Quelle dose d`épinéphrine contenue dans un anesthésique local

112 JADC www.jcda.ca • 2010 • Vol. 76, No 2
–––– Point de service ––––
q u e s t i o n 2
Quelle dose d’épinéphrine contenue dans un anesthésique local peut-on administrer
sans danger à un patient atteint d’une cardiopathie sous-jacente durant une procédure
dentaire?
Contexte
Lépiphrine a de multiples applications dans la
prestation des soins de santé et elle est notamment
fquemment administe comme traitement
salvateur en cas de choc anaphylactique et dart
cardiaque. Le mot épiphrine, du grec «epi» (sur)
et «nephro (rein), fait rérence au siège anato-
mique (les glandes surnales) où cette substance
est produite. Cependant, la limite de dose dépi-
néphrine qui peut être administrée, en particulier
à des patients atteints d’une aection cardiovascu-
laire sous-jacente, suscite toujours la confusion.
Lépiphrine a été ajoutée pour la première fois à
un anesthésique local de type ester, la procaïne, il y a
plus de 100 ans. Tout comme la procaïne dont l’usage
particulier après une agression opératoire comme
lextraction d’une dent. Les bienfaits de l’OHB sur le
tablissement des 3 H sont connus et l’OHB est re-
connue comme la norme de diligence de la profession
dentaire depuis de nombreuses années.
De récentes recherches et études viennent toute-
fois remettre en question cette hypotse, certains
laissant même entendre que lOHB pourrait au
contraire avoir un eet aggravant4-6. Dans certains
grands centres de traitement du cancer des États-
Unis (p. ex., MD Anderson et Sloan Kettering), un
grand nombre de patients ayant subi des extractions
dentaires dans une zone exposée à des doses de
rayonnement cancéricides sans OHB n’ont pas pré-
senté d’ORN. Aujourdhui, je ne recommande plus
l’OHB préopératoire pour ces patients avant une ex-
traction dentaire, un implant ou une autre chirurgie
buccale mineure.
Cependant, tous les patients devant subir une
radiothérapie de la te et du cou devraient avoir un
examen dentaire, car cela pourrait largement contri-
buer à prévenir les problèmes. Si des dents doivent
être extraites, il serait préférable de le faire avant la
radiation ou dans les quelques semaines prédant
le début du traitement. Il est évidemment important
d’adopter une technique chirurgicale prudente et
propre. Les bords osseux acérés doivent être émouss
et une suture primitive des tissus mous devrait être
pratiquée dans la mesure du possible, en évitant de
trop duire l’os alvéolaire pour ne pas compromettre
les dents ou les structures maxillaires adjacentes.
Qu’en est-il de lantibiothérapie prophylactique?
Il est probablement prudent dadministrer des an-
tibiotiques à ces patients, même si lantibiotrapie
n’est pas utilisée avant de simples extractions chez
la population en ral. L’utilisation d’un rince-
bouche à base de chlorhexidine imdiatement avant
lintervention peut aussi être bénéque, mais aucune
done n’indique que cette étape est essentielle.
Il incombe à chacun de nous de rester bien in-
fors, notamment en ce qui a trait aux nouvelles
connaissances qui viennent remettre en question
danciennes recommandations et pratiques accep-
es. Ce n’est pas la première fois que des normes
de diligence sont contestées, puis sont modiées ou
comptement renies. Ce examen fait partie in-
grante de la science et il contribue à la complexité et
à lintérêt de notre profession en constante évolution.
Il est ts utile deter des expériences pour corro-
borer ou mettre en question danciennes théories et
pratiques acceptées. a
LAUTEUR
Le Dr Archie Morrison est professeur adjoint au
partement de chirurgie buccale et maxillofaciale,
Division de chirurgie à la Faculté de médecine den-
taire de l’Université Dalhousie, à Halifax (Nouvelle-
Écosse). Courriel : archie.morrison@dal.ca
rences
Pour obtenir la liste compte des références, veuillez consulter la
version anglaise du journal à www.jcda.ca.
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comme suit :
J Can Dent Assoc
2010;76:a36_f
a cessé depuis, tous les anesthésiques dentaires lo-
caux actuellement utilisés en Arique du Nord
causent une certaine vasodilatation. Or cet eet vaso-
dilatateur pose plusieurs problèmes pour le clinicien :
saignement au point dinjection et absorption rapide
de lanesthésique dans la circulation sanguine, ce qui
duit la due daction du dicament et provoque
une hausse potentiellement dangereuse des taux plas-
matiques. Pour contrer ces eets négatifs, un vaso-
constricteur est ajouté à la plupart des anesthésiques
locaux, le plus répandu étant lépinéphrine.
Les effets de l’épinéphrine
Lépiphrine a de nombreux eets physiologi-
ques, étant entre autres responsable de la réaction de
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«lutte ou de fuite» obsere chez tous les animaux, y
compris les humains. Cette action varie en partie
en fonction du nombre et du type prédominant
de récepteurs adrénergiques présents dans lorgane
cible, ainsi que de la action physiologique exe
qui cherche à duire au minimum les eets de la
stimulation sympathique.
Il est important dévaluer les eets qu’a lépi-
phrine utilisée comme complément à l’anest-
sique sur la fquence cardiaque, le volume déjection
systolique, le bit cardiaque, le rythme cardiaque,
les besoins en oxygène du myocarde et la résistance
vasculaire périphérique. Les eets de lépiphrine
sur la tension arrielle pendent de la dose et de
la voie dadministration. Ainsi, des doses faibles ou
administes par voie sous-cutanée peuvent avoir
peu ou pas deets sur la tension artérielle, car leet
combi dune gère évation de la tension systo-
lique et d’une diminution de la tension diastolique se
traduit souvent par une tension artérielle moyenne
relativement inchangée. En revanche, de plus fortes
doses, en particulier administrées par voie intravas-
culaire, peuvent causer une évation rapide de la
tension artérielle sous leet principalement d’une
vasoconstriction périphérique. Lépinéphrine aug-
mente la fréquence cardiaque et la force de contrac-
tion ventriculaire et provoque ainsi une évation
du débit cardiaque. L’augmentation du travail du
ur augmente les besoins en oxyne du myocarde,
un eet poccupant chez les personnes atteintes
de cardiopathies, du fait notamment que les eets
vasodilatateurs béques de lépiphrine sur les
vaisseaux coronaires sont duits, voire absents, en
présence datrosclérose coronarienne. Un autre
risque chez les patients cardiaques tient à la capa-
cité de lépinéphrine dirriter les nœuds sinusaux
et de causer des dysrythmies. L’usage non judicieux
dépinéphrine peut donc être nocif chez les patients
atteints de cardiopathies.
Évaluation du patient
Les antécédents revêtent une importance cruciale
pour déterminer quels patients cardiaques psen-
tent des risques particuliers durant une produre
dentaire. Les patients qui présentent un syndrome
coronarien instable [angine instable, infarctus du
myocarde (IM) récent], une décompensation car-
diaque ou une grave dysrythmie ou valvulopathie
semblent être particulièrement à risque en ce qui a
trait aux eet de lépiphrine. Chez ces patients,
les traitements dentaires non urgents devraient être
repors jusqu’à ce que leur état cardiaque ait été
optimisé par voie dicale ou chirurgicale. Il était
généralement recommandé dattendre 6 mois après
un IM avant de pratiquer une chirurgie facultative
non cardiaque, an de duire au minimum le risque
de récidive dinfarctus périopératoire et de décès.
Cette recommandation avait également été adope
par la profession dentaire, même si lon considère que
les procédures dentaires exercent sur le myocarde
des demandes et un stress nettement inférieurs à
ceux caus par les procédures orthopédiques, ab-
dominales et thoraciques pour lesquelles ces recom-
mandations avaient été élaborées. Plus récemment,
un intervalle de 4 à 6 semaines après un IM a été
proposé comme délai raisonnable, lorsque les fac-
teurs de risque comme le tabagisme, lhypertension
et la dyslipidémie sont maîtrisés et que les centes
épreuves deort n’indiquent pas de risque pour le
myocarde résiduel1.
Lorsqu’un patient est jugé dicalement apte à
subir une procédure de dentisterie nérale, ladmi-
nistration d’un médicament pour soulager la douleur
est essentielle, surtout si le patient a une cardiopa-
thie. La douleur et les autres facteurs de stress peu-
vent en eet provoquer la libération d’une quantité
importante dépiphrine et de norépiphrine en-
dogènes qui peuvent avoir un eet nocif sur le ur
malade. Bien qu’on n’insistera jamais assez sur
limportance d’utiliser une bonne technique anest-
sique locale, il faut également se rappeler que lajout
dépinéphrine aux anestsiques locaux augmente la
profondeur et la durée de lanesthésie. Lusage d’une
certaine quanti dépiphrine exogène est donc -
néque dans ce groupe de patients. Mais qu’est-ce qui
constitue une dose sécuritaire pour cette population
à risque? Une des suggestions les plus souvent cies
à ce sujet est celle de Malamed2, qui recommande
pour ces patients une dose maximale de 40 μg dépi-
néphrine par visite dentaire.
Malheureusement, aucune recommandation ac-
tuelle sur la dose maximale dépinéphrine pouvant
être administrée sans danger à un patient cardiaque
devant subir une procédure n’est fondée sur des
dones scientiques probantes. Des considérations
éthiques empêcheraient probablement la conduite
détudes qui permettraient de recueillir ces dones,
étant don la population visée et le risque déne-
ments insirables auxquels elle pourrait ainsi être
expoe.
Des recherches ont toutefois mont que lad-
ministration d’anestsiques locaux contenant de
lépinéphrine a des effets sur le cœur. Chez les
patients atteints de cardiopathies non maîtrisées
(IM récent, angine instable, certaines dysryth-
mies, valvulopathie importante, décompensation
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cardiaque) et ayant besoin de soins dentaires très
urgents, lépinéphrine devrait être utilisée avec
prudence, en duisant la dose au minimum. Il est
par ailleurs pférable que les traitements soient
dispensés par des professionnels ment formés
dans lévaluation, le suivi et la prise en charge de
ces patients. Si le patient est atteint dune cardiopa-
thie «stable», il demeure prudent dadministrer une
dose minimale dépinéphrine et de toujours éviter
la voie intravasculaire. Même sil est primordial
de soulager la douleur, il est possible de duire au
minimum les effets potentiellement détères de
lépinéphrine en limitant la dose à 40 μg. Aucune
done ne justie ladministration dune dose plus
élee à ces patients. Cette dose est contenue dans
2 cartouches de 1:100 000 ou 4 cartouches de 1:200 000
(il y a peu davantages à utiliser la concentration de
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comme suit :
J Can Dent Assoc
2010;76:a37_f Quel est le meilleur traitement contre les infections odontogènes?
Contexte
Au Canada, de nombreux patients consultent
chaque année le dentiste pour des infections
dentaires, y compris la gingivite, la parodon-
tite, la carie dentaire et les infections odontogènes.
Ces infections varient en gravité, dinfections bé-
nignes de la cavité buccale à de graves infections à
sièges multiples qui menacent le pronostic vital. Tous
les dentistes devraient être en mesure de diagnosti-
quer et de traiter rapidement ces types dinfections.
La plupart des infections odontogènes sont cau-
es par plus d’une esce de bactéries normalement
présentes dans la cavité buccale. À elles seules, les
bactéries anaérobies sont responsables d’environ
50 % des infections odontogènes, 44 % des infections
sultent de leet combi de bacries robies et
anaérobies et seulement 6 % sont dues uniquement
à des bactéries aérobies1. Les espèces les plus souvent
1:100 000 dépiphrine pour les procédures dentaires
courantes)3. Même si la demi-vie de lépiphrine
est courte, on ne peut recommander une dose su-
rieure à 40 μg par visite, à moins dassurer un suivi
continu de létat cardiaque du patient durant la
produre. a
LAUTEUR
Le Dr Ben Davis est professeur agréau partement
des sciences buccales et maxillofaciales et chef de la
Division de chirurgie de l’Université Dalhousie, à
Halifax (Nouvelle-Écosse). Courriel : bdavisdal.ca
rences
Pour obtenir la liste compte des références, veuillez consulter la
version anglaise du journal à www.jcda.ca.
isolées dans les cas dinfections odontones sont les
coccus Gram positif du groupe Streptococcus milleri
et du genre Peptostreptococcus2. Les bacilles anro-
bies Gram négatif, comme Bacteroides (Prevotella),
jouent également un rôle important. En revanche, les
coccus anaérobies Gram négatif et les bacilles anaé-
robies Gram positif ont peu deet2.
Lévolution des infections odontogènes se fait en
3 étapes : inoculation, cellulite et abcès (tableau 1)3.
Les bactéries se propagent aux cavités faciales adja-
centes par extension directe à partir de la région -
riapicale de la dent atteinte. Le prol de propagation
peut être prévu en fonction de la relation entre le point
d’attache du muscle adjacent et l’apex de la dent4.
Le traitement des infections odontones inclut
le diagnostic et la prise en charge du facteur étiolo-
gique et, habituellement, la prescription dune anti-
biothérapie appropriée. Il est impératif de s’attaquer
Tableau 1 Caractéristiques des 3 stades de l’infection
Caracristiques Inoculation Cellulite Abcès
Durée (jours) 0–3 2–5 4–10
Malaise Léger Important, dius Léger, localisé
Palpation Souple; consistance molle,
mais élastique Ferme; induration Fuyant au doigt;
douleur à la pression
Pus Aucun Aucun Psent
Peau Normale Rouge Rouge en périphérie
Gravité Minimale Plus élee Moindre
Espèces bacriennes Aérobies Mixtes Anaérobies
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