bathmotrope négatif Le système sympathique a pour médiateur nerveux un ensemble de ganglions nerveux cervicaux para-cervicaux et le ganglion stellaire de la moelle et pour médiateur chimique la noradrénaline. L’action du sympathique sur le myocarde comprend : ▪ une augmentation de la fréquence cardiaque : effet chronotrope positif ▪ une accentuation de la contractilité : effet inotrope positif ▪ une accentuation de la conduction : effet dromotrope positif ▪ une accentuation de l’excitabilité : effet bathmotrope positif A l’état basal, le système extrinsèque prépondérant est le système parasympathique, qui par exemple ralenti la fréquence cardiaque qui spontanément serait de 120 battement/min (fréquence de décharge spontanée du nœud sinusal) et est réduit à environ 70 battements/min. Lors d’une augmentation des besoins de l’organisme (effort, situation pathologique ...), le système sympathique intervient pour augmenter le débit cardiaque. 11 ! ACTIVITE MECANIQUE Elle correspond à la contraction puis à la relaxation cardiaque. Au cours de chaque systole, le ventricule gauche envoi un volume de sang dans la circulation systémique. Ce volume est appelé volume d’éjection systolique (VES). Trois paramètres déterminent ce VES : 1) la précharge, 2) la postcharge, et 3) la contractilité cardiaque. Précharge cardiaque : La précharge cardiaque est le volume de sang présent dans les ventricules à la fin du remplissage ventriculaire. Ce volume dépend 1) de l’élasticité du cœur (compliance cardiaque) c’est à dire de sa capacité à se remplir, mais surtout 2) du retour veineux, c’est à dire de la quantité de sang qui retourne au cœur lors de la diastole. La précharge est un déterminant majeur du VES. En augmentant le remplissage cardiaque en effet, les fibres myocardiques s’étirent et par effet élastique la force de contraction myocardique augmente. Ce phénomène survient jusqu’à un certain point au delà duquel l’augmentation de précharge n’est plus associé à une augmentation de l’éjection (loi de Franck Starling). 12 Postcharge cardiaque La postcharge cardiaque correspond à la résistance contre laquelle le ventricule éjecte son contenu. Plus la postcharge augmente plus l’éjection est réduite. La postcharge dépend 1) de la viscosité du sang mais surtout 2) de l’état des résistances vasculaires : elle est diminuée en cas de vasodilatation et augmentée en cas de vasoconstriction. Contractilité La contractilité encore appelée inotropisme représente la vitesse à laquelle les fibres myocardiques se contractent pendant la systole. Elle est particulièrement influencée par l’activité sympathique (action inotrope positive lors de la stimulation des récepteurs béta-adrénergique). Elle est réduite en cas d’ischémie aiguë du myocarde. Elle est également réduite au cours des pathologies cardiaques chroniques responsables d’une dilatation ou d’une hypertrophie myocardique. Volume d’éjection systolique (VES), débit cardiaque (Q), Index cardiaque (IC) La quantité de sang éjecté dans la circulation systémique au cours d’une minute est appelée débit cardiaque (Q). Ainsi, le débit cardiaque est le produit du VES par la fréquence cardiaque : Q (l/min) = VES (l) x FC (batt/min) La quantité de sang éjecté dans la circulation systémique au cours d’une minute et rapportée à la surface corporelle (SC) est appelée index cardiaque (IC) : IC (l/min/m2) = Q (l/min) x SC (m2) Le débit cardiaque est de l’ordre de 5 l/min au repos et peut atteindre environ 35 l/min à l’effort. L’augmentation du débit cardiaque peut être liée à une augmentation de la FC ou du VES ou des deux. 13 2. Outils!de!monitorage!hémodynamique! Trois types d’anomalie hémodynamique peuvent être observées au cours des états de choc: ▪ l’hypovolémie ▪ la dépression du tonus vasculaire (vasoplégie) ▪ la dépression myocardique Ces anomalies peuvent être variablement associées. Elles répondent aussi à des traitements différents, qui sont respectivement : ▪ le remplissage vasculaire ▪ les traitements vasopresseurs ▪ les traitements inotropes positifs Le premier objectif du monitorage hémodynamique est donc de dépister chacune de ces anomalies. Le deuxième objectif est d’en évaluer l’importance respective. Ces deux informations contribuent ainsi à appliquer le meilleur traitement. Les outils de monitorage les plus communément utilisés et les mieux validés en réanimation pour fournir ces informations sont : le cathéter artériel périphérique, le cathéter artériel pulmonaire, les moniteur PiCCO® et Vigileo®, le monitorage de la saturation veineuse centrale en oxygène (ScVO2) et le doppler oesophagien. Chacun de ces outils, avec ses avantages et ses inconvénients propres, est susceptible de répondre à tout ou partie des questions posées. Certains de ces outils sont susceptibles aussi d’apporter des informations complémentaires à même d’aider encore la prise en charge ▪ 14 2.1 Le cathéter artériel périphérique Le cathétérisme artériel périphérique peut être radial ou fémoral. Un cathéter artériel est presque toujours présent au cours de la prise en charge des patients présentant un état de choc, au moins parce qu’il permet la réalisation de prélèvements sanguins itératifs. Il fournit aussi des informations hémodynamiques majeures. !! LA PRESSION ARTERIELLE DIASTOLIQUE : La pression artérielle diastolique (PAD) est la pression qui règne dans les vaisseaux lorsque le cœur n’éjecte pas mais qu’il se remplit. Elle renseigne donc sur l’état du tonus vasculaire. Lorsqu’elle est basse (< 40 mmHg), elle témoigne d’un tonus vasculaire effondré (vasoplégie). La constatation d’une PAD basse peut donc justifier la mise en route d’un traitement vasopresseur. LA PRESSION ARTERIELLE DIFFERENTIELLE (OU PULSEE) : La pression artérielle différentielle ou pulsée (PP) est égale à la différence entre la pression artérielle systolique et la pression artérielle diastolique. L’éjection cardiaque est responsable du passage de la pression artérielle de sa valeur diastolique (PAD) à sa valeur systolique (PAS). On comprend donc que la pression artérielle différentielle (PP = PAS - PAD) est, entre autres, proportionnelle au volume d’éjection systolique. Ainsi lorsqu’elle est pincée, elle peut témoigner d’un volume d’éjection abaissé et inciter à utiliser un traitement susceptible de l’augmenter comme le remplissage vasculaire en cas d’hypovolémie ou un traitement inotrope positif en cas de trouble de la contractilité. LA PRESSION ARTERIELLE MOYENNE : La pression artérielle moyenne est assimilée à la pression de perfusion des organes et constitue donc à elle seule une cible thérapeutique à atteindre. Il est généralement admis que la valeur cible de pression artérielle moyenne avoisine 65 mmHg. Toutefois, cette valeur peut différer d’un patient à l’autre. Chez le patient aux antécédents d’hypertension artérielle par exemple, la valeur cible doit être probablement plus élevée. INTERET DE LA MESURE DE LA PRESSION ARTERIELLE INVASIVE, EN CAS DE RECOURS A LA VENTILATION ARTIFICIELLE : ΔPP Chez les patients placés sous ventilation mécanique, l’insufflation à chaque inspiration par le ventilateur d’une pression positive dans le thorax induit une diminution à chaque inspiration du retour veineux au cœur, c’est à dire de sa précharge. Il en résulte donc des variations respiratoires cycliques du volume d’éjection cardiaque. L’analyse de ces variations respiratoires cycliques du volume d’éjection systolique permet de prédire les effets hémodynamiques du remplissage vasculaire. Les variations respiratoires du volume d’éjection ventriculaire reflètent en effet la sensibilité du cœur aux variations de précharge induites par l’insufflation mécanique, et donc, la sensibilité du coeur aux modifications de précharge induites par un remplissage vasculaire. La pression artérielle pulsée (PP) étant, comme ont l’a déjà dit, directement proportionnelle au volume d’éjection systolique, les variations respiratoires de la pression artérielle pulsée (ΔPP) reflètent les variations respiratoires du volume d’éjection. En conséquence, ΔPP permet de prédire la réponse hémodynamique au remplissage vasculaire. Il a ainsi été montré que ΔPP ≥ 13% permettait de bien prédire la réponse au remplissage vasculaire. 16 ! 2.2 Le cathéter artériel pulmonaire Le cathéter artériel pulmonaire (CAP), dit aussi cathéter de Swan-Ganz, fait partie des outils de monitorage hémodynamique depuis une trentaine d’années. C’est un cathéter introduit par voie veineuse et dont l’extrémité est acheminée jusque dans l’artère pulmonaire en passant par la veine cave, l’oreillette droite et le ventricule droit. Il présente une voie proximale, dont l’extrémité doit être située dans l’oreillette droite et une voie distale, dont l’extrémité doit être située dans l’artère pulmonaire. A l’extrémité du cathéter un ballonnet permet, lorsqu’il est gonflé, la mobilisation de l’extrémité distale vers une petite artère pulmonaire et l’interruption du flux sanguin dans cette petite artère. Formation IDE en réanimation niveau 2 PANACÉA CONSEIL – 168bis 170 rue Raymond Losserand - 75 014 Paris www.panacea-conseil.com [email protected] - Tel : 01 77 35 90 80 - Fax : 01 72 69 06 67 17 Depuis quelques années, des techniques moins invasives ont été développées, limitant donc son utilisation. Si certaines études, souvent anciennes, ont suggérées la possibilité d’une surmortalité induite par le CAP, d’autres, parfois plus récentes n’ont pas retrouvées de différence significative en terme de mortalité ou de morbidité liées au CAP. Ces derniers résultats laissent à penser que l’utilisation du CAP reste possible, surtout dans les unités de réanimation qui ont l’expérience et la maîtrise de cet outil complexe. Les mesures qui peuvent être obtenues à l’aide du CAP sont de 3 ordres : ▪ mesures des pressions intra-vasculaires ▪ mesure du débit cardiaque ▪ mesures de paramètres d’oxygénation, dont notamment la saturation veineuse mêlée en oxygène (SvO2) ! ! Formation IDE en réanimation niveau 2 PANACÉA CONSEIL – 168bis 170 rue Raymond Losserand - 75 014 Paris www.panacea-conseil.com [email protected] - Tel : 01 77 35 90 80 - Fax : 01 72 69 06 67 18 ! PRESSIONS INTRA-VASCULAIRES : L’extrémité proximale du CAP est située dans l’oreillette droite. Sur ce port, on peut donc mesurer la pression auriculaire droite (POD). L’extrémité distale du CAP se trouve elle située dans l’artère pulmonaire. La pression mesurée à ce niveau est donc la pression artérielle pulmonaire (PAP). En gonflant le ballonnet du CAP on réalise une occlusion du flux sanguin dans la petite artère pulmonaire où le cathéter est situé. Ainsi, en aval du ballonnet, la pression chute jusqu’à atteindre une pression appelée pression artérielle pulmonaire occluse (PAPO). !! ! Puisque le flux sanguin est interrompu, cette pression est identique sur tout le segment vasculaire affecté par l’occlusion artérielle. La PAPO représente donc la pression veineuse pulmonaire et constitue même un bon reflet de la pression de l’oreillette gauche et donc de la pression de remplissage du ventricule gauche. Formation IDE en réanimation niveau 2 PANACÉA CONSEIL – 168bis 170 rue Raymond Losserand - 75 014 Paris www.panacea-conseil.com [email protected] - Tel : 01 77 35 90 80 - Fax : 01 72 69 06 67 ! 19 ! La mesure des pressions intravasculaires doit se faire avec beaucoup de soin. Le niveau de référence se place au niveau de l’oreillette droite, qui se projette au croisement de la ligne médioaxillaire et du 4e espace intercostal. Les vaisseaux capillaires pulmoniares sont intra- thoraciques et donc soumis à la pression régnant dans le thorax. Ainsi, les pressions intravasculaires fluctuent avec la respiration. Si les effets de la ventilation sur ces pressions sont relativement négligeables en ventilation spontanée normale, ils deviennent marqués chez le patient dyspnéique (négativation importante des pressions intrathoraciques à l’inspiration) ou en ventilation mécanique (positivation des pressions intrathoraciques à l’inspiration). Toutes les pressions doivent donc être mesurées en fin d’expiration, lorsque la pression intrathoracique est la plus proche de la pression atmosphérique. ! Formation IDE en réanimation niveau 2 PANACÉA CONSEIL – 168bis 170 rue Raymond Losserand - 75 014 Paris www.panacea-conseil.com [email protected] - Tel : 01 77 35 90 80 - Fax : 01 72 69 06 67 20 ! La mesure des pressions intravasculaires (POD, PAP, PAPO) contribue à caractériser le profil hémodynamique. La PAPO : Comme on la dit, la PAPO estime la pression de remplissage du ventricule gauche. Elle peut donc être considéré comme un marqueur de précharge du ventricule gauche. Ainsi, schématiquement, une PAPO basse contribue au diagnostic de précharge ventriculaire gauche basse et donc d’hypovolémie. On sait cependant aujourd’hui que la mesure de la PAPO est insuffisante pour juger des besoins en remplissage vasculaire d’un patient. Schématiquement encore, une PAPO élevée contribue, au diagnostic d’insuffisance cardiaque gauche. Ainsi, la mesure de la PAPO est souvent utilisée pour différencier un oedème pulmonaire cardiogénique (c’est à dire liée à une pathologie cardiaque), d’un oedème pulmonaire lésionnel (c’est à dire liée à une maladie du parenchyme pulmonaire et appelé syndrome de détresse respiratoire aigu dans les formes les plus grave). Une PAPO supérieure à 18 mmHg est ainsi classiquement considéré pour signer la composante cardiogénique de l’oedème pulmonaire. Formation IDE en réanimation niveau 2 PANACÉA CONSEIL – 168bis 170 rue Raymond Losserand - 75 014 Paris www.panacea-conseil.com [email protected] - Tel : 01 77 35 90 80 - Fax : 01 72 69 06 67 21 La POD : La POD estime la pression dans l’oreillette droite et donc la précharge cardiaque droite. . Ainsi, une POD basse contribue au diagnostic de précharge cardiaque doite basse et donc d’hypovolémie. La mesure de la POD est cependant insuffisante pour juger des besoins en remplissage vasculaire d’un patient. Une POD élevée, contribue par contre au diagnostic d’insuffisance cardiaque droite. La PAP : Une PAP élevée fait le diagnostic d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP). Il existe cependant deux types d’HTAP. L’HTAP peut être liée à une augmentation des pressions cardiaques gauches (HTAP dite post-capillaire) ou à une pathologie respiratoire (HTAP dite « pré-capillaire »). Lorsque la PAPO est beaucoup plus basse que la PAP, on retient plutôt le diagnostic d’HTAP pré-capillaire. DEBIT CARDIAQUE : La mesure du débit cardiaque se fait par thermodilution, soit selon la méthode des « bolus », soit selon une méthode automatique. La méthode des « bolus » consiste en l’injection de liquide froid au travers de la lumière proximale du cathéter avec mesure de la variation de température ainsi produite au niveau de l’artère pulmonaire grâce à une thermistance présente au niveau de l’extrémité du cathéter. Le moniteur est capable de fournir une valeur de débit cardiaque à partir de la courbe de thermodilution, en utilisant le principe de Stewart-Hamilton. La méthode automatique est disponible sur les générations récentes de cathéter artériel pulmonaire et permet une presque continue du débit cardiaque grâce à la présence d’un filament thermique situé à une dizaine de centimètres de l’extrémité distale du cathéter. Celui-ci se réchauffe automatiquement et le moniteur détecte dans le même temps les faibles variations de température produites au niveau de la thermistance distale. La encore, le moniteur est capable de fournir une valeur de débit cardiaque à partir de la courbe de thermodilution, en utilisant le principe de Stewart-Hamilton. Formation IDE en réanimation niveau 2 PANACÉA CONSEIL – 168bis 170 rue Raymond Losserand - 75 014 Paris www.panacea-conseil.com [email protected] - Tel : 01 77 35 90 80 - Fax : 01 72 69 06 67 22 Cette technique présente l’avantage d’éviter les manipulations de lignes pour l’injection de « bolus » et de permettre un affichage automatique du débit cardiaque dont la valeur se rafraîchit toutes les 30 secondes. SATURATION EN OXYGENE DU SANG VEINEUX MELE (SVO2) : La SvO2 est, parmi les paramètres d’oxygénation fournit par le CAP, le plus informatif. Il y a deux possibilités pour obtenir une mesure de la SvO2 au moyen d’un cathéter artériel pulmonaire. La première requiert un prélèvement d’un échantillon de sang au niveau de l’artère pulmonaire à travers l’orifice distal du cathéter artériel pulmonaire (ballonnet dégonflé) avec mesure classique des gaz du sang et de la SvO2 (co-oximètre). La deuxième possibilité utilise des modèles de cathéters artériels pulmonaires équipés de fibres optiques qui permettent une mesure in vivo continue de la SvO2 grâce au principe de la spectrophotométrie. Cette dernière méthode évite les prélèvements artériels pulmonaires répétés et fournit un véritable monitoring en temps réel de la SvO2. Pour comprendre l’intérêt de la SvO2 plusieurs paramètres doivent être définis : Consommation : La quantité d’oxygène consommée par les tissus est nommée consommation (VO2) Transport : La quantité d’oxygène apportée aux tissus est nommée transport (TaO2). Les apports en oxygène dépendent de la quantité en transporteur (l’hémoglobine), du débit cardiaque (Q) et du cœfficient de solubilité de l’oxygène dans le plasma (1.34) TaO2 ≠HbxQx1,34 Formation IDE en réanimation niveau 2 PANACÉA CONSEIL – 168bis 170 rue Raymond Losserand - 75 014 Paris www.panacea-conseil.com [email protected] - Tel : 01 77 35 90 80 - Fax : 01 72 69 06 67 23 Extraction : Lorsque le sang artériel arrive aux tissus une partie de l’oxygène est extraite par ces tissus pour réaliser l’oxygénation tissulaire. La quantité globale d’oxygène extrait est représentée par l’extraction (E02). L’extraction est le rapport de ceux qui est consommé sur ce qui est utilisé. E02 = VO2 / TaO2 SvO2: La saturation en oxygène du sang présent dans les cavités droites (sang veineux mêlé) entre donc dans l’équation : SvO2 = SaO2 - E02 SvO2=SaO2-VO2 /HbxQx1,34 L’intérêt de la SvO2 est d’évaluer l’adéquation entre transport d’oxygène (TaO2) et consommation d’oxygène (VO2) au niveau de l’organisme entier. La SvO2 normale se situe aux alentours de 70%. Une SvO2 basse peut-être liée à : ▪ une SaO2 basse : incitant à améliorer la prise en charge respiratoire ▪ une consommation () élevée, incitant à la diminuée, en sédatant le patient par exemple ▪ une hémoglobine basse, incitant à réaliser une transfusion globulaire ▪ un débit bas, incitant à l’augmenter en réalisant un remplissage vasculaire chez les patients hypovolémique et/ou en mettant en route un traitement inotrope chez les patients présentant un trouble de contractilité. Au cours du choc septique l’extraction en oxygène est par définition effondrée et est donc associée à une SvO2 haute. Formation IDE en réanimation niveau 2 PANACÉA CONSEIL – 168bis 170 rue Raymond Losserand - 75 014 Paris www.panacea-conseil.com [email protected] - Tel : 01 77 35 90 80 - Fax : 01 72 69 06 67 24 2.3 Le moniteur PiCCO® Le PiCCO® est un moniteur de surveillance hémodynamique disponible sur le marché français depuis 1999. ! Les paramètres hémodynamiques disponibles à partir du PiCCO® sont obtenus au moyen de deux techniques distinctes : ▪ la thermodilution transpulmonaire ▪ et l’analyse du contour de l’onde de pouls. L’utilisation du moniteur PiCCO® nécessite ▪ un cathéter veineux central pour l’injection du bolus froid ▪ et un cathéter artériel fémoral pour le recueil de la courbe de thermodilution et l’analyse du signal de pression artérielle par la technique du contour de l’onde de pouls. Un cathéter veineux central et un cathéter artériel étant habituellement utilisés chez les patients justifiant d’une exploration hémodynamique (veineux pour administration de catécholamines, artériel pour prélèvements sanguins itératifs et surveillance continue de la pression artérielle), l’utilisation du moniteur PiCCO® ne nécessite pas en soi un abord spécifique, mais la simple interposition d’un moniteur entre le cathéter veineux central et le cathéter artériel habituellement utilisés pour la prise en charge des patients en état de choc. Formation IDE en réanimation niveau 2 PANACÉA CONSEIL – 168bis 170 rue Raymond Losserand - 75 014 Paris www.panacea-conseil.com - [email protected] - Tel : 01 77 35 90 80 - Fax : 01 72 69 06 67 25 THERMODILUTION!TRANSPULMONAIRE!PULMONAIRE!:! Après! injection! de! 15! cc! de! sérum! physiologique! froid! par! la! voie! veineuse! centrale! (jugulaire! interne! ou! sous?clavière),! les! variations! de! température! obtenue! sont! mesurée! au! niveau! d’une! thermistance! positionnée! sur! la! voie! artérielle! fémorale.! Cette! technique! permet! d’accéder! à! la! mesure!du!débit!cardiaque!et!à!la!mesure!de!différents!volumes!thor aciques.!! ! Débit!cardiaque!:! L’intégration!de!la!courbe!de!dilution!de!l’!indicateur!froid!dans!la!cir culation!permet!le!calcul!du! débit!circulant!selon!le!principe!de!Stewart?Hamilton.!! ! Volumes!th oraciques!:! Après! injection,! l’indicateur! froid! se! dilue! successivement! dans! les! cavités! cardiaques! droites,! la! circulation! pulmonaire,! l’interstitium! pulmonaire,! les! cavités! cardiaques! gauches! et! l’aorte! descendante.! Une! analyse! mathématique! complexe! de! la! courbe! de! thermodilution! permet! de! recalculer!différents!volumes!de!distribution!de!l’indicateur!froid.!! !! Formation IDE en réanimation niveau 2 PANACÉA CONSEIL – 168bis 170 rue Raymond Losserand - 75 014 Paris www.panacea-conseil.com [email protected] - Tel : 01 77 35 90 80 - Fax : 01 72 69 06 67 26 Le volume télédiastolique global (VTDG) correspond à la (quantité de sang contenue dans les 4 cavités cardiaques et l’aorte descendante. C’est donc un indice volumétrique de précharge cardiaque. Néanmoins, comme la PAPO, il ne permet pas de prédire quel patient peut bénéficier d’un remplissage vasculaire. L’eau pulmonaire extravasculaire (EPEV), quantifie le volume d’œdème pulmonaire. Formation IDE en réanimation niveau 2 PANACÉA CONSEIL – 168bis 170 rue Raymond Losserand - 75 014 Paris www.panacea-conseil.com [email protected] - Tel : 01 77 35 90 80 - Fax : 01 72 69 06 67 27 ANALYSE DU CONTOUR DE L’ONDE DE POULS : A l’aide du cathéter artériel, une onde de pouls (ou onde de pression artérielle) est mesurée et enregistrée en continue. Cette onde de pression artérielle est divisée en deux parties. La première partie, partie systolique, dessine l’évolution de la pression artérielle au cours de l’éjection du ventricule gauche. Il existe donc une relation de proportionnalité entre la surface de cette partie systolique de l’onde de pouls et le volume d’éjection systolique. Le lien de proportionalité est appelé facteur de calibration. Ce facteur de calibration varie d’un patient à l’autre et chez un même patient d’un moment à l’autre. On peut cependant facilement le déterminer en réalisant une « calibration » c’est dire en mesurant le volume d’éjection par thermodilution après injection de l’indicateur froid. Cette thermodilution étant réalisée, le moniteur PiCCO® établit la relation entre surface de la partie systolique de l’onde de pouls et le volume d’éjection systolique. L’analyse du contour de l’onde de pouls permet une mesure continue (battement à battement) de la surface de la partie systolique de l’onde de pouls et donc un calcul continu du volume d’éjection systolique, le facteur de calibration étant connue. Comme on le verra, chez les patients ventilés, sédatés et sans arythmie cardiaque, la quantification de la variabilité respiratoire du volume d’éjection ventriculaire gauche permet d’évaluer la sensibilité du coeur aux modifications de précharge induites par l’insufflation mécanique et de définir les patients dit-précharge dépendant, c’est à dire qui répondront à une expansion volémique. Formation IDE en réanimation niveau 2 PANACÉA CONSEIL – 168bis 170 rue Raymond Losserand - 75 014 Paris www.panacea-conseil.com [email protected] - Tel : 01 77 35 90 80 - Fax : 01 72 69 06 67 28 2.4 Le moniteur Vigileo Le système FloTrac®/Vigileo® utilise un capteur spécifique de pression artérielle (FloTrac) et un moniteur dédié (Vigileo). Il permet la mesure en semi-continue du volume d’éjection systolique et du débit cardiaque par analyse de l’onde de pouls, c’est à dire en utilisant la propriété de proportionnalité entre la surface de la partie systolique de l’onde de pouls et le volume d’éjection systolique. A la différence du moniteur PiCCO ® cependant, le système FloTrac®/Vigileo® ne requiert pas de calibration externe du débit cardiaque par la réalisation d’une thermodilution mais réalise une calibration interne. La relation de proportionnalité est en effet estimée automatiquement par le moniteur qui la déduit des caractéristiques du patient (age, sexe, poids), de la forme de la courbe de pression artérielle et de la pulsatilité (détermination de la déviation standard de la pression pulsée artérielle sur une période de 20 secondes). Cette analyse complexe n’est pas réalisée de manière continue mais semicontinu, toutes les minutes. Le principal avantage du VigileoTM est sa facilité de mise en place car seul un cathéter artériel est nécessaire pour estimer le débit cardiaque. Il faut cependant noter que la validité de la mesure du DC par le VigileoTM en situation d’instabilité hémodynamique rn’est pas complètement démontrée. Formation IDE en réanimation niveau 2 PANACÉA CONSEIL – 168bis 170 rue Raymond Losserand - 75 014 Paris www.panacea-conseil.com [email protected] - Tel : 01 77 35 90 80 - Fax : 01 72 69 06 67 29 2.5 Le monitorage de la SVO2 centrale (ScvO2) Des cathéters veineux centraux, munis de fibres optiques permettant la mesure en continu de la saturation en oxygène du sang veineux cave supérieur (ScvO2), ont été mis récemment sur le marché. La ScvO2 représenterait un reflet indirect de la SvO2 mesurée au niveau du sang veineux mêlé. Les moniteurs PiCCO® et Vigileo® permettent l’un et l’autre d’afficher la ScvO2 lorsqu’ils sont associé un système de fibres optiques. 2.6 Le monitorage du débit aortique par doppler oesophagien Le doppler oesophagien est une méthode de monitorage hémodynamique peu invasive. Une sonde Doppler est insérée dans l’oesophage et son extrémité positionnée en face de l’aorte descendante. La vitesse de mesure de déplacement des globules rouges dans l’aorte descendante est alors mesurée par effet Doppler, permettant au moniteur de calculer automatiquement et en continue le débit aortique et d’estimer le débit cardiaque. Formation IDE en réanimation niveau 2 PANACÉA CONSEIL – 168bis 170 rue Raymond Losserand - 75 014 Paris www.panacea-conseil.com [email protected] - Tel : 01 77 35 90 80 - Fax : 01 72 69 06 67 30