Nutrition et cancer

publicité
Nutrition et Cancer
Marie LANCRENON
Diétététicienne
CHU Besançon
Vendredi 29 mars 2013
DÉNUTRITION ET CANCER
Connaître
Prévenir
Diagnostiquer
Traiter
Amélioration
la qualité de vie…
Amélioration
de la survie…
DÉNUTRITION : DÉFINITION


La dénutrition protéino-énergétique résulte d’un
déséquilibre entre les apports et les besoins protéinoénergétiques de l’organisme. Ce déséquilibre entraîne
des pertes tissulaires ayant des conséquences
fonctionnelles délétères. Il s’agit d’une perte tissulaire
involontaire.
L’amaigrissement se différencie de la dénutrition par
le caractère non délétère de la perte pondérale. Il peut
être volontaire ou non.
DÉNUTRITION
Besoins
énergétiques
↑ dépense énergétique
Apports
énergétiques
↑ catabolisme protéique
=
Carence d'apport liée à des
problèmes sociaux et/ou à la
pathologie (troubles de l’ingestion,
de la digestion ou de l’absorption)...
4
0
+
Perturbations
métaboliques
DÉNUTRITION DU PATIENT ATTEINT
D’UN CANCER
Fréquente : 20 - 60% lors du diagnostic
 30% : sein, leucémie, sarcomes
 55% : lymphomes, colon, prostate,
 20-60% : cancer bronchique
 85% : estomac, pancréas, œsophage, orl
 valeur
pronostique propre
 corrélée à l’extension de la maladie
diagnostic précoce + intervention active
5
DÉNUTRITION:
CAUSE MULTIFACTORIELLE
Type de tumeur
 Localisation de la tumeur


Anorexie

Traitement et toxicité
Chirurgie
- CT : nausées, vomissements, dysgueusie…
- RT : inflammation, douleur, diarrhées…
-
6
DÉNUTRITION : CONSÉQUENCES









apathie, asthénie
altération du système immunitaire
augmentation du risque infectieux (…infections
nosocomiales)
anémie
défaut de synthèse hormonale
diminution de la force musculaire (risque de
chute…)
retard de cicatrisation, escarres
durée d’hospitalisation plus longue
…
7
DÉNUTRITION : CONSÉQUENCES
Statut nutritionnel
Influence l’efficacité des traitements
 Influence la réponse aux traitements
 Influence la tolérance des traitements
 A des conséquences sur la résistance aux infections

8
Les effets de la dénutrition
Les effets de la dénutrition associée aux maladies
sont insidieux :
Réduction de la qualité de vie des personnes soignées
 Augmentation de la dépendance et de la charge des
soins
 Augmentation des coûts de prise en charge
hospitalière

PRÉVENIR LE RISQUE …

La nutrition du patient est l’affaire de tous :






lui-même
sa famille
son entourage
les soignants
…
Prise en charge initiale :
Consultation d’annonce
 Identifier le patient à risque
 Prise en charge globale du patient = soins de support si
nécessaire.

LE DÉPISTAGE DE LA DÉNUTRITION
IMC = poids/taille²
 Perte de poids. Depuis quand ?

1er critère à surveiller : le poids
- impliquer le patient
- mesurer à l’entrée d’une hospitalisation
- vérifier au moins une fois/semaine
CRITÈRES DE DÉNUTRITION

IMC ≤ 18,5 chez l’adulte
ou ≤ 21 chez le sujet de + de 70 ans

Perte de poids ≥ 5% en 1 mois ou ≥ 10% en 6 mois
(HAS, 1er mars 2010)
CRITÈRES DE DÉNUTRITION
En pratique :

Des chiffres clés comme signal d’alarme
Se référer au poids habituel, si poids à 1 mois et 6 mois
non connus

Poids habituel
Perte de 5%
Perte de 10%
100 kg
5 kg
10 kg
80 kg
4 kg
8 kg
50 kg
3 kg
5 kg
LE DÉPISTAGE DE LA
DÉNUTRITION



Relevé d’information : mode de vie, difficulté à
s’alimenter…
Biologie : albumine, préalbumine…
NRI (indice de risque nutritionnel) : prise en compte
de l’albumine et de la variation de poids.
CRITÈRES DE DÉNUTRITION

Albumine < 30g/L chez l’adulte
ou < 35g/L chez patient de + de 70 ans
Patient obèse dénutri
(HAS, 1er mars 2010)
Comment prendre en charge les patients dénutris ou
à risque de le devenir ?
Optimiser les prises alimentaires
• Comment ?
OPTIMISER LES PRISES
ALIMENTAIRES
 Les
goûts, les envies
 Fractionnement
 La douleur ?
 Le patient est-il capable de s’alimenter ?
 Le patient s’alimente-t-il suffisamment ?
 Relevé d’ingesta
17
Choix des profils alimentaires possibles au CHU :
En fonction de l’âge :




Alimentation normale
A. personne âgée
A. enfant
A. bébé
En fonction des textures :




Alimentation molle
Alimentation hachée
Alimentation mixée lisse
Alimentation liquide
En fonction des pathologies :







A. sans sucre simple
A. coronarien
A. diabétique
A. protégée
A. protégée sans sucre
R. insuffisant rénal
R. insuffisant rénal diabétique



R. d’épargne digestive
R. pauvre en résidu
R. sans gluten

Alimentation entérale
OPTIMISER LES PRISES
ALIMENTAIRES

-
-
-
ENRICHIR, comment?
lipides: crème fraîche, beurre, produits laitiers 40%,
charcuterie, sauces, fruits secs oléagineux
protéines: lait en poudre entier, œufs, jambon mixé,
fromage râpée
glucides : féculents, produits sucrés…
19
CAS CLINIQUE (1)
M. T, 65 ans, K du bord de langue, marié,
hémiglossectomie il y a 15 jours.
RT. CT. non débutés.
 Antécédents : diabète de T2, hypercholestérolémie
traitée par mesures hygiéno-diététiques.
 Perte de 5 kg depuis le diagnostic, pas de poids
récent.
 Alimentation per-os/24h : difficulté de mastication,
apports diminués de 1/3.

Que proposez-vous ?
20
CAS CLINIQUE (1)




A. J’enrichis : matières grasses, collations sucrés,
protéines…
B. J’adapte la texture
C. Je ne fais rien, c’est contraire à la prise en charge
du DT2 et de l’ Hypercholestérolémie
D. Je complète un relevé d’ingesta
21
CAS CLINIQUE (1)




A. J’enrichis : matières grasses, collations
sucrés, protéines.. 
B. J’adapte la texture 
C. Je ne fais rien, c’est contraire à la prise en
charge du DT2 et de l’ Hypercholesterolémie
D. Je complète un relevé d’ingesta 
22
ET LES PATHOLOGIES ASSOCIÉES?
Diabète T1 ou T2
 Cholestérol
…

 Prescriptions diététiques antérieures ?
 Si nécessaire adaptation des traitements.
23
24
CAS CLINIQUE (1)
M. T, 65 ans, K du bord de langue, marié,
hémiglossectomie il y a 15 jours.
RT. CT. non débutés.
 Antécédents : diabète de T2, hypercholestérolémie
traitée par mesures hygiéno-diététiques.
 Perte de 5 kg depuis le diagnostic, pas de poids
récent.
 Alimentation per-os/24h : difficulté de mastication,
apports diminués de 1/3.

Conseils donnés pour enrichir l’alimentation.
25
26
LE POIDS, UNE DONNÉE SIMPLE
MAIS INDICATIVE

Reflet de la variation de masse maigre et/ou grasse si
pesée 1 fois/ semaine.

Essentiel pour guider la prise en charge

Méthode simple, reproductible et.. peu coûteuse.
27
CAS CLINIQUE (2)
M M.,59 ans, néo pulmonaire, débute la
chimiothérapie aujourd’hui, vit seul.
 Poids 55 kg, perte de 7 kg en 2 mois
 Poids de forme : 72 kg
 Taille : 1m65, IMC : 20.2.
 Prises per-os/24h = 1200 kcal, peu de viande.

Que proposez-vous ?
CAS CLINIQUE (2)

A. Je ne fais rien, c’est classique chez ces patients.

B. J’enrichis son alimentation, c’est suffisant.

C. Je complète un relevé d’ingesta.

D. Une complémentation orale est indiquée.
29
CAS CLINIQUE (2)

A. Je ne fais rien, c’est classique chez ces patients.

B. J’enrichis son alimentation, c’est suffisant.

C. Je complète un relevé d’ingesta 

D. Une complémentation orale est indiquée 
30
DÉNUTRITION : COMPLÉMENTATION
NUTRITIONNEL ORALE ( CNO)

Le patient doit être sensibilisé, connaître les
raisons et le but de la prescription.

Si l’acceptabilité est bonne, l’observance à
court terme l’est moins.

Les CNO ne sont pas forcément substituables
entre eux, pourquoi ?
31
LA COMPLÉMENTATION ORALE

existent sous forme liquide, sous forme de crème.

existent en différents parfums (chocolat, vanille, caramel,
café , fruits des bois, abricot, orange, cassis, tomate….)



existent sous forme de lait parfumé, de jus de fruit, de
yaourt liquide.
existent en version salée sous forme de potage enrichi.
peuvent être hypercaloriques et hyperprotidiques ou
soit l’un, soit l’autre.
DÉNUTRITION : COMPLÉMENTATION
NUTRITIONNEL ORALE ( CNO)

Penser à :









l’indication
la motivation
au goût
l’adaptation de la texture
la posologie
la température
l’observance
le renouvellement et délivrance
la conservation (24h après ouverture)
33
CAS CLINIQUE (3)

M. R, 70 ans, K bord de langue, 7ième semaine de RT.

Poids = 90 kg, perte de 3 kg/7j.

Prises per-os/24h : aphagique depuis 2 jours.
Que proposez-vous ?
34
CAS CLINIQUE (3)

A. Perfusion de glucosée 10%

B. Nutrition parentérale

C. Nutrition entérale

D. Rien, c’est transitoire puisqu’il termine sa RT
35
LA NUTRITION ENTÉRALE
Physiologique (trophicité intestinale)
 Morbidité
 Coût moins élevé
 Simplicité de prescription et de surveillance
 Mise en œuvre au domicile facile
 Temporaire

 C’est un traitement efficace et qui doit être
encouragé.
CONCLUSION (1)
Prise en charge de l’alimentation : 3 niveaux
1)
Optimiser les apports per-os: hypercalorique (HC) et
hyperprotidique (HP).
2)
Complémentation orale
3)
Nutrition artificielle, entérale ou parentérale.
38
CONCLUSION (2)




Le statut nutritionnel est pronostic.
Le dépistage et le traitement de la dénutrition sont
essentiels.
Prise en charge pluridisciplinaire.
Rôle centrale de l’aide-soignante : surveillance,
évaluation de l’observance et dans la stratégie de soin
39
MISSIONS DE L’AS
Observation : état buccodentaire, attitude patient aux
repas, relevé d’injesta sur 3
jours
Proposer des repas
adaptés ! = rôle
propre
Marqueurs
anthropométriques :
poids – taille - IMC
Recueil informations :
habitudes alimentaires
AS
Repérage des
situations à risque
Transmission
d’informations
Pour le personnel interne au CHU de Besançon le
CLAN (Comité Liaison Alimentation et Nutrition)
organise une formation « dénutrition » pour vous aider à
prendre en charge les patients dénutris.
41
Téléchargement