Figure 2. Cartographie d’une arythmie sur un ventri-
cule unique pallié par un Fontan.
24 | La Lettre du Cardiologue • n° 454-455 - avril-mai 2012
Troubles du rythme etcardiopathies congénitales
DOSSIER THÉMATIQUE
Prise en charge
descardiopathies congénitales
de l’enfant devenu adulte
Les cardiopathies les plus à risque sont : les cardio-
pathies ayant eu une intervention de type Fontan ;
les TGV corrigées à l’étage auriculaire, associées
à un haut risque de dysfonction sinusale ; les TOF
opérées en cure complète.
Ces troubles du rythme rapides sont responsables
de MS (jusqu’à 10 % des cas à 6,5 ans de suivi post-
opératoire) [5]. Les principaux facteurs de risque
de MS sur ces tachycardies sont : la cardiopathie
sous-jacente (ventricules uniques, hypertension
artérielle pulmonaire, lésions valvulaires significa-
tives), la classe fonctionnelle NYHA supérieure ou
égale à 3 (4) et les tachycardies mal contrôlées (5).
La FA et les tachycardies atriales sont retrouvées
chez 25 à 30 % des adultes congénitaux. La FA se
manifeste plus souvent en cas de lésion obstructive
résiduelle du cœur gauche, dans les cardiopathies
non réparées et dans les dysfonctions ventriculaires
gauches (4).
Chez les patients congénitaux, le rythme sinusal
doit être privilégié en raison d’un risque de défail-
lance hémodynamique rapide par perte de la
systole auriculaire, en particulier sur les cardio-
pathies du cœur droit et sur les ventricules droits
systémiques (double discordance, TGV palliée
à l’étage auriculaire). Ainsi le schéma habituel
de réduction du TDRA après 3 semaines d’anti-
coagulation ne doit en général pas s’appliquer aux
patients congénitaux dont l'état peut se détériorer
très rapidement pendant cette période, et de façon
irréversible.
La mortalité des TDRA est donc complexe et
multifactorielle : insuffisance cardiaque, MS par
conduction rapide auriculoventriculaire 1 :1 ou
thromboembolique. Réciproquement, l’arythmie
peut survenir à la suite d'une dégradation anato-
mique ou hémo dynamique (surcharge volumé-
trique/barométrique) et précipiter vers l’IC et les
troubles du rythme ventri culaires.
Traitement
◆Le traitement médical
Les réentrées intra-atriales étant particulièrement
difficiles à traiter, certains suggèrent l’emploi des
classes 1C sous réserve de leur potentiel aryth-
mogène et de leur effet dépresseur sur la fonction
ventriculaire et sur la fonction sinusale. Les médi-
caments le plus souvent utilisés sont donc les
bêtabloquants et les antiarythmiques de classe 3
(amiodarone surtout, malgré ses nombreux effets
indésirables chez des patients jeunes).
◆La place du pacemaker
L’implantation d’un pacemaker peut être utile
lorsque la dysfonction sinusale limite le traite-
ment médicamenteux. Elle peut entraîner plusieurs
problèmes :
➤
l’accessibilité au cœur (en cas de dérivation
cavopulmonaire, pas de voie endocavitaire possible,
sténose ou occlusion du chenal cave dans les Senning
et Mustard). La pose de sondes par voie épicardique
doit alors être envisagée ;
➤
la perméabilité des voies d’abord chez des
patients opérés à plusieurs reprises ;
➤
la difficulté, parfois, à obtenir des seuils satisfai-
sants, conséquences de la fibrose étendue ;
➤
et enfin, la multiplication des sondes et des
changements de boîtiers (implantation à un jeune
âge), qui accroît les risques infectieux et throm-
botiques.
Certains pacemakers de nouvelle génération
proposent une fonction "défibrillation atriale qui
pourrait être particulièrement intéressante chez
ces patients".
◆L’ablation
Les succès d’ablation des réentrées intra-atriales
par radiofréquence varient de 50 à 90 % selon les
séries. En général, les ablations ciblent des circuits
isolés de macroréentrées. Chez les patients avec
une valve auriculoventriculaire droite, l’isthme est
souvent le siège de la réentrée de façon similaire à
un flutter commun. Ainsi, les interventions de type
Mustard et Senning, les réparations de TOF et autres
réparations biventriculaires peuvent théoriquement
bénéficier de cette technique. Toutefois, les circuits