PHARMAZIE UND MEDIZIN PHARMACIE ET MÉDECINE Les indications importantes des antidépresseurs et leurs posologies Les antidé A K A Forum En pharmacie, nous sommes quoChristina Ruob tidiennement confrontés à la presFuchs, Marianne Beutler cription d’antidépresseurs. Mais sommes-nous conscients du fait que les antidépresseurs sont également utiles dans toute une série d’autres indications que la dépression? Cet article offre une vue d’ensemble des possibilités d’utilisation actuelles des antidépresseurs. Outre leur emploi contre la dépression, les antidépresseurs sont également utilisés – notamment comme traitement adjuvant – dans le traitement d’autres maladies psychiques ainsi que lors de maladies dont la symptomatologie dépend ou est supposée dépendre du SNC. Dans ce qui suit, ces maladies et leur traitement sont brièvement décrits, et les possibilités d’emploi des antidépresseurs mention- Possibilités d’indications des antidépresseurs Troubles anxieux Trouble panique Phobie sociale Troubles anxieux généralisés Phobies spécifiques Troubles obsessionnels Troubles par stress post-traumatique Troubles alimentaires Anorexie, boulimie, «Binge eating disorder» Syndrome prémenstruel dysphorique Douleurs chroniques Polyneuropathie Névralgie post-herpétique Migraine Céphalées de tension chronique Syndrome du côlon irritable Trouble hyperactif avec déficit d’attention (THADA) nées en détail (cf. également encadré et tableau). Nous faisons une distinction entre les indications, posologies et possibilités d’emploi admises en Suisse, et celles décrites dans la littérature mais non indiquées dans le Compendium des médicaments, et donc non admises par Swissmedic. Dans la mesure du possible, il convient d’utiliser les antidépresseurs admis en Suisse pour la maladie que l’on désire traiter. La loi autorise les utilisations off-label (application d’un médicament non admis ou d’une indication non autorisée), mais c’est le médecin prescripteur qui porte l’entière responsabilité de ce traitement. Troubles anxieux Environ 15 à 20% des gens souffrent de troubles anxieux à un moment donné de leur vie. Un traitement adéquat et spécialisé permet en général de soulager les troubles anxieux et de prévenir les co-morbidités associées comme la dépression et la dépendance. De nombreuses personnes n’ont besoin d’aucun traitement médicamenteux. Dans les cas légers, le simple fait d’ex- Journal suisse de pharmacie, 4/2006 60350_SAZ_4_s_122_129 122 pliquer à la personne concernée la cause et l’objet de son anxiété, ou de l’inciter à modifier son style de vie (p. ex. réduction du stress) permet d’obtenir le but recherché. Les mesures psychothérapeutiques – notamment les méthodes de thérapie comportementale – peuvent être appliquées avec un grand succès, seules ou associées à des mesures psychopharmaceutiques. Si l’on opte pour un traitement médicamenteux, les benzodiazépines sont les substances anxiolytiques les plus connues et les plus souvent utilisées. A faible dose déjà, toutes les benzodiazépines exercent un effet anxiolytique. En raison de leurs effets indésirables tels que sédation diurne, indifférence, faiblesse musculaire, ainsi que du risque de dépendance, elles ne devraient être administrées que lors d’anxiété aiguë, c’est-à-dire à court terme. Dans le traitement de l’anxiété à moyen ou à long terme, on administre de préférence des antidépresseurs puisqu’il s’est avéré, ces dernières années, que certains d’entre eux possèdent également un bon potentiel d’action anxiolytique. Cette propriété an- 122 9.2.2006 16:12:20 Uhr PHARMAZIE UND MEDIZIN PHARMACIE ET MÉDECINE xiolytique n’est pas attribuée à l’effet sédatif de certains antidépresseurs car même des antidépresseurs non sédatifs déploient cette efficacité. En outre, l’efficacité ne dépend pas de la présence d’une éventuelle dépression. Lors de troubles anxieux, on applique des posologies similaires à celles utilisées pour la dépression. L’effet se déploie avec une latence de deux à quatre semaines. Après huit semaines de traitement, le succès n’est atteint que chez 40 à 50% des patients, le taux de réponse s’élevant après un traitement prolongé. Après un traitement aigu couronné de succès, il convient d’y adjoindre un traitement de maintien de 12 à 24 mois que l’on interrompt ensuite progressivement [1,2]. Trouble panique L’efficacité des traitements combinés associant thérapie comportementale et psychopharmacothérapie est la plus éprouvée. Vu leur bonne tolérance, les ISRS (inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine) sertraline, paroxétine, citalopram, fluoxétine et fluvoxamine sont des substances de premier choix [3], cette Les troubles paniques, survenant indication n’étant avec une prévalence de 2 à 3%, sont admise en Suisse des crises de panique récidivantes et que pour la serbrusques, indépendantes de circonstraline, la paroxétances extérieures. Elles atteignent tine et le citaloen général leur maximum après 1 à pram. La deman3 minutes pour disparaître après 10 de d’autorisation à 30 minutes. Elles débutent typiquepour l’inhibiteur ment par des symptômes végétatifs du recaptage de tels que tachycardie, douleurs thora- Les personnes souffrant de phobie sociale craignent les situations au cours desquelles elles se trouvent au centre de l’attention. Elles ont peur de dire ou de faire quelque chose qui pourrait s’avérer humiliant ou embarrassant. Lors de situations qu’elles craignent, elles peuvent présenter tous les symptômes psychiques, physiques et végétatifs de l’anxiété, dont des crises de panique. Le fait d’éviter ce genre de situations entraîne souvent des restrictions quotidiennes pouvant aller jusqu’à l’isolement social. La phobie sociale a une prévalence de 13% et elle est en général associée à une timidité, à une mauvaise estime de soi et à la crainte des critiques. On pense qu’elle est due à un trouble de l’activité noradrénergique, sérotoninergique, et le cas échéant dopaminergique. la sérotonine et de la noradrénaline Venlafaxin est déposée. Les antidépresseurs tricycliques imipramine et clomipramine sont efficaces, mais sont plus rarement prescrits en raison de leurs effets indésirables [2,3]. Le déploiement de l’efficacité peut être plus long (de manière caractéristique, entre quatre et six semaines) [3], et les po- Photos: PhotoCase.com ciques, bouffées de chaleur, tremblement et hyperventilation. Certains signes indiquent une réduction de l’activité sérotoninergique chez les patients avec trouble panique, alors que l’activité noradrénergique est accrue. 123 60350_SAZ_4_s_122_129 123 sologies nécessaires pour le traitement des troubles anxieux sont supérieures à celles prescrites lors de dépression [3]. Phobie sociale L’efficacité des ISRS (notamment de la paroxétine et de la sertraline) et du moclobémide, un inhibiteur réversible de la MAO, est démontrée, les tricycliques étant moins efficaces [2]. En outre, la venlafaxine peut être utilisée dans cette indication [15]. En raison de la réponse qui n’est généralement que partielle, on tente d’appliquer des posologies dans la limite supérieure. A part la pharmacothérapie, on instaure également une thérapie comportementale. Troubles anxieux généralisés Les benzodiazépines se sont avérées efficaces dans le traitement des troubles anxieux généralisés. En raison de leurs Ce trouble anxieux généralisé apparaît avec une prévalence allant jusqu’à 8%. Il se manifeste par une symptomatologie anxieuse permanente durant au moins six mois. Les personnes concernées souffrent de craintes invalidantes, durables et excessives, qui peuvent toucher n’importe quel domaine. Elles sont toutefois parfaitement conscientes de l’exagération de leurs craintes et de leur anxiété, l’inquiétude devenant elle-même objet d’anxiété. La permanence des symptômes empêche toute relaxation, ce qui entraîne troubles de la concentration, nervosité, irritabilité, troubles du sommeil, tension musculaire et maux de tête. L’hyperexcitabilité végétative se manifeste notamment par des vertiges, de la transpiration, des sueurs profuses et une tachycardie. En général, cette maladie est accompagnée d’une dépression. On pense que des anomalies du complexe récepteur GABA/benzodiazépines contribuent à cette maladie. Schweizer Apothekerzeitung, 4/2006 9.2.2006 16:12:30 Uhr PHARMAZIE UND MEDIZIN PHARMACIE ET MÉDECINE effets indésirables, elles sont aujourd’hui remplacées par la buspirone (15 à 60 mg/jour), la paroxétine et la venlafaxine [1,2]. Par ailleurs, ce trouble est traité par une psychothérapie. Phobies spécifiques Les phobies spécifiques ressortent du domaine de la thérapie comportementale. Le traitement le plus efficace consiste à s’entraîner à une exposition progressive tout en suivant une méthode de relaxation. Le cas échéant, on peut instaurer des bêtabloquants ou des benzodiazépines à court terme [2]. Les phobies spécifiques font partie des troubles anxieux les plus fréquents avec une prévalence allant jusqu’à 11%. Dans ce cadre, l’anxiété est exclusivement ou surtout due à des situations ou à des objets parfaitement définis et généralement inoffensifs. Elle se caractérise par une anxiété liée à l’appréhension et par un comportement d’évitement. Bien que la personne concernée soit parfaitement consciente que son anxiété soit exagérée, elle ne peut la maîtriser. Troubles obsessionnels Les antidépresseurs n’influencent guère les symptômes. Les méthodes de thérapie comportementale s’avèrent plus efficaces. Dans la pratique, on associe souvent les deux méthodes. Seuls les antidépresseurs d’action surtout sérotoninergique, les ISRS (fluoxétine, fluvoxamine, sertraline, paroxétine, citalopram) et la clomipramine ont fait leurs preuves [4], la fluoxétine n’étant cependant pas admise en Suisse dans le traitement des troubles obsessionnels. Ce traitement doit être poursuivi 10 à 12 semaines à la dose maximale tolérée avant d’obtenir l’effet escompté [1,4]. Plus de la moitié des gens font l’expérience d’un traumatisme, au moins une fois au cours de leur vie. Environ 25% d’entre eux développent un trouble par stress post-traumatique, la moitié récupère sans traitement particulier. Le trouble par stress post-traumatique représente une réaction retardée envers un événement traumatique ou une menace extraordinaire. Souvent, les réactions surviennent des mois à des années seulement après l’événement en cause. Il s’agit notamment de troubles de la concentration, troubles du sommeil, flash-backs, dépression, état anxieux, comportement d’évitement ou élévation de la craintivité. tauration d’une thérapie psychopharmaceutique s’impose [1]. Les substances de choix sont les ISRS sertraline, paroxétine et fluoxétine. Leur efficacité commence à se manifester après quatre semaines de traitement, mais leur action pleine et entière peut aussi se déployer après six à huit semaines seulement [5]. La fluoxétine n’est pas admise en Suisse dans le traitement des troubles par stress post-traumatique. Troubles alimentaires Lors de troubles alimentaires, le traitement de premier choix consiste à instaurer une psychothérapie [6]. En complément, les antidépresseurs occupent une place importante dans le traitement de la boulimie. Les crises alimen- taires diminuent ainsi de 40 à 90%. On présuppose un effet anti-boulimique direct dû à l’antidépresseur, puisqu’une efficacité apparaît souvent après une semaine déjà. En outre, même chez les patients sans symptomatologie dépresOn distingue deux types de troubles alimentaires: l’anorexie, avec perte de poids souhaitée et volontaire, et la boulimie, lors de laquelle une quantité excessive d’aliments généralement très riches en calories est consommée dans un délai très bref (crises de boulimie), suite à quoi la personne concernée prend des mesures destinées à maintenir son poids dans une fourchette (sub)normale. Dans les deux cas, les symptômes principaux consistent en un trouble de l’alimentation ainsi qu’en une crainte insurmontable de prendre du poids. Les patients présentent en général une perception distordue de leur corps, dont ils surestiment en général la taille. Ils développent des règles et rituels alimentaires stricts. Ces troubles apparaissent avant tout chez la femme (90 à 95%) à l’adolescence et chez le jeune adulte. La prévalence de l’anorexie dans ce groupe à risque est de 0,5 à 1%, celle de la boulimie de 1 à 3%. Le «Binge eating disorder» est typiquement caractérisé par des crises de consommation de nourriture subjectivement incontrôlables, accompagnées par un sentiment de culpabilité et de honte, et non associées à des mesures visant à contrôler son poids. Les troubles obsessionnels ont une prévalence de 1 à 2%. Cette maladie débute en général durant l’adolescence ou chez le jeune adulte. Les patients se voient contraints à des actions ou à des pensées désagréables et exagérées, se répétant souvent, auxquelles ils tentent sans succès de résister. La forme la plus fréquente est une obsession consistant à contrôler sans relâche les tâches quotidiennes, à se laver fréquemment, nettoyer et ranger trop souvent et avec excès. On suppose que des anomalies du système neurochimique et neuroanatomique (sérotoninergique et dopaminergique) seraient à l’origine de ces troubles. Troubles par stress post-traumatique Les troubles par stress post-traumatique se traitent avant tout par une psychothérapie. Lors de symptômes graves, durant depuis plus de trois mois, l’insJournal suisse de pharmacie, 4/2006 60350_SAZ_4_s_122_129 124 124 9.2.2006 16:12:49 Uhr PHARMAZIE UND MEDIZIN PHARMACIE ET MÉDECINE sive, on assiste à une réduction significative des crises de boulimie [6]. Les antidépresseurs tricycliques, inhibiteurs de la MAO et ISRS se sont avérés efficaces [1]. Il n’existe aucun signe indiquant qu’un antidépresseur particulier soit supérieur aux autres. Vu la vaste expérience dont on dispose et l’efficacité prouvée de ce type de traitement, on considère aujourd’hui la fluoxétine comme médicament de premier choix [6]. La posologie généralement admise est de 60 mg/jour. La durée du traitement devrait être de six à douze mois. Lors de «Binge eating disorder», certaines études indiquent que les ISRS sont efficaces. Leur efficacité à long terme n’a pas encore fait l’objet d’études [1]. On ne recommande pas de traitement médicamenteux lors d’anorexie. Cependant, la fluoxétine semble avoir fait ses preuves dans la prophylaxie des rechutes après une réduction de poids couronnée de succès [1,6]. On estime que 3 à 8% des femmes sont concernées par le syndrome prémenstruel dysphorique SPMD. Il s’agit là d’un sous-groupe et d’une forme particulière du syndrome prémenstruel. Il se manifeste par une altération massive de l’humeur, de type dysphorique-dépressif, qui débute environ une semaine avant le début des menstruations, associée à une souffrance considérable. Dans le diagnostic différentiel, il convient d’exclure un trouble anxieux ou une dépression. Syndrome prémenstruel dysphorique SPMD Les ISRS sont en mesure de réduire les symptômes physiques et affectifs en l’espace de trois cycles menstruels. Aussi bien l’administration pendant la phase lutéinique que l’administration continue sont couronnées de succès. Les substances les mieux étudiées sont la fluoxétine et la sertraline, administrées à une dose similaire à celle utilisée lors de dépression [1]. En Suisse, aucun antidépresseur n’est admis dans cette indication. Douleurs chroniques Les antidépresseurs possèdent un effet analgésique indépendant de leur effet antidépresseur proprement dit. En général, on utilise des doses plus faibles que pour traiter une dépression. Leur efficacité se déploie en l’espace d’une semaine. Les antidépresseurs tricycliques amitriptyline, imipramine et clomipramine sont efficaces lors de polyneuropathie (en général d’origine diabétique). La névralgie post-herpétique peut être traitée par amitryptiline. Dans le traitement de la douleur neuropathique, les antidépresseurs tricycliques, la gabapentine, la prégabaline et les opioïdes tramadol et oxycodone promettent les mêmes chances de succès. Le choix du médicament et de la posologie s’orientent selon le type et l’intensité de la douleur, l’âge, les maladies associées, les éventuels troubles du sommeil et des activités quotidiennes associées à la douleur. Une association combinant opioïdes et antidépresseurs tricycliques peut être utile. Les analgésiques peuvent être administrés à une dose plus faible en y ajoutant des tricycliques. L’efficacité de l’amitriptyline Tableau: Antidépresseurs – indications et posologies (Côlon irritable, syndrome prémenstruel dysphorique et THADA: cf. texte) 1re ligne: dose initiale 2e ligne: dose moyenne de maintien (dose maximale) Indications et posologies admises en Suisse (jaune) Indications et posologies de la littérature (vert) Dépression Trouble panique Phobie sociale Trouble anxieux généralisé Troubles obsessionnels Trouble par stress post-traumatique Boulimie Douleurs ISRS: NaSSA: ISRN: RIMA: ATC: Citalopram Escitalo- FluoFluvoxamine Paroxétine Sertraline Mirtazapine Venlafaxine MocloSeropram® pram xétine Floxyfral® Deroxat® Zoloft® Remeron® Efexor® bémide ISRS Cipralex® Fluctine® ISRS ISRS ISRS NaSSA SNRI Aurorix® ISRS ISRS RIMA Amitriptyline Saroten® TCA 20 10 20–60 10(20) 10 20–30 (60) 10 10(20) 10 20 20 20–60 50 50–75 50–100 (150) 75(250) 10 25–100 (150) 50–75 75(250) 20 20(80) 5–10 20–80 5–10 20–80 5–10 20–80 – 60 50 100–300 25–50 100–300 50 100–300 20 20–40 10 40(60) 20 20(50) 20 20(50) 20 40(60) 20 20(50) 75–150 75–375 37,5 75(225) 75 75–225 – 75 300 300–600 – 600 50 50(200) 25 50(200) 25–75 50–100 (200) 10 75–150 (200) 50–75 75(250) – 25 – 18,75–37,5 50–75 (100) 10–150 Inhibiteur sélectif du recaptage de la sérotonine, selective serotonine reuptake inhibitor Antidépresseur noradrénergique et sérotoninergique spécifique, noradrenaline and specific serotonine antidepressant Inhibiteur sélectif du recaptage de la sérotonine et de la noradrénaline, selective serotonine and noradrenaline reuptake inhibitor Inhibiteur réversible de l’inhibiteur de la MAO, reversible inhibitor of monoamine oxidase type A Antidépresseur tricyclique. Clomipramine: Inhibiteur du recaptage de la sérotonine. Amitriptyline, imipramine: inhibiteurs du recaptage de la sérotonine et de la noradrénaline 127 60350_SAZ_4_s_122_129 127 50 15 50(200) 15–45 25 50(200) 25 50(200) Clomipramine Imipramine Anafranil® Tofranil® TCA TCA – 25–75 (300) Schweizer Apothekerzeitung, 4/2006 9.2.2006 16:13:36 Uhr PHARMAZIE UND MEDIZIN PHARMACIE ET MÉDECINE Photo: PhotoCase.com dans le traitement prophylactique de la migraine et lors de céphalées de tension chroniques est bien documentée à des doses de 50 à 100 mg/jour [8]. Contrairement aux antidépresseurs tricycliques, les ISRS sont peu efficaces dans le traitement de la douleur [8,9]. Des résultats intéressants ont été obtenus avec la venlafaxine, un inhibiteur spécifique du recaptage de la sérotonine et de la noradrénaline. Elle s’est notamment avérée efficace lors de douleurs neuropathiques et de migraine (non admis en Suisse) [8]. Ceci permet de supposer qu’il est nécessaire d’influencer le système noradrénergique dans le traitement des symptômes douloureux [9,10]. Nous attendons donc avec impatience les résultats d’études concernant les nouvelles substances telles que la réboxétine (inhibiteur spécifique du recaptage de la noradrénaline ISRNa) et la mirtazapine (antidépresseur noradrénergique et sérotoninergique spécifique NaSSA). Syndrome du côlon irritable Il n’existe pas de traitement standardisé du syndrome du côlon irritable. Outre des mesures visant à régulariser le transit ainsi que des spasmolytiques, le traitement de la douleur recourt de plus en plus aux méthodes psychothérapeutiques et aux antidépresseurs tricycliques comme l’imipramine, l’amitriptyline, la nortriptyline et la trimipramine. Les antidépresseurs améliorent dans une large mesure la symptomatologie des patients traités [11]. Les doses administrées, entre 25 et 125 mg, sont trop faibles pour obtenir un effet antidépresseur, bien que leur efficacité se déploie rapidement. Les antidépresseurs tricycliques sont censés élever le seuil de la douleur provenant de l’étirement irritant de la musculature lisse. Les résultats des ISRS sont moins convaincants. Les inhibiteurs du recaptage de la noradrénaline semblent être plus efficaces que les inhibiteurs spécifiques du recaptage de la sérotonine, ce qui attire l’intérêt sur de Le côlon irritable consiste en général en un complexe de symptômes chroniques fluctuants, composé de douleurs abdominales/troubles de la perception et d’irrégularités du transit. L’incidence de cette maladie est de 1 à 2%. A la base de cette maladie, il existe un trouble de la perception et de la transmission de la douleur. nouvelles substances telles que la venlafaxine, la réboxetine et la mirtazapine [11,12]. En Suisse, aucun antidépresseur n’est admis pour le traitement du côlon irritable. Trouble hyperactif avec déficit d’attention (THADA) Outre le traitement classique reposant sur le stimulant Ritaline® (méthylphénidate), prescrit chez les enfants et les adultes, on utilisait à ce jour des substances de second choix, comme les antidépresseurs tricycliques à efficacité noradrénergique. De nouvelles méthodes thérapeutiques sont en cours d’étude dans le traitement du THADA. L’antidépresseur atomoxétine, qui fait partie du groupe des inhibiteurs spécifiques du recaptage de la noradrénaline, est déjà admis aux USA dans le traitement du THADA chez l’enfant et ■ l’adulte. Nous remercions le Dr Josef Schöpf, PD, FMH Psychiatrie et psychothérapie, Zurich, pour avoir révisé ce manuscrit. Cet article a été rédigé sur mandat de la CMPS par: Dr Christina Ruob Fuchs, pharmacienne, Zurich, Dr Marianne Beutler, directrice CMPS Toutes les publications de la CMPS peuvent être téléchargées au format pdf sur le site Internet de la CMPS (www.aka.ch) à la rubrique Publications. Journal suisse de pharmacie, 4/2006 60350_SAZ_4_s_122_129 128 Le THADA est caractérisé par un trouble intense de la capacité de concentration, du contrôle de la planification et des activités, du contrôle des impulsions ainsi que par une hyperactivité motrice. Environ 5 à 6% des enfants et 1 à 4% des adultes souffrent de THADA. On pense aujourd’hui qu’un trouble de la transmission des signaux cérébraux est à l’origine de cette maladie qui repose sur une base génétique. La dopamine et la noradrénaline, dont le métabolisme est anormal, jouent un rôle important. A part des troubles de l’apprentissage et du comportement, le THADA peut aussi entraîner dépression, troubles anxieux et autres maladies psychiques. Littérature sur demande Adresse de correspondance Commission des médicaments des pharmaciens suisses CMPS Case postale 5247 3001 Berne Tél. 044 994 75 63 Fax 044 994 75 64 E-mail: [email protected] 128 9.2.2006 16:13:39 Uhr