Catherine Bolzinger, est directeur artistique de Voix de Strass, chœur de chambre de Strasbourg, chef de chœur de
l’Orchestre philharmonique de Strasbourg et professeur au Conservatoire de Strasbourg.
Œuvrant pour une conception contemporaine et renouvelée du chant choral, Catherine Bolzinger a créé des œuvres de
Georges Aperghis, Ramon Lazkano, Suzanne Giraud, Christophe Bertrand, François-Bernard Mâche, Philippe Schoeller, Ivan
Solano, Patricia Alessandrini ou Andrea Manzoli, et diffusé largement les œuvres du XXème siècle. En 2009, elle a enregistré
avec son ensemble Voix de Strass un disque de huit œuvres chorales écrites à son intention.
Le programme
Alexandre Borodine (1833-1887) Le Prince Igor : Danses polovtsiennes
Serge Rachmaninoff (1873-1943) Rapsodie sur un thème de Paganini op. 43
Piotr Illitch Tchaïkovski (1840-1893) Symphonie n°4 en fa mineur op.36
Alexandre Borodine
Borodine partagea sa vie entre la musique et la science. Expert en botanique, zoologie, cristallographie et anatomie, il s'intéressa
également à la médecine et c'est en qualité de médecin qu’il rencontra Moussorgski, en 1856. En 1862, il devint à la fois membre
de l’Académie de médecine et du « Groupe des cinq ». Alors que Moussorgski pensait à Boris Godounov et Rimski-Korsakov à Ivan
le terrible, Borodine eut l’idée de composer un opéra épique, « dans lequel la Russie et l’Orient, rapprochés dans leur diversité,
contrastés et pourtant en harmonie, formeraient la toile de fond d’épisodes dramatiques. » Dès lors, il s'intéressa de près à cet
Orient, il lit les poèmes Zadonscinu et Le Bataillon de Mamaevo et étudia les chants épiques et lyriques des Turkmènes afin de
mieux comprendre le caractère des tartares polovtsiens. Il se décida à écrire lui-même le livret du Prince Igor, mais, il ne
parviendra pas à terminer son opéra et ce sont ses amis, Rimski-Korsakov, Stassov et Glazounov, qui termineront l’ouvrage. Si
l’opéra est peu représenté, les Danses polovtsiennes, sur lesquelles se termine le deuxième acte, ont acquis une immense
popularité. « Le khan polovtsien Kontchak, qui avait fait prisonnier le prince russe Igor, traite ce dernier avec considération et
hospitalité, et organise pour le distraire les danses auxquelles participent de jeunes esclaves. » Elles sont au nombre de cinq :
Danse des jeunes filles, Danse des hommes, Danse collective, Danse des garçons, Danse finale et ont été créées à Saint-
Pétersbourg, le 27 février 1879, sous la direction de Rimski-Korsakov.
Serge Rachmaninoff
Né le 1er avril 1873 à Oneg (province de Novgorod), Rachmaninoff est issu de la noblesse. Dès l'âge de quatre ans, il prend ses
premières vraies leçons de musique, et à neuf ans, il est inscrit au Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Il rejoint ensuite le
Conservatoire de Moscou où il suit l'enseignement d'Alexandre Siloti pour le piano et d’Anton Arenski et Serge Taneïev pour la
composition. En 1891 et 1892, il obtient ses diplômes, et notamment celui de composition pour son opéra Aleko que Tchaïkovski
apprécia. Le Premier concerto et la Première symphonie témoignent de fabuleux dons pour la composition et d'un style
éminemment personnel. De la fin des années 1890 à 1917, il mènera de front ses carrières de concertiste et de compositeur,
effectuant de nombreuses tournées à l'étranger. Il est considéré comme le plus grand pianiste russe et l'un des plus grands
interprètes de l'histoire de la musique. En décembre 1917, au moment de la Révolution russe, il quitte à jamais la Russie, avec sa
famille et après la Scandinavie, il s'installe aux États-Unis.
La Rhapsodie sur un thème de Paganini date de 1934. En 1930, il découvre les paysages bordant le lac des Quatre-Cantons à
Lucerne. « La douceur, le calme de ce paysage vallonné ravivent ses plus chers souvenirs de Russie. Un terrain est acheté séance
tenante, sur lequel viendra s'élever la maison. Achevée en 1934, elle sera baptisée du nom de ses deux propriétaires, Serge et
Natalia Rachmaninoff : Senar. » Et c'est à Senar qu'il met au propre la Rhapsodie sur un thème de Paganini. Le thème de Paganini
est celui de son 24ème Caprice pour violon. Effectivement, l'œuvre peut être apparentée à un Cinquième concerto pour piano, car
elle en respecte la forme traditionnelle en trois mouvements. Le cycle débute par une variation précédant l'exposition du thème.
Les dix premières variations correspondent à un allegro de concerto. Dans la quatrième et dernière, le motif du Dies irae
réapparaît une ultime fois. Cette partition séduisit immédiatement le public. « Le trait frappant de cette composition est qu'il
montre, chez Rachmaninoff, un style nouveau ; on n'y trouve pas de ces thèmes chantants spécifiquement russes ; d'un exposé
laconique, elle ressemble, avec son usage modéré de la pédale et la couleur sèche, martelée, de ses brefs épisodes, à une
composition contemporaine. Les quelques variations écrites dans le vieux style de Rachmaninoff ne font que souligner sa nouvelle
manière. ». La Rhapsodie sur un thème de Paganini opus 43 sera créée par le compositeur le 7 novembre 1934 à Baltimore sous
la direction de Leopold Stokowski. En 1936, et avec l’approbation du compositeur, Michaël Fokine en fera un ballet intitulé
Paganini.