Université Pierre et Marie Curie 2013-2014
Probabilités et statistiques - LM345 Feuille 7 (semaine du 28 au 31 octobre)
Sommes de variables aléatoires indépendantes.
1. Indépendance d’événements et de variables aléatoires.
a) Donner un exemple d’un espace de probabilité et de trois événements A, B, C sur
cet espace de probabilité tels que P(ABC) = P(A)P(B)P(C)mais tels que A, B, C
ne soient pas indépendants.
b) Déterminer à quelle condition une variable aléatoire réelle est indépendante d’elle-
même. On pourra étudier sa fonction de répartition.
Solution de l’exercice 1.a) On prend Ω = {1,2,3,4,5}muni de F=P(Ω). On choisit
A:= {1,4} ⊂ B:= {1,2,4}, et C:= {3,4}. On a alors AB=A,AC=BC=
ABC, ce qui entrainera que si on a P(ABC) = P(A)P(B)P(C)avec P(A),P(B)et
P(C)dans ]0,1[, alors on aura aussi P(AB) = P(A)6=P(A)P(B),P(AC)6=P(A)P(C)
et P(BC)6=P(B)P(C). On peut choisir par exemple P(A)=1/3,P(B)=1/2et
P(C)=1/2, ce qui donne la solution suivante au problème : P({4}) = P(ABC) =
P(A)P(B)P(C) = 1/12,P({1}) = P(A)P({4}) = 1/4,P({2}) = P(B)P(A) = 1/6,
P({3}) = P(C)P({4})=5/12,P({5})=1P({1,2,3,4}) = 1/12.
Autre possibilité, parmi de nombreuses autres : on considère le lancer d’une pièce, et
A={le résultat est pile}, B ={le résultat est face}, C =. Clairement P(ABC) =
0 = P(A)P(B)P(C), et Aet Bne sont pas indépendants donc A,B,Cne le sont pas.
b) Soit Xune variable aléatoire indépendante d’elle-même. Pour tout xR, on a
P(Xx, X x) = P(Xx)P(Xx), donc P(Xx) = P(Xx)2, donc la fonction
de répartition de Xne prend que les valeurs 0ou 1. Posons
a= sup{xR:P(Xx) = 0}.
Pour tout x<a, il existe ttel que x<taet P(Xt)=0(sinon, xserait un
majorant strictement plus petit que ade l’ensemble {xR:P(Xx) = 0}). Donc
P(Xx)P(Xt)=0. Par ailleurs, pour tout x>a, on a P(Xx)>0(sinon ane
serait pas un majorant de {xR:P(Xx)=0}), donc P(Xx)=1. Par continuité
à droite de la fonction de répartition de X, on a donc
P(Xx) = [a,+[(x).
C’est la fonction de répartition de la loi constante égale à a, donc Xest une variable
aléatoire constante.
Réciproquement, soit Xune variable aléatoire constante égale à c. Soient Aet Bdeux
boréliens de R. Les deux nombres P(XA, X B)et P(XA)P(XB)valent 1
1
si et seulement si cAB, et 0sinon. Dans tous les cas, ils sont égaux, donc Xest
indépendante d’elle-même.
Finalement, une variable aléatoire est indépendante d’elle-même si et seulement si elle
est constante presque sûrement.
2. Soient E={x1, x2, x3}et F={y1, y2, y3}deux parties finies de R. Pour chacune
des matrices P= (Pij )i,j=1,2,3ci-dessous, on considère un couple (X, Y )de variables
aléatoires à valeurs dans E×Ftel que pour tous i, j ∈ {1,2,3}, on ait P(X=xi, Y =
yj) = Pij . Déterminer si les variables aléatoires Xet Ysont indépendantes.
P=
1
401
12
0 0 0
1
201
6
, P =
000
3
17
12
17
2
17
000
, P =
1
4
3
32
1
32
2
15
1
20
1
60
17
60
17
160
17
480
P=
1
4
3
32
1
32
2
15
1
20
1
20
1
4
1
10
1
24
.
(cf. Examen 2011, exercice 1)
Solution de l’exercice 2. Dans chaque cas, on commence par calculer la loi de Xet la
loi de Y, en utilisant les relations
P(X=xi) = P(X=xi, Y =y1)+P(X=xi, Y =y2)+P(X=xi, Y =y3) = Pi1+Pi2+Pi3,
P(Y=yj) = P(X=x1, Y =yj)+P(X=x2, Y =yj)+P(X=x3, Y =yj) = P1j+P2j+P3j.
On examine ensuite si pour tous i, j on a Pij =P(X=xi)P(Y=yj). C’est le cas pour
les trois premières matrices mais pas pour la quatrième.
3. Soit (Ω,F,P)un espace de probabilité. Soit (Xn)n1une suite de variables
aléatoires indépendantes définies sur (Ω,F,P), toutes de loi de Bernoulli de paramètre
p]0,1[.
a) On définit, pour tout n1et tout ω,
Sn(ω) = le nombre d’entiers k∈ {1, . . . , n}tels que Xk(ω) = 1.
Déteminer la loi de Sn. Les variables (Sn)n1sont-elles indépendantes ?
b) On définit, pour tout ω,
T1(ω) = min{n1 : Xn(ω)=1},
avec la convention min = +. Calculer P(T1= +)puis déterminer la loi de T1.
c) On définit maintenant, pour tout ω,
T2(ω) = min{n > T1(ω) : Xn(ω)=1}.
Déterminer les lois de T2et de T2T1. Les variables T1et T2sont-elles indépendantes ?
Qu’en est-il des variables T1et T2T1?
2
Solution de l’exercice 3.
a) On remarque que Sn=X1+· · · +Xnest la somme de nvariables aléatoires de
Bernouilli de paramètre p, elle suit donc la loi binomiale de paramètre net p.
Les variables (Sn)n1ne sont pas indépendantes. Pour le voir on peut remarquer que
Sn+1 Sn=Xn+1. Ainsi P(Sn+1 Sn=2)=0. Donc P(Sn+1 = 2 et Sn=0)=0. Or si
n1,P(Sn+1 = 2)P(Sn= 0) >0ce qui montre qu’il ne peut y avoir indépendance.
b) Soit k1un entier. Par indépendance des Xn, on a :
P(T1=k) = P(X1=· · · =Xk1= 0, Xk= 1) = P(X1= 0) . . . P(Xk1= 0)P(Xk= 1)
=p(1 p)k1.
On vérifie immédiatement que P(T1<+) = Pk1P(T1=k) = 1, et donc que P(T1=
+)=0.T1suit dont une loi géométrique (modifiée) de paramètre p(ou 1pselon les
conventions) : il s’agit du temps de premier succès.
c) Soient j1et k1des entiers. P(T1=j, T2=k) = 0 si kj. On suppose donc
maintenant k > j.
P(T1=j, T2=k) = P(X1=· · · =Xj1= 0, Xj= 1, Xj+1 =· · · =Xk1= 0, Xk= 1)
=P(X1= 0) . . . P(Xj1= 0)P(Xj= 1)P(Xj+1 = 0) . . . P(Xk1= 0)P(Xk= 1)
=p2(1 p)k2.
On fixe ket on somme l’égalité précédente pour j= 1, . . . , k 1, ce qui donne
P({T2=k) = (k1)p2(1 p)k2.
Là encore, on peut sommer sur kpour vérifier que P(T2= +) = 0.T1prend toutes
les valeurs {1,2,3, . . .}avec probabilité strictement positive, et T2les valeurs {2,3,4, . . .}.
Comme P(T1< T2) = 1,T1et T2ne peuvent pas être indépendantes (par exemple parce
que P(T1= 2, T2= 2) = 0 <P(T1= 2)P(T2= 2)).
En posant k=i+j, on obtient
P(T1=j, T2T1=i) = P(T1=j, T2=k) = p2(1 p)k2=p(1 p)j1p(1 p)i1.
En sommant sur j, on obtient P(T2T1=i) = p(1 p)i1et on remarque que
P(T1=j, T2T1=i) = P(T1=j) = P(T2T1=i).
T2T1a donc la même loi que T1et est indépendante de T1.
4. (Examen 2011, 2ème session) Soit (X, Y )un vecteur aléatoire dont la loi admet
la densité
f(X,Y )(x, y) = 1
xexy
x]0,+[(x)]0,+[(y)
par rapport à la mesure de Lebsegue sur R2.
3
a) Déterminer la densité de X. Quelle est le nom de cette loi ?
b) Calculer, pour tout entier n0, l’intégrale
Z
0
xnexdx
c) Calculer, pour tout entier n1, l’espérance de Yn.
d) Les variables Xet Ysont-elle indépendantes ?
e) On pose (T, Z) = X, Y
X. Déterminer la loi du vecteur (T, Z).
Solution de l’exercice 4. cf corrigé de l’exercice 2 de la deuxième session d’examen 2011
5. Lois discrètes classiques Calculer, de deux manières différentes, la loi de :
a) la somme de deux variables aléatoires indépendantes, l’une de loi de binomiale de
paramètres net p, l’autre de paramètres met p, où p[0,1] et m, n sont deux entiers.
b) la somme N1+. . .+Npoù les Nisont indépendantes et où Nisuit une loi de Poisson
de paramètre λi.
Solution de l’exercice 5.
Loi binômiales On peut procéder de plusieurs façons.
1. On sait que la loi binomiale de paramètres net pest la loi de la somme de nvariables
aléatoires indépendantes de loi de Bernoulli de paramètre p.
Soient X1, . . . , Xn+mdes variables aléatoires indépendantes identiquement distribuées
de loi de Bernoulli de paramètre p. Posons Y=X1+. . . +Xnet Z=Xn+1 +. . . +Xn+m.
Alors Yet Zsont indépendantes, de lois respectives B(n, p)et B(m, p). Leur somme, qui
est Y+Z=X1+. . . +Xn+m, suit la loi B(n+m, p).
2. Soient Yet Zindépendantes de lois respectives B(n, p)et B(m, p). Les fonctions
génératrices de Yet Zsont GY(s) = (1 p+sp)net GZ(s) = (1 p+sp)m. Puisqu’elles
sont indépendantes, la fonction génératrice de leur somme est
GY+Z(s) = E[sY+Z] = E[sY]E[sZ] = (1 p+sp)n+m.
On reconnaît la fonction génératrice de la loi binomiale de paramètres n+met p.
Lois de Poisson La réponse est que N1+. . . +Npsuit une loi de Poisson de paramètre
λ1+. . . +λp. A nouveau deux approches sont possibles :
On calcule d’abord la loi de N1+N2:
P(N1+N2=k) =
k
X
l=0
P((N1+N2=k)(N1=l)) =
k
X
l=0
P((N2=kl)(N1=l))
=
k
X
l=0
P(N2=kl)P(N1=l) = etc.
4
et on montre que P(N1+N2=k) = eλ1λ2(λ1+λ2)k
k!, puis on conclut par récurrence.
On calcule la fonction génératrice de fonction génératrice de N1+N2+... +Np
directement (qui est le produit des fonctions génératrices, par indépendance), et on
reconnaît la fonction génératrice de P(λ1+. . . λp).
6. Somme de gaussiennes Soient Xet Ydes variables aléatoires indépendantes
de lois respectives N(µ1, σ2
1)et N(µ2, σ2
2). Soient a,bet cdes réels. Déterminer la loi de
aX +bY +c.
Solution de l’exercice 6. Soit gune fonction continue bornée RR.
E[g(X+Y)] = 1
2πσ1σ2Z+
−∞ Z+
−∞
e(xµ1)2
2σ2
1
(yµ2)2
2σ2
2g(x+y)dydx.
On fait le changement de variable affine u=x+ydans l’intégrale par rapport à y:
E[g(X+Y)] = 1
2πσ1σ2Z+
−∞ Z+
−∞
e(xµ1)2
2σ2
1
(uxµ2)2
2σ2
2g(u)dudx.
On écrit le trinôme dans l’exponentielle sous forme canonique :
(xµ1)2
2σ2
1
+(uxµ2)2
2σ2
2
=σ2
1+σ2
2
σ2
1σ2
2(xλu)2+µ2
1
σ2
1
+(uµ2)2
σ2
2
σ2
1+σ2
2
σ2
1σ2
2
λ2
u,
avec λu:= σ2
1µ1+σ2
2(uµ2)
σ2
1+σ2
2.
En développant λ2
u, on obtient
µ2
1
σ2
1
+(uµ2)2
σ2
2
σ2
1+σ2
2
σ2
1σ2
2
λ2
u
=µ2
1
σ2
11σ2
2
σ2
1+σ2
2+(uµ2)2
σ2
21σ2
1
σ2
1+σ2
22µ1(uµ2)
σ2
1+σ2
2
=µ2
1
σ2
1+σ2
2
+(uµ2)2
σ2
1+σ2
2
2µ1(uµ2)
σ2
1+σ2
2
=(uµ1µ2)2
σ2
1+σ2
2
.
Autrement dit, le trinôme de l’exponentielle s’écrit
(xµ1)2
2σ2
1
+(uxµ2)2
2σ2
2
=σ2
1+σ2
2
σ2
1σ2
2(xλu)2+(uµ1µ2)2
σ2
1+σ2
2
.
En remarquant que pour tout uR, le changement de variable affine x0=xλudonne
Z+
−∞
eσ2
1+σ2
2
2σ2
1σ2
2
(xλu)2
dx =Z+
−∞
eσ2
1+σ2
2
2σ2
1σ2
2
x2
dx =s2πσ2
1σ2
2
σ2
1+σ2
2
,
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