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Croissance économique et rendements des
actions: une corrélation faible à long terme
Il semble logique qu’un investisseur établisse un lien
entre une croissance économique soutenue et des
rendements des actions élevés. Ibbotson et Chen
(2003), entre autres, ont démontré que la croissance
des bénéfices des entreprises américaines sur la durée
a coïncidé avec une hausse de la productivité globale
de l’économie américaine. Les bénéfices jouent un rôle
déterminant pour prévoir les rendements futurs des
actions, notamment lorsqu’ils sont liés aux prix, comme
l’a montré Davis et al. (2012). Tout ceux qui suivent
régulièrement l’actualité des marchés financiers
estiment probablement que les statistiques
économiques ont une incidence forte sur les
rendements du marché.
Néanmoins, sur la Figure 2, si l’on examine les
rendements historiques des actions sur la durée et leur
relation avec la croissance économique (croissance du
PIB réel), nous constatons une faible corrélation dans
les 46 pays qui composent ce que l’on peut considérer
comme le marché mondial des actions investissable.3
À 4% par an, le rendement moyen réel des actions
des pays affichant les trois taux de croissance du PIB
les plus élevés est légèrement inférieur au rendement
moyen de 4,2% des pays affichant les trois taux de
croissance les plus faibles, en dépit de l’écart important
entre ces taux (8% par an contre 1,6% en moyenne).
Il semble évident que la corrélation entre ces deux
variables est faible.
Ces résultats ne concordent pas vraiment avec
l’intuition des investisseurs, ni avec certains résultats
observés par le passé. Par exemple, la dernière
décennie montre que les pays émergents ont surpassé
les pays développés en termes de rendement du
marché et de croissance économique.4 Comment
interpréter ce résultat au regard des constats dressés
sur la figure 2 ?
On ne doit pas en conclure que la croissance
économique n’a aucune importance pour les
investisseurs des marchés actions. Il convient
d’admettre que la relation entre les deux est bien
plus subtile qu’on ne le pense et que d’autres
facteurs entrent en ligne de compte. S’agissant de
la relation entre la croissance et les rendements, les
investisseurs doivent se soucier de quatre paramètres:
1. L’écart entre la croissance prévue et la croissance
réelle du PIB.
2. L’importance des créances en capital mondiales
pour la croissance du PIB d’un pays.
3. Le processus de «financiarisation», à savoir le
développement des marchés des capitaux, dans
les pays émergents à forte croissance.
4. Et, surtout, le fait que les valorisations du marché
reflètent le prix payé pour la croissance des
bénéfices.
Nous analyserons chacun des facteurs afin de
développer les constats dressés sur la figure 2.
Au vu de ces quatre facteurs, l’expérience de ces
trois dernières années au cours desquelles les marchés
émergents ont enregistré une croissance supérieure
aux marchés développés, sans dépasser leurs
rendements, semble à présent plus cohérente.
3 Ces marchés reflètent chacun des pays qui composent le FTSE All World Index (à l’exception des Émirats arabes unis, faute de chiffres sur les rendements
passés). Nous avons répété cette analyse en utilisant le PIB par habitant et nous avons également étudié les données en dollars américains. Les résultats
sont très similaires, avec des courbes de régression qui ne sont pas statistiquement très différentes de 0 et des valeurs de R au carré inférieures à 0,05.
4 Au cours des dix années closes le 31 décembre 2012, les pays composant le FTSE Emerging Index ont enregistré une croissance de 6,3% par an, avec des
rendements atteignant 13% par an en moyenne pour les marchés des actions (en monnaie locale). Au cours de la même période, les pays composant le
FTSE Developed Index ont enregistré dans l’ensemble une croissance de 1,4% par an, avec des rendements atteignant 4,2% par an en moyenne pour les
marchés des actions.
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