Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire 2015 ; 19(4) : 246-247 247
note technique
plan de fermeture du péricarde, une suture directe du péricarde
ne peut être réalisée sans risque. Dans ce cas, nous réalisons
prudemment de multiples petites incisions sur le versant gauche
ou les deux versants du péricarde [figure 2 A]. Les incisions me-
surent approximativement 1 à 1,5 cm et sont espacées de 1 cm
les unes des autres. Des lignes parallèles d’incisions espacées de
0,5 à 1cm sont réalisées, jusqu’à ce que les deux versants du
péricarde puissent être suturés sans tension par un surjet de fil
résorbable [figure 2 B].
Jusqu’à présent, nous avons appliqué cette technique chez 12
patients mais n’avons pas eu l’opportunité de les réopérer.
3. DISCUSSION
La fermeture du péricarde est essentielle après sternotomie et
il semble préférable d’utiliser le péricarde natif du patient seul.
Cependant, cela n’est pas toujours possible et parfois à éviter
du fait de la possible compression du cœur ou des gros vais-
seaux[1]. La plupart des substituts péricardiques testés (silicone,
polyuréthane, fascia lata, plaque de polytetrafluoroéthylène, pé-
ricarde hétérologue équin, bovin ou porcin, Dacron, dure-mère,
etc.) ont démontré des degrés variables d’ecacité [3]. De plus,
certains substituts péricardiques peuvent causer des réactions
inflammatoires responsables de la formation d’adhésions encore
plus sévères. À cet égard, des agents fibrinolytiques, des anti-
coagulants, des agents anti-inflammatoires et des antibiotiques
ont été testés pour réduire cette réaction inflammatoire et la for-
mation d’adhérences mais ont présenté également des résultats
variables et non reproductibles [2-4].
Cette technique présente plusieurs avantages : elle permet de
manière simple, reproductible et économique une augmentation
du diamètre transversale du péricarde jusqu’à 2 cm et permet de
s’abstenir de toute utilisation de corps étrangers. Cette méthode
s’inspire d’une technique rapportée dès 1985 mais qui est donc
toujours d’actualité [5].
Cette méthode pourrait néanmoins avoir quelques limites. La
principale est qu’elle ne prévient pas, bien sûr, la formation d’ad-
hérences postopératoires. La cascade des réactions inflamma-
toires aboutissant à la formation d’adhésions est initiée dès le
contact du massif cardiaque avec l’environnement et augmentée
par les traumatismes locaux secondaires à la dissection et aux
manipulations des structures, par les saignements et les lésions
accidentelles. Il est possible que la formation d’adhérences au
niveau de chaque incision péricardique soit importante et ainsi
que le plan de dissection entre le cœur et le péricarde au cours
d’une chirurgie redux puisse être plus discontinu qu’avec un pé-
ricarde natif intact.
Néanmoins, il semble qu’en permettant de retrouver un plan de
dissection entre le cœur et le péricarde natif, les avantages de
cette technique surpassent largement ses possibles inconvé-
nients et nous recommandons son utilisation.
RÉFÉRENCES
1. O’Brien MF, Harrocks S, Clarke A et al. How to do safe sternal reentry
and the risk factors of redo cardiac surgery: a 21-year review with
zero major cardiac injury. J Cardiac Surg 2001;17:4-13.
2. Kuschel TJ, Gruszka A, Hermanns-Sachweh B et al. Prevention of
Postoperative Pericardial Adhesions With TachoSil. Ann Thorac Surg
2013;95:183-8.
3. Sakuma K, Iguchi A, Ikada Y et al. Closure of the Pericardium Using
Synthetic Bioabsorbable Polymers. Ann Thorac Surg 2005;80:1835-
40.
4. Lopes JB, Dallan LA, Campana-Filho SP et al. Keratinocyte growth
factor: a new mesothelial targeted therapy to reduce postoperative
peri-cardial adhesions. Eur J Cardiothorac Surg 2009;35:313-8.
5. Milgalter E, Uretzky G, Zilberman S et al. Pericardial meshing: a new
technique to facilitate primary tension-free pericardial closure. Ann
Thorac Surg 1985;40(6):634-5.
Figure 2 A, B. Maillage du péricarde natif autorisant
sa fermeture sans tension.