19/04/17 SEMIOLOGIE UROLOGIQUE Il faut savoir analyser une douleur. Comment se caractérise-t-elle ? Est-elle aigue ou chronique ? localisation/siège irradiation intensité horaire type de douleur facteur déclenchant/calmant/aggravant signes associés Contact lombaire : la percussion exacerbe la douleur = mise en tension de la capsule rénale. I. Doul eur d’origine rénale C’est une douleur lombalgique (lombalgie) du haut appareil urinaire (angle costo-vertébral), située dans la fosse lombaire. Elle peut avoir une origine rénale, surrénalienne, urétrale c’est donc une douleur du haut appareil urinaire. Elle est liée à la mise en tension de la capsule rénale et des voies excrétrices. On a des fins rameaux nerveux autour de la capsule et c’est ça qui véhicule la douleur. La lombalgie va avoir plusieurs origines : obstacle sur les voies excrétrices = colique néphrétique +++ œdème/inflammation du parenchyme rénal = pyélonéphrite (lombalgie aiguë)/tumeur (lombalgie chronique) hémorragie = traumatisme/tumeur/malformation artério-veineuse/kyste qui saigne ischémie = infarctus rénal (le mécanisme le plus fréquent est une artériopathie emboligène; thrombus bouchant une artère dans le cadre d’une ACFA) affection du parenchyme rénal = pyélonéphrite A. Colique néphrétique <3 C’est un diagnostic clinique. - Elle est appelée « colique frénétique » (patient bougeant dans tous les sens, n’arrivant pas à se soulager, se tordant de douleur). Début : brutal non rythmé par l’horaire. Douleur unilatérale. Pas de caractère mécanique/inflammatoire Lombalgie intense +++ Sans position antalgique Coup de poignard Irradiant vers les OGE (scrotum et grandes lèvres) douleur projetée. Le hile rénal est à l’aplomb de L1. Au niveau de la chaîne vertébrale, on a des rameaux communiquant gris qui vont envoyer des influx aux étages sus et sous-jacent, L1 est aussi l’origine du nerf ilio-inguinal. Diagnostic différentiel : cause rhumatologique (arthropathie du rachis), cause musculaire ou pariétale. Même si en aigu, on se trompe rarement de diagnostic. B. Étiologie de la colique néphrétique Dans 95% maladie lithiasique +++ (migration d’un calcul dans la voie excrétrice supérieure ou dans le pyélon, dilatation des cavités, met en tension la capsule et donc douleur) : colique néphrétique simple/compliquée. Un calcul de 6 à 7 mm s’élimine naturellement mais provoque lors de son passage une inflammation des voies urinaires entrainant une diminution de la lumière et l’apparition de la douleur La colique néphrétique est compliquée quand il y a des facteurs de gravité (hospitalisation nécessaire). La colique néphrétique simple se traite en ambulatoire. - Facteurs de gravité : fièvre (pyélonéphrite obstructive grave = éviter le choc septique ) ATB et dérivation des urines anurie rein unique (peut donner une IRA et toutes les complications) TOUTE IRA EST OBSTRUCTIVE JUSQU’À PREUVE DU CONTRAIRE hyperalgique (colique néphrétique grave demandant une prise en charge chirurgicale) dérivation des urines en urgence Il faut retenir comme étiologies : lithiase +++ causes tumorales (population plus âgée : patient 65 ans, fumeur avec ATCD d’hématurie macroscopique). –1–/8 - Toute masse rétro-péritonéale de l’homme jeune palpation des testicules +++ le cancer du testicule a souvent une dissémination ganglionnaire rétro-péritonéale. compression extrinsèque (organes périphériques ; adénopathies ++) obstruction tumorale urétérale caillottage voie excrétrice urinaire (hématurie macroscopique) C. Diagnostic différentiel Il faut avoir des tiroirs et réfléchir par appareil. Causes digestives : colique hépatique (douleur au niveau de l’hypochondre droit/épigastre, irradiation en bretelle) péri-hépatique (douleur de l’hypochondre avec irradiation postérieure) appendicite aigue (douleur en FID, douleur qui fixe la FID) colite infectieuse/ischémique maladie de Crohn/RCH hématome rétro-péritonéaux (PA sous AVK) Causes rhumatologiques : lombosciatique (irradiation vers la fesse) lombalgie aigue commune causes musculaires et articulaires (arthrose lombaire, tassement ostéoporotique) Causes gynécologiques : torsion annexe (douleur aigue du flanc ou de la fosse iliaque, peut irradier vers les OGE) salpingite GEU +++ TOUTE DOULEUR ABDOMINO-LOMBAIRE CHEZ UNE FEMME EN ÂGE DE PROCRÉER EST UNE GEU JUSQU’À PREUVE DU CONTRAIRE dosage bêta-HCG +++ D. Douleur lombaire per-mictionnelle Elle est liée au reflux vésico-urétéro-rénal. C’est un reflux d’urine de la vessie vers le haut appareil urinaire : pendant la miction = actif met en tension la voie per-mictionnelle supérieure (chez les femmes faisant des infections à répétition). La pression étant plus haute l’urine remonte plus haut et le pronostic est donc plus péjoratif passif (reflux pendant le remplissage) Ce reflux est lié à un défaut de valve anti-reflux de l’uretère intra-mural (jonction urétéro-vésicale). Cette entité anatomique va avoir des règles strictes notamment concernant la longueur. A terme, il y a un risque d’IR pour les reflux de haut grade (par infection à répétition entrainant une destruction du parenchyme rénal). Pour faire un diagnostic positif de reflux = cystographie rétrograde. II. RVU Critères de qualité de la valve anti-reflux : obliquité du trajet sous muqueux dans la paroi vésicale fixation par la gaine de Waldeyer bonne longueur du trajet sous muqueux (4 à 5 fois celle du diamètre urétéral) Système dépassé si anomalie anatomique ou hyper pression détrusorienne +++ Supporte une pression > 40 cm H20. La vessie est un organe avec une pression de base de 10-15cm d’eau. Les propriétés visco-élastiques de la vessie permettent de maintenir une pression normalement faible (< 15 cm H2O) pendant toute la durée du remplissage (compliance = variation volume/variation pression), s’opposant ainsi au reflux des urines dans l’uretère. Péristaltisme urétéral : dans les conditions physiologiques, la fréquence des contractions diminue des calices vers la vessie. L’amplitude des contractions augmente le long de l’uretère. Permet la propagation de l’urine. S’il y a un obstacle, le péristaltisme va augmenter en fréquence et en amplitude pour éliminer le calcul. Si le calcul migre (inférieur à 7mm), il a toutes les chances de s’éliminer tout seul. –2–/8 A. Physiopathologie du RVU Cause mécanique/anatomique : diminution de la longueur du trajet intra-mural de l’uretère perte de l’obliquité du trajet hyperlaxité du trigone vésical déficience des fibres inter-urétérales et de la gaine de Waldeyer et déficience du soutènement musculaire de l’uretère Cause fonctionnelle : hyperpression vésicale/neurovessies B. Grades de reflux Il faut faire une cystographie rétrograde. Il faut s’assurer que les urines sont stériles (ECBU). Grade 1 : reflux passif au remplissage rétrograde touchant uniquement le bas uretère Grade 2 : opacification de tout l’uretère et du pyélon sans dilatation Grade 3 : dilatation de l’uretère sans dilatation du pyélon Grade 4 : dilatation des cavités et de l’uretère Grade 5 : méga uretère et balonnisation des cavités = hydropnéphrose (plus de parenchyme rénal, rien détruit) Les reflux actifs sont plus péjoratifs que les reflux passifs. Ils provoquent les douleurs per-mictionnelles. C’est une pathologie de l’enfant. On explore de manière systématique s’il y a un reflux chez un enfant de moins de 2 ans avec une pyélonéphrite. À grade 1 et 2, on les surveille parce qu’on dit qu’il va y avoir une maturation de l’appareil. Le grade 3 : on propose un traitement endoscopique. Traitement endoscopique pour les grades 1 et 2 : injection sous le méat urétéral du macroplastique. Pour le grade 3-4, il faut préserver le parenchyme du rein, on va créer un trajet sous muqueux anti-reflux (réimplantation de l’uretère). III. Doul eur d’origine vési cale Les douleurs vésicales sont des douleurs du bas appareil urinaire. Elles seront hypogastriques et rythmées par les mictions, par le niveau de remplissage de la vessie. Elle irradie vers l’urètre ou vers le sacrum. La miction doit être rapide, sans douleur, complète, sans effort de poussée. A. Douleur inguino-scrotale Tout le diagnostic est clinique pas besoin d’examen complémentaire. Examen des orifices herniaires. - début progressif ou brutal causes vasculaires (torsion cordon spermatique …) causes infectieuses (orchite +++, hydrocèle, varicocèle) causes digestives (hernie inguinale, crurale) causes tumorales douleurs projetées (ex : colique néphrétique par les douleurs projetées via le dermatome L1 nerf ilio-inguinal et ilio-hypogastrique) psychogène B. Douleurs périnéales - périnée ant/post ANTÉRIEUR : cause uro-gynécologiques (un fibrome utérin peut donner des douleurs) POSTÉRIEUR : causes digestives (rectum et canal anal crises hémorroïdaires) Douleur en arrière du scrotum/ anus (prostatite aigue/chronique) Diagnostic différentiel : syndrome du canal d’Alcock (assez typique de douleur neurologique) syndrome pudendal. C’est un syndrome canalaire ; compression du nerf pudendal contre le ligament sacro-tubéral de la tubérosité ischiatique. Donne des douleurs neuropathiques à type de décharges électriques dans le périnée. –3–/8 IV. Troubl es ur ologiques du bas appar eil urinai re A. Troubles vésico-sphinctériens Ce sont des troubles du bas appareil urinaire. 3 entités : détrusor, sphincter lisse et sphincter strié. Chez l’homme il faut rajouter la prostate. Met aussi en jeu le système neuro (ortho et para). Physiologie de la miction +++ Miction : vidange indolore, volontaire, complète, sans poussée, fréquence normale. Quand on a une augmentation des mictions la journée (pollakiurie), un réveil nocturne provoqué par une envie (nycturie). Miction en 2 temps = dysurie (jet affaibli, avec action de poussée) débimétrie, on calcule le volume uriné, le temps mis et on calcule le débit. Une dysurie a un débit max à 15ml/s. B. Troubles mictionnels obstructifs Syndrome dysurique : faiblesse du jet, nycturie +++ mictions en 2 temps (résidu post-mictionnel chronique) gouttes retardataires sensation de mauvaise vidange vésicale définition du début métrique +++ Les grandes étiologies sont : Hypertrophie bénigne de prostate. Sténose urétrale (diminution du calibre) peut être secondaire à une urétrite, à un trauma… la sténose de l’urètre est une CI absolue au sondage urétral. Traumatisme urétral Nycturie = envie d’uriner qui réveille. 1 fois par nuit c’est physiologique, au-delà c’est pathologique. Fibroscopie d’emblée si le patient à 25-30 ans. C. Syndrome d’hyperactivité vésicale - Diagnostic clinique +++ syndrome féminin Tableau associant : Pollakiurie (mictions très rapprochées dans le temps de petite quantité > 8 fois/j) impériosités mictionnelles (urgenturies) +/- incontinence par impériosités - Étiologies : infections urinaires (cystite = attention que féminin) tumeur de vessie neurovessie (sclérose en plaque) idiopathique D. Incontinence = problème de santé publique - IUE (fuite aux efforts) quand il y a une augmentation de la pression abdominale, le sphincter n’est plus apte à contenir les fuites. A l’examen, il faut faire tousser la patiente en position gynécologique. Traitement = bandelette sous urétral. Incontinence par impériosités (hypersensibilité vésicale) Incontinence mixte Incontinence par atonie du sphincter : fuite pour un effort minime, notion de fatigabilité et pression de clôture très rabaissée à l’examen uro-dynamique. TTT lourd avec mise en place d’un sphincter artificiel. Incontinence urinaire par regorgement : plus souvent chez l’homme, énorme vessie (1l) donc augmentation de la pression qui dépasse celle du sphincter Physiopathologie orientation Insuffisance sphinctérienne Instabilité vésicale Mécanisme des fuites Précédées par un effort Précédées par impériosités Temps des fuites Jour Jour et nuit Nuit Miction Normale Syndrome irritatif Syndrome obstructif Examen Fuites à l’effort, Bonney positif, prolapsus (mobilité du col), notion de fatiguabilité Normal Rétention vésicale chronique (globe mou) Sexe F>H F>H H > F (pathologie prostatique évoluée) Âge Après grossesse et ménopause ou chirurgie prostatique Quelque soit l’âge Âgé –4–/8 Regorgement des - V. Examen clinique 95% des diagnostics en urologie. - interrogatoire (ATCD, toxiques, SFU) examen physique : FL (contact lombaire, douleur à la percussion) Hypogastre (globe vésical ++, diagnostic différentiel ascite) globe vésical = voussure sus-pubienne médiane avec matité à la percussion. Touchers pelviens (TR pour la prostate ++) Orifices herniaires OGE Examen neurologique périnée, ROT +++ quand on a un syndrome de la queue de cheval, on aura des troubles périnéaux. VI. Physiologie de la miction Elle va dépendre des 3 systèmes nerveux : système nerveux somatique, du système végétatif orthosympathique et parasympathique. - Miction = parasympathique (Para=Pisse) (reflexe spino-bulbo-spinal) Continence = orthosympathique (reflexe spinal) Miction volontaire = nerf pudendal (S2-S3-S4) Circuit reflexe La distension du détrusor peut entraîner des diverticules, des trabéculations signe de vessie de lutte traduisant un obstacle sous vésical. La physiologie de la miction entraine des contrôles médullaires et supra-médullaires. Les contrôles supra-médullaires font l’objet de recherches scientifiques. Les centres médullaires sont thoraco-lombaire (Th10 L2) et sacré (S2-3-4). Les nerfs orthosympathiques via le nerf hypogtastrique sup vont inhiber le détrusor et activer le sphincter lisse. Le centre sacré qui va emprunter le nerf pelvien et ce plexus hypogastrique inf va donner des rameaux parasympathiques qui vont avoir l’effet inverse de l’ortho : inhiber le sphincter lisse et activer le détrusor pour permettre la miction. –5–/8 Les anticholinergiques ont une action contre le parasympathique. Le système nerveux somatique (nerf pudendal) va contracter ou non le sphincter strié. VII. TVS et neur ovessies A. Classification ICS (pas à retenir) B. Vessie neurologique Patiente de 40 ans avec trouble de la vessie peut etre révélateur de maladie Neuro(ex : SEP, dans 90% signe urinaire avant les signes moteurs) 2 types : - Neurovessie centrale = petite vessie spastique (cliniquement, le patient aura une hyperactivité vésicale). AVC, SEP, trauma médullaire. Neurovessie périphérique flasque = la vessie va avoir du mal à se vider La pathologie neurogène périphérique (diabète, chirurgie de hernie discale) peut donner une neurovessie périphérique. 1. Troubles sphinctériens - Hypotonie ou atonie des sphincters strié et ou/ lisse (surtout en cas de lésion périphérique Dyssynergie vésico-sphinctérienne striée : absence de relaxation sphinctérienne striée au moment de la contraction du détrusor = obstacle fonctionnel à la vidange (lésion centrale) Dyssynergie vésico-sphinctérienne lisse : absence d’ouverture du col vésical lors de la contraction du détrusor. Plus rare, physiopathologie mal connue. 2. Etiologie des neurovessies –6–/8 3. Bilan clinique Cette étude doit être capable de faire un examen urologique et neurologique complet. - réflexe, motricité, sensibilité, tonus… le tonus permet de tester le périnée reflexe bulbo ou clitorido-anal (S2-3-4), reflexe anal à la piqûre (S2-3-4), reflexe anal à la toux (D12)… absents ou vifs et diffusés sensibilité périnéale (tactile…) C. Bilan paraclinique - ECBU +++ (PMZ car éliminer la cystite) Catalogue mictionnel (calendrier mictionnel où sont notés les apports et les mictions) Cytologie urinaire Cystoscopie Mesure du résidu post-mictionnel Évaluation du haut appareil urinaire (échographie rénale) EUD +++ (examen uro-dynamique) D. Complications - diverticules vésicaux haut appareil : dilatation pyélocalicielle, reflux vésico-rénal, destruction capital néphronique IR Infection urinaire : cystite, prostatite, pyélonéphrite aigue, pyélonéphrite chronique Lithiases vésicales +++, lithiases rénales Cancer de la vessie (les sondes vésicales à demeure entrainent des cancers de la vessie par irritation -> K épidermoïde) Complications du traitement (auto-sondage) : érosions, rétrécissement urètre –7–/8 - Troubles ano-rectaux, troubles génito-sexuels associés CONCLUSION Bien examiner, pour bien caractériser le TVS et bien traiter +++ Buts des traitements : - préserver la fonction rénale rétablir la miction et une continence normale améliorer la qualité de vie –8–/8