L’acquisition de la temporalité en FRL2 : étude
descriptive de narrations au passé par des apprenants
néerlandophones et hispanophones
Hadermann, Pascale & Ruyffelaert, Ariane
Université de Gand – Département de Linguistique
Pascale.Hadermann@ugent.be, Ariane.Ruyffelae[email protected]
1 Introduction
Les langues naturelles ont développé un vaste répertoire de moyens pour exprimer la temporalité, tels que
les catégories verbales du temps et de l’aspect, les caractéristiques sémantiques temporelles inhérentes au
verbe (et à ses compléments), les expressions périphrastiques du type commencer à, continuer à, se
mettre à, être en train de + infinitif, des compléments adverbiaux exprimant le temps, la durée et des
principes d’organisation discursive comme le Principe de l’Ordre Naturel (voir entre autres Klein 1994).
Confronté avec cette kyrielle de moyens linguistiques, tout locuteur aura un long trajet à parcourir avant
d’arriver à la maîtrise complète de l’expression de la temporalité et ceci est sans doute d’autant plus vrai
lorsqu’il s’agit de s’approprier ce système dans une langue étrangère qui est typologiquement distincte de
la langue source (voir entre autres Housen 2002 et Izquierdo & Collins 2008 pour un commentaire sur les
« transferts négatifs » et Salaberry 2005 sur le « transfert positif » en cas de ressemblances entre langues
source et cible).
Les temps verbaux constituent un des paradigmes qui se prêtent le mieux à l’observation des divergences
intersystémiques et de leur impact au niveau de l’expression de la temporalité. Pour comprendre les
processus acquisitionnels de ces temps verbaux et l’éventuel effet de la proximité entre langues source et
cible, il est intéressant de comparer des interlangues d’apprenants ayant des langues sources issues de
familles linguistiques différentes (par ex. le néerlandais et l’espagnol) mais dont une appartient au même
groupe que la langue cible (par ex. le français, langue romane tout comme l’espagnol). Il se pourrait que,
pour les apprenants hispanophones, l’acquisition des temps verbaux se déploie autrement car, à quelques
exceptions près, le système verbal de l’espagnol est très proche de celui du français (Noyau & Vasseur
1986, Starren 2001, Benazzo 2007, Amenós 2010).
L’objectif de notre contribution est d’analyser comment des apprenants néerlandophones et
hispanophones du français langue étrangère (FR L2) acquièrent la temporalité – plus spécifiquement la
référence au passé – et de vérifier dans quelle mesure leurs interlangues se rapprochent de la langue cible
ou, au contraire, reflètent de manière plus ou moins fidèle des mécanismes propres à la langue maternelle
(L1). Afin de dresser une image aussi complète que possible, nous présenterons d’abord brièvement les
notions essentielles à notre étude (§2) ainsi que nos hypothèses de recherche et nos données (§3). Nous
adopterons, dans notre description, une approche multifactorielle qui intègre l’analyse de différents
moyens linguistiques – morphologiques, lexicaux, sémantiques1 – et qui essaiera de déterminer la raison
du choix pour tel ou tel temps verbal du passé (§4). Pour expliquer ces choix possibles, nous vérifierons
les hypothèses de la primauté de l’aspect lexical (§5) et du transfert de la L1 (§6).
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2 Cadre
2.1 L’expression du temps
2.1.1 Le temps verbal et le temps référentiel
Le temps verbal décrit « l’orientation d’un procès par rapport à un repère » sur un axe orienté du passé
vers l’avenir (Wilmet 2007 : 68). Il établit un rapport entre le moment de la parole (désormais MP) et le
temps de la situation exprimée par le verbe (désormais TSit) qui est de l’ordre de la simultanéité, de
l’antériorité ou de la postériorité. Il se peut que la situation exprimée par le verbe se rapporte à un autre
point sur l’axe temporel que le MP, ce qui donne lieu à l’identification d’un nouveau repère que
Reichenbach (1966) appelle the point of reference ou « the temporal standpoint from which the speaker
invites his audience to consider the occurrence of the event (or the obtaining state) » (Taylor 1977 : 203,
cité par Kihlstedt 1998 : 24). Nous le désignerons par le terme de temps référentiel (TRé).
2.1.2 L’aspect grammatical et le mode d’action
L’aspect grammatical indique la façon dont l’action se déroule, indépendamment du MP. Il concerne la
perspective que le sujet parlant adopte par rapport au déroulement, à la progression ou à
l’accomplissement du procès. Etant donné la richesse de ces perspectives, plusieurs classifications et
étiquettes ont été proposées, selon que l’on envisage (i) le regard du locuteur vis-à-vis du procès : soit de
l’extérieur, soit de l’intérieur (par ex. aspect global vs sécant, Wilmet 2007 : 71), (ii) la pertinence ou
l’impertinence du procès par rapport au présent (par ex. aspect parfait vs aoriste, Kihlstedt 1998), (iii) la
vision résultative ou non du procès (par ex. aspect perfectif vs imperfectif, Populier 1985).
De plus, toute prédication verbale véhicule un sens aspectuel inhérent que l’on nomme habituellement
« aspect lexical » ou « mode d’action » et qui ne doit pas être confondu avec l’aspect grammatical.
« La catégorie de l’aspect se décompose en aspect lexical [= mode d’action] et aspect
grammatical. L’aspect lexical correspond au type de procès (activité, état,
accomplissement, …) exprimé par le lexème verbal et son environnement actanciel
(par exemple, on établit au moyen de tests syntaxiques que manger du poulet
constitue une ‘activité’). L’aspect grammatical définit le mode de présentation du
procès (accompli, inaccompli, itératif, …) tel qu’il est indiqué essentiellement par les
marques grammaticales (temps morphologiques, semi-auxiliaires, adverbes
d’aspect. » (Gosselin 1996 : 10)
Vendler (1967), pionnier dans le domaine de la définition et de la classification des modes d’action,
distingue quatre groupes de verbes d’après leur sens aspectuel inhérent :
a. les verbes d’état qui se caractérisent par une idée durative (p. ex. être, avoir, aimer) ; ils
impliquent une continuation de la situation décrite sans changement d’état ; ils sont non
dynamiques et puisqu’ils ne tendent pas vers une fin, ils sont également considérés comme
atéliques ;
b. les verbes d’activi où chaque partie du procès est de même nature que le tout (p. ex. courir,
jouer, naviguer) ; ils sont dynamiques et exigent de l’énergie pour se réaliser et pour faire
perdurer le procès; ils n’envisagent pas la fin du procès, ils sont donc atéliques ;
c. les verbes d’accomplissement dont le procès s’achemine inévitablement vers un terme (p. ex.
manger une pomme, courir cinq kilomètres2) ; dans ce cas, il faut de l’énergie non seulement
pour continuer les procès exprimés, mais aussi pour les faire naître ou pour les faire aboutir ; ils
sont téliques ;
d. les verbes d’achèvement qui, à cause de leur caractère instantané, réfèrent au terme (ou à
l’origine) du cheminement (p. ex. reconnaître, entrer, tomber) ; ils sont également téliques et, en
plus, ils possèdent le trait [+ponctuel] lié à l’expression de l’instantanéité3.
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Le tableau 1 résumé ce jeu sur les traits dynamique, télique et ponctuel.
état activité accomplissement achèvement
dynamique - + + +
télique - - + +
ponctuel - - - +
Tableau 1. Les traits sémantiques des modes d’action, d’après Andersen (1991)
Même si le mode d’action et l’aspect grammatical sont des notions distinctes, ils paraissent parfois
intimement liés. Ainsi, les verbes d’état et d’activité possèdent certaines affinités avec l’aspect
imperfectif – ex. 1 – et il est généralement admis que les verbes d’accomplissement et d’achèvement
s’accordent bien avec l’aspect perfectif – ex. 2. Mais ce parallélisme n’est pas absolu. En 3 par exemple,
le verbe d’activité préparer reçoit le trait [+télique] : l’aspect perfectif focalise les bornes du procès et
circonscrit sa durée temporelle. De même, en 4 tomber est marqué par l’aspect imperfectif : l’imparfait
ajoute ici un effet de sens à la prédication, c’est-à-dire un ralentissement (Bergström 1995) ou une
expansion (Labeau 2005).
1. Les pirates se rapprochaient de plus en plus, la Licorne sentait la menace s’approcher.
[CCF.5] (verbe d’activité et aspect imperfectif)
2. Ils ancrèrent le navire près des côtes. [CCF.1] (verbe télique et aspect perfectif)
3. Alors, l’équipage de La Licorne prépara sa défense en armant les canons. [CCF.1]
(verbe d’activité et aspect perfectif)
4. Le soir tombait, les pirates fêtaient bruyamment leur victoire à grands verres de rhum…
[CCF.4] (verbe d’achèvement et aspect imperfectif)
Grâce à l’interaction entre le temps, l’aspect et le mode d’action, le locuteur a donc à sa disposition un
large éventail de possibilités d’expression 4. Dans ce qui suit, nous présenterons les différences
essentielles dans l’exploitation de ces possibilités entre le français et le néerlandais (§2.2) ainsi que les
difficultés qu’elles posent au niveau des interlangues (§2.3).
2.2 La référence au passé dans le récit en français et en néerlandais L1
Weinrich (1973 : 115) distingue, comme deux lois fondamentales de la narrativité, un premier plan5 et un
arrière-plan :
« [L]e premier plan [est] habituellement ce pourquoi l’histoire est racontée ; ce que
retient un compte rendu, factuel ; ce que le titre résume ou pourrait résumer ; ou
encore, ce qui, au fond, donne aux gens l’envie de délaisser un instant leurs
occupations pour écouter une histoire si étrangère à leur univers quotidien ; […] à
l’inverse, l’arrière-plan du récit : dans son sens le plus large, c’est ce qui lui seul
n’éveillerait pas l’intérêt, mais qui aide l’auditeur à s’orienter à travers le monde
raconté et lui rend l’écoute plus aisée. »
et Wallace (1982 : 209, cité par Labelle 1987 : 12) d’ajouter :
« Si une langue offre un contraste entre un aspect perfectif et d’autres aspects, alors
une partie du sens de l’aspect perfectif, du moins dans la narration, est de décrire les
événements principaux, séquentiels, du premier plan, tandis qu’une partie du sens de
l’aspect non perfectif, et spécialement de l’imperfectif, est de donner des
renseignements supplémentaires d’arrière-plan. »
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2.2.1 La référence au passé en français
Les cinq temps verbaux majoritairement présents dans le corpus de contrôle francophone sont le passé
composé, l’imparfait, le passé simple, le présent historique et le plus-que-parfait qui, même s’ils
expriment tous l’antériorité du TSit par rapport au MP, se distinguent l’un de l’autre par leurs valeurs
temporelle (la relation entre le TSit et le MP) et aspectuelle (la relation entre le TSit et le TRé). En outre,
le type de discours et la mise en relief du récit (l’avant-plan vs l’arrière-plan) constituent deux paramètres
importants pour la description des temps verbaux en français.
Weinrich (1973) et Labelle (1987) ont mis en relief la position ambiguë du passé composé (désormais
PC) : en tant que temps composé, il marque un aspect résultatif (TRé > TSit) mais il garde un lien avec le
présent. Son sens « prototypique » est celui de parfait : il indique que le TSit est antérieur par rapport au
TRé, qui correspond au MP. Ainsi, il décrit la situation résultant du procès 5 mais il admet également un
sens dérivé, celui d’aoriste, qui exprime un TRé antérieur au MP. Imbs (1960) observe que dans ce cas, il
est accompagné obligatoirement d’une expression temporelle 6.
5. Jean-Baptiste a guéri.
6. Fiorine s’est endormie (TSit) à huit heures du soir (= TRé).
Quant à l’imparfait (désormais IMP), il sert avant tout à exprimer l’aspect imperfectif : le locuteur ne
prend pas en considération l’intervalle entier qui correspond au TSit mais se limite à constater ce qui se
passe au moment pris comme repère, le TRé, excluant ainsi le début ou la fin de l’intervalle. L’IMP situe
le TRé, qui est inclus dans le TSit, avant le MP. Il fonctionne comme un temps coréférentiel de l’arrière-
plan qui décrit des actions simultanées aux événements narratifs. Cependant, d’après Hopper (1979), le
sens premier de l’IMP ne serait pas de donner des renseignements d’arrière-plan : c’est parce qu’il aurait
un sens descriptif qu’il serait capable de fournir des informations d’arrière-plan.
Le passé simple (désormais PS) se distingue de l’IMP par sa valeur aspectuelle perfective (TSit ε TRé).
De même que le PC, il présente le procès exprimé par le verbe comme un tout inanalysable. Il représente
le temps du récit et il permet de se distancier complètement du MP (Delatour et alii 1991). Ce temps
verbal n’exprime jamais l’aspect parfait, comme le fait le PC6. Ceci explique son absence dans la langue
parlée et son emploi fréquent à la troisième personne. Sa fonction de base est de nature aoriste. Il situe le
procès au passé, et plus précisément au passé lointain, et donne au locuteur l’occasion de présenter les
actions multiples comme successives. Le PS sert donc à indiquer l’avant-plan de la narration, comme le
permet également l’emploi du présent historique.
Judge (2002 : 138) décrit le présent historique de manière suivante :
« Pour certains, c’est un présent fictif qui décrit les événements comme s’ils se
déroulaient devant les yeux de celui qui écrit, pour d’autres, il est devenu un temps
‘passe-partout’, une forme neutre dont la valeur dépend uniquement du contexte. »
Le critère de l’alternance possible avec un autre temps au passé permettrait de distinguer le présent
historique à l’intérieur du récit d’un présent atemporel ou d’un présent « par défaut ».
Enfin, la valeur de base du plus-que-parfait (désormais PQP) est celle d’antériorité : il situe le TRé après
le TSit (TRé > TSit), ce qui lui permet d’exprimer un aspect résultatif, comme le PC aux fonctions parfait
et aoriste.
2.2.2 La référence au passé en néerlandais
En néerlandais, l’imperfectum est le temps du récit qui permet de faire avancer l’histoire. Il traduit aussi
bien l’avant-plan que l’arrière-plan et peut exprimer à la fois un aspect perfectif et un aspect imperfectif.
L’imparfait en français, par contre, n’intervient pas pour faire avancer l’histoire dans le temps. En tant
que temps coréférentiel, il occupe une fonction essentiellement descriptive dans le récit. Il ajoute des
informations complémentaires qui se déroulent simultanément par rapport à l’action principale, exprimée
par le passé simple, le passé composé ou le présent historique.
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Le perfectum néerlandais correspond morphologiquement au passé composé : il se construit à l’aide d’un
auxiliaire et d’un participe passé. Comme il alterne facilement avec l’imperfectum, le néerlandais
l’exploite peu dans les récits, contrairement au français où le passé composé intervient à l’avant-plan de
l’histoire et présente les événements dans un ordre successif, capacités qu’il partage avec le passé simple.
Ce dernier temps est uniquement attesté dans le corpus des natifs et, pour cette raison, nous n’en
traiterons pas à part7.
Pour ce qui est du praesens historicum et du présent historique ainsi que du plusquamperfectum et du
plus-que-parfait, les emplois semblent similaires dans les deux langues.
2.3 La référence au passé dans les interlangues
Dans le domaine de l’apprentissage des langues étrangères, plusieurs recherches ont été dédiées à la
référence au passé. Celle-ci se révèle d’autant plus intéressante que les systèmes des langues sources et
cibles ne sont pas nécessairement convergents, ce qui est le cas, comme nous venons de le voir, du couple
néerlandais-français contrairement au couple espagnol-français.
Ainsi, Van der Linden (2000 : 235-236) relie les difficultés qu’éprouvent ses apprenants néerlandophones
pré-avancés au niveau de la temporalité en français – avec un suremploi de l’imparfait –, aux divergences
entre les systèmes des langues source et cible. De même, Starren (2001), dans son étude sur l’emploi des
temps chez des apprenants turcs et marocains du néerlandais et du français, souligne l’importance des
interférences. Elle montre que, dans les cas où la langue maternelle se sert par exemple d’adverbes pour
marquer le temps au lieu de marques morphosyntaxiques, l’apprenant cherchera des moyens comparables
dans la langue seconde (Starren 2001 : 6). Or, elle note également que dans une phase ultérieure
l’insertion de ces adverbes ou formes équivalentes peut exercer une influence positive et fonctionner
comme « un moule » pour la construction d’un système morphologique approprié (Starren 2001 : 254).
Parallèlement à ces observations, Izquierdo (2009 : 588) met en évidence la possibilité de transferts
positifs de la L1 vers la L2 dans le cas de ressemblances ou d’analogies fonctionnelles ou formelles : ses
apprenants hispanophones, qui disposent, dans leur L1, d’un système de référence au passé plus ou moins
analogue au français, ne sur-emploient pas le passé composé, contrairement aux apprenants anglophones
qui n’ont pas, dans leur L1, un temps équivalant à l’imparfait (voir aussi Howard 2002 et 2012, de même
que Paprocka-Piotrowska 2002 pour des polonophones, Schlyter 1996 et Lindgren 2008 pour des
suédophones).
« Dans leur L1, les apprenants hispanophones font, de manière systématique, une
différenciation entre les valeurs de l’habitude, de la répétition, de la progression et de
la continuité de l’imparfait. Ils font aussi une différenciation entre ces valeurs et la
valeur aspectuelle du passé composé. Il est possible que les représentations internes
que les hispanophones possèdent du sens et de la forme des aspects grammaticaux
dans leur L1 facilitent la compréhension, la rétention et l’accès aux valeurs
aspectuelles des formes langagières équivalentes dans la L2. Il est possible également
que ces représentations contribuent à éviter le confinement de l’imparfait à une seule
valeur aspectuelle, comme il semble se produire chez les apprenants qui n’ont pas
l’imparfait dans leur L1. » (Izquierdo 2009 : 604-5)
2.4 Bilan
La temporalité dans le domaine du verbe ne se laisse pas appréhender de manière univoque : elle se
manifeste au niveau morphologique par le choix du temps et de l’aspect grammatical, au niveau
sémantique par les propriétés inhérentes au sens du verbe, au niveau lexical par l’emploi d’expressions
temporelles pour expliciter la situation du procès exprimé par le verbe dans le temps. Avant d’examiner
en (§4) comment ces trois niveaux sont pris en compte dans deux types d’interlangue différents et de
vérifier l’influence d’analogies entre langues source et cible à un certain stade de l’apprentissage, nous
présenterons en (§3) nos hypothèses de recherche ainsi que nos corpus.
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