Le coréen Da Sol KIM a immédiatement modifié l'atmosphère en menant l'orchestre à
grandes guides avec d'excellentes et promptes attaques, un deuxième mouvement lent très
nuancé, en osmose avec la flûte et le cello. En accentuant, in fine, la dynamique russe du
dernier mouvement. Bref, une personnalité ayant déjà une grande pratique des concours
(sixième au concours reine Élisabeth de Belgique en 2010). Il a franchi sa semaine avec une
grande régularité et il s'était imposé, sans conteste, dès les premières éliminatoires (et déjà
avec les "variations" de DUTILLEUX et un magnifique "Gaspard de la nuit").
Le japonais Akihito OKUDA s'était acquis la sympathie du public pendant une semaine
marquée, par exemple, par une belle version de " ONDINE" et par un "CARNAVAL" de
SCHUMANN très coloré. Il a conduit son TCHAÏKOVSKI avec beaucoup de rigueur, un doigté
souple, une attention soutenue. Malheureusement, dans le troisième mouvement, une grappe
d'accords lui a échappé des mains. Il s'est assez vite rétabli, mais l'incident a un peu
démotivé l'orchestre qui n'a pas pu freiner un regrettable cafouillage.
Dès son entrée solennelle, avec des accords somptueux, on a pensé un instant que la seule
jeune femme du quatuor, la coréenne Yoon So RHEE, allait creuser l'écart avec ses
prédécesseurs. En dépit d'un adagio élégiaque, rêveur, très féminin, la demoiselle de vert
vêtue, s'est un peu dispersée dans le moment final face à un orchestre réchauffé qui était en
pleine forme. Mais le parcours de la jeune femme avait été très inégal avant de franchir la
barrière des demi-finales.
Les demi-finalistes n'ont pas démérité.
Selon la tradition, les quatre demi-finalistes ont donné une mini-audition, à l'entracte de la
finale.
Mlle Arta ARNICANE (Lettonie) a redonné une interprétation des "Sept Haïku" du compositeur
invité Thierry Huillet. Celui-ci avait jugé que la version de Mlle ARNICANE était la plus proche
de son idée première. L'œuvre a été accompagnée du texte des poèmes japonais, ce qui a
beaucoup contribué à la compréhension de la démarche du compositeur.
Mlle Yedam KIM a repris une longue page très appréciée lors de son premier passage : " La
Valse " de Maurice Ravel.
Le coréen Jinho MOON a redonné " l'Intermezzo " de Francis POULENC et l'étude numéro 6
sur un thème Paganini de LISZT.
Enfin M. Jong-HO-WON a repris, avec légèreté, la sonate N° 9 de Mozart et, par contraste, la
sonate de SCRIABINE Opus 8/12
Merci les Vosgiens.
Avant proclamation du palmarès, Mme Akiko EBI , présidente du jury, a tenu à féliciter tous
les concurrents, et, plus particulièrement, les finalistes, ne celant rien des réalités de la
carrière naissante qu'ils vont embrasser. Il leur faudra, a-t-elle dit, assumer beaucoup de
travail, de courage et d'abnégation pour devenir des pianistes internationaux.
De son côté, le président Jacques GRASSER, dans son allocution finale, a remercié les
sponsors institutionnels et privés, a surtout félicité les familles spinaliennes qui ont pris une
grande part au succès du concours. De même, il a remercié les souscripteurs qui sont venus
en nombre soutenir les finances du concours pour contribuer à la pérennité de celui-ci.
Un seul regret. Qu'aucun concurrent français, malheureusement, ne figure au palmarès du
23
ième
concours. Une amère constatation qui perdure depuis la création de ce concours,
souvent mieux connu et plus prisé à l'étranger qu'en France.
P.J.