NOTE DE
CONJONCTURE
AVRIL 2016
Mars signale un retour des marchés
à plus de sérénité, à la faveur d’une
politique toujours accommodante
des banques centrales, d’un rebond
des cours du pétrole et d’une
confirmation des scénarios de reprise
à la lecture des dernières statistiques
économiques.
Mais les risques identifiés demeurent,
comme le ralentissement chinois ou
la sortie de la Grande Bretagne du
projet européen.
Cette pause après des semaines de quasi panique ne doit pas faire
oublier les risques qui demeurent et il faut s’attendre à ce que la
volatilité reste très élevée.
Notre politique consiste donc à maintenir le niveau de risque
adopté jusque-là dans nos portefeuilles, tout en favorisant les
stratégies dé-corrélantes.
à savoir en bref
Pétrole :
Comme prévu, la baisse des prix du baril
provoque divers ajustements de l’offre
qui ont favorisé un rebond de ce marché, au grand
bénéfice des marchés émergents.
États-Unis :
Contre toute attente, la croissance
économique ne faiblit pas aux États-
Unis, comme en témoignent les récents indicateurs
économiques.
Cependant, la Fed continue de manifester des
craintes à la lecture d’une croissance mondiale
incertaine et parsemée de risques potentiellement
perturbateurs.
L’institution monétaire risque bien de se trouver
écartelée entre ces craintes d’un ralentissement
et la nécessité de relever ses taux pour limiter une
éventuelle reprise de l’inflation.
Europe :
Entre crise des migrants et terrorisme,
l’Europe est en proie à des remises en
cause qui font vaciller ses fondements mêmes.
Pourtant, les statistiques économiques restent
positives et l’activisme de la banque centrale rassure
quant à la pérennité des signes de reprise.
Marchés Émergents :
Les marchés émergents ont surtout
profité de l’accalmie sur le front des
prix du pétrole, ce qui permet de prendre en
considération d’autres facteurs potentiellement
positifs : Absence de guerre des changes avec la
Chine, espoir de résolution de la crise politique au
Brésil et nouvelle donne politique en Argentine.
Le mois de mars a été marqué par une forte actualité du côté des banques centrales,
que ce soit en Europe, aux États-Unis, ou au Japon, pour ne citer qu’elles.
La posture est restée globalement très accommodante, avec notamment un ensemble
de nouvelles mesures en Europe, et un ton prudent de la Réserve Fédérale américaine
qui suggère une remontée des taux plus lente qu’initialement anticipée.
Les investisseurs ont par ailleurs été rassurés sur un certain nombre de sujets qui
avaient créé un stress important sur les marchés depuis le début de l’année : la devise
chinoise a finalement pris le chemin de la hausse (les investisseurs craignaient une forte
dévaluation compétitive), tandis que les prix du pétrole ont rebondi de 40 % depuis les
plus bas du 11 février, pour s’établir autour de 40 $ le baril, et ont ainsi fourni un soutien
aux économies des pays émergents.
Les statistiques économiques indiquent une reprise modérée, mais réelle, des
économies des pays développés, qui ne se traduisent pas de la même manière sur les
différentes bourses mondiales, avec une meilleure performance des États-Unis et des
pays émergents, tandis que l’Europe reste en retrait, dans un contexte politique et
sécuritaire qui semble pousser au pessimisme les différents intervenants.
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PÉTROLE
Depuis quelques semaines nous assistons à un apaisement des tensions autour des
prix du pétrole, avec un prix qui oscille autour de 40 $ le baril au gré des déclarations
de la part de l’Iran ou de l’Arabie Saoudite.
La baisse de la production
américaine (notamment le
pétrole de schiste) mais surtout la
volonté apparente des différents
pays producteurs de parvenir
à un accord sur un gel de la
production ont fait naître l’espoir
d’une stabilisation des prix, voire
une remontée des cours vers les
50 $ le baril. Il sera intéressant
de voir si la prochaine réunion
des pays producteurs, qui doit se
tenir au Qatar le 17 avril, pourra
contribuer à valider ce scénario.
À ce stade, les observateurs ne
sont pas très optimistes, l’Arabie
Saoudite ayant exprimé des
doutes quant à un tel scénario.
Cependant, la remontée des prix
du pétrole a d’ores et déjà permis
à de nombreux pays émergents
de reprendre leur souffle et a
contribué à la hausse relative de
leurs marchés actions.
ÉTATS-UNIS
Suite à la publication de statistiques économiques plutôt favorables, le scénario d’une
récession aux États-Unis ne semble plus d’actualité.
Le taux de croissance du PIB du
3e trimestre 2015 a été révisé
pour une seconde fois en hausse,
à 1.4 % sur une base annualisée.
Les indicateurs de l’activité
industrielle sont également en
hausse en mars, tandis que la
confiance des consommateurs
progresse. Le chômage est
au plus bas à 5 %, et le salaire
horaire moyen progresse. À
tel point que le scénario d’un
retour de l’inflation gagne du
terrain, avec un indice des prix à
la consommation en hausse de
2.3 % en février.
Du coup, la réserve fédérale
américaine (« Fed ») anticipe
toujours un taux de croissance
supérieur à 2 % en 2016,
mais reste prudente dans sa
communication. Ainsi, lors de
son dernier comité monétaire,
elle a fait montre de réserves
quant à l’évolution de l’économie
mondiale et a reporté à une date
ultérieure la hausse des taux
escomptée. Elle a également
baissé le rythme des relèvements
de taux pour 2016, de 4 hausses
à 2 seulement. Il est probable que
la situation des pays émergents
inquiète les autorités monétaires
américaines, malgré la hausse
récente du prix du baril de
pétrole.
Toutefois, si une reprise de
l’inflation se confirme, la Fed
sera certainement contrainte
de remonter ses taux malgré
ses réticences, ce qui n’est pas
forcément anticipé par le marché
et serait donc source de volatilité.
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EUROPE
Les attentats de Bruxelles sont venus tristement troubler les célébrations pascales.
La question sécuritaire, ainsi
que celle relative aux migrants,
auxquelles s’ajoute le référendum
sur la sortie de la grande Bretagne
de l’Union Européenne (« Brexit »)
et, plus récemment, l’émergence
d’un scénario similaire aux Pays
Bas (« Nexit ») semblent peser
sur le moral des investisseurs
européens.
La chute de la livre sterling contre
l’euro montre bien que le risque
de Brexit n’est plus une simple
hypothèse mais commence à
se matérialiser dans la tête des
investisseurs.
Cette étape supplémentaire dans
la (dé)construction européenne
n’encourage pas l’investissement
et le retard des indices actions
européens par rapport à leurs
homologues américains en
témoigne.
Les statistiques économiques
sont cependant plutôt de bonne
facture, montrant une légère
progression de l’activité dans les
services et l’industrie. L’inflation
est quasiment absente et Mario
Draghi, gouverneur de la Banque
Centrale Européenne, vient
d’annoncer une nouvelle série de
mesures pour soutenir la reprise
européenne : baisse des taux
de refinancement et de dépôt,
augmentation des achats d’actifs
mensuels (80 Md€), possibilité
de racheter des obligations
d’entreprises les mieux notées
et nouvelles opérations ciblées
de refinancement à long terme
(TLTRO).
Cet assouplissement des
conditions devrait permettre
d’améliorer l’octroi de crédit
aux entreprises, et ainsi soutenir
l’investissement et pérenniser la
reprise.
Ainsi les marchés actions
européens semblent toujours
attractifs relativement aux autres
marchés, mais l’incertitude
face au « Brexit » tempère cet
optimisme.
MARCHÉS ÉMERGENTS
Les marchés émergents dans leur ensemble ont
fortement rebondi suite à la hausse des cours du pétrole
et le discours accommodant de la FED, et ont ainsi
quasiment effacé leurs pertes depuis le début d’année.
Plutôt que de se livrer à une guerre
des changes via la dévaluation
du yuan (la grande crainte des
marchés en début d’année), les
autorités chinoises semblent avoir
opté pour une baisse graduelle
des investissements afin de
préserver la croissance. Elles
ont ainsi annoncé des mesures
de relance d’ordre monétaire
et budgétaire afin d’aider la
transition économique vers une
économie de services. À court
terme c’est plutôt rassurant mais
il faudra surveiller l’évolution
de ces politiques, car il ne fait
pas de doute que l’équilibre
entre réduction des surcapacités
industrielles, préservation
de l’emploi et croissance
économique sera complexe à
atteindre.
Le marché boursier Brésilien offre
quant à lui une belle performance
boursière depuis fin Janvier.
Pourtant l’économie du pays
s’enfonce dans le rouge, et la
présidente Dilma Roussef est
impliquée dans le scandale de
corruption Petrobras ainsi que
dans celui des maquillages des
comptes publics.
Les investisseurs parient en fait sur
un changement de gouvernement
et les améliorations économiques
qui pourraient en résulter.
En Amérique Latine, c’est
peut-être plus du côté de
l’Argentine qu’il faut tourner le
regard : son nouveau président
Mauricio Macri a mis fin à la
politique interventionniste et
protectionniste de l’ère Kirchner.
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Pour mettre ses réformes en
place, il s’appuie sur une équipe
compétente pour permettre
d’améliorer les fondamentaux
économiques et attirer les
investisseurs. La tâche ne sera
pas aisée face à l’ampleur des
problèmes et déséquilibres
économiques de l’Argentine
mais les premiers résultats
sont prometteurs et offrent
la perspective d’un modèle
économique différent pour les
autres pays d’Amérique Latine.
Cette zone pourrait à terme
présenter des opportunités
d’investissement intéressantes.
POINT SUR LES MARCHÉS ET LES PORTEFEUILLES
Suite à la panique lors des premières semaines de l’année, les marchés se sont
maintenant repris, écartant les risques de crise systémique prochaine. Les indicateurs
conjoncturels sont plutôt encourageants et l’action des banques centrales reste
accommodante.
Pourtant des nuages pointent
à l’horizon : en Europe les
investisseurs restent en retrait
face au risque de Brexit, tandis
que la Fed pourrait bien être
forcée de remonter les taux plus
vite qu’anticipé dans l’hypothèse
d’une reprise durable de
l’inflation. Ce décalage des
politiques monétaires sera comme
toujours source de volatilité, tout
comme le ralentissement chinois
et la difficile transition vers une
économie de services.
Face aux risques en présence
nous maintenons le même niveau
de risque dans les portefeuilles,
tout en favorisant les gérants
actifs ainsi que les stratégies
alternatives qui offrent un certain
degré de dé-corrélation face au
marché.
Il faudra maintenant surveiller la
saison de publication de résultats
des entreprises qui va débuter
mi-avril.
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